Toutes les compositions sont de Fabrizio Graceffa Enregistré au Studio A. en août 2009 / Mixé et mastérisé par Marco Locurcio en mars 2010. |
Avec Jazzisfaction, le Quartet de Peer Baierlein et le Groupe d’Yves Peeters, le jeune guitariste Fabrizio Gracefa (né en 1979 à La Louvière) appartient à ce nouveau courant du jazz belge qui se veut interpréter une musique à la fois moderne, mélodique et d’une apparente simplicité, ce qui en d’autres termes signifie qu’elle est très accessible. Comme celle des formations précitées, si elle a ses racines bien plantées dans le jazz, cette musique intègre aussi des éléments plus rock et même, parfois, un background électronique éthéré propice aux improvisations tantôt méditatives, tantôt lyriques. Nimbée d’une aura d’effets subtils, la guitare électrique du leader se pare ici d’un peu d’écho et là d’un zeste de réverbération, juste ce qu’il faut pour procurer aux compositions un pouvoir narratif aux effluves tendrement hypnotiques. Pour son quartet, Gracefa s’est associé à Peer Baierlein et il n’aurait pu faire un meilleur choix : sa trompette au timbre soyeux s’insinue avec douceur et volupté entre les six cordes, rappelant les élans hypersensibles de son propre groupe nommé Jazzisfaction. L’influence de Miles est toujours présente derrière certaines phrases mais son jeu apparaît aussi personnel dans sa progression et son effervescence. L’entente entre les deux compères est totale comme on pourra en juger sur le magnifiques Stories quand la trompette modulée par une sourdine glisse sur les notes fluides d’une guitare acoustique en apesanteur. Pour une telle musique évocatrice, il fallait une rythmique souple et légère comme celle assurée par Boris Schmidt à la contrebasse et Herman Pardon à la batterie qui ont bien compris le message de leur leader : dynamiser sans l’éclater l’espace limpide occupé par les deux solistes. Ecoutez l’entente parfaite entre ces quatre musiciens sur Worlds : la rythmique y déploie une trame envoûtante tandis que trompette et guitare tournoient sur elles-mêmes, emportées par la cadence. On pense au guitariste Kurt Rosenwinkel avec lequel Graceffa partage une large ouverture d’esprit sur différentes formes musicales, le goût des phrases mélodiques et une façon très particulière de les conceptualiser en leur appliquant notamment un traitement sonore original. On n’est ainsi pas surpris d’apprendre que le guitariste belge cite Rosenwinkel comme l’une de ses influences majeures. A noter encore que Graceffa a écrit toutes les compositions et que, loin d’être des enfilades d’accords sans âme, ces dernières témoignent d’une logique personnelle basée sur une belle musicalité. Sur la pochette de l’album, une nuée d’orage se frange d’argent, laissant la place à une éclaircie, symbole d’espoir. Aucune ligne d’horizon sur cette image que l’on peut interpréter comme l’allégorie météorologique d’une musique flottante qui évolue constamment en d’infimes variations atmosphériques. Entrez dans ce disque sans hésiter : on n’y trouve que du bonheur !
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Fabrizio Graceffa Quartet
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