Chronique

Compositeur et saxophoniste luxembourgeois, Maxime Bender a réuni une équipe de rêve pour enregistrer cet album live : le pianiste Joachim Kühn, le contrebassiste Stéphane Kerecki et le batteur Daniel Humair. Avec de tels partenaires, la musique promettait d’être aussi foisonnante qu’imprévisible, ce que l’écoute confirme. Cinq titres aux architectures audacieuses sont proposés et, bien évidemment, le leader a laissé énormément d’espace à ses prestigieux complices. Sur Para, le morceau en ouverture qui s’étend telle une fresque sonore sur près de 15 minutes, le thème vite expédié passe au second plan tandis que les improvisations ouvertes et spontanées constituent l’essence et le cœur d’une musique aussi dynamique que vivifiante. Se déploient ainsi successivement une envolée robuste et remarquablement structurée de sax ténor, un solo de basse qui pétille d’inventivité, une impro incisive du vétéran pianiste toujours aussi agile que dans ses années « free », et, après quelques mesures laissées au batteur, les retrouvailles de tout ce beau monde dans une émulation collective aussi féconde que fructueuse. Plus lyriques, Kyo, Expansion of Space et Shadow and it's Opposite, ce dernier interprété au soprano, bénéficient de belles et amples mélodies sur laquelle les musiciens vont broder des motifs étourdissants. Quant à Missing a Page, il permet au leader de livrer un solo de ténor tumultueux suivi d’un autre du pianiste Joachim Kühn qui combine la délirante fluidité de ses œuvres de jeunesse avec une pleine maturité acquise au fil des ans. Franchement, quel amateur de jazz moderne européen à l’affût de nouveaux équilibres pourrait se passer d’écouter un tel disque ?

[ Chronique par Pierre Dulieu ]