King Oliver : The Complete 1923 Jazz Band Recordings (Off The Record). En compagnie de Louis Armstrong au second cornet, King Oliver met en place l'improvisation collective, sauvegarde le patrimoine traditionnel de la Nouvelle Orléans, et compose les premiers thèmes majeurs, tels Dippermouth Blues, High Society Rag ou Canal Street Blues, qui jalonneront l'histoire du jazz. Réunis sur deux compacts par le label canadien Off The Record, ces 37 enregistrements sont des nouvelles prises réalisées à partir de 78 tours en excellent état. Comme le producteur Doug Benson l'explique dans les notes de pochette, le choix a été fait de préserver le son acoustique original tout en l'améliorant sans dénaturation par une technologie moderne de transfert à partir de sources bien préservées. Opération réussie : la clarté et la dynamique, quoique variables d'un morceau à l'autre, sont globalement exemplaires.
Jelly Roll Morton : The Classic Chicago "Red Hot Peppers" Sessions - Birth Of The Hot 1926 - 1927 (RCA Bluebird). Ces années-là furent les meilleures de Jelly Roll Morton. Véritable pionnier, l'homme qui se déclarait "inventeur du jazz" dévoile ici ses talent de compositeur prolifique, de pianiste intense et d'arrangeur ingénieux en compagnie de la crème des musiciens de l'époque (dont Kid Ory, Johnny St. Cyr, Johnny et Baby Dodds qui firent aussi les beaux jours des Hot Five et Hot Seven de Louis Armstrong).
Bix Beiderbecke : Volume 3 - 1927 (Masters Of Jazz). Ce cornettiste blanc, à la sonorité dénuée de vibrato, injecte un peu de romantisme européen dans le jazz hot et annonce, avec 20 ans d'avance, l'esthétique cool. Ce disque comprend le fascinant In A Mist enregistré au piano solo ainsi que les six chefs-d'oeuvre gravés en sextette sous le nom de Bix And His Gang.
Django Reinhardt : The Quintessence 1934 - 1943 (Frémeaux & Associés). Virtuose inégalable, Django mélange le folklore tsigane au jazz et, en compagnie de Stéphane Grappelli, invente un style profondément original. Cette compilation offre le meilleur de celui qui, avec Charlie Christian, reste la première référence de tous les guitaristes.
Billie Holiday : Volume 4, 1937 (Masters of Jazz). Billie, en compagnie de Lester Young, enregistra cette année-là une foule de chansons qu'elle n'avait pas écrites mais qui lui appartiendraient désormais : Me Myself And I, Mean To Me, My Man ....
Lionel Hampton : Hot Mallets Vol. 1 (RCA Bluebird), 1937 - 1939. Le vibraphoniste s'entoure des plus fameux solistes de l'époque et grave ainsi, avec des combos d'un jour, des dizaines de faces exceptionnelles par leur swing intense. A noter sur quelques unes d'entre elles, la présence du jeune Dizzy Gillespie encore sous l'influence de Roy Eldridge. (Swing & Big Bands)
Sidney Bechet : The Best Of Sidney Bechet (Blue Note), 1939 - 1953. Sydney Bechet enregistra pour le jeune label Blue Note de 1939 à 1953. L'intégralité de ces enregistrements, versions alternatives incluses, a été compilée par le label Mosaïc mais cette sélection de 18 titres donne une idée très complète de ce que Bechet a réalisé pendant ces quinze années. Ces faces ont été enregistrées avec le leader au sax soprano ou à la clarinette, accompagné par de petits ensembles de 5 ou 6 musiciens parmi lesquels figurent des chefs de file du jazz New Orléans comme Sidney De Paris et Bunk Johnson (trompette), Vic Dickenson (trombone), Albert Nicholas (clarinette), Meade Lux Lewis et Art Hodes (piano), Teddy Bunn (guitare), Pops Foster et Walter Page (bass) ainsi que le batteur Sid Catlett. Débutant par la superbe version de Summertime de 1939 qui remporta à l'époque un énorme succès populaire, le répertoire comprend les grands classiques du genre ( St. Louis Blues, Muskrat Ramble, Old Stack O'Lee Blues, When The Saints Go Marching In, Basin Street Blues …) lustrés par la production impeccable de Alfred Lion.
Lester Young : The Complete Aladdin Recordings of Lester Young 1942 - 1947 (Blue Note). L'autre grand du saxophone ténor. Les faces gravées pour Aladdin sont à Lester Young ce que les Dial et les Savoy étaient à Charlie Parker : des chefs d'oeuvre parmi lesquels on épinglera These Foolish Things, Jumpin' With Symphony Sid et bien d'autres plages des 40 titres figurant sur ce double compact.
Charlie Parker : Best of The Complete Savoy & Dial Studio Recordings (Savoy Jazz), 1944-1948. Parker réinvente les blues en 12 mesures et les standards auxquels il donne d'autre noms. Avec Parker's Mood, Crazeology et quelques autres improvisations, le jazz bascule définitivement du traditionnel dans la modernité. Ce Best Of extrait d'un coffret réservé aux collectionneurs offre vingt titres remastérisés sans plages alternatives ni faux départs : rien que de l'essentiel ! (Charlie Parker)
Bud Powell : The Amazing Bud Powell Vol. 1 (Blue Note), 1949 & 1951. L'égal de Charlie Parker au piano. Une vie dramatique, tourmentée, avec au bout de la course, ces solos et compositions qui sont le legs d'un artiste exceptionnel qu'un coup de matraque sur la tête avait, dès 1945, rendu Un Poco Loco.
J. J. Johnson : The Eminent J. J. Johnson, Volume 1 (Blue Note), 1953 - 1954. L'album incontournable de celui qui parvint à vaincre toutes les difficultés techniques du trombone à coulisse. Ce disque vient d'être réédité par Blue Note en série économique sous la forme d'un digipack. Profitez-en !
Sarah Vaughan With Clifford Brown (Emarcy), 1954. Pour le timbre unique de la voix de Sarah bien sûr. Mais aussi parce qu'elle dialogue ici d'égal à égal avec le saxophone de Paul Quinichette, la flûte de Herbie Mann, et la mythique trompette de Clifford Brown dont on imagine la carrière qu'il aurait pu faire s'il n'était mort, à l'âge de 26 ans, dans un accident de la route.
Count Basie : April In Paris (Verve). Enregistré en 1955 et 1956, cet orchestre n'a plus les solistes de la grande époque "Kansas City" mais le swing est toujours là et l'orchestre sonne mieux. Ce disque, réédité récemment avec de nombreuses alternate takes, comprend April In Paris et ses fameuses répétitions finales : One More Time.
Sonny Rollins : Saxophone Colossus (Prestige - OJCCD), 1956. On a souvent comparé Coltrane et Rollins mais ils sont bien différents et ont d’ailleurs, à une certaine époque, été des rivaux. Le premier est devenu mythique après sa mort prématurée tandis que le second s’est perdu dans une série d’albums modernes, disons, moins intéressants. Mais dans les années 50 et 60, Rollins a enregistré des disques d’une force indescriptible. Saxophone Colossus est l’un d’entre eux, un disque majeur de l’histoire du jazz dont le souffle a inspiré bon nombre de saxophonistes (entre autres, James Carter, Joe Lovano, Branford Marsalis, Michael Brecker ... ). St. Thomas, sa composition la plus célèbre qui est basée sur un motif simple de calypso que sa mère lui chantait quand il était enfant, est devenu sa signature. Derrière lui, le jeu du batteur Max Roach est également un tour de force.
Miles Davis : Kind Of Blue (CBS). C'est sans doute par celui-là qu'il faut commencer. Il incarne le jazz sans référence à un style particulier. Enregistré en 1959 à New York, avec John Coltrane (ts), Cannonball Adderley (as), Wynton Kelly ou Bill Evans (p), Paul Chambers (b) et le batteur Jimmy Cobb, Kind of Blue est un chef d'oeuvre de ce siècle que l'on vient de rééditer en 20 bits. (Miles Davis : 1955 - 1960)
Dexter Gordon : Go (Blue Note), 1962. Un, deux, trois, Go ! Et c'est parti pour près de 40 minutes d'intense émotion par le plus brillant saxophoniste ténor du bop. Epaulé par le pianiste Sonny Clark, le batteur Billy Higgins et le bassiste Butch Warren, Gordon apparaît au sommet de son art avec un jeu passionné (sur la ballade I Guess I'll Hang My Tears Out To Dry) et exubérant (sur Cheese Cake) qui explique pourquoi Coltrane le reconnaîtra comme une de ses influences majeures.
Herbie Hancock : The Best of Blue Note (Blue Note), 1962 - 1968. Compilé à partir de ses cinq légendaires albums enregistrés pour Blue Note, ce disque offre quelques une des plus grandes compositions du pianiste Herbie Hancock : Watermelon Man, Maiden Voyage, Dolphin Dance, Cantaloupe Island, Speak Like a Child … Tous sont devenus des standards. Et comme ces plages incluent aussi des prestations des figures de proue du label comme Donald Byrd, Dexter Gordon, Freddie Hubbard, Hank Mobley, Tony Williams et Grachan Moncur III, on ne saurait être perdant. Sachez toutefois que ce simple compact n'est qu'une introduction à une œuvre qui compte parmi ce que le jazz a produit de meilleur. Alors, comme vous risquez d'y venir un jour, peut-être serait-il plus judicieux d'acquérir directement The Complete Blue Note Sixties Sessions qui regroupe dans un élégant coffret tous les disques officiels enregistrés par Hancock pour Blue Note de 1961 à 1969 plus des prises alternatives inédites et une série de morceaux parus sous le nom d'autres musiciens.
Lee Morgan : The Sidewinder (Blue Note), 1963. Ce disque est l'un des grands succès commerciaux du label Blue Note (les 4000 premières copies se sont écoulées en trois jours). Partageant la vedette avec un jeune Joe Henderson en pleine forme (écoutez-le sur Totem Pole), le trompettiste Lee Morgan joue essentiellement dans le style hard-bop mais, sur le sinueux titre éponyme, il invente un jazz soul / funk qui fera recette et aura une innombrable descendance.
Charles Mingus : Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus (Impulse). Après un disque créatif et avant-gardiste ( The Black Saint And The Sinner Lady), le contrebassiste Charles Mingus revient à une oeuvre moins convulsive au travers de laquelle transparaît l'influence de Duke Ellington ( Mood Indigo). Mingus y explore son passé, revisitant quelques unes de ses plus grandes compositions auxquelles il attribue de nouveaux titres. Mais ce qui fait tout l'intérêt de ce disque c'est l'improvisation collective de l'orchestre (qui comprend 11 musiciens) sur des structures harmoniques et mélodiques soignées. Entouré par des solistes du calibre de Jaki Byard (piano), Eric Dolphy (sax et flûte), Charlie Mariano (sax) et Booker Ervin (sax), Mingus a rarement été aussi bien encadré. (Charles Mingus)
John Coltrane : A love Supreme (Impulse). Enregistré en 1964, 3 ans avant sa mort, ce disque marque l'aboutissement d'une quête spirituelle. Son élégance, sa musicalité, son hypnotisme continuent de hanter tous ceux qui l'ont un jour écouté. (John Coltrane)
Keith Jarrett Trio : Bye Bye Blackbird (ECM), 1991. Ce disque est un hommage à Miles Davis dont l'ombre apparaît sur la pochette. Treize jours après le décès du trompettiste en 1991, le pianiste Keith Jarrett, le contrebassiste Gary Peacock and le batteur Jack DeJohnette, qui furent tous trois des accompagnateurs de Miles, se sont rendus au studio Power Station de New York pour y faire son éloge. Au milieu des standards figure une formidable improvisation de dix-huit minutes intitulée For Miles mais chaque note de cet album est transcendée par le contexte émotionnel lié à l'évènement célébré.
Abbey Lincoln : Turtle's Dream (Verve), 1994. Certes, la voix qui traîne sur le temps rappelle Billie Holiday mais l'émotion qu'elle véhicule est aussi similaire. Et puis, les grandes dames de la nuit ne sont pas si nombreuses pour qu'on se permette de bouder celle-ci. En plus de son trio de base comprenant Rodney Kendrick au piano, Charlie Haden à la contrebasse, et Victor Lewis à la batterie, elle a ajouté un orchestre à cordes sur quelques titres et invité quelques grandes pointures comme Kenny Baron (p), Roy Hargrove (tp) et Pat Metheny (gt). On notera au coeur de ce répertoire profondément nostalgique, mêlée à ses propres compositions, une étonnante mais superbe reprise chantée en français (avec un fort accent anglophone) du célèbre Avec Le Temps de Léo Ferré.
|
|

















|