Les Titres qui ont fait le jazz de 1917 à 1950



1917 (26/2) : Livery Stable Blues
Un 26 février, l’Original Dixieland Jass Band de Dominick La Rocca s’installe dans les studios Victor à New York et y enregistre le premier disque de jazz . Il se vendra à plus d’un million d’exemplaires, pulvérisant ainsi tous les records de vente de l’époque.

1921 (18/10) : Carolina Shout
James P. Johnson transforme en souplesse le ragtime en jazz.

1923 (16/2) : Down-Hearted Blues
Bessie Smith accompagnée de Clarence Williams au piano enregistre au début de sa carrière le plus beau des blues classiques et transcende par sa seule voix les limites des enregistrements de l’époque.

1923 (4/6) : Dipper Mouth Blues
La meilleure face du King Oliver's Creole Jazz Band avec Louis Armstrong au second cornet. Les trois chorus d’Oliver vont entrer dans l’histoire et inspireront pas mal de musiciens (dont Fletcher Henderson qui reprendra le même thème après l’avoir renommé Sugar Foot Stomp).

1924 (29/5) : Sugar Foot Stomp
L’orchestre de Fletcher Henderson vient de récupérer Louis Armstrong qui en profite pour illuminer ce titre et quelques autres de son génie, subjuguant littéralement les 10 autres membres du groupe, dont le jeune Coleman Hawkins âgé de 20 ans.

1925 (12/11) : Gut Bucket Blues
Louis Armstrong, avec son Hot Five, transforme le jazz polyphonique de la Nouvelle Orléans en une musique nouvelle où le soliste tient cette fois le premier rôle. Le jazz tel qu’on le joue encore aujourd’hui vient de naître.

1926 (17/9) : The Chant
Sur un rythme de habanera originaire de Cuba, Ferdinand Jelly Roll Morton et ses Red Hot Peppers mettent une couleur espagnole dans leur style New Orleans et deviennent le premier orchestre hot du label Victor.

1927 (5/10) : At The Jazz Band Ball
Bix Beiderbecke (And His Gang) pratique un dixieland très en avance sur son époque qui, 70 années plus tard, a gardé tout son punch.

1928 (28/6) : West End Blues
Rien que l’introduction à la trompette de cette face de Louis Armstrong a fait couler plus d’encre que tous les groupes de la Nouvelle Orléans réunis. Le plus grand moment d’un musicien exceptionnel.

1929 (2/8) : Ain’t Misbehavin’
Un des grands thèmes du jazz composé et interprété au piano solo par Fats Waller.

1930 (10/12) : Mood Indigo
Après le style jungle et les effets de growl de Bubber Miley, Duke Ellington s’engage dans une musique d’atmosphère avec ce titre qu’il prétendit avoir écrit en 15 minutes.

1931 (19/3) : Hot And Anxious
Encore l’orchestre de Fletcher Henderson, cette fois bien meilleur qu’en 1924, avec Bobby Stark (tp), Benny Morton (tb), Coleman Hawkins (ts, cl) et le père de Billie à la guitare, Clarence Holiday, dans une ambiance préfigurant le “In The Mood” de Glenn Miller.

1932 (5/8) : Tiger Rag
370 à la noire et Art Tatum maintient la vapeur pendant toute l’improvisation. Après l’avoir écouté un jour par hasard, Stéphane Grappelli se précipita chez un disquaire pour acheter ce titre qu’il croyait joué par “deux” pianistes (Hank Jones fit aussi la même erreur).

1933 (16/10) : Devil’s Holiday
Benny Carter, avec son orchestre comprenant Teddy Wilson, Sid Catlett et J.C. Higginbotham, contribue, dans un style frais et élégant, à définir l’art du Big Band.

1934 (7/11) : Honeysuckle Rose
Ce thème de Fats Waller, amuseur public et brillant pianiste, laisse aussi percer ses talents de compositeur et sa vaste culture musicale.

1935 (3/12) : Sugar Plum
Moins connu que d’autres, Teddy Wilson est pourtant un excellent pianiste, ici en compagnie d’un Johnny Hodges au swing aérien.

1936 (29/2) : Swing Is Here
Le Gene Krupa’s Swing Band avec le merveilleux Roy Eldridge à la trompette, chaînon manquant entre Armstrong et Gillespie. A écouter aussi par le même tandem : le “Rockin’ Chair” de 1941.

1937 (11/5) : Mean To Me
Entourée de Buck Clayton, Teddy Wilson et Lester Young, Billie Holiday enregistre ce titre remarquable par la qualité de toutes les interventions des musiciens.

1938 (28/11) : Really The Blues
Deux chorus au saxophone soprano propulsent à tout jamais Sidney Bechet dans le petit cercle des génies du jazz.

1939 (17/2) : My Heart Belongs To Daddy
Ella Fitzgerald sait tout chanter, y compris ce classique de Cole Porter enregistré avec l’orchestre de son mentor, Chick Webb, qui décédera quatre mois plus tard.

1939 (11/10) : Body And Soul
Gravé dans un temps mort à la fin d’une session, ce titre deviendra l’une des meilleures ventes de disques de l’histoire du jazz. La seule, la vraie version de ce thème mille fois enregistré : celle de Coleman Hawkins.

1940 (13/12) : Nuages
Ce tube de Django Reinhardt se vendait encore en 1989, en France, à 300.000 exemplaires. Mais si vous préférez le Minor Swing de 1937, n’hésitez pas ! Ces deux là, il vous les faut.

1940 (19/3) : Tickle Toe
Count Basie, aidé par Lester Young et une rythmique d’acier, impose le style Kansas City à l'Amérique.

1941 (15/1) : Take The A Train
L’indicatif de l’orchestre de Duke Ellington est un monument de swing composé par celui qui reste dans l’ombre du Duke et que certains considèrent comme son égal : Billy Strayhorn. A écouter en boucle pour comprendre ce que peut être un grand orchestre de jazz à son niveau le plus haut.

1941 (2/10) : Solo Flight
Un peu plus encore pour le guitariste Charlie Christian que pour Benny Goodman, parce que c’est ici que commence l’histoire de la guitare jazz électrique.

1942 (26/5) : Flying Home
Cette composition, improvisée durant son premier voyage en avion, est devenue le cheval de bataille du vibraphoniste Lionel Hampton. Elle fut pour la première fois enregistrée le 6 novembre 1939 par le Benny Goodman Sextet avec des solos d'Hampton et de Charlie Christian mais la version la plus célèbre est celle de 1942, enregistrée par Lionel Hampton et son Orchestre. Illinois Jacquet, alors agé de 19 ans, y prend un solo de saxophone ténor qui restera dans les annales pour avoir anticipé le Rhythm and Blues.

1943 (8/11) : Hop Skip And Jump
Pendant les années de guerre, Duke Ellington enregistre quelques V-discs pour l’armée américaine dont ce titre peu connu sur lequel Johnny Hodges se taille la part du lion.

1944 (17/1) : The Man I Love
Avant de devenir crooner de charme, Nat King Cole enregistra en trio d’élégantes petites pièces pour piano comme cette ballade d’un extrême raffinement.

1945 (?/12) : These Foolish Things
La plus belle sonorité jamais obtenue avec un saxophone ténor. Lester Young envoie ses notes avec nonchalance et le temps suspend son vol.

1946 (22/2) : Night In Tunisia / Interlude
Un moyen agréable de suivre l’évolution de la trompette après Armstrong et Eldridge, d’autant plus que Dizzy Gillespie est ici entouré de Don Byas, Milt Jackson et Ray Brown.

1947 (21/11) : ‘Round Midnight
Le génie de Thelonious Monk s’exprimant par le rythme, la structure, le son, la mélodie,... Toutes ces choses bizarres jamais entendues jusque là et dont on ne se rendra compte de l’importance que beaucoup plus tard.

1948 (18/9) : Parker’s Mood
Le blues entre tradition et modernité revisité par un Charlie Parker qui signe ici l’une de ses plus émouvantes improvisations.

1949 (21/1) : Jeru
Comment Miles Davis, Lee Konitz, Mulligan, un tubiste, et quelques autres, inventèrent le jazz cool.

1950 (6/6) : Bloomdido
Tout Be-bop étaient Charlie Parker et les géants du jazz.



L'Evolution du jazz de 1893 à 1950.

1893-1916
1917-1926
1927-1934
1935-1944
1945-1950
Préhistoire
Traditionnel
Pré-classique
Classique
Moderne
Ragtime/Blues/Pré-New Orleans
New Orleans (NO)
NO/Swing/Big Band
Swing/Big Band/NO revival
Be-bop/Cool
New Orleans
Chicago (piano à New York)
New York/Kansas City/Chicago
New York
New York
Buddy Bolden, Freddie Keppard, Bunk Johnson, J. R. Morton, Emmanuel Perez, (+James Reese Europe)
ODJB, King Oliver, L. Armstrong, J. Noone, Bix Beiderbecke / JP. Johnson (piano)
Armstrong, Ellington, F. Henderson, Bennie Moten / NO: Jimmie Noone
Young, Hawkins, Eldridge, Goodman, Hampton, BB: Lunceford, Ellington, Basie, NO: Sidney Bechet
Parker, Gillespie, Miles Davis
Buddy Bolden forme son Ragtime Band en 1893 - E. Perez dirige l'Imperial Band en 1898 1er disque de jazz par l'ODJB en 1917 - JP. Johnson enregistre Carolina Shout en 1921 - Premier disque de King Oliver en 1923 Armstrong définit le rôle du soliste - Ellington fait son entrée au Cotton Club de Harlem en 1927 - Noone triomphe à l'Apex Club de Chicago en 1928 Concert historique de Goodman le 16/1/38 à New York - Basie exporte son Big Band de Kansas City à New York en 1935 Parker fait exploser le Be-bop en 1945 avec Koko - Davis invente le jazz cool en 1949


Ce tableau est en grande partie basé sur le chapitre Evolution du Jazz et Notion de Classicisme tiré de l'excellent ouvrage d'André Hodeir : Hommes et Problèmes du Jazz, Parenthèses, Epistrophy, (1954) 1981 [ Jazz : its evolution and essence, Grove Press, New York, (1956) 1979 ]
Si l'édition originale date de 1954, ce texte phare de la bibliographie jazzistique n'en reste pas moins aujourd'hui entièrement pertinent pour ce qui concerne l'analyse du jazz et de son évolution depuis ses origines jusqu'au début des années 50.


L'orchestre de Buddy Bolden, 1905 La seule et unique photo du cornettiste Charles «Buddy» Bolden (1877 - 1931).

Debout : Jimmy Johnson (cb), Buddy Bolden (cornet), Willy Cornish (tb), Willy Warner (cl)
Assis : Jefferson Brock Mumford (guitare) et Frank Lewis (clarinette)

Elle fut prise au tournant du siècle (1905) par le photographe E. J. Bellocq. Bolden était connu comme le meilleur jazzman de son époque et, de l'avis de ceux qui l'on entendu, il était dans tous les cas celui qui jouait le plus fort. Devenu fou en avril 1907 à l'âge de 31 ans alors qu'il jouait en parade avec le Henry Allen's Brass Band, il n'a jamais été enregistré (excepté sur un cylindre mythique qui fait l'objet d'une véritable chasse au trésor).

Il existe un document sonore très rare sur lequel on peut entendre Bunk Johnson siffler à la façon dont il se souvient que Bolden jouait. Bucket's Got A Hole In It, qui aurait été composé par Bolden, est interprété régulièrement à la Nouvelle Orléans par Kermit Ruffins ou le Preservation Hall Band. Par ailleurs, le standard Buddy Bolden's Blues (I Thought I Heard Buddy Bolden Say), qui fut notamment enregistré par Sidney Bechet, Jelly Roll Morton et Doctor John, est basé sur Funky Butt, thème fétiche du légendaire cornettiste.

La filiation du Buddy Bolden Band, créé en 1895, avec les premiers orchestres noirs enregistrés est claire. Lorsque Bolden fut placé dans un institut psychiatrique en 1907, le tromboniste Frankie Dusen, qui avait intégré le Bolden Band une année auparavant, devint le nouveau chef de l'orchestre qu'il renomma Eagle Band (à noter que Frankie Dusen est cité ironiquement par Morton dans sa version de 1939 du Buddy Bolden's Blues). Bolden fut remplacé par le cornettiste Tig Chambers en 1907, auquel succéda Bunk Johnson en 1910, lui-même remplacé par Buddy Petit en 1914. Pops Foster (b), Baby Dodds (dr), Johnny Dodds (cl), King Oliver (cornet), Freddie Keppard (cornet) et même le jeune Sidney Bechet (cl) passèrent tous par le Eagle Band qui avait la réputation de jouer les mêmes thèmes que le Bolden's Band dans un style similaire et qui resta très populaire à la Nouvelle Orléans jusqu'en 1917. A partir de là, les pistes se croisent : Buddy Petit joua avec Jelly Roll Morton et côtoya le jeune Armstrong au second cornet dans les parades funéraires; Pops Foster migra dans l'orchestre de Fate Marable qui divertissait les voyageurs des fameux riverboats du Mississippi avant de rejoindre King Oliver et ensuite le Luis Russell Orchestra. King Oliver fonda le Creole Jazz Band à Chicago en 1922 avec Armstrong et Baby Dodds; Johnny Dodds, après avoir fait partie partie du Kid Ory's Band, intégra l'orchestre de King Oliver avant de fonder les fameux Hot Five et Hot Seven avec Louis Armstrong... L'histoire du jazz était en marche.



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