Cinq années après son dernier compact, le percussionniste et compositeur Chris Joris ressurgit dans la lumière avec un disque sobre et souvent nostalgique dédié à son épouse décédée il y a deux ans dans un tragique accident de voiture. Le premier titre A Four Letter Word plonge l’auditeur dans une ambiance méditative proche du recueillement avec Fré Desmyter au piano et Pierre Vaiana au soprano tout deux particulièrement lyriques et inspirés. Out Of The Night continue dans la même veine mais comprend une partie centrale débridée avec un tapis de percussions propice à un solo de violon électrique joué par Cécile Broché. Earth et June 25 offrent de très beaux échanges entre les percussions du leader et les 10 musiciens de l’ensemble à cordes Mons Orchestra qui installe une atmosphère insolite et furtive. Retour aux ambiances méditatives avec The Long Way Home, une composition toute en nuances du bassiste Chris Mentens qui est assurément l’un des sommets de ce cédé avec ses entrelacements de soprano, violon, piano et guitare. Bien sûr, l’Afrique et ses sons magiques n’ont pas quitté l’imaginaire du musicien qui a invité le griot guinéen N’Faly Kouyaté a pincer sa kora et à chanter sur un Kobiye de près de 9 minutes. La musique se fait alors languissante et respire au rythme de la savane et de ses grandes herbes pliant sous le vent. Le leader reste le maître du djembé, du berimbau et autres percussions exotiques dont il joue cette fois avec beaucoup de retenue et de sensibilité mais on peut aussi l’entendre au piano sur I Hear A Milonga et surtout sur Ballad For A Tortured Africa dans un style martelé qui n’est pas sans rappeler celui de Dollar Brand. Et avant que l’album ne se clôture par un court duo de percussionnistes, on a encore droit à une ballade émouvante intitulée Friday The 12th avec un Vaiana impérial au soprano. Un disque qu’on goûtera davantage au début de la nuit quand la pénombre s’installe et que tout ce que l’on souhaite est de rester seul avec ses souvenirs.
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