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Baba Sissoko est un percussionniste malien dont le nom est associé à ceux de musiciens les plus divers. On le retrouve ainsi sur des productions de musique world comme celles de Youssou Ndour ou de Salif Keita mais aussi chez des artistes de rock (Sting, Ry Cooder) et même de jazz moderne auquel il s’intègre avec une étonnante ouverture d’esprit, ajoutant ses rythmes ancestraux sur des compositions complexes auxquelles il donne des couleurs africaines. Du Art Ensemble of Chicago à Dee Dee Bridgewater en passant par le projet Al Majmaa de Laurent Blondiau, on ne compte plus ses multiples contributions. Aujourd’hui, Baba Sissoko compose sa propre musique et conduit différents projets dont il est le leader. Bamako Jazz, enregistré pour le label brugeois De Werf, est le produit d’un ensemble éclectique composé de sept musiciens de différentes origines connus pour leur participation à quelques belles aventures du jazz européen : Jeroen Van Herzeele fut entre autres le saxophoniste ténor de Ode For Joe et de Greetings From Mercury, le trompettiste et bugliste Laurent Blondiau est le créateur du groupe avant-gardiste à géométrie variable Mâäk's Spirit et contribue au succès d’Octurn tandis que le pianiste Fabian Fiorini a lui aussi joué au sein du collectif Octurn et avec Aka Moon. A ce noyau de solistes, il faut encore ajouter la bassiste électrique new-yorkaise Reggie Washington, le percussionniste cubain Reynaldo Hernandez, Mamani Keita pour le chant et le leader qui, en plus du tama et du djembé, joue aussi de la guitare n’goni. En dépit d’un tel panachage, les mélopées ont gardé ce balancement irrésistible propre aux musiques nées sur les bords du Niger. Les souffleurs s’expriment librement, chantant d’abord à l’unisson pour créer des textures orchestrales avant d’improviser des phrases amples et fluides qui partent en voyage jusqu’au pays de la liberté. Le leader joue beaucoup de cette guitare traditionnelle au son caractéristique appelée n’goni tandis que son travail sur les percussions est bien celui qui l’a fait sortir du terroir et connaître au plan international. Devant un tel souffle ou improvisations libres communient avec la tradition africaine, beaucoup de pianistes auraient pu être embarrassés. Pas Fiorini qui s’en tire par un jeu arborescent qui n’est pas sans rappeler le travail de McCoy Tyner avec Coltrane (écoutez-le sur Ebi et Mali Foli). A noter aussi son duo avec Sissoko sur Improvisation Tama / Piano qui s’avère aussi bizarre qu'original. La musique de cet ensemble respire et, malgré sa modernité, évoque bien souvent la vie du désert, des ondulations du fleuve aux vents sculpteurs de sables en passant par les grands rassemblements colorés de nomades. Voici une musique mystique qui ne renie rien de son histoire mais s’enrichit en termes d’esprit, de vision et de puissance par une ouverture sur le monde et ses innombrables cultures. Ce qui, en fin de compte, fait de Baba Sissoko le premier griot de l'humanité plurielle.
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Discographie sélective de Baba Sissoko
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