Insight Inside est le premier album de Stefan Bracaval, flûtiste originaire de Mechelen (Belgique) qu’on a pu écouter autrefois sur l’album Aquarelle en compagnie du pianiste Ernst Vranckx. Musique aérienne imprégnée de culture classique, les improvisations de Bracaval tournoient comme des feuilles d’automne, rappelant parfois le jazz introspectif d’un Steve Houben quand il délaisse son sax pour la flûte en fin de compte fort peu utilisée dans le jazz actuel (du moins non couplée avec le saxophone). Ici, pas d’effets acoustiques ni de bruitages à la Ian Anderson, Jeremy Steig ou Rahsaan Roland Kirk : le phrasé est linéaire et le timbre chaleureux mis au service d’un jazz esthétique d’essence européenne. Légère, virevoltante, la musique plane souvent en apesanteur, le leader passant au fil des plages de la flûte traversière à la flûte basse dont la sonorité plus grave accentue la profondeur, voire le mysticisme du discours. A de rares moments, comme sur Penon par exemple, le souffle se fait apparent et le jeu prend alors des colorations plus jazz. Et sur Timemark, le groove fait même une apparition remarquée, prouvant que l’homme sait aussi swinguer avec bonheur. L’autre bonne surprise de cet album est le guitariste Hendrik Braeckman (auteur de ’Til Now paru sur le label DE WERF) qui joue la plupart du temps sur une guitare semi acoustique dont la tonalité équivoque se marie à merveille à celle du leader. Il prend aussi en charge quelques improvisations de haut vol qui imposent de revoir l’étiquette d’excellent accompagnateur dont on l’a un peu trop vite affublé. Werner Lauscher à la contrebasse et Marc Léhan à la batterie complètent un quartet qui tourne rond et dont la musique, élégante et subtile, peut être consommée sans modération. A noter en passant le superbe montage photographique de la pochette, réalisé par Ben Goosens d’après un concept abstrait imaginé par Bracaval, qui rappelle l’univers du peintre Magritte. Une belle image surréaliste pour une musique précieuse et nimbée de mystère !
|