Si le premier disque de Quatre, édité sur le label Mogno, laissait la part belle aux mélodies évanescentes et au lyrisme, celui-ci apparaît globalement plus électrique. Le guitariste Marco Locurcio en particulier y laisse s’exprimer sa double culture musicale Jazz et Rock tandis que le batteur Teun Verbruggen (qui a pris la place de Lieven Venken) et Jacques Pili à la basse électrique composent un tandem rythmique solide d'une ductilité convaincante. Le premier titre, Song 41 dû à la plume de Locurcio, est un des sommets du compact et c’est instantanément qu’on est conquis : un simple et superbe accompagnement de guitare, composé de notes égrenées rapidement avec l'énergie du Rock, qui est un régal du début à la fin ; le saxophone ténor de Nicolas Kummert dont le son profond et moelleux installe un climat obsédant et tendu ; un solo de guitare débarrassé de toute virtuosité inutile suivi d'un autre à la basse électrique avant le retour du ténor. On est proche du Jazz-Rock mais c’est une fusion colorée et envoûtante où personne ne cherche à doubler le plus rapide dans les virages. Comptent ici davantage la cohésion de la composition, la dynamique du groupe et aussi le timbre chaud qui naît du chant unifié de ces quatre-là. Breaking the staves, écrit en deux partie par le saxophoniste, est aussi une grande réussite mais dans un autre registre : le second mouvement surtout, tout en subtiles nuances, qui véhicule une profonde nostalgie et met en exergue la complicité des deux solistes. Ce disque renferme beaucoup d’autres bonnes surprises : l’étrange Such a Waste sur lequel Kummert, en l’absence d’invités, fait appel à des substituts électroniques pour enrichir les harmonies et qui se conclut dans un beau charivari sonore ; The Observant encore une fois structuré autour d’un accompagnement plus Rock que Jazz générant de belles textures propices aux envolées des solistes ou Not Wise, d’une conception plus originale avec ses triturations électroniques et sa batterie sèche et crépitante qui fragmente le discours d’éclats percussifs. Submarine apparaît comme un album fort original obéissant à une conception diversifiée de la musique et porté par une belle flamme collective. Sur scène, le groupe se distingue d’ailleurs par une magie attractive entraînant rapidement l’adhésion du public et c’est avec un réel plaisir qu’on retrouve cette magie-là au cœur de ces enregistrements.
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