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Après l'avoir entendu avec No Vibrato et en duo avec Paolo Loveri, personne ne doutait que le jeune Montois reviendrait bientôt avec un grand disque. Mais qu'il allait nous gratifier d'une oeuvre à ce point intense et généreuse, aussi chargée d'émotion que le Titanic après sa collision avec l'iceberg, personne n'aurait pu l'imaginer. Merveilleusement soutenu et structuré par Michel Herr au piano et par une rythmique impeccable, Fabrice Alleman prolonge les climats du jazz post bop, évoquant ici et là, et selon l'instrument utilisé, les guirlandes de notes d'un soprano coltranien ou l'ivresse d'un ténor rollinsien. Et au-delà des références, Alleman fait bien plus qu'interpréter des classiques comme Bye Bye Blackbird ou Crystal Bells, il les habite d'une étrange ferveur. Dans ses improvisations, plus encore en public qu'en studio, son imagination fait des bonds de géant, pouvant même aller jusqu'à l'insurrection sonore qu'il maîtrise quand et comme il veut grâce à une technique irréprochable acquise au cours de formations complètes aussi bien en musique classique qu'en jazz. Quant à ses propres compositions, de l'étonnant Blues 8 à la très belle ballade Just Like Yesterdays, elles tiennent la route sans funambuler au milieu des classiques. A l'heure où les géants disparaissent les uns après les autres, il est normal que l'on se plonge avec plus d'espoir et de délices dans l'écume des figures de proue qui surgissent : si ce n'est déjà fait, allez vite croiser la route de celle-ci.
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