1. Curandero 2. Quartography 3. Thurst Day 4. Flying Whale 5. En Minder Bât 6. Happy Five 7. Explosive Breeders 8. Summer Body 9. Happy Five |
Date de sortie : 15 mars 2024 Personnel: Toine Thys (saxophones, clarinette basse, électronique); Maxime Sanchez (piano); Florent Nisse (contrebasse); Teun Verbruggen (batterie) Enregistré et mixé en 2023 par Vincent de Bast à Bruxelles Photos : Anton Coene |
Chronique
Le premier album sorti en 2021 leur avait rapporté une « Octave de la Musique » mais ce nouvel opus intitulé Betterlands, qui confirme la forte identité de ce groupe, pourrait tout aussi bien être gratifié de la même récompense. Ce projet franco-belge baptisé Orlando, d’après le prénom du héros du roman éponyme de Virginia Woolf, inclut toujours les Parisiens Maxime Sanchez au piano et Florent Nisse à la contrebasse tandis qu’Antoine Pierre a laissé sa place derrière les fûts à Teun Verbruggen (Alexi Tuomarila, Jef Neve). Dès le morceau en ouverture, El Curandero, on est pris par la main pour une promenade dans un décor aux teintes pastel à la fois unique et indéfinissable : le son chaleureux y côtoie la fantaisie mélodique qui, elle-même, n’exclut pas une certaine nostalgie. Toine Thys explore le registre grave de son saxophone avec une approche contemplative sur une strate rythmique peuplée par les notes d’un piano qui tombent comme des gouttes de pluie. La pièce se termine en crescendo sur un tempo plus allant, gagnant des reliefs supérieurs et provoquant une forme d’exaltation. Après cette plage lumineuse, se dévoile Quartography tout en nuances, la clarinette basse faisant naître une complainte secrète que le pianiste va s’approprier, jetant sur la toile des traits de couleur qui la vivifient. Quelques effets électroniques subtils complètent cet intrigant tableau à l’expressionisme un rien tourmenté. L’aventure continue au long des sept plages restantes, créant peu à peu ce que l’on peut appeler un répertoire cohérent aux ambiances multiples, aussi floues que singulières. De Flying Whale au splendide Requiem qui clôture le disque, le quartet chante et distille du lyrisme mais avec des zones d’ombre. Même Summer Body avec ses envolées de saxophone ou Explosive Breeders avec ses harmonies insolites et sa brève poussée de fièvre ne peuvent édulcorer le sentiment que cette œuvre hésite constamment entre joie et tristesse. Pour en revenir à Virginia Woolf, on pourrait évoquer à propos de cette splendide mais étrange musique une sentence tirée d’Orlando : « le philosophe a raison de dire qu'il ne faut rien de plus épais que la lame d'un couteau pour séparer le bonheur de la mélancolie." [ Chronique de Pierre Dulieu ] |
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