Enregistré live au Music Village (Bruxelles) du 4 au 8 août 2009 |
Un soir d’été à Bruxelles. Un club sympa dans une vielle maison du XVIIème au coeur de la capitale. Lumières tamisées, acoustique feutrée et sur la scène, quatre hommes soudés par l’étroitesse du lieu jouent une musique intemporelle. Car si sur son disque précédent, Between The Two Solstices sorti en 2006, Michel Mainil osait quelques bidouillages sonores, il est ici revenu à un jazz pur et pétri de tradition. Pour ce faire, il a réuni autour de lui une solide phalange apte à défendre ses valeurs. Au piano, Alain Rochette est totalement en phase avec son leader qu’il connait par coeur tandis que la rythmique, composée du contrebassiste José Bedeur et du batteur Antoine Cirri, fournit la nécessaire pulsion. Dès Reflections In Blue, une composition du pianiste James Williams pour Art Blakey et ses Messengers, on est tout de suite dans l’ambiance. Après une introduction batterie / basse / piano installant un irrésistible shuffle, le saxophone ténor décline l’inimitable mélodie et on est dans le vif du sujet. Blakey savait toujours quand un nouveau morceau avait le swing qu’il lui fallait et, à première vue, Mainil aussi. On hoche la tête, on claque des doigts, on tape du pied et on danserait presque tant cette musique est chaloupée. Bedeur y prend un solo de basse remarquable et remarqué par un public déjà conquis. Footprints, le merveilleux thème de Wayne Shorter qui vient ensuite, est rendu avec la plus grande sensibilité, le soprano s’envolant haut pour des improvisations inouïes. Quel plaisir aussi de redécouvrir Mishima composé par le trop méconnu David Schnitter, un saxophoniste ténor hard-bop qui officia chez les Jazz Messengers dans la seconde moitié des années 70. Le solo de batterie de Cirri, en introduction de ce second titre extrait de l’album Reflections In Blue d‘Art Blakey, en ferait presque oublier l’original. Et quand démarre Beija Flor (colibri) du brésilien Nelson Cavaquinho, avec son subtil parfum latin, on sait que c’est gagné : les musiciens donneront tout ce qu’ils ont et on passera une soirée inoubliable. Le plus étonnant est qu’on ne trouvera ici aucune composition nouvelle mais ce n’est pas grave puisque même les standards les plus éculés comme I Loves You Porgy de Gershwin ou Get Out Of Town de Cole Porter retrouvent une nouvelle fraîcheur. Quant au traditionnel Just A Closer With Thee, un antique gospel joué jadis à la Nouvelle Orléans pendant les marches funéraires, prenez-le comme un clin d’oeil à tout ceux qui aiment le jazz sans césure depuis ses origines. Tout comme Sonny Rollins, Michel Mainil a un gros son bien épais mais il le module avec la plus grande souplesse.
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Michel Mainil Quartet
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