Depuis ses premiers disques édités au début des années 90, le pianiste Ivan Paduart n’a cessé de s’affirmer comme un compositeur prolifique et un interprète au toucher sensible que l’on aime entendre improviser sur des thèmes plaisants et romantiques. Après une dizaine de compacts enregistrés en studio sous son nom propre, ce disque en trio capté live en novembre 1999 à l’Espace Paul Delvaux paraît une bonne idée. Le répertoire est suffisamment varié pour que Paduart puisse montrer l’étendue de son talent. Avec Suspone par exemple, un thème vigoureux emprunté à Mike Stern et que Michael Brecker avait inclus sur son Don’t Try This At Home, le pianiste démontre comment aérer une composition dense en lui insufflant une certaine fraîcheur. De l’énergie, Paduart en injecte aussi dans Thinking Of You, un thème de Michel Herr que l’on s’amusera à comparer avec la version de ce dernier sur son disque Intuitions. Et même le standard de Don Raye, I’ll Remember April, est arpenté avec élégance et fraîcheur. Mais le meilleur est à venir avec les propres compositions du pianiste, toujours mélodiques et agréables. Les originaux Solstice d’Eté, If We Could et Balloons ont toute la nostalgie et la délicatesse de ce qu’il a fait de meilleur. Et Steps In The Snow, extrait du disque White Nights, montre en trio d’autres qualités. Paduart s’insinue dans ces mélodies avec un sens rare de la nuance qui peut justifier le qualificatif "évansien" qu’on attribue parfois à son jeu. Hans Van Oosterhout apporte un soutien rythmique appréciable de même que le contrebassiste Stefan Lievestro dont le dialogue avec le piano est époustouflant (écoutez-le doubler la mélodie au début de If We Could). Et enfin, il y a Rainwaltz, une composition de Fred Hersch déjà reprise sur le compact Clair Obscur que Paduart avait dédié il y a quelques années au célèbre pianiste. Ainsi se confirme sa toute première ascendance, celle d'un musicien connu pour son incommensurable douceur, à la croisée des chemins entre le goût de la musique classique romantique et celui infini de l’improvisation stimulante. Et c’est exactement là que réside l’art du trio d’Ivan Paduart !
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