Ce disque du duo "Alleman - Loveri" est une bonne surprise en cette période estivale généralement pauvre en matière de nouvelles sorties. Sous une pochette démente propre à donner le vertige des couleurs et à vous faire douter de votre acuité visuelle, se cache un disque avec de vrais moments de grâce et qu'on va se repasser souvent. For Caria, la ballade qui ouvre ce répertoire, vous mettra tout de suite dans l'ambiance : le saxophone soprano du Montois Fabrice Alleman possède le don d'être à la fois coloré, vivace, contrasté et dynamique tout en étant reposant. Il s'exprime quelques instants sur les arpèges et les accords acoustiques du guitariste Paolo Loveri avant d'être rejoint par un quatuor à cordes dont l'arrangement est signé sur ce titre par Pirly Zurstrassen. Peut-être est-ce le fait qu'il n'y ait ici ni basse ni batterie que l'intégration d'un orchestre à cordes paraît beaucoup plus évidente. Toujours est-il que l'expression jazz de chambre n'a jamais été plus appropriée que pour toutes ces ballades intimistes (For Caria, For The First Time, Eclipse, The Little Castle) qui constituent l'essentiel de ce nouvel opus plein de charme et de mélancolie. Au croisement de la musique improvisée et du classicisme européen, ces instants métissés ne sont pourtant pas exempts de swing : aussi bien Loveri qu'Alleman savent ce qu'improviser veut dire et s'entendent comme personne pour lever soudainement le vent et semer la tempête. Ainsi en est-il de Three For One ou d'Improvisation 1. Ainsi en est-il encore de J-J sur lequel le duo est rejoint par un second guitariste : Pietro Condorelli. L'orchestre à cordes est alors oublié et on est bien plus près des sources vives du blues comme si les artistes avaient voulu, le temps d'un titre, en rappeler la primordiale nécessité dans la forme d'expression qu'ils se sont choisie. Excellent !
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