01. Le Bonnet (1:38) 02. Hier (3:34) 03. Reine Sous Terre (5:23) 04. La Mesure Du Possible (3:38) 05. Pas De Nom (4:33) 06. Pas De Signal (5:52) 07. 11 Expliquer L’Inexplicable (5:50) 08. Flying Low (4:56) 09. Salopette (1:34) 10. L'envers (4:31) 11. Mouillette (2:44) |
Date de sortie : 24 juin 2022 Hélène Duret (Cla, bCl), Sylvain Debaisieux (ts), Benjamin Sauzereau (g), Fil Caporali (b), Maxime Rouayroux (d). Enregistré en décembre 2021 au studio Gam à Waimes, Belgique. Pochette : Pauline Chassin Photos sur cette page : Daniele Esposito |
Chronique
Quand on tient cet album dans les mains, la première chose qui interpelle est le nom étrange de la formation : Synestet. Il s'agit apparemment d'une contraction entre « quintet » et « Synesthésie », un trouble de la perception des sensations chez un sujet capable d'associer deux ou plusieurs sens à partir d'un seul stimulus (son, flagrance, forme, couleur ...). Un exemple parmi les plus connus est décrit dans le poème « Voyelles » d'Arthur Rimbaud qui se réfère à une association entre des lettres et des couleurs. A l'instar du pianiste Michel Petrucciani et du peintre Vassily Kandinsky, la clarinettiste et compositrice française Hélène Duret possède cette particularité qu'elle a souhaité évoquer à travers le nom de son groupe ainsi que par la composition florale de la jolie pochette réalisée par Pauline Chassain. On pourrait aussi prolonger l'idée en écrivant que les sons mouvants créés par ce quintet font naître dans l'esprit du mélomane des explosions chamarrées comme si des couleurs étaient projetées en vrac sur une toile blanche. Difficile d'évoquer l'une ou l'autre référence musicale en rapport avec cette musique tant celle inventée par le Synestet est variée et constamment originale. Ainsi, par exemple, on passe des contrepoints délicats d'un morceau aérien évoquant Jimmy Giuffre (Le Bonnet) à une pièce moderne et foisonnante peuplée d'échanges ultra-rapides entre les musiciens sur fond de rythmes et de tempos imprévisibles (Hier). Ou encore, d'un thème introduit par des bruitages abstraits, constitué d'une mélodie entêtante jouée à l'unisson et d'improvisations aériennes de clarinette et de sax ténor sous-tendues par une guitare électrique lancinante (Pas De Signal), à une ode austère aussi déconcertante que mystérieuse (Expliquer L'Inexplicable). On notera que l'album se referme sur une improvisation pure jouée en duo par le batteur français Maxime Rouayroux et le guitariste belge Benjamin Sauzereau (Mouillette). C'est que la spontanéité est constamment au cœur de cette musique tandis que les interventions des musiciens ne sont pas toujours celles attendues. La leader et principale compositrice (huit des onze titres) a en effet tenu à pervertir les rôles - d'où l'intitulé du disque - en attribuant, entre autres, des accords à l'ensemble des souffleurs, des mélodies au contrebassiste, ou des colorations texturales à la guitare. Doté d'un sens esthétique affirmé, Synestet est un ensemble qui vous prend constamment par surprise en vous emmenant par des chemins de traverse. Quand le voyage se referme, les neurones sont gorgés d'images et les synapses sont excitées mais on reste aussi avec l'impression de ne pas avoir tout entendu ni tout compris, ce qui incite à revenir d'emblée au début du répertoire. En fin de compte, rares sont les disques qui parviennent à susciter une telle réaction ! [ Chronique par Pierre Dulieu ] |
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