La Sélection d'Avril 2001

Après un premier CD (Aquarelle sur Lyrae) en 1997 et un second fort remarqué en 1998 (A Child's Blessing sur De Werf), ce jeune pianiste flamand de 34 ans persiste et signe avec ce nouveau compact dont il signe toutes les compositions. Hans Van Oosterhout a été remplacé par le batteur Herman Pardon (tout à fait convaincant sur Cancion) qui tenait déjà les baguettes sur Aquarelle tandis que le canadien Kenny Wheeler laisse la place au talentueux trompettiste Laurent Blondiau. Certes la star est partie mais le groupe a gagné en cohésion. Enregistré après une tournée épique en Chine, ce disque laisse percevoir l'inévitable soudure qui lie ceux qui ont travaillé leur art ensemble et qui fait d'un thème, quel qu'en soit l'auteur, une œuvre collective. On imagine que les musiciens, isolés en autarcie dans un contexte particulier, n'ont eu d'autres ressources que de s'unir davantage. Bien sûr, Ernst Vranckx s'exprime toujours dans un registre subtil et nuancé et c'est lui qui impose sa vision au quintette : souffle, respiration, frôlement, caresse sont les fondements de cette vague écumeuse qui se déroule à l'infini en tendant vers le plaisir. Espérons qu'Ernst Vranckx prendra conscience de la force qui s'installe dans un groupe qui résiste au temps et qu'à l'instar du quintette de Ben Sluijs par exemple, il continuera à affirmer la singularité de son chant au sein de ce même équipage dont les couleurs lui vont si bien. La pérennité et l'équilibre des vrais groupes sont ce qui manque le plus à la scène d'un jazz belge en perpétuel état de vagabondage.