Le groove baby ! Guitare saturée, rythme funky, le dernier Catherine commence comme un opus de John « Bump » Scofield. Histoire de se délier les doigts parce que dès le deuxième titre, Lettre From My Mother, on retrouve l’imaginaire et le style propres au grand Philip, sa guitare feutrée, son phrasé tout en finesse et en douceur, son sens aigu de la mélodie, son goût des belles notes, ses accords égrenés et les harmonies qui ont fait sa réputation. La musique se fait alors légère, duveteuse comme une plume emportée par le vent sauf qu’ici, sa course est rigoureusement contrôlée. Le travail sur le son est particulièrement élaboré : écoutez par exemple If I Should Loose You et cette subtile variation de tonalité qui ponctue le discours après 2 minutes et quelques vingt secondes. Seuls les tout grands savent faire cela avec autant de naturel. Le swing n’est pas oublié pour autant et Francis' Delight comme All Through the Day sont là pour rappeler à ceux qui l’auraient oublié qu’il est le digne fils spirituel du grand René Thomas et, à travers lui, de Django. Mais la surprise, c'est Birth of Janet fondu et enchaîné avec Janet, deux morceaux dédiés à sa fille. Après une introduction superbe réminiscente de l’oeuvre atmosphérique du guitariste Terje Rypdal, Catherine expose un thème magnifique qu’il va explorer pendant plus de sept minutes. Technique, modernité et beauté sont au rendez-vous pour ce qui est incontestablement le sommet de l’album. Philippe Aerts à la basse et Joost van Schaik à la batterie supportent le discours du maître avec une efficace simplicité, ni plus ni moins. Et en Bert Joris à la trompette ou au bugle sur sept titres, le guitariste s’est trouvé un complice idéal tout aussi feutré que lui. Les échanges sont alors particulièrement riches rappelant à l’occasion les grands moments de Catherine avec Chet Baker : aucune note inutile et rien qui ne soit joli. Le programme se referme sur deux de ses compositions plutôt paisibles. La musique se fait alors une fois de plus soyeuse, voluptueuse, méditative et s’enfonce plus profondément dans ce bleu épais comme du velours, propice au repos de l’âme et du corps. Summer Night. La nuit s’étire longue et tranquille.
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