Le Rock Progressif

Disques Rares, Rééditions, Autres Sélections


Série VI - Volume 6 Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 7 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ]


Eternity Xavier Boscher : Eternity (Orfeo Lab 083), France, 19 octobre 2018

1. Sand (5:20) - 2. Amatory (Love At First Sight) (5:06) - 3. Nativity (5:54) - 4. Domestic (3:44) - 5. Reborn (3:13) - 6. Intimate (3:55) - 7. Nuages (4:09) - 8. Eternity (6:50)

Xavier Boscher (tous les instruments, composition, production)


Xavier Boscher propose un nouveau répertoire comprenant 8 titres pour une durée de près de 40 minutes. Comme c'est le cas pour ses précédentes productions, le guitariste est seul aux commandes et cette fois, apparemment, sans aucun invité : composition, interprétation et production. On y retrouve au premier plan sa guitare électrique toujours en verve et très mélodique jouée d'une façon fluide et quasiment sans effets spéciaux. Sur Sand, elle remplit tout l'espace en exposant le thème de manière linéaire et lancinante. Par la répétition de la ligne mélodique agrémentée de variations diverses et l'absence d'improvisations obliques, Xavier Boscher parvient à créer une atmosphère envoûtante plus proche du rock progressiste que du jazz-fusion.

Le même processus est appliqué sur plusieurs morceaux dont Amatory (Love At First Sight) qui démarre par un bruitage évoquant la tempête. Ici encore, la mélodie exposée d'abord aux synthés et ensuite à la guitare de manière répétitive fait monter la pression jusqu'à une accélération de tempo annoncée par l'orage et une échappée grandiose vers l'infini marquée par une envolée de six-cordes qui fait hausser les sourcils. Nativity met en relief l'interaction entre les claviers et les guitares et offre un solo de guitare au son différent, plus acoustique, qui apporte un vent de fraîcheur. Plus fusionnel, Nuages n'a rien à voir avec le nuage de Django mais continue plutôt à distiller une musique singulière très aérienne portée par une pulsation rythmique hypnotique à laquelle on reprochera quand même un manque de folie. Plus varié apparaît le titre éponyme qui clôture cet album en beauté : la mélodie y est superbe et le développement particulièrement inventif sinon, à certains moments, vertigineux. C'est selon moi le sommet de ce disque qui démontrer un savoir-faire indéniable, Xavier Boscher réussissant une fois encore à éviter l'asphyxie propre à ce genre de production instrumentale où le trop plein de notes prend généralement le pas sur la musique elle-même. Au lieu d'exhiber son évidente technique, Xavier Boscher préfère en effet étaler son art de composer et sa manière d'interpréter des pièces attractives et stimulantes qui ouvrent toutes grandes les fenêtres de l'imagination. Et c'est tant mieux !

[ Eternity (CD / MP3) ] [ Eternity sur Bandcamp ]
[ A écouter : Amatory (Love At First Sight) ]



Zoologica Duodecim #1 : Ocean Xavier Boscher : Zoologica Duodecim #1 : Ocean (Orfeo'Lab), France, 2 avril 2018

1. Whale (3:25) - 2. Seahorse (4:32) - 3. Shark (3:56) - 4. Octopus (2:25) - 5. Dolphin (5:02)

Xavier Boscher (tous les instruments, composition, production)


Après son remarquable album Embryogenesis sorti en 2017, le multi-instrumentiste Xavier Boscher propose un nouveau concept plutôt original consistant en la réalisation de douze mini-albums consacrés chacun à des animaux dans un de leurs milieux naturels. Les cinq titres du premier EP, qui se réfère à l'océan, portent ainsi les noms de Baleine, Hippocampe, Requin, Poulpe et Dauphin : autant de créatures marines aux caractéristiques bien distinctes que la musique tente d'évoquer.

Si globalement, les synthés installent des atmosphères qui font référence à des scènes aquatiques, les mélodies et les improvisations jouées avec brio à la guitare électrique se rapportent davantage aux particularités animales. Ainsi le thème de la baleine est-il à la fois ample et puissant tandis que celui lié au requin est plus menaçant et imprévisible en conformité avec ce que l'on sait du comportement de ces prédateurs océaniques et en particulier leur nage en zig-zag. La dernière plage consacrée au dauphin est particulièrement réussie en ce que la guitare volubile évoque l'aspect mobile et enjoué de ces cétacés mais aussi les sifflements mystérieux qu'ils produisent pour communiquer.

Malheureusement un peu trop court pour s'immerger totalement dans le grand bleu, ce minidisque de prog-fusion instrumentale n'en est pas moins aussi agréable que prometteur et on peut imaginer qu'il prendra tout son sens une fois inséré dans la vaste fresque annoncée par son auteur. A suivre!

[ Zoologica Duodecim 1 : Ocean (EP) ] [ Zoologica Duodecim #1 : Ocean sur Bandcamp ]
[ A écouter : Whale ]




Louis de Ny : Le Petit Monde du Rock Progressif Italien, Une Discographie Amoureuse (Camion Blanc), 2015
Livre Broché, français, 582 pages


Louis de Ny : Plongée au Cœur du Rock Progressif Italien, Le Théâtre des Emotions (Camion Blanc), 2018
Livre Broché, français, 662 pages


Dans l'introduction de son premier livre, l'auteur écrit "l'immersion dans le monde du Rock Progressif Italien ressemble à une quête d'explorateur à la recherche de trésors bien cachés. Le plus passionnant est alors de découvrir ou de redécouvrir ce mouvement, a postériori, en écoutant des groupes disparus depuis longtemps, pour beaucoup auteurs d'un seul album, avec une impression très prégnante d'ouvrir une vieille malle vermoulue et d'en sortir des anciens documents précieux et pleins de poussière."

Toutefois, grâce au travail éclairé, mais aussi passionné, de Louis de Ny, la quête est désormais plus simple : les amateurs, avertis ou non, y trouveront en effet largement de quoi paver leur route à travers ce territoire encore globalement méconnu qu'est le prog italien. Une Discographie Amoureuse comporte un historique axé essentiellement sur la naissance du mouvement et l'âge d'or des années 70 mais aussi, après avoir sauté les années 80 marquées par un mépris du genre similaire à celui rencontré dans les autres pays, sur le retour en grâce et le renouvellement dans les années 90 et les décennies postérieures. Cette première section en forme d'essai très instructif est associée à une deuxième partie réservée aux chroniques où l'on retrouvera des analyse détaillées des grands disques produits par les groupes majeurs (Banco Del Mutuo Soccorso, Le Orme , Premiata Forniera Marconi, La Maschera Di Cera, Museo Rosenbach, Hostsonaten … ) mais aussi d'autres trésors plus secrets exhumés par l'auteur : Il Cerchio D'Oro, Conqueror, La Coscienza Di Zeno, Divae, Ingrannagi Della Valle et autres Tiempo Delle Clessidre.

Le Théâtre Des Emotions complète les lacunes (dont la plupart sont volontaires pour des raisons de place) du premier volume notamment en revisitant de façon approfondie les années 80, période de transition a priori peu attirante mais qui recèle quand même quelques bonnes surprises. En guise de nouveauté, la parole a cette fois été donnée aux musiciens italiens qui parlent avec beaucoup de verve (ils ne sont pas Méditerranéens pour rien) de leur histoire, de la manière dont ils composent leur musique, de leurs problèmes, préférences et influences. Enfin, une dernière partie comprenant une sélection complémentaire de chroniques révèlera aux amateurs une flopée de nouveaux albums dont quelques essentiels comme L'Ultimo Viaggio de Nuova Era, De la tempesta de Aufklärung ou Frammenti Notturni de Unreal City.

Voici deux livres qui assument pleinement leur subjectivité, ce qui en renforce le charme. Car Le Petit Monde du Rock Progressif Italien n'est pas un dictionnaire en deux volumes mais bien une épopée racontée avec autant de précision que d'émotion. Certes les artistes ne sont pas très connus et les disques sont loin d'être récents mais c'est parce que l'auteur a préféré tout embrasser et nous plonger en apnée au cœur d'une "mare incognita" aussi riche qu'étendue dont il a le mérite d'en avoir exploré presque tous les recoins. On pourra lire ces deux livres d'une traite ou, comme pour un guide de voyage, venir y piocher régulièrement des informations utiles avant de commencer sa propre expédition musicale. L'essentiel, c'est de les avoir avec soi avant de partir.

[ Plongée Au Coeur du Rock Progressif italien - Une Discographie Amoureuse ]
[ Plongée Au Coeur du Rock Progressif italien - Le Théâtre Des Emotions ]

[ Le Blog de Louis de Ny ]



Isole Antarte : Isole (Mégaphone), Italie, Janvier 2018

1. Oasi (7:59) - 2. I Tuoi Giorni (3:15) - 3. Senza Luna (4:37) - 4. Nessuno (5:46) - 5. Scirocco (8:19) - 6. Bolina (5:50) - 7. Castelli Di Sabbia (4:26) - 8. Buona Fortuna (3:24)

Lillo Morreale (chant, guitare, violon); Paolo Vita (guitare, piano); Gabriele Castelli (drums) + Invités : Laura Ferlisi (choeur); Marco Zammuto (contrebasse); Calogero Contino (trompette)


IsoleAprès Olio Su Tela (Huile Sur Toile), un premier disque sorti en 2013, le trio sicilien Antarte propose huit nouvelles compositions sur son dernier album Isole (Îles). La pochette montre un homme debout dans la mer regardant des îles et un bateau qui passe au loin. Une image qui suggère des thèmes liés au voyage et à l'envie de partir loin mais, les textes étant en italien, je ne pourrai guère en dire plus. En revanche, la musique, qui constitue l'essentiel du disque, renforce le sentiment de flotter dans un monde liquide, entre rêve et réalité. Bien que par son spleen, le minimalisme de la rythmique et les sons alanguis des guitares électriques, le premier titre Oasi (Oasis) pourrait être catalogué sous une étiquette post-rock, le reste du répertoire s'en échappe souvent. Ainsi l'instrumental Senza Luna (Sans Lune) avec ses longues plaintes sonores en introduction et son piano nimbé d'un halo de réverbération à la Harold Budd évoque-t-il bien d'avantage les atmosphères fluides et romantiques d'un Brian Eno et des artistes ambient qui lui sont associés. On retrouve aussi ce climat lumineux et contemplatif sur Buona fortuna (Bonne Chance), un autre instrumental qui invite l'auditeur à s'immerger dans une expérience autant physique qu'émotionnelle.

Toutefois, ce qui distingue plus particulièrement Antarte de la cohorte des autres groupes post-rock, c'est le soin apporté aux textures. Le trio a manifestement voulu échapper aux poncifs du genre notamment en invitant une choriste, un contrebassiste et même un trompettiste dont le son lointain sur Scirocco ajoute au pouvoir évocateur de cette superbe chanson. Le très réussi Bolina, qui débute comme un autre morceau ambient et évolue lentement vers quelque chose de plus expérimental, témoigne d'une véritable recherche musicale s'appuyant sur la superposition de sons multiples qui donnent à la composition une réelle profondeur. Il faut aussi souligner que, si le disque a été enregistré en studio à Agrigente, il a été mastérisé en Angleterre par l'ingénieur du son Simon Heyworth, réputé pour son travail de coproduction avec Mike Oldfield (Tubular Bells) mais aussi pour sa contribution à certains albums d'Anthony Phillips, Tangerine Dream, Alan Parsons et … Brian Eno. Et ça s'entend !

Si vous appréciez à la fois le post-rock et les atmosphères nostalgiques et vaporeuses de la musique ambient sublimées par une lumière méditerranéenne, cet album très stylisé et travaillé, en dépit d'une approche parfois dépouillée, révèle une grande sensibilité qui ne laissera personne indifférent.

[ Isole ]
[ A écouter : Castelli Di Sabbia ]



New / The Ancient Veil Ancient Veil : New / The Ancient Veil (Mellow Records), Italie 1995 - Remastered (Open Mind / Lizard Records), 2018

1. Ancient Veil (7:17) - 2. Flying (3:58) - 3. Feast Of The Puppets (2:33) - 4. Creature Of The Lake (4:54) - 5. Gleam (4:22) - 6. The Dance Of Elves (2:02) - 7. Dance Around My Slow Tim (5:27) - 8. Night Thoughts (7:35) - 9. New (1:56) - 10. Talking Frame (8:30) - 11. Medley (7:43)

Alessandro Serri (chant, guitares, basse, flûte); Edmondo Romano (sax soprano et ténor, clarinettes, flûtes); Fabio Serri (piano, Moog, orgue Hammond, synthé) + Invités.


Après avoir quitté Eris Pluvia peu de temps après la sortie en 1991 de leur excellent album Rings Of Earthly Light, le chanteur et guitariste Alessandro Serri et le saxophoniste flûtiste Edmondo Romano ont poursuivi leur collaboration sous le nom de Ancient Veil. Sorti en 1995, leur premier disque éponyme n'avait pas fait l'unanimité. Bien que plus pastorale, la musique restait pourtant dans la ligne du prog symphonique très agréable d'Eris Fluvia.

Quoiqu'il en soit, les compositions, bénéficient dans cette nouvelle édition d'une seconde chance. D'autant plus qu'il ne s'agit pas ici d'un simple remodelage technique : le son a certes été considérablement amélioré mais les arrangements ont aussi été complétés par l'addition de nouveaux instruments. Enfin, quatre morceaux ont été enlevés du répertoire tandis qu'une nouvelle composition intitulée Medley a été ajoutée en finale. Ce dernier est un instrumental en forme de collage sonore incluant des bruitages et des extraits d'anciennes chansons, dont deux très vieux enregistrements du temps d'Eris Pluvia.

Ainsi allégé et largement amélioré sur le plan sonore, le répertoire gagne en profondeur et prend une nouvelle dimension où romance rime avec élégance. Les instrumentaux en particulier, baptisés par des titres évocateurs comme Feast Of The Puppets et The Dance Of The Elves, ont un air de folklore bucolique qui évoque l'été et les champs à perte de vue. Le reste se situe dans le même style mais avec des parties vocales chantées en anglais. Les arrangements sont typiques du folk-rock avec des flûtes proéminentes et, parfois, un violon quand ce n'est pas tout un ensemble de cordes. Le morceau Ancient Veil se révèle même être une fantastique composition avec de subtils changements d'atmosphère et de belles interventions de flûte et de clarinette basse. Talking Frame comprend quelques chouettes développements instrumentaux et des variations de climat qui en font une composition plus progressive. Quant à Night Thoughts, avec ses chants d'oiseaux et autres bruitages, il donne un sentiment de rêverie nocturne mise en relief par une production impeccable.

Ce travail de restauration de la part d'Alessandro Serri et d'Edmondo Romano est courageux car il n'est pas si courant que des artistes acceptent de revoir leur copie en admettant qu'elle puisse être largement améliorée. Ils l'ont fait et on ne peut qu'applaudir leur initiative : devenu plus riche et plaisant, leur premier album, qui est aujourd'hui proposé sous une nouvelle pochette, mérite une vraie réévaluation.

[ The Ancient Veil : New (CD) ] [ I'm Changing (CD & MP3) ] [ Ancient Veil website ]



It’s About Time Spectrum Orchestrum : It’s About Time (La Société du Spectral / Atypeek Music / L'étourneur / Do It Youssef), 2018

1. Three To One (1:04) - 2. About Time (part 1, 2 & 3) (33:03) - 3. Not The End (9:43)

William Hamlet (saxophone alto); Olivier Vibert (guitare); Philippe Macaire (basse); Benjamin Leleu (claviers); Adrien Protin (drums). Enregistré du 10 au 12 mars 2017.


It’s About TimeLe premier titre, très court, est une éruption sonique, une orgie tribale qui a le mérite de planter fermement et dès les premières secondes l'étendard déchiré de ce groupe hors-normes. Leur musique sera empirique, spontanée, chaotique, voire frénétique et sauvage, même si l'on y peut y entendre diverses influences auxquelles les avant-gardistes rattacheront des noms plus ou moins célèbres. La suite en trois parties About Time, pièce de résistance d'un répertoire qui ne comprend que trois titres, comporte quelques éléments de bruitisme mais aussi un rythme hypnotique et une ambiance psychédélique, trois caractéristiques qui renvoient au groupe allemand Can dont le fameux Tago Mago prit à contre-pied les définitions habituelles de la musique. D'ailleurs, par sa volonté de tenter les pratiques les plus diverses selon le mode de l'improvisation collective, toute la musique de Spectrum Orchestrum peut se rattacher à une certaine esthétique krautrock (un terme idiot inventé par la presse spécialisée britannique pour cataloguer un genre indéfinissable qui lui était étranger), telle que la concevait aussi le groupe Faust où même Amon Düül II, c’est-à-dire celle produite par des instruments traditionnels sans les bidouillages et autres boucles électroniques des synthétiseurs.

Originaire de Lille, les dix oreilles de ce quintet ont sans doute eu l'occasion de s'ouvrir également aux expériences mémorables tentées jadis plus au Sud comme celles de Magma ou, plus au Nord, comme celles du Present de Roger Trigaux, ou encore tout près de chez eux, à Valenciennes, avec Art Zoyd qui tenta une étrange fusion du rock progressif, du jazz et de musique « sérieuse » contemporaine.

Intitulée Not The End, le troisième et dernier morceau joue la carte d'une atmosphère mystérieuse, voire menaçante. Les sons viennent littéralement d'ailleurs annonçant l'une ou l'autre calamité qui, en fin de compte, surgira de l'espace quand, dans un déferlement sonique digne de la Guerre des Mondes, les cinq tripodes de Spectrum Orchestrum lanceront collectivement leur attaque psychique. Etrange musique évocatrice qui plonge l'auditeur dans les vertiges mouvants de l'inconscient tout en lui procurant à nouveau ces frissons glacés ressentis jadis en visitant la demeure de l'énigmatique Docteur Morbius sur la Planète Interdite.

Les amateurs de voyages fictionnels qui prisent les productions excentriques du label Cuneiform et ceux qui furent un jour envoûtés par les œuvres des groupes précités sont invités à plonger en apnée dans le space-opéra brûlant, libertaire, provocant, dérangeant, ésotérique et cosmologique de Spectrum Orchestrum. Dépaysement 100% garanti !

[It’s About Time sur Bandcamp]
[ A écouter : Spectrum Orchestrum live ]



The Big Dream Lonely Robot : The Big Dream (Inside Out), UK 2017

1. Prologue - Deep Sleep (2:12) - 2. Awakenings (5:10) - 3. Sigma (5:06) - 4. In Floral Green (5:08) - 5. Everglow (4:58) - 6. False Light (5:33) - 7. Symbolic (5:06) - 8. The Divine Art Of Being (5:38) - 9. The Big Dream (8:02) - 10. Hello World, Goodbye (3:52) - 11. Epilogue - Sea Beams (2:48) - 12. In Floral Green (Bonus : Acoustic Version) (5:16) - 13. The Divine Art Of Being (Bonus : Acoustic Version) (5:39) - 14. Why Do We Stay (Bonus, feat. Kim Seviour) (5:15)

John Mitchell (chant, guitare, basse, claviers, cello, harpe celtique, harmonium, flûte); Craig Blundell (drums) + Bonita Mckinney (chant); Kim Seviour (chant : 14); Lee Ingleby (narration)


The Big DreamAprès son remarquable début en 2015 avec Please Come Home, le Robot Solitaire est de retour pour une deuxième sortie. Cette fois, peut-être plus confiant dans ses capacités suite au succès du premier album, le guitariste et chanteur John Mitchell, leader du groupe, a compté d'abord sur ses propres forces. Contrairement à son prédécesseur, The Big Dream ne compte plus guère d'invités prestigieux sinon l'excellent batteur Craig Blundell qui devient de plus en plus la coqueluche du prog moderne britannique. Tout le reste, excepté un narrateur et les voix féminines additionnelles de Bonita Mckinney et de Kim Seviour, a été fait par Mitchell lui-même.

Le concept est basé sur un cauchemar bizarre, vécu par Michell dans sa jeunesse, où il errait dans un bois au milieu de créatures à têtes d'animaux, un rêve qu'il a d'ailleurs tenu à revivre pour les besoins de la pochette. Il a toutefois mêlé ce souvenir traumatisant à des pensées plus générales inspirées par l'écrivain spirituel et libertaire Alan Watts qui fut l'un des premiers à jeter des ponts entre les philosophies orientales et occidentales. Tout cela dans un contexte relevant de la science-fiction puisque, plus prosaïquement, les textes racontent le réveil, après un long sommeil cryogénique, de notre astronaute sur une planète inconnue peuplée d'êtres étranges. Il s'ensuit toute une série de questions et de réflexions qui, selon l'auteur, relèvent d'une théorie nommée solipsisme qu'il me faura toutefois encore approfondir avant que je ne puisse vous en dire un mot.

Sur un plan musical, Mitchell s'est d'abord inspiré des grands compositeurs de musiques de films SF dont Alien, Contact et autres Interstellar. On imagine dès lors, qu'ensemencé par des bruits d'outre-espace et lissé par une production cristalline (de Mitchell lui-même bien sûr), le son est panoramique et en technicolor. Entre pop-rock et prog, alternant moments atmosphériques et vols sidéraux tous moteurs à plein régime, délivrant des solos de six-cordes qui flirtent avec la vitesse lumière, Lonely Robot se joue de toutes les difficultés intersidérales et accomplit sa mission sans aucune problème. Mes titres préférés ? Indiscutablement Sigma pour son arrangement sournois ensemencé d'électronique, son refrain élévateur et les voix combinées de Mitchell et Bonita Mckinney; False Light pour son côté pop-prog léger et entraînant; et le sombre et puissant instrumental The Big Dream.

Il n'y aura peut-être pas de concert du groupe avant longtemps mais, en attendant, rien n'empêche de s'en mettre plein les oreilles avec ce second opus tout aussi réussi que le premier. Il paraît que Mitchell a prévu que l'histoire de Lonely Robot serait une trilogie. Si c'est le cas, il peut balancer son troisième album quand il veut : quel que soit l'endroit où il enverra son astronaute, on le suivra les yeux fermés.

[ The Big Dream (CD / MP3 / Vinyle) ]
[ A écouter : Sigma - The Big Dream ]



Detachment Barock Project : Detachment (Artalia), Italie 2017

1. Driving Rain (1:02) - 2. Promises (5:05) - 3. Happy to See You (7:37) - 4. One Day (7:23) - 5. Secret Therapy (5:37) - 6. Broken (9:10) - 7. Old Ghosts (4:07) - 8. Alone (3:14) - 9. Rescue Me (4:55) - 10. Twenty Years (6:06) - 11. Waiting (5:43) - 12. A New Tomorrow (7:39) - 13. Spies (7:23)

Luca Zabbini (chant, claviers, guitares); Marco Mazzuoccolo (gt électrique); Francesco Caliendo (basse); Eric Ombelli (drums, percussions) + Alex Mari (choeurs); Ludovica Zanasi (choeurs); Peter Jones (chant : 6,8)


Depuis 2007, ce groupe italien sort régulièrement toutes les deux ou trois années un album qui compte parmi ce que le prog italien à de meilleur. Cette réussite, Barock Project le doit en grande partie à Luca Zabbini, membre fondateur, compositeur et claviériste virtuose aussi à l'aise dans le rock que le jazz ou le classique. Toutefois, le recrutement de Luca Pancaldi au poste de chanteur a certainement contribué à rehausser encore les qualités du groupe. Aussi, quand Pancaldi a annoncé en 2016, avant l'enregistrement de cet album, qu'il partait pour raisons personnelles, on était un peu inquiet quant à son remplacement. En fait, comme Genesis le fit jadis après le départ de Peter Gabriel, Barock Project a préféré trouver en interne les ressources nécessaires : c'est en effet le multi-instrumentiste Luca Zabbini qui s'est mis devant le micro. Et force est de constater que le département vocal n'a subi aucun préjudice d'autant plus que l'aide complémentaire de quelques autres chanteurs invités, dont Peter Jones de Tiger Moth Tales, a été requise. Mieux, alors que Pancaldi sonnait parfois comme un chanteur de heavy métal, le chant est ici plus conforme à celui d'un groupe de prog classique.

Les treize chansons sont superbes et se nourrissent de différents styles : du prog complexe et puissant de Promises aux délicates guitares acoustiques de la première partie de Twenty Years, en passant par le sublime One Day avec sa flûte, son piano acoustique néo-classique et son orchestration magnifique, on voyage constamment d'un bout à l'autre de la planète prog. Le sommet du répertoire reste toutefois l'ambitieux Broken marqué par une structure à géométrie variable où l'on reconnaîtra facilement la voix de Peter Jones. Les mélodies sont superbes et les arrangements richement travaillés tandis que la facilité avec laquelle Barock Project change d'atmosphère et de style, y compris au sein d'un même morceau, est tout simplement stupéfiante : quel groupe peut, comme sur A New Tomorrow, évoquer tout à tour le prog symphonique de Big Big Train, Uriah Heep avec ses harmonies vocales et son orgue Hammond, et Keith Emerson (ELP) dans ses improvisations néo-classico-jazz au piano acoustique ? Avouons-le : pas grand monde de nos jours.

Déjà bluffant sur ses deux précédents albums en studio (Coffee In Neukölln de 2012 et Skyline de 2015), Luca Zabbini et son groupe sont clairement sur une pente ascendante. Avec un son organique qui rappelle les grandes heures du genre (aussi bien italien qu'international) mais aussi avec une approche plus moderne où sont intégrés les apports de groupes plus récents comme Spock's Beard ou BBT, Barock Project séduira tous les fans de vrai prog quelles que soient leurs inclinations personnelles. Un grand, très grand album …

[ Detachment (CD / MP3) ]
[ A écouter : Happy To See You - Broken ]



Colours Lee Abraham : Colours (Festival Music), UK, 27 Novembre 2017

1. Colours (4:40) - 2. Broken Dreams (6:28) - 3. Always Yours (6:17) - 4. Find Another Way (7:07) - 5. Warning Sign (5:03) - 6. Survive (6:29) - 7. The Mirror Falls (14:13)

Lee Abraham (guitares, claviers, chant : 2, choeurs); Rob Arnold (piano électrique : 2, 4; piano : 3,6,7; orgue Hammond : 7); Alistair Begg (basse); Gerald Mulligan (drums); Dec Burke (chant : 1,5); Marc Atkinson (chant / choeurs : 2); Steve Overland (chant : 3); Robin Armstrong (chant : 4); Simon Godfrey (chant : 6); Gary Chandler (chant : 7); Christopher Harrison (choeurs : 5, 6, 7)


Ancien bassiste de Galahad avec qui il a enregistré leur meilleur disque (Empires Never Last), Lee Abraham a aussi mené une longue carrière en solo qui s'est concrétisée par la sortie de sept albums, depuis Pictures In The Hall en 2003 jusqu'à Colours en 2017. Guitariste hors-pair, Lee Abraham me fait un peu penser à John Mitchell (Arena, It Bites, Frost*, Kino, Lonely Robot) avec qui il partage un style mélodique hérité du néo-prog et mâtiné de hard-rock. Si l'album précédent, The Seasons Turn (2016) se caractérisait par une approche plus progressiste avec de longues pièces dont une de 25 minutes, Colours revient à des chansons plus classiques. Dans une interview récente, Abraham explique qu'il a cette fois intégré à son style néo-prog habituel quelques influences A.O.R. propres à des groupes comme Toto ou Asia. N'étant pas un grand chanteur lui-même, Abraham a comme d'habitude fait appel au fil des plages à différents artistes dont Dec Burke (Frost*, Darwin Radio), Marc Atkinson (Riversea), Robin Armstrong (Cosmograf) et aussi Gary Chandler (Jadis) dont on reconnaît immédiatement le timbre si particulier sur l'épique The Mirror Falls. Avec Rob Arnold au piano et à l'orgue Hammond, ses envolées incendiaires de guitares et son arrangement somptueux, ce dernier titre qui frôle des 15 minutes est l'un des plus réussis de l'album.

Le côté A.O.R. mentionné par le leader est plus apparent sur Colours et Warning Sign qui évoquent effectivement le groupe Asia, plus d'ailleurs dans sa version alternative avec Geoff Downe et Steve Payne que dans celle incluant John Wetton et Steve Howe. La rythmique comprenant le bassiste Alistair Begg et le batteur Gerald Mulligan contribue sans grande imagination mais avec une belle et constante efficacité à renforcer l'impact de cette musique. Chanté par Steve Overland du groupe FM, Always Yours s'inscrit tout naturellement dans la veine pop-rock de ce groupe britannique. Enfin, la ballade incontournable de tout disque A.O.R est aussi présente avec Survive chanté par l'excellent Simon Godfrey de Tynifish. Reste Find Another Way qui s'inscrit dans la ligne néo-prog habituelle du leader.

J'adore ce genre de musique même si le pourcentage de prog qui la compose reste limité. Quand un album de rock mélodique est interprété par des musiciens talentueux et enthousiastes, quand les mélodies sont bonnes et les textes bien écrits, quand les arrangements sont inspirés, et quand on y a ajouté suffisamment de créativité pour maintenir l'attention, il étincelle de mille feux. C'est le cas pour ce Colours de très bonne facture qu'on ne peut que recommander aux fans de tous les groupes précités (y compris ceux entre parenthèses).

[ Colours (CD, MP3) ]
[ A écouter : Colours (Album Teaser) - Find Another Way (edit) - Warning Sign ]



8 Petites Pièces De Variété Urbi-Flat : 8 Petites Pièces De Variété (Replica), France, 9 mars 2018

1. Pipeau Javanais (5:41) - 2. Le Gourou De Garges Les Gonesses (5:57) - 3. Atchoum (4:56) - 4. Pourquoi Viens-Tu Sitar (5:15) - 5. Non Lo So (3:48) - 6. Timide (8:15) - 7. Nirvana Juste En Bas De Chez Vous (4:15) - 8. Précipice Emiko (5:52)

Bernard Weber (basse, guitare, sitar); Anne Gouraud (contrebasse , chant); Xavier Baulleret (guitare); François-Robert Lloyd (guitare) - Jac Berrocal (trompe, chants); Emiko Ota (percussions, harmonium); Ménaka de Mahodaya (tempura, danse); Frédéric Aquaviva (clarinette, saxophone)


Basé à Metz, le label Replica a été fondé en 2013 dans l'intention de sauver de l'oubli quelques productions rares qui ont marqué les débuts du rock psychédélique, avant-gardiste ou progressiste ou, plus globalement, de l'underground français. Déjà riche de près de 35 albums, Replica a choisi de ne les rééditer qu'en vinyle : logique puisque ce support désormais revenu à la mode est très prisé d'abord par les collectionneurs toujours à la recherche de disques mythiques. Toutefois, pour ceux qui ne se sont pas encore reconvertis, le label a aussi prévu le téléchargement de fichiers musicaux en haute qualité via la plateforme de vente en ligne Bandcamp.

A côté des noms légendaires comme Arachnoid, Ergo Sum, Atoll, Weidorge, Pazop et autres Shylock, Urbi-Flat est un nom plus confidentiel. Normal puisqu'il s'agit de la première sortie originale du label Replica qui ajoute ainsi une nouvelle branche à ses activités. Par contre, aucune indication concernant le projet ou les musiciens n'est renseignée sur la page du site. On sait toutefois qu'Urbi-Flat est un projet du compositeur Gilbert Artman également impliqué dans des formations expérimentales comme Urban Sax et Lard Free. Portant fièrement des intitulés qui ne manquent pas d'humour (comme le merveilleux Pourquoi Viens-Tu Sitar ?), les huit pièces proposées sont fort agréables à écouter, à la fois dépaysantes et atmosphériques tout en étant ancrées dans une approche rétro-psychédélique.

Quelques titres sont plus exotiques comme Pipeau Javanais avec son sitar nostalgique sur fond de ce qui me paraît être un handpan et d'autres plus ambient comme Non Lo So avec ses voix bizarres posées sur une musique de chambre futuriste ou encore le vaporeux Atchoum. D'autres encore ont des rythmes new-wave parfois associés de bien étrange manière à un violoncelle comme sur Le Gourou De Garges Les Gonesses. La combinaison des multiples instruments qui incluent, en plus des chants, un harmonium, des percussions diverses, des guitares, une contrebasse, un violoncelle, un sitar, une trompe, une clarinette et un saxophone, rendent ces pièces imprévisibles et attachantes. Ce disque séduira les fans d'architectures sonores inédites ainsi que tous ceux, bien sûr, qui aiment léviter dans des mondes parallèles à la recherche d'expériences inédites.

Il fut un temps où la France, comme l'Allemagne et la Belgique, contribuaient au prog par la sortie d'albums totalement originaux et inclassables qui, en dépit d'éditions parfois confidentielles, devenaient rapidement cultes chez les amateurs. Il est bon que ces disques soient aujourd'hui réédités pour satisfaire ceux qui s'en languissent et en font la chasse chez les revendeurs. Mais il est bon aussi que cette tradition se perpétue avec la sortie occasionnelle de nouvelles productions, comme celle-ci, qui élargissent et complémentent l'offre des sorties plus commerciales. Il n'y a pas que Steven Wilson et Marillion dans la vie…

[ Urbi-Flat sur Bandcamp ] [ Replica Records sur Bandcamp ]
[ A écouter : Urbi-Flat ]


Quelques rééditions en vinyle de Replica Records :

Replica Records






Productions du label L'Etourneur

Les Productions du label L'étourneur


L'étourneur est une association culturelle multidisciplinaire implantée dans la campagne à Neuilly-le-Malherbe, aux abords de Caen, et dont les membres ont pour vocation de défendre avec passion la musique qu'ils aiment. Une de leurs activités est d'enregistrer, dans un studio qu'ils ont installé eux-mêmes, des groupes qui sortent des sentiers battus en proposant des musiques expérimentales, excentriques et souvent, totalement originales. Le genre de disques impossible à trouver sur des labels majeurs et qui sont avant tout destinés à ceux, comme aurait dit Boris Vian, dont les oreilles se sont ouvertes. Une démarche nécessaire et bien sympathique qui a ainsi donné naissance à un catalogue d'albums pas comme les autres dont certains ont déjà été présentés en détail dans ce magazine.

L'étourneur ayant ouvert un compte sur l'indispensable plateforme Bandcamp, on pourra y retrouver la douzaine de disques déjà sortis sur leur label. Les styles, toujours à tête chercheuse, évoluent du Rock En Opposition (RIO) au free jazz en passant par toutes sortes de sons avant-gardistes. Retrouvant un état d'esprit qui fit fureur dans les années 70 en faisant connaître des artistes majeurs comme Henry Cow, Art Zoyd, Univers Zero ou Aksak Maboul, L'étourneur contribue à transgresser les normes commerciales à l'opposé de la tendance actuelle qui serait plutôt de tirer le prog vers la pop. En ce sens, les initiatives comme celles de L'étourneur ou de Replica Records (déjà présenté dans ces pages) sont plus que bienvenues : elles sont salutaires.

Pour entamer l'exploration de leurs productions, je vous recommande les disques suivants (à écouter ou à télécharger sur Bandcamp) :

Dustman Dilemma - On second thought (2018) : Une musique mystérieuse et parfois nostalgique digne d'une bande sonore d'un film de David Lynch. Excellente seconde réalisation de la part de ce quintet originaire de Caen qui inclut un saxophoniste particulièrement expressif.

Flür (2018) : ce trio guitare/basse/batterie, également originaire de Caen, joue une musique qui émarge au post-rock instrumental mais avec quelques accents psychédéliques introduits par une guitare au son particulièrement nomade.

TOC : Will Never Play These Songs Again : du pur free-rock-jazz expérimental par un trio dont le nom est composé des initiales des musiciens, Jérémie Ternoy (Fender Rhodes, piano basse, piano), Ivann Cruz (guitare) et Peter Orins (drums). Le groupe parvient à installer des atmosphères aussi inédites que bizarres dues à une utilisation très singulière de leurs instruments, surtout le piano électrique.

Louis Minus XVI - De Anima (2017) : Refusant le jazz de papa aussi bien que celui aseptisé des cols blancs et se réclamant à la fois du free et du punk, ce quartet n'a d'autre perspective que de jouer avec conviction des improvisations collectives qui entraînent chez l'auditeur non prévenu un traumatisme semblable à celui que pouvait provoquer jadis l'écoute d'Archie Shepp, de Don Cherry ou d'Albert Ayler.

Stoned Diplodocus - 1st Album (2016) & Ante Mortem (2017) : également de Caen, ce trio guitare/basse/batterie invente un mur de sons hypnotiques qui vibre et se meut comme … un diplodocus en marche. Alternativement psyché, post-rock, stoner, math-rock, ou que sais-je encore, il est certain que ce pachyderme a plus d'un tour dans son sac et que rien ne saurait arrêter son accablante progression !



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