Liste alternative de 20 compacts de Jazz ...
... pour commencer en douceur


Retrouvez ces albums sur la boutique Jazz de DragonJazz - rubrique : Initiation




Ces oeuvres, plus immédiatement accessibles à un large public, ne sont peut-être pas toutes des jalons de l'histoire du jazz mais leur qualité musicale propre ne saurait être mise en doute. Espérons qu'elles aideront à faire naître des passions nouvelles.
Pour chaque album choisi, un second du même artiste où dans le même genre musical est également présenté : si vous avez apprécié le premier, il existe une forte probabilité que la sélection alternative vous plaise également.


"Ce n'est pas Dizzy Gillespie qui a tourné casaque ....
c'est vos oreilles, beaux messieurs, qui se sont ouvertes."


Boris Vian in Chroniques de Jazz, mars 1958


  1. Nat King Cole Trio : The Instrumental Classics (Capitol), 1943 - 1949. Avant de devenir le crooner de charme que l'on sait, le pianiste Nat Cole, influencé par Earl Hines et Teddy Wilson, se fit connaître comme un excellent pianiste de jazz. Son jeu subtil, son swing et sa parfaite complémentarité avec le guitariste Oscar Moore allaient faire école, chez Oscar Peterson par exemple.
    Sélection alternative - Nat King Cole at the Piano : Penthouse Serenade (Capitol), 1952 - 1955. Avec John Collins (gt), Charlie Harris (b) et Bunny Shawker (dr)

  2. Oscar Peterson Plays the Gershwin Song Book (Verve), 1952 & 1959. Peterson met son exceptionnel sens du clavier et son éblouissante virtuosité au service des standards de George Gershwin : A Foggy Day, I Got Rhythm, Summertime, The Man I Love ..... La session de 1952, avec Barney Kessel à la guitare et Ray Brown à la basse, a un petit parfum qui rappelle distinctement le Nat King Cole Trio.
    Sélection alternative - Oscar Peterson Plays the Duke Ellington Song Book (Verve), 1952 & 1959. Compilation d'un LP de 1952 (Oscar Peterson Plays Duke Ellington) avec Barney Kessel (gt) et Ray Brown (b) et d'un second LP sorti en 1959, qui est en fait un remake en stéréo du premier mais avec le batteur Ed Thigpen à la place du guitariste.

  3. Chet Baker : My Funny Valentine (Pacific Jazz), 1953 - 1956. Les sessions du milieu des années 50 pour Pacific Jazz avec Russ Freeman au piano. Qu'il joue de la trompette ou qu'il chante, c'est toujours la même chose : avec ses complaintes tristes et romantiques, Chet emballe les coeurs et il ne viendrait à personne l'idée de se poser des questions sur la valeur (réelle) de sa musique. (Chet Baker)
    Sélection alternative - Chet Baker : Chet (Riverside), 1959. Des sessions de 1958 et 1959 pour le label Riverside, uniquement instrumentales et consacrées à des ballades. Avec Bill Evans (p), Kenny Burrell (gt), Pepper Adams (bs), Herbie Mann (fl), Paul Chambers (b) et Philly Joe Jones ou Connie Kay à la batterie.

  4. Modern Jazz Quartet : Concorde (Prestige - OJCCD), 1955. Le groupe phare du troisième courant (third stream), celui qui mêle les influences du jazz et l'improvisation aux éléments de la musique classique européenne. La fugue Concorde en témoigne : retenue et perfection ne sont jamais ici synonymes de mièvrerie et John Lewis (p) comme Milt Jackson (vibraphone) savent aussi faire appel à la note bleue pour colorer encore un peu plus leur grande musique de nuit. (Cool, West Coast & Third Stream)
    Sélection alternative - Modern Jazz Quartet : Fontessa (Atlantic), 1956. Changement de label mais ce premier album sur Atlantic Records s'avère, dans le même style, aussi bon que le précédent.

  5. Jimmy Giuffre : The Jimmy Giuffre 3 (Atlantic), 1956. Du folkore, de la country, du jazz West Coast, du blues : ce trio inclassable est un artefact et cet album une oeuvre impalpable où brille, à côté de la clarinette du leader, l'un des guitaristes les plus raffinés et subtils que le jazz ait jamais produits : Jim Hall.
    Sélection alternative - The Jimmy Giuffre 3 : The Easy Way (Verve), 1959. A nouveau en trio avec Jim Hall (gt) et cette fois Ray Brown (b), Jimmy Giuffre hésite toujours entre la clarinette, le sax ténor ou le baryton mais reste accroché à la même musique de chambre lyrique, introvertie et faussement simple.

  6. Dave Brubeck : Time Out (CBS), 1959. L'album indispensable du célèbre Quartet, pour le Blue Rondo A La Turk de Brubeck et le Take Five de Paul Desmond, et pour toutes ces habiles expériences sur les rythmes et la durée des mesures.
    Sélection alternative - Paul Desmond : Take Ten (RCA Bluebird), 1963. Le saxophoniste du Dave Brubeck Quartet s'impose aisément sur cet album avec une séquelle brillante du fameux Take Five qu'il intitule Take Ten. Il en profite aussi pour ouvrir la voie à son prochain disque en enregistrant quelques perles de musique brésilienne comme Theme from Black Orpheus ou Samba de Orfeu.

  7. Duke Ellington and Johnny Hodges : Back To Back (Play The Blues) (Verve), 1959. Hodges et Ellington n'ont plus rien à apprendre l'un de l'autre. Alors, ils se mettent dos à dos et jouent le blues, le vrai, celui qu'on laisse tourner inlassablement jusqu'aux petites heures du matin sans que jamais on ne se décide à enlever le compact à son appareil de lecture.
    Sélection alternative - Duke Ellington and Johnny Hodges : Side By Side (Verve), 1958 - 1959. Compagnon idéal du précédent, ce disque est composé de deux sessions. La première, datant de 1959, comprend Hodges (as) et Ellington (p) en sextet avec deux musiciens apparentés à Count Basie : Jo Jones à la batterie et Harry "Sweets" Edison à la trompette. La seconde, enregistrée une année auparavant, permet d'entendre Hodges en septet avec Ben Webster (ts) et Lawrence Brown (tb). Le Duke est ici remplacé par Billy Strayhorn au piano mais la substitution ne change en rien l'ambiance ellingtonienne de ces enregistrements où tout le monde s'exprime dans la bonne humeur. Ca swingue, ça groove et, à tous les coups, ça fait mouche !

  8. Benny Golson : Groovin' With Golson (Prestige - OJCCD), 1959. Le groove du fabuleux compositeur de Blues March ici accompagné par Curtis Fuller (tb), Ray Bryant (p), Paul Chambers (b) et le batteur Art Blakey bien sûr, qui met la pression à chaque fois que c'est nécessaire.
    Sélection alternative - Art Farmer & Benny Golson : Meet the Jazztet (MCA/Chess), 1960. De 1959 à 1962, Benny Golson s'associa à Art Farmer pour diriger le jazztet, en fait un sextet comprenant outre Golson (ts) et Farmer (tp), le pianiste McCoy Tyner (qui joue ici ses premières notes en studio), le contrebassiste Addison Farmer et Lex Humphries à la batterie. A côté de quelques standards, le répertoire inclut les compositions les plus célèbres de Golson comme I Remember Clifford, Blue March et l'inoubliable Killer Joe. L'orchestre est éblouissant, les interventions des solistes fulgurantes et ce disque, grandement sous-estimé par rapport aux productions Blue Note de l'époque, un des plus beaux témoignages du Hard Bop des années 50 et 60.

  9. Miles Davis : Sketches of Spain (CBS), 1959 & 1960. Une des extraordinaires collaborations entre Miles Davis et l'arrangeur Gil Evans. Avec le célèbre Concerto D'Aranjuez de Joaquin Rodrigo, version jazz, mais surtout l'envoûtant Solea où Miles explore des motifs de flamenco sur une orchestration hypnotique.
    Sélection alternative - Miles Davis : Miles Ahead (Columbia), 1957. Faire improviser Miles tout seul au-dessus d'un grand orchestre était un coup de poker de la part du label Columbia. La mode des big bands était passée et l'idée d'un soliste unique plutôt osée mais ce fut globalement une réussite. L'osmose entre le trompettiste et l'orchestre est totale et le génie de Gil Evans fut d'éviter que le soliste ne soit noyé dans le magma sonore produit par les 19 musiciens. On appréciera entre autres les inflections espagnoles de Blues for Pablo qui annoncent déjà le fabuleux Sketches of Spain.

  10. Stan Getz & Charlie Byrd : Jazz Samba (Verve), 1962. Le plus célèbre album de Stan Getz ouvrant du même coup la voie à l'engouement des années 60 pour la bossa nova. Le ténor nonchalant de Getz s'immisce sans effort et avec un timing parfait dans les rythmes latins soutenus par l'excellente guitare de Charlie Byrd. (World Jazz)
    Sélection alternative - Getz / Gilberto (Verve), 1963. Plus proche encore de la bossa nova que du jazz grâce à l'implication du guitariste et chanteur João Gilberto et du pianiste et compositeur Antonio Carlos Jobim sans oublier Astrud Gilberto, la femme de João, qui chante ici une version inoubliable du célèbre The Girl from Ipanema. La fusion entre les deux musiques (jazz et samba) fut tellement lumineuse qu'elle engendra un sous-genre à part entière tandis que Getz / Gilberto devint l'un des disques les plus vendus de toute l'histoire du jazz.

  11. Horace Silver : Song for my Father (Blue Note), 1963 & 1964. L'ancien Jazz Messenger compose et enregistre, ici en compagnie de Joe Henderson (ts), des thèmes qui plaisent à tout le monde. Son style tendu et plein de soul en a fait l'archétype des pianistes de hard bop. Assurément l'un des dix meilleurs albums Blue Note et peut-être bien votre disque de chevet. (Horace Silver)
    Sélection alternative - Horace Silver : Blowin' the Blues Away (Blue Note), 1959. Combinant la chaleur instantanée du blues ou du gospel et la technique du bop, ce quintet composé de Horace Silver (p), Blue Mitchell (tp), Junior Cook (ts), Gene Taylor (b) et Louis Hayes (dr) délivre un jazz soul et funky recevable par tous et qui a fait école. Blowin' the Blues Away offre deux titres devenus des incontournables du répertoire du pianiste : une ballade pleine de sérénité fort justement intitulée Peace et le swinguant Sister Sadie. Toutefois, le reste plane à bonne hauteur avec des titres aux tempos variés comme le fougueux Break City, le romantique Melancholy Mood ou l'exotique Baghdad Blues. Cet album donne une autre vision de la singulière esthétique d'Horace Silver qui débouchera dans quelques années sur le magistral et intemporel Song for my Father.

  12. Eddie Harris : The Electrifying Eddie Harris/Plug Me In (Rhino-Atlantic), 1967 & 1968. Funky Eddie branche son saxophone et plus personne jamais ne sonnera comme lui. De toutes façons, il avait déjà le gros son quand il était unplugged. Et Listen Here reste une référence incontournable du genre, reprise depuis sur toutes les compilations Atlantic.
    Sélection alternative - Les McCann & Eddie Harris : Swiss Movement (Atlantic), 1969. Dans le même genre groovy irrésistible, Swiss Movement est un must. La rencontre impromptue entre le trio du pianiste et chanteur Les McCann et les souffleurs Eddie Harris (ts) et Benny Bailey (tp) mit le feu à la dernière nuit du Jazz Festival de Montreux de 1969. Le titre Compared to What, protest song contre la guerre du Vietnam transcendé par un cocktail efficace de soul-jazz et de R&B, est devenu instantanément un classique mais le reste de l'album ne démérite guère. Ce jour-là, la foule voulait du bon temps et des musiciens inspirés et elle a eu les deux !

  13. Chick Corea & Gary Burton : Crystal Silence (ECM), 1972. Le magnifique dialogue entre un piano acoustique et un vibraphone dont les sons se mélangeant en parfaite harmonie font vraiment penser à la pureté du cristal.
    Sélection alternative - Gary Burton : Like Minds (Concord Jazz), 1998. Ving-six années plus tard, Gary Burton et Chick Corea jouent encore épisodiquement ensemble. Mais ils ont choisi pour ces nouvelles sessions de s'entourer d'un noyau de super stars (Pat Metheny à la guitare, Dave Holland à la basse et Roy Haynes à la batterie) et de jouer un jazz moderne, mélodique et accessible. Les compositions sont superbes et les interplays entre ces fabuleux musiciens, qui d'une façon ou d'une autre se connaissent bien, sont tout simplement magiques.

  14. Wynton Marsalis : Hot House Flowers (Columbia), 1984. Le trompettiste le plus controversé du jazz moderne enregistre, à 23 ans, des standards comme Django, Melancholia ou Stardust sur fond de grand orchestre et c'est tout simplement beau et inspiré. Muni d'une technique fabuleuse, cet historien du jazz, qui a assimilé tous les genres, est aussi un grand romantique. Et cet album, enregistré en compagnie de son frère Brandford (ss, ts), Ron Carter (b) et Kenny Kirkland (p), est plus qu'une excellente introduction à son art.
    Sélection alternative - Wynton Marsalis : Standard Time, Vol.1 (Columbia), 1991. Wynton Marsalis, en quartet avec le pianiste Marcus Roberts, le bassiste Robert Hurst III et le batteur Jeff "Tain" Watts, revisite dix standards archi-connus comme Caravan, April in Paris, Autumn Leaves ou Foggy Day à côté de deux compositions originales (Soon All Will Know, In the Afterglow). Le son est magnifique, les arrangements lustrés et les improvisations de Marsalis au-delà de toute mesure. Ce premier volume de standards, ainsi d'ailleurs que les deux qui suivront (Standard Time, vol. 2 et vol. 3) sont exemplaires d'un musicien qui a étudié, compris et restitué avec talent sa vision de l'histoire du jazz.

  15. Pat Metheny : Secret Story (Geffen), 1992. Son histoire intérieure débouche sur de grands espaces. Pour la concrétiser, il a fait appel au London Orchestra et à une pléiade de musiciens dont on retiendra la magistrale intervention de Toots Thielemans à l'harmonica sur Always And Forever. A noter aussi l'étonnante relecture d'un hymne traditionnel cambodgien : Above The Treetops.
    Sélection alternative - Lee Ritenour : Smoke 'N' Mirrors (Peak), 2006. A priori, pas grand chose de comparable entre le flamboyant Pat Metheny et Lee Ritenour. Ce dernier est un musicien de studio très apprécié qui se fend régulièrement de disques généralement classés sous l'étiquette « smooth jazz ». Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est aussi un fin guitariste, influencé par Wes Montgomery et à la technique éprouvée, même s'il reste la plupart du temps largement en deça de ses possibilités (écoutez Alive in L.A. pour en avoir une idée). Quant à Smoke 'N' Mirrors, c'est un album au groove retenu, cool, varié, aérien, ouvert sur les musiques africaines et brésiliennes, et enregistré avec de superbes musiciens venus d'horizons divers tels Richard Bona (basse électrique), John Patitucci (basse acoustique), Dave Grusin (p), Paulinho Da Costa et Alex Acuña (percussions) sans oublier quelques vocalistes. En un sens, on n'est pas si éloigné de l'esprit des disques les plus accessibles du Pat Metheny Group comme Still Life (Talking) ou Letter from Home.

  16. Rabih Abou-Khalil : Blue Camel (ENJA), 1995. Le Libanais Abou-Khalil (luth) s'associe aux jazzmen Steve Swallow (b), Charlie Mariano (as) et Kenny Wheeleron (tp), au Syrien Nabil Khaiat (drs) et au maître percussionnniste indien Ramesh Shotham, et produit une oeuvre multiculturelle où la sensibilité n'a d'égale que la compréhension dont chacun fait preuve à l'égard des autres. Vous connaissez beaucoup de disques qui vous rendent plus sages après les avoir écoutés ?
    Sélection alternative - Anouar Brahem : Thimar (ECM), 1998. L'autre grand luthiste du jazz moderne est Tunisien. En trio avec John Surman (sax soprano et clarinette basse) et le contrebassite Dave Holland, Anouar Brahem confronte le lyrisme de la musique classique arabe à l'intuition du jazz. Le produit de cette rencontre a la douceur d'un songe.

  17. Charlie Haden & Pat Metheny : Beyond the Missouri Sky (Short Stories) (Verve), 1996. Le bassiste comme le guitariste effleurent à peine les cordes et naît ainsi une musique à la sensibilité telle que même le plafond de la chambre se teinte des couleurs de l'aube au-dessus du Missouri.
    Sélection alternative - Charlie Haden & Kenny Barron : Night and the City (Verve), 1996. Parmi les trois disques que Charlie Haden a réalisés en duo avec des musiciens d'horizons différents, cet album occupe une place de choix. Le pianiste Kenny Barron, admirablement soutenu par la contrebasse sonore, profonde et concise du leader, délivre une musique aux accents lyriques et mystérieux. Enregistré live au coeur de New York, ce concert à peine interrompu par quelques applaudissements épars capte l'essence de la mégapole nocturne. Que c'est beau une ville la nuit !

  18. Kenny Wheeler : Angel Song (ECM), 1996. Les contrechants délicats de quatre musiciens qui se sont littéralement fondus les uns dans les autres : Kenny Wheeler (tp), Lee Konitz (as), Dave Holland (b) et le guitariste Bill Frisell.
    Sélection alternative - Kenny Wheeler : Gnu High (ECM), 1975. Accompagné par une rythmique de rêve comprenant Dave Holland à la basse et le batteur Jack DeJohnette, Kenny Wheeler pose ses solos de bugle sur trois longues compositions originales (dont un Heyoke de 22 minutes). L'album bénéficie en plus de la présence de Keith Jarrett dont c'est peut-être la dernière apparition en sideman. Son toucher de piano et son approche lyrique et mélodique se marient à merveille avec la tonalité magnifique de Wheeler dont la douceur n'est pas sans rappeler celle du Miles Davis des années 50.

  19. Steve Turre : Steve Turre (Verve), 1996. Plus encore qu'un tromboniste émérite, Steve Turre est un orfèvre du son orchestré et cet album aux couleurs Caraïbes est une merveille qui ravira toutes les oreilles, des moins éduquées aux plus exigeantes.
    Sélection alternative - Steve Turre : Rhythm Within (Verve), 1995. Enregistré une années auparavant, Rythm Within est une autre réussite du tromboniste. A la tête d'un orchestre qui fluctue sur chaque morceau, Steve Turre a sculpté neuf compositions superbement arrangées et propulsées par des percussions africaines. Des invités prestigieux comme Frank Lacy (tb), Pharoah Sanders (ts) et surtout Herbie Hancock, indescriptible au piano sur Funky T, défilent au gré des plages et on y entendra même un choeur de conques renforçant le côté exotique de l'entreprise. Confié à Rudy Van Gelder, le son est aussi limpide que le ciel bleu des Caraïbes.

  20. Diana Krall : All For You (Impulse), 1996. Elle est blonde et jolie. Elle chante bien et s'accompagne au piano avec une délicatesse toute féminine. Et en plus, elle swingue. Les vieilles rengaines de Nat King Cole en sont toutes rafraîchies et ce disque va faire un carton dans toutes les familles. Dites-moi si je me suis trompé !
    Sélection alternative - Diana Krall : The Girl in the Other Room (Verve), 2004. Avouons le : les disques qui ont suivi All for You n'ont pas pétillé autant qu'on l'aurait voulu. Mais sur celui-ci, qui associe pour la première fois aux reprises des compositions originales écrites en collaboration avec son époux Elvis Costello, la chanteuse pianiste retrouve un vent de fraîcheur. En plus, The Girl in the Other Room témoigne d'une réelle profondeur à mille lieues de l'icone pop sensuelle que le label Verve affiche sur les pochettes de ses albums.





Quincy Jones : Gula Matari
(A&M Records), 1970

Ceux qui sont réticents à écouter du jazz joué par un big band pourraient commencer par le grand orchestre de Quincy Jones et par ce disque de 1970 en particulier. Après le spectaculaire impact commercial et critique de Walking In Space sorti l'année précédence, ce second et dernier opus produit par Creed Taylor pour le label A&M confirme la nouvelle attirance de Quincy pour le monde du rock et de la soul sans pour autant faire l'impasse sur le jazz et les autres formes de la musique noire. Ainsi, sa reprise du fameux succès Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel est-elle empreinte d'un soul intense jusqu'à ressembler, avec ses choeurs et la voix formidable de Valérie Simpson, à un gospel tout droit sorti des églises du Sud américain. Le second morceau, écrit par Jones, qui donne son nom à l'album est un poème lancinant dédié à l'Afrique. Don Elliott y joue des marimbas pour faire couleur locale mais la part du lion revient à la flûte d'Hubert Laws et à la guitare d'Eric Gales, deux piliers de l'écurie CTI, ainsi qu'au sax soprano de Jerome Richardson et au vibraphone de Milt Jackson qui s'envolent sur des orchestrations d'une rare subtilité. On y entend aussi vers 7'20" un solo d'harmonica peut-être joué par Toots Thielemans qui n'est toutefois pas crédité pour cet instrument sur la pochette. Les deux derniers titres du répertoire sont plus jazz. La reprise de Walkin', une composition groovy attribuée à Richard Carpenter et popularisée par Miles Davis sur l'album du même nom, est monstrueuse. Quincy a géré l'inclusion de géants comme Ernie Royal (tp), Freddie Hubbard (tp), Al Grey (tb) et Pepper Adams (bs) dans sa section de cuivres et celle-ci est réellement veloutée tandis que la section rythmique composée de Grady Tate (dr) et de Ray Brown est d'une souplesse infinie. Soit un environnement riche et contrasté, idéal pour les solistes comme Hubert Laws, le pianiste Herbie Hancock et le contrebassiste Major Holley qui fait son show habituel en doublant vocalement son jeu de basse à l'octave à la manière de Slam Stewart. Enfin, la reprise de Hummin', une fusion de jazz et de R&B composée par Nat Adderley en 1969 pendant une visite aux studios de Muscle Schoals, vient clôturer en beauté le répertoire et on y entend cette fois Toots prendre un long solo en sifflant des lignes improvisées complexes qu'il double sur sa guitare. Les notes de pochette écrites par Cannonball Adderley à propos de ce disque sont élogieuses et, franchement, à l'écoute de cette musique fascinante qui n'a pas pris une ride, on comprend pourquoi!

[ Gula Matari (CD) ] [ A écouter : Gula Matari (full album) ]



Sonny Clark : Cool Struttin'
(Blue Note), 1958

La pochette conçue par Reid Miles est splendide : on y voit, photographiées au ras du sol, les jambes de la femme d'Alfred Lion (un des deux patrons de Blue Note) qui déambule dans la rue et on imagine ses talons qui claquent en rythme sur le trottoir. A cette image forte est évidemment associée la musique de Cool Struttin', enregistré le 5 janvier 1958 par le pianiste Sonny Clark, Jackie McLean au sax alto et Art Farmer à la trompette plus la section rythmique de Milestones : Paul Chambers et Philly Joe Jones. Enraciné dans le blues, le groove est intense mais le jeu des musiciens est d'une extraordinaire fluidité, créant un balancement naturel qui évoque la marche. Le titre éponyme est devenu l'une des pièces les plus cultes du hard-bop et pour beaucoup, Cool Struttin' est l'un des disques les plus "cool" de l'histoire du jazz.

[ Cool Struttin' (CD / Digital) ] [ A écouter : Cool Struttin' ]


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