La Sélection de l'Été 2020






Fabrizio Graceffa : Gardens


[ iMD-Fabrizio Graceffa / Indépendant ]



01. A Walk Across the Countryside (5:13)
02. Gardens (6:00)
03. Everyday (5:26)
04. Waiting (4:53)
05. July and Dave (4:56)
06. Adele (5:07)
07. Blues for Mr. Ray (5:11)
08. November (6:40)
Date de sortie : 28 mars 2020

Fabrizio Graceffa (guitares); Igor Gehenot (Piano); Jacques Pili (contrebasse); Adrien Verderame (batterie)

Enregistré les 10 et 11 juin 2019 au JET Studio, Belgique.




Chronique

L'un est leader et compose les huit titres de l'album, l'autre est pour l'occasion sideman et se les approprie, les sublime… Et, entre le guitariste Fabrizio Graceffa et le pianiste Igor Gehenot, l'alchimie fonctionne à merveille. On ne pouvait pas rêver mieux pour nous offrir un album bercé de lumière et de soleil (à l'opposé de la pochette sombre qui ne reflète pas la musique qui s'y dissimule). Comme une invitation à flâner dans la campagne (A Walk Across The Countryside) ou dans les jardins (Gardens) où s'envolent en volutes colorées les notes que nous distillent avec sensibilité et délicatesse les huit compositions originales de l'album.

Mais aborder sous ce seul angle la belle surprise que constitue Gardens serait une injustice. Le guitariste et le pianiste seraient en mal de nous offrir un album d'une telle qualité sans une rythmique susceptible de tisser une toile de fonds qui met en relief la beauté des mélodies et crée une atmosphère dans laquelle l'auditeur s'aventure sans perdre ses repères. Ainsi, Adrien Verderame à la batterie et Jacques Pili à la contrebasse défrichent avec bonheur le terrain dans lequel Fabrizio Graceffa et Igor Genehot s'épanouissent et font de Gardens une œuvre cohérente et inspirante, chacun des titres nous transportant dans des paysages qui, s'ils sont aussi variés qu'attachants, relèvent d'une même contrée, d'un même univers musical traversé d'une douce nostalgie aux réminiscences blues.

Tout cela est finement ciselé et balance subtilement entre jazz acoustique et électrique. On se surprend à aborder cet album comme s'il était l'œuvre commune des quatre musiciens tant la complicité entre eux est évidente. Cela n'est possible que si les compositions offrent aux musiciens l'occasion de s'exprimer autrement par des exercices répétés de virtuosité même si, à l'occasion, ils ne manquent pas de se lâcher comme ils le font dans un titre tel Blues for M. Ray ou sur l'impressionnant final de November qui clôture cet album de belle manière.

Fabrizio Graceffa nous séduit tout au long du répertoire tant la richesse de son jeu s'impose au-delà d'une technique qui, bien sûr, ne lui fait pas défaut. N'hésitant pas à alterner ou à superposer guitare acoustique et électrique, modulant le son de son instrument aux grés des ambiances et des atmosphères, et laissant à Igor Gehenot tout le loisir d'exprimer l'étendue du talent qu'on lui connaît, Fabrizio nous offre un album d'un relief et d'une richesse qui ne s'imposent pas directement mais qui se dévoilent au fil de son écoute. Le plaisir est ainsi à chaque fois renouvelé et on se plaît à se laisser captiver par cette musique que nous sert avec élégance et raffinement ce quatuor qui, on le souhaite, n'en restera pas là... Ce qui semble bien être confirmé par Fabrizio Graceffa dans l'interview publiée ci-dessous.

[ Chronique par Albert Drion ]




Interview de Fabrizio Graceffa par Albert Drion

  • Albert: Bienvenue Fabrizio. Peux-tu nous présenter en quelques mots la genèse de Gardens ?

    Fabrizio: Gardens est la suite logique de U-Turn (mon second album sorti en 2016) mais en version plus minimaliste et surtout plus acoustique avec notamment la présence du piano. En quelque sorte, ce projet est né de ma rencontre avec le pianiste Igor Gehenot.


  • Albert: Pour ce projet, hormis l'excellent bassiste Jacques Pili, tu fais appel à des musiciens qu'on ne retrouve pas sur tes précédents albums. Pourquoi ce changement ? Et pourquoi as-tu choisi ces musiciens en particulier ?

    Fabrizio: J'avais déjà travaillé avec Jacques Pili sur quelques titres de mon album précédent et suite à cette collaboration qui a porté ses fruits, j'ai eu envie de travailler sur un album complet avec lui. Adrien a remplacé sur quelques dates le batteur Teun Verbruggen. Faire appel à lui était donc une évidence.

  • Albert: Comment est née la collaboration avec le pianiste Igor Gehenot ?

    Fabrizio: J'ai écouté l'album Delta né de sa collaboration avec le bugliste Alex Tassel et j'ai adoré. Par la suite, nous avons eu l'occasion de jouer quelques dates ensemble et, étant à la recherche d'un pianiste pour Gardens, j'ai tout de suite pensé à lui.

  • Albert: A l'écoute de Gardens, on pressent un fil conducteur qui réunit les différents titres de l'album. Peux-tu nous expliquer ce qui est à l'origine de ce projet ?

    Fabrizio: Le blues et la mélancolie, car même si le blues est à la base une musique revendicatrice avec parfois des accès de colère ou de rage. Ici c'est plutôt avec sérénité que l'on aborde certains morceaux, comme une envie de dire ou de raconter des choses qui nous révoltent mais en les chuchotant. Parfois, on est mieux entendu quand on dit les choses en prenant un peu de recul. C'est le cas pour Gardens que j'ai écrit avec beaucoup de réserve.

  • Albert: Si tu devais choisir un titre de l'album à passer maintenant en radio, quel serait-il ? Et pourquoi ?

    Fabrizio: November, car c'est pour moi clairement le point culminant de l'album et probablement le morceau pivot qui annonce le prochain disque avec la même équipe mais en donnant déjà le ton de la suite qui s'annonce plus énergique et moins mélancolique.

  • Albert: Quelles sont tes influences musicales en tant que guitariste mais aussi en tant que compositeur ?

    Fabrizio: Je suis un grand admirateur de Bill Frisell et de Pat Metheny mais j'adore tout autant des groupes comme Radiohead, Coldplay ou encore des chanteurs comme Nick Cave ou David Bowie. En tant que compositeur, j'aime beaucoup aussi Ry Cooder ou encore Ennio Morricone (ndlr : l'interview a eu lieu avant le décès du grand compositeur).

  • Albert: Quelles guitares as-tu utilisées pour cet album ?

    Fabrizio: Pour cet enregistrement, j'ai utilisé une Fender Télécaster ainsi qu'une Duesenberg pour les guitares électriques et une Santa Cruz en acoustique.

  • Albert: Comment as-tu vécu cette période difficile liée au Coronavirus ?

    Fabrizio: J'en ai profité pour retrouver mon instrument, écrire de la nouvelle musique et surtout vivre une vie de famille sans subir le stress du quotidien. J'ai la chance de vivre à la campagne avec une femme magnifique et des enfants merveilleux. Ça aide !

  • Albert: Enfin, pourrais-tu nous dire quelques mots de tes projets futurs : tournées et enregistrements ?

    Fabrizio: J'envisage un second volume avec cette équipe pour 2020. L'album est déjà quasi écrit. Je peux déjà vous dire qu'il comportera 10 morceaux et qu'il sera plus énergique. Concernant Gardens, nous comptons déjà tourner à partir d'octobre 2020 avec déjà une date annoncée le 04/11/2020 à la Jazz Station pour les Lundis d'Hortense.


Interview d'Igor Gehenot par Albert Drion

  • Albert: Bonjour Igor. Avec Gardens du guitariste Fabrizio Graceffa, on découvre une belle collaboration ? Pour nous, elle est nouvelle. Comment est-elle née ?

    Igor: Il y a deux ou trois ans maintenant. Je crois que Fabrizio avait, après avoir joué U-Turn en plus grande formation, envie d'intégrer un piano à sa musique. Il connaissait ce que faisais et je pense qu'il a senti les atomes crochus que pouvait générer cette nouvelle collaboration.

  • Albert: Quelle a été ta contribution aux différents morceaux de l'album ? Et comment se glisse-t-on, facilement ou pas, dans un autre univers musical que le sien ?

    Igor: Fabrizio Graceffa fait partie de ces musiciens où la musique ne doit pas tellement être expliquée pour être jouée. Je me reconnais en lui de ce point de vue. A part quelques changements d'harmonie légers que je lui ai suggérés, tout était déjà là ... Il devient dès lors plus facile de s'intégrer dans le son et les choses importantes qui font qu'un groupe sonne comme un groupe.

  • Albert: Te verrais-tu composer pour d'autres musiciens. Pourquoi pas pour Fabrizio Graceffa, s'il devait y avoir une séquelle à Gardens ?

    Igor: Oui ! Tout à fait ! Cela pourrait se faire, même s'il y a un côté rock assumé dans le jeu de Fabrizio, on se retrouve sur des esthétiques communes : des grands espaces, des harmonies rêveuses, un côté roots aussi. C'est d'ailleurs pour ça que ce projet me plaît et que cet album est l'un des préférés de ma jeune discographie !

  • Albert: Quels sont tes projets à plus ou moins court terme, liés aux tournées pour cet album ou pour ton propre disque Cursiv ? Et liés à d'éventuels autres enregistrements ?

    Igor: Les concerts reprennent petit à petit. Le duo avec le pianiste Toulousain Amaury Faye se développe bien et commence à être programmé de plus en plus dans les festivals. Nous enregistrerons probablement cela dans le courant 2021. Notre tournée avec Cursiv a été malheureusement interrompue au mois de mars suite à la pandémie du Covid 19, mais il y a de chouettes échéances sur le plan européen à venir ... A suivre donc !


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