Les Titres qui ont fait le jazz de 1951 à 1975



1951 (23/7) : Straight, No Chaser (Genius of Modern Music: Volume 2)
Composé et enregistré en quintet par Thelonious Monk pendant ses sessions Blue Note de 1951, ce blues de 12 mesures en Bb, introduit par la batterie d'Art Blakey, séduira tout le monde, le public comme les musiciens qui, de Miles Davis à Keith Jarrett en passant par Cannonball Adderley et Bill Evans, voudront tous en donner leur version.

1952 (16/8) : Bernie's Tune (Gerry Mulligan Quartet Volume 1)
Cette superbe composition d'un inconnu nommé Bernie Miller est entrée dans la légende grâce à l'interprétation moelleuse qu'en donna le quartet sans piano de Gerry Mulligan avec Chet Baker à la trompette.

1953 (13/4) : Passion Flower (The Duke Plays Ellington)
Le début des années 50 fut une période difficile pour le Duke dont l'orchestre était jugé démodé mais sur les titres en trio enregistré pour Capitol, la musique d'Ellington sonne fraîche, bâtissant un pont entre tradition et modernité comme sur ce titre mélancolique écrit par Billy Strayhorn.

1954 (23/12) : Django (Django)
Le jazz de chambre raffiné inventé par le Modern Jazz Quartet est tout entier résumé dans cette sereine composition du pianiste John Lewis écrite en hommage à Django Reinhardt. Avec Milt Jackson au vibraphone, John Lewis au piano, Percy Heath à la basse et, pour un temps encore, Kenny Clarke à la batterie.

1954 (18/12) : Lullaby Of Birdland (Sarah Vaughan with Clifford Brown)
La rencontre entre la chanteuse Sarah Vaughan et le virtuose de la trompette bop, Clifford Brown, a donné lieu à l'une des sessions vocales parmi les plus réussies du jazz. Quant à la fameuse chanson de George Shearing et George David Weiss, dédiée à Charlie Parker et au club Birdland de New-York, elle est rendue dans une version époustouflante aussi bien dans sa partie chantée que dans son interlude instrumental.

1955 (29/4) : Walkin' (Walkin')
On dit que Miles Davis aurait peut-être composé ce morceau mais, sur la pochette, il est crédité à un inconnu nommé Richard Carpenter. Quoi qu'il en soit, il donna de ce blues une interprétation brillante qui amorça la vague du hard-bop du milieu des années 50.

1956 (22/6) : St. Thomas (Saxophone Colossus)
Le plus célèbre et le plus mémorable des titres de Sonny Rollins. Apparaissant pour la première fois sur l'album Saxophone Colossus, il y est crédité à Rollins qui s'inspira en fait d'une chanson traditionnelle d'origine anglaise que lui chantait jadis sa mère dans les Îles Vierges. Ce qui explique son rythme caribéen.

1957 (19/1) : Straight Life (Art Pepper Meets the Rhythm Section)
Enregistré dans des conditions difficiles par un saxophoniste confronté à l'une des meilleures rythmiques du monde (celle de Miles Davis à l'époque) et en proie au doute, Art Pepper Meets The Rhythm Section est pourtant un album hors du commun. Quant à la version fougueuse de sa composition Straight Life enregistrée ce jour-là, c'est l'un des morceaux de jazz parmi les plus torrides des années 50.

1958 (30/10) : Moanin’ (Moanin')
Avec Lee Morgan (tp ), Benny Golson (ts), et Bobby Timmons (p) à bord, Blakey était à la tête de la meilleure incarnation des Jazz Messengers. Quant à cette composition bluesy de Bobby Timmons, c'est l'étendard du hard-bop, devenu au fil des ans un classique intemporel du jazz soul.

Coltrane - Adderley - Davis - Evans

1959 (2/3) : So What (Kind Of Blue)
Construit à partir de deux accords, le premier titre du plus grand album de jazz de tous les temps (Kind Of Blue de Miles Davis) est le plus bel exemple que l'on puisse donner d'une musique modale improvisée. Complexe et subtil, rompant avec les traditions tout en restant paradoxalement très accessible, il constitue une borne essentielle dans le développement de la musique de jazz moderne. A noter que sa séquence d'accords est identique à celle de Impressions de John Coltrane, un autre standard incontournable du jazz modal.

1958 (9/3) : Autumn Leaves (Somethin’ Else)
Beaucoup ont soutenu que le plus beau morceau de Miles Davis était Autumn Leaves sur l'album de Cannonball Adderley, Somethin’ Else. Ils ont tord bien sûr mais cette session fut quand même un moment glorieux pour tous les participants : Adderley (as), Davis (t), Hank Jones (p), Sam Jones (b) et Art Blakey (d)

1959 (12/5) : Goodbye Pork Pie Hat (Mingus Ah Um)
Ecrit en hommage au saxophoniste Lester Young disparu peu avant cette session, Goodbye Pork Pie Hat est une des compositions parmi les plus émouvantes de Charles Mingus et, avec ses fidèles compagnons incluant Horace Parlan(p), John Handy (ts) et Booker Ervin (ts), il en donne ici une interprétation définitive.

1959 (22/5) : Lonely Woman (The Shape of Jazz To Come)
Ornette Coleman abandonne la structure harmonique et se débarrasse du piano en s'octroyant, à lui et à ses complices Don Cherry (t), Charlie Haden (b) et Billy Higgins (d), une totale liberté. C'est cet hymne à la solitude qui lui apporta jadis la reconnaissance de ses pairs et c'est ce même morceau qui fut interprété par David Murray, Joe Lovano et quelques autres à ses obsèques le 27 juin 2015.

1959 (22/5) : Take Five (Time Out)
Ecrit sur une métrique inhabituelle (5/4) par Paul Desmond pour le quartet de Dave Brubeck, ce morceau dont le 45 tours fut le plus vendu du jazz, séduit autant par la frappe inventive de Joe Morello que par le solo bluesy de Desmond et l'ostinato à deux accords assuré par Brubeck

1960 (26/1) : West Coast Blues (The Incredible Jazz Guitar of Wes Montgomery)
Wes Montgomery confirme le grand guitariste qu'il est sur cette valse soul au thème d'une désarmante simplicité. C'est tout simplement que Wes ne joue pas comme tout le monde et sa sonorité est unique. Son style si particulier influencera beaucoup de guitaristes qui viendont après lui, de George Benson à Larry Coryell en passsant par Pat Martino.

1961 (21/10) : My Favourite Things (My Favourite Things)
John Coltrane qui s'est désintéressé du bop, est entré progressivement dans une phase de jazz modal qui lui permettait plus de liberté. Cette ancienne chanson écrite par Rodgers et Hammerstein pour le film The Sound of Music est interprétée dans ce style et ainsi transcendée en une danse magique et envoûtante que le public ne cessera plus jamais de réclamer pendant les concerts du saxophoniste.

1961 (25/6) : My Man's Gone Now (Sunday At The Village Vanguard)
En compagnie de Scott LaFaro et de Paul Motian, Bill Evans définit l'art du trio, portant la notion d'interaction à des sommets rarement égalés dans la musique improvisée. La relecture modale de My Man's Gone Now, écrit par Gershwin pour Porgy & Bess, est d'une indescriptible beauté que tenteront en vain de répliquer des myriades d'autres trios de piano.

1961 (5/9): Blues For The Orient (Eastern Sounds)
En ouvrant sa musique aux subtilités orientales, Yusef Lateef (qui joue du hautbois sur ce titre) a tout simplement inventé le world-jazz bien avant que le terme lui-même ne soit créé. Ceci dit, l'improvisation du pianiste Barry Harris est une petite merveille de sensibilité qui rehausse encore cette magnifique composition de Lateef.

1962 (19/3) : Melody For Melonae (Let Freedom Ring)
En compagnie du batteur d'Ornette Coleman, Billy Higgins, le saxophoniste Jackie McLean abandonne le hard-bop et s'enfonce avec assurance dans des terres plus avant-gardistes. Ce faisant, il casse le moule un peu désuet des disques Blue Note et ouvre grandes les portes du label à une nouvelle flopée de musiciens aux idées révolutionnaires.

1963 (21/12) : The Sidewinder (The Sidewinder)
Un des pics du jazz soul et bluesy, avec une touche latine, écrit et joué par le trompettiste Lee Morgan associé au saxophoniste ténor Joe Henderson. The Sidewinder grimpera dans les charts US et imposera sa forme comme modèle pour des centaines de compositions hard-bop à venir.

1964 (25/02) : Hat And Beard (Out To Lunch)
Enregistré quelques semaines avant sa mort, ce titre écrit par Dolphy en hommage à Thelonious Monk apparaît libre comme l'air ne se laisse pas apprivoiser facilement. Mais suivre les convulsions du batteur Tony Williams et les accords flottants du vibraphoniste Bobby Hutcherson, qui forment ici un tandem exceptionnel, vous aidera considérablement

1964 (10/08) : Naima (Four For Trane)
Grâce au jeu nonchalant mais expressif de Shepp, au superbe arrangement du tromboniste Roswell Rudd et à l'efficacité de la rythmique assurée par Reggie Workman et Charles Moffett, cette ballade de John Coltrane prend de nouvelles couleurs vertigineuses qui en font une oeuvre fraîche et inédite.

1964 (26/10) : Song For My Father (Song For My Father)
Cette composition, écrite en hommage au père de Horace Silver, combine le rythme de la bossa nova, dont le pianiste s'est imprégné au cours d'un récent voyage au Brésil, avec une mélodie inspirée du folklore capverdien. Il en résulte un thème absolument irrésistible, transcendé par une improvisation hors normes de Joe Henderson qui délivre ici l'un de ses plus beaux solos.

1964 (9/12) : Acknowledgement (A Love supreme)
L'album entier marque le réveil spirituel de Coltrane dont la partie 1, Acknowledgement, est le point de départ. Son message optimiste et lumineux sera distribué dans le monde entier et reçu à bras ouverts par un public nombreux qui, par la suite, deviendra de plus en plus réticent face à ses envolées libertaires.

1965 (20-22/1) : Little One (E.S.P.)
Tout en s'appuyant sur le hard-bop, Miles, galvanisé par les musiciens de son second quintet comprenant Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, invente une musique plus moderne et aventureuse qui inspire encore tous les jazzmen d'aujourd'hui. Cette composition de Herbie Hancock sera revisitée par le pianiste deux mois plus tard pour son propre album, Maiden Voyage.

1965 (17/3) : Maiden Voyage (Maiden Voyage)
Maiden Voyage est considéré par beaucoup comme le second plus grand disque de l'histoire du jazz tandis que le titre éponyme, qui allie tradition et modernité, beauté mélodique et complexité rythmique, est, à mon humble avis, la plus belle composition jamais écrite par Herbie Hancock. Avec Freddie Hubbard (tp), George Coleman (ts), Ron Carter (b) et Tony Williams (dr).

1966 (24/2) : Footprints (Adam's Apple)
Wayne Shorter est au sommet de son art sur cet album et Footprints, dont c'est le premier enregistrement avant la reprise de Miles Davis sur Miles Smiles, est l'une de ses plus belles compositions : un vrai standard que Shorter continuera à ruminer longtemps après l'avoir écrite.

1969 (Février) : In a Silent Way/It's About That Time (In A Silent Way)
Joe Zawinul est le compositeur du morceau emblématique de l'album éponyme de Miles Davis. La trame mélodique est absente et tout le monde improvise mais le groove monte et le solo de Chick Corea au Fender Rhodes est un modèle pour les décennies à venir. La fusion électrique est née ici.

1969 (19 – 21 août) : Spanish Key (Bitches Brew)
Le morceau le plus reconnaissable de l'album séminal qui fit de la fusion un nouveau genre musical à part entière dans lequel s'engouffreront des centaines de musiciens venus du jazz comme du rock. Ce thème fut utilisé dans le film Collatéral de Michael Mann dans lequel un trompettiste est assassiné par un tueur à gages pour avoir mal répondu à une question sur Miles Davis.

1970 (janvier 1970) : Red Clay (Red Clay)
En compagnie de Joe Henderson (ts), Herbie Hancock (p), Ron Carter (b), et du fantastique batteur Lenny White, le trompettiste Freddie Hubbard groove en souplesse sur cette longue composition qui fait la transition entre hard-bop mainstream et fusion des années 70.

1971 (10/11) : In Front (Facing You)
Le premier titre de l'album Facing You enregistré par Keith Jarrett en solo est une merveille modale et un point de référence pour tous les pianistes. Annonçant tout à la fois une nouvelle direction musicale plus proche de la musique européenne, un nouveau son et une nouvelle façon de l'enregistrer, In Front a ouvert de nouveaux horizons aussi bien pour son interprète que pour Manfred Eicher, le patron du label ECM.

1971 : Meeting Of The Spirits (The Inner Mounting Flame)
Extraordinaire assaut de John McLaughlin, guitariste anglais à haut indice d'octane qui, un an après Bitches Brew, approfondit la fusion électrique en compagnie d'une horde de virtuoses techniques : Jan Hammer, Jerry Goodman, Rick Laird et Billy Cobham.

1972 (octobre) : Spain (Light as a Feather)
L'un des titres les plus emblématiques de Chick Corea dans sa première version qui figure sur l'album Light As A Feather de Return To Forever. Le pianiste reviendra à plusieurs reprises sur ce titre progressif et mélodique devenu depuis un vrai standard moderne.

1973 (14-16 Mai) : Stratus (Spectum)
Le titre qui lança la carrière en solo de Billy Cobham, batteur à la technique explosive qui fit les beaux jours de Miles Davis et du Mahavishnu Orchestra. Avec Jan "Miami Vice" Hammer aux claviers et le guitariste Tommy Bolin venu du rock.

1973 (Décembre 1973) : The Colours of Chloe (The Colours of Chloe)
Une belle création du contrebassiste Eberhard Weber, l'un des premiers à jouer ce genre de jazz symphonique à la fois romantique et aérien qui contribua à définir l'esthétique du label ECM et à travers lui, d'un certain jazz de chambre européen.

1974 : Cucumber Slumber (Mysterious Traveller)
Une fois que Miroslav Vitous, jugé incompétent pour jouer funky, fut poussé dehors, la basse électrique fut confiée à Alphonso Johnson qui commença par inventer quelques lignes incandescentes propulsant avec énergie l'explosif Cucumber Slumber. Avec Joe Zawinul désormais seul maître à bord, le vaisseau Weather Report pouvait changer de cap vers une musique plus mélodique et plus groovy.

1975 : Bright Size Life (Bright Size Life)
Le premier album de Pat Metheny fut un coup de maître. Phrasé, mélodies et sens de l'espace, tout est là sur le morceau éponyme. En plus, la basse a été confiée au jeune Jaco Pastorius dont le discours contrapunctique, même dans ses premiers enregistrements, était déjà époustouflant.

1975 (juin) : Smatter (Gnu High)
Poussé dans le dos par un casting de luxe incluant Keith Jarrett, Dave Holland et Jack DeJohnette, le bugliste d'origine canadienne Kenny Wheeler séduit par ses somptueuses phrases mélodiques et son attitude zen qui s'inscrit pleinement dans la vision cool et raffinée du producteur Manfred Eicher.



L'évolution ou les révolutions du jazz de 1950 à 1975.

1950-1960
1954-1960.
1959-1969
1959-1969
1969-1975
Mainstream/Swing
Hard-Bop
Jazz Modal
Free-Jazz/Avant-Garde
Fusion/Jazz-Rock
Duke Ellington, Count Basie, Coleman Hawkins, Errol Garner, Dave Brubeck, Ella Fitzgerald, Oscar Peterson Art Blakey & Jazz Messengers, Lee Morgan, Sonny Rollins, Wayne Shorter, Joe Henderson, Clifford Brown, Hank Mobley, Horace Silver Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans, Wayne Shorter, McCoy Tyner, George Russell, Herbie Hancock Archie Shepp, John Coltrane, Pharoah Sanders, Ornette Coleman, Eric Dolphy, Charlie Haden & Liberation Music Orchestra, Anthony Braxton, Cecil Taylor, Don Cherry, Albert Ayler Miles Davis, Chick Corea, Return To Forever, Larry Coryell, Al Di Meola, Herbie Hancock, John McLaughlin, Weather Report, Mahavishnu Orchestra
April In Paris, The Duke Plays Ellington, Ellington Uptown, Time Out, The Complete Ella In Berlin, Concert By The Sea, Coleman Hawkins Encounters Ben Webster, The Hawk Flies High, Oscar Peterson Plays George Gershwin A Night at Birdland, Blue Train, The Sidewinder, Moanin', Saxophone Colossus, Song For My Father, Work Song, Soul Station, Ready for Freddie, Blue Train, Page One, Cookin' with the Miles Davis Quintet Empyrean Isles, Maiden Voyage, Kind Of Blue, My Favorite Things, Sunday at the Village Vanguard, Waltz for Debby, Components, JuJu, Speak No Evil The Shape of Jazz to Come, Free Jazz, Iron Man, Symphony for Improvisers, Where Is Brooklyn?, Fire Music, Four for Trane, Meditations, New Thing at Newport, Conquistador, Karma In a Silent Way, Bitches Brew, Emergency!, Land of the Midnight Sun, Introducing The Eleventh House, The Inner Mounting Flame, Light as a Feather, Mysterious Traveller, Black Market
Le mainstream est apparu dans les 50's comme un retour aux valeurs du swing - The Duke Plays Ellington (Capitol) et C. Hawkins Encounters Ben Webster en sont de bons exemples. Enregistré en 54/55, le disque Horace Silver & The Jazz Messengers, avec Art Blakey, Kenny Dorham et Hank Mobley, est l'une des premières manifestations du hard-bop. La première forme aboutie de jazz modal figure dans l'album Kind Of Blues enregistré en 1959 par Miles Davis en compagnie de Coltrane, Evans, Cannonball Adderley, Paul Chambers et Jimmy Cobb Ornette Coleman sort The Shape Of Jazz to Come en 1959 tandis que son disque Free Jazz: A Collective Improvisation, enregistré en 1960, donnera le nom au mouvement. En 1969, Davis introduit l'électricité dans In a Silent Way - En 1970, Miles Davis sort Bitches Brew qui inaugure le style jazz-rock ou fusion.


En marge des grands styles de jazz (bop, be-bop, jazz modal, free-jazz, fusion, …) qui ont de plus en plus tendance à se superposer, existent aussi d'autres courants plus ou moins spécifiques. L'un d'entre eux est le Jazz West Coast, joué essentiellement par des musiciens blancs, qui s'est développé sur la Côte Ouest des Etats-Unis entre 1952 et 1958 et qui peut être rattaché au Jazz Cool : Jimmy Giuffre, Stan Getz, Zoot Sims, Al Cohn, Gerry Mulligan, Chet Baker, Art Pepper, Paul Desmond jouent souvent relax, respectent les mélodies, développent les contrepoints et accordent une importance majeure au son et aux arrangements. Un autre courant est le "Third Stream" (troisième courant) qui s'inscrit lui aussi dans le prolongement du Jazz Cool mais en mêlant l'improvisation du jazz à des éléments de la musique classique européenne. Marqué par la fugue et empreint de rigueur, le Modern Jazz Quartet, fondé en 1952 par le pianiste John Lewis, en est l'acteur majeur mais d'autres artistes comme George Russell, Jimmy Giuffre et dans une certaine mesure, le pianiste Bill Evans, ont aussi contribué à cette esthétique.

Par ailleurs, le Jazz Latin a également connu une évolution parallèle aux grandes tendances du jazz, ses percussions se mêlant aux grands orchestres de Duke Ellington (Caravan) et Stan Kenton (rythmes caribéens), au Bop de Charlie Parker et Dizzy Gillespie (Afro-Cubain), et au Jazz Cool et West Coast de Stan Getz (Samba et Bossa Nova). Enfin, grâce en partie à l'impulsion du producteur Manfred Eicher et de son label ECM, il s'est développé en Europe une forme de jazz avec une dynamique propre, plus intimiste et inspirée aussi bien par la musique classique et contemporaine que par différents folklores parfois extra-européens. Ce jazz au son pur enregistré avec une grande qualité technique a été le point de départ des grands brassages qu'à connus le jazz en Europe : Jan Garbarek, Anouar Brahem, Arild Andersen, Eberhart Weber, Michel Portal, John Surman, Ralph Towner mais aussi Keith Jarrett ou John Abercrombie en sont quelques représentants. Important également en Europe est le Jazz Manouche qui s'est développé dans le sillage de Django Reinhardt et de Stéphane Grappelli, donnant notamment naissance à une lignée de guitaristes virtuoses et originaux comme Romane, Stochelo Rosenberg et Biréli Lagrène.

Reconnu depuis les années 70 comme l'une des musiques majeures du XXème siècle, le jazz est entré dans les conservatoires et s'est diffusé autour de la planète, revisitant son histoire sinueuse ou progressant encore en se nourrissant avec plus ou moins de bonheur de nouvelles influences comme le hip-hop, les musiques du monde, l'électronique … Mais cela sera exposé lors de la troisième partie des Faces du Jazz : 1976 - 2000.

Trouvé sur la toile sans mention d'auteur, l'arbre généalogique du jazz donne une idée certes incomplète mais synthétique de ses origines, de son évolution, de ses brassages et de toutes ces fusions qui ont conduit à l'accomplissement d'une musique ouverte, libre, métissée et en perpétuelle réinvention. Car si les chefs de file comme Louis Armstrong, Charlie Parker, Miles Davis ou John Coltrane, qui constituent le tronc et les principales branches de cet arbre, ont aujourd'hui disparu, ils ont laissé la place à une myriade de créateurs individuels qui en multiplient les ramifications dans ce qui paraît être une croissance infinie.

Et si comme l'a écrit l'auteur et historien jamaïcain Joel Augustus Rogers, "Le jazz est la révolte de l'émotion contre la répression", alors, en cette époque marquée par la mondialisation mais aussi par diverses hégémonies, l'arbre du jazz n'est certainement pas prêt ni de mourir ni même d'être élagué.


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