Série VI - Volume 5 | Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 6 ] [ 7 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ] |
Le label hollandais FREIA Music
Il existe des petits labels indépendants consacrés au prog dont le catalogue regorge de disques aussi intéressants que confidentiels. C’est à cette catégorie qu’appartient le label hollandais FREIA Music. Créée en 1984, la firme fut absorbée peu de temps après et disparut en 1990 pour mieux renaître de ses cendres en 2012. Le label offre aujourd’hui plus de 25 albums, dotés de pochettes superbes et produits avec une grande qualité, offrant des musique progressistes dans des styles très différents. Pour bien débuter, en voici cinq qui sortent du commun : Brother Ape : Karma (2017). L’album de la révélation pour ce trio suédois qui pratique un art-rock énergique et très accessible, avec des harmonies vocales séduisantes et des mélodies rappelant parfois les Beatles. The Aurora Project : World Of Grey (2017). Ce groupe hollandais joue un néo-prog très mélodique et un peu heavy, à l'instar des musiques de Sylvan, RPWL ou Knight Area, qu'il met au service d'un thème actuel décrivant la mainmise des puissants sur les peuples. Jet Black Sea : Absorption Lines (2017). Atmosphérique, électronique et complexe, la musique d’Adrian Jones (Nine Stones Close, gt) et de Michel Simons (programmation) colle comme un gant à son thème inspiré par la mission Apollo 13. Quelque part Entre Tangerine Dream, Pink Floyd et une musique de film de Hans Zimmer (Gladiator, Black Hawk Down). Sky Architect : Nomad (2017). L’album le plus abouti du groupe hollandais offre un prog épique, certes inspiré par les classiques des 70s mais aussi plus éclectique et musclé, dans la ligne de groupes modernes comme les premiers Spock’s Beard. Mark Bogert : Painting the World (2016). On imaginait bien que le guitariste de Knight Area (Heaven & Beyond) était un technicien hors-pair. Il le prouve dans cet album de rock instrumental hard et sophistiqué qui s’inscrit dans la ligne des meilleures productions de Steve Vai et de Joe Satriani. Downriver Dead Men Go : Tides (2016). Ce groupe hollandais, composé de membres de Caitlin, pratique un post-rock aérien dont l'ambiance dépressive n'en est pas moins terriblement envoûtante. Un album qui se situe juste au coin entre l'ambient de Brian Eno, le rock atmosphérique de Nosounds et les chansons nostalgiques d'Eddie Vedder entendues dans le film Into The Wild de Sean Penn. Toutes les productions de FREIA Music sont disponibles sur le site Bandcamp où on peut les écouter en streaming avant d'éventuellement les acheter (en CD physique ou par téléchargement haut débit). A explorer ! [ Les productions du label FREIA Music ] |
Tiger Moth Tales : The Dephts Of Winter (White Knight Records), UK, 20 novembre 2017
1. Winter is Coming (0:31) - 2. Winter Maker (10:50) - 3. Exposure (13:34) - 4. The Ballad of Longshanks John (6:58) - 5. Migration (2:58) - 6. Take the Memory (7:10) - 7. Sleigh Ride (6:40) - 8. The Tears of Frigga (11:42) - 9. Hygge (9:12) - 10. Winter’s End (1:50) Peter Jones (chant, claviers, guitare, clarinette, ukulélé, flûte à bec, percussions); Luke Machin (guitare sur 2); Emma Friend (flûte sur 1 & 2); Steve Bottomley (basse) + Cuivres. Depuis la sortie, sous le nom de Tiger Moth Tales, de Cocoon en 2014 suivi par Story Tellers Volume 1, on savait bien que le claviériste et chanteur Peter Jones allait percer à un moment ou à un autre dans le monde de la musique prog. D’ailleurs ni Andy Latimer ni Francis Dunnery ne s’y sont trompés, le premier l’ayant recruté pour son groupe Camel et le second l'ayant invité à participer à l’enregistrement de son album Return To The Wild Country sorti en 2016. Ce regain d’activité est sans doute la raison pour laquelle le troisième album de Tiger Moth Tales s'est fait attendre pendant trois longues années mais, d’un autre côté, pour excellents qu’étaient les deux disques précédents, le saut qualitatif de ce dernier opus est immédiatement perceptible. Consacré quasi exclusivement à l’hiver et aux ambiances glacées liées à cette saison, The Dephts Of Winter n’en offre pas moins un répertoire éclectique dominé par des mélodies fortes et un prog symphonique, parfois folk et mélancolique et parfois plein de panache, comme savait en composer Genesis dans les années 70 (surtout apparent sur la magnifique ballade Hygge) ou Steve Hackett plus tard dans ses œuvres en solo (en particulier sur l'instrumental Sleigh Ride, un titre lent dominé par une superbe guitare mélodique aussi évocatrice que celle de The Steppes). Les solos de claviers sont évidemment nombreux mais ils ne sont pas les seuls à émerger de cette musique : sur Winter Maker aux textures renforcées par un bel arrangement de cuivres, le guitariste Luke Machin (The Tangent, Maschine) délivre un flamboyant solo tandis qu’en parfait multi-instrumentiste, Jones délaisse à l’occasion ses claviers pour la guitare (Sleigh Ride), la flûte à bec (The Ballad Of Longshank John) ou la clarinette (Migration et Take the Memory). On notera également la participation de la flûtiste Emma Friend qui enjolive deux morceaux dont l'envoûtant Winter Is Coming en ouverture. Enfin, il faut ajouter que Jones est aussi un excellent chanteur doté d’une voix chaude et expressive. Si The Dephts Of Winter n’est peut-être pas encore l’album de la consécration, c'est en tout cas celui de la révélation d’un immense compositeur et interprète, aussi talentueux que complet. Ceux qui chérissent Trespass et Wind And Wutherings de Genesis ainsi que les derniers albums de Big Big Train peuvent maintenant ajouter cette superbe production à leurs disques de chevet. [ The Depths Of Winter (CD / 2 LP) ] [ The Dephts Of Winter sur Bandcamp ] [ A écouter : The Ballad Of Longshank John - Migration - Hygge (Single Edit) ] |
Hats Off Gentlemen It's Adequate : Out Of Mind (Glass Castle Recordings), UK, 7 octobre 2018
1. Coming Back (6:40 - 2. When I Was A Ship (6:02) - 3. Defiance (3:37) - 4. De Humani Corporis Fabrica (6:06) - 5. The Rose That Was Red In The Dark (5:56) - 6. Maze (5:34) - 7. Stand Up (3:59) - 8. I Miss The Stars (7:09) - 9. If You Think This World Is Bad... (3:31) - 10. Losing Myself (5:14) - 11. The Electric Ant (4:15) - 12. Lidice (7:21) Malcolm Galloway (chant, guitare, claviers); Mark Gatland (basse); Kathryn Thomas (flûte). Après Broken But Still Standing sorti l'année dernière, Malcolm Galloway et ses deux complices, Mark Gatland et Kathryn Thomas, réunis sous le patronyme de Hats Off Gentlemen It's Adequate proposent Out Of Mind, un nouvel album inspiré par le rôle de la mémoire dans la définition de l'identité d'une personne. Un thème intéressant et pour le moins original qui s'abreuve à quelques textes classiques de science-fiction écrits par Philip K Dick (Le Temps désarticulé et la Fourmi Electrique) ou Ann Leckie (La Justice de l'Ancillaire) mais aussi à certains faits historiques. Cette fois encore, le style de musique varie d'un titre à l'autre et ne s'inscrit pas aisément sous une étiquette globale. Ainsi I Miss The Stars est-il par exemple auréolé d'une atmosphère planante à la Pink Floyd tandis que l'instrumental Defiance est au contraire articulé sur une rythmique de plomb. Entre ces deux extrêmes, Coming Back est un morceau au tempo medium porté par une rythmique roborative calée sur la basse énorme de Mark Gatland. Également planant, De Humani Corporis Fabrica bénéficie d'une splendide partie de flûte jouée par Kathryn Thomas et, de ce fait, se trouve être l'un des sommets de l'album. Au milieu du morceau, l'ambiance change et la musique se fait plus puissante tandis qu'une guitare électrique s'envole en faisant monter la pression. Sur Stand Up, plus dans l'air du temps avec son accompagnement électronique, et dans une moindre mesure sur When I Was A Ship, le flot continu des paroles, qui me fait penser à une forme de rap, sonne moins bien à mes oreilles (mais c'est subjectif car j'avoue avoir toujours eu un problème avec ce genre de musique). Je leur préfère de loin le chant émotionnel du splendide Lidice dédié à la mémoire des habitants de ce village en ex-Tchécoslovaquie qui fut éradiqué en juin 1942 par les troupes de l'Allemagne nazie en représailles après l'assassinat de Reinhard Heydrich. Out Of Mind offre une musique éclectique, abordable et même agréable à écouter qui supporte des textes intelligents, le tout composant un concept fort attachant. Les amateurs de prog symphonique versatile et ambitieux y trouveront largement leur compte même si l'on sent bien que le groupe en est encore à explorer ses réelles capacités. [ Out Of Mind (CD & MP3) ] [ Out Of Mind sur Bandcamp ] [ A écouter : Out Of Mind (album teaser)Stand Up ] |
Hats Off Gentlemen It’s Adequate : Broken But Still Standing (Glass Castle Recordings), UK, 12 décembre 2017
1. Vent (03:02) - 2. Almost Familiar (05:25) - 3. Luca To Lucy (05:09) - 4. Lucy (01:54) - 5. Last Man On The Moon (06:02) - 6. Advancing On Snailback (04:29) - 7. Anywhere (04:33) - 8. One Day When (03:34) - 9. I Fell In Love With A Mechanical Dragon (03:33) - 10. Let Me Out (03:55) - 11. Under The Skin (02:58) - 12. Lucid Assassin (04:41) - 13. Broken But Still Standing (02:55) - 14. All Alone Together (02:46) - 15. Host (03:13) - 16. Transient Stars (05:31) - 17. Close My Eyes (06:33) Malcolm Galloway (chant, guitare, claviers, basse); Mark Gatland (basse, Chapman Stick, claviers, guitare); Kathryn Thomas (flûte, flûte basse, chant); Rudy Burrell (drums); James Galloway (chant, claviers); Ethan Galloway (chant). Le nom Hats Off Gentlemen It's Adequate recouvre d'abord celui du compositeur, multi-instrumentiste et chanteur britannique Malcolm Galloway. Ce dernier est toutefois secondé sur ce disque par d'autres musiciens dont un second multi-instrumentiste, Mark Gatland, la flûtiste Kathryn Thomas et le batteur Rudy Burrell. Compris entre deux et six minutes, les 18 titres du répertoire s'inscrivent dans un concept mêlant histoire, évolution et futurologie qui renvoie vaguement au thème du dernier roman de Dan Brown : Origine. Il y est en effet question de l'évolution de l'humanité depuis les premières cellules jusqu'à l'homme moderne via diverses coalitions et sa symbiose en finale avec les intelligences artificielles. Pour raconter une aussi vaste épopée, Malcolm Galloway a transgressé plusieurs styles de musique, la plupart évocateurs, qui plongent l'auditeur dans une atmosphère propice à faire surgir des images. Ainsi l'album s'ouvre-t-il sur Vent, un instrumental planant qui sert de bande son pour la création des premières formes de vie dans la soupe océanique primordiale. Après un Almost Familiar presque floydien, la découverte en Ethiopie de l'australopithèques Lucy est revue sur une musique plus mystérieuse transcendée par une splendide partie de flûte de Kathryn Thomas. Progressivement, les aléas et les transformations de l'humanité sont ainsi évoqués d'une manière qui reste globalement nostalgique, voire poétique, jusqu'à Anywhere, morceau à partir duquel le ton change, l'album devenant plus rock au fur et à mesure que la technologie entre en jeu. I Fell In Love with A Mechanical Dragon, Let Me Out, Broken But Still Standing Till I Fall et Host apparaissent ainsi plus énergiques dans un style pop-rock moderne et accessible, quelque part entre David Bowie et les premières productions en solo de Brian Eno, tandis que Lucid Assassin renoue avec des boucles électroniques à la Tangerine Dream accouplées à une rythmique "bass & drums". L'album se clôture sur Close My Eyes, un des morceaux les plus prog du disque incluant de belles envolées de synthés, encore que le style de cette chanson soit lui aussi plutôt indéfinissable. En dépit des multiples genres abordés, Broken But Still Standing est une œuvre cohérente en ce que la musique suit une logique implacable dans sa progression, collant ainsi au plus près à l'histoire qu'elle raconte. Parfois minimaliste, parfois complexe, souvent cinématique et prenant, cet album est une mosaïque de belles couleurs qui saura retenir toute votre attention. [ Broken But Still Standing (MP3) ] [ Broken But Still Standing sur Bandcamp ] [ A écouter : Broken But Still Standing Pt. 1 ] |
ISProject : The Archinauts (AMS Records), Italie, 29 septembre 2017
1. Ouverture (03:54) - 2. The Architect (06:23) - 3. Mangialuce (07:39) - 4. The City And The Sky (04:57) - 5. Lovers In The Dream (05:59) - 6. The Mountain Of Hope (06:31) - 7. Between The Light And The Stone (14:37) Ivan Santovito (chant); Ilenia Salvemini(chant); Giovanni Pastorino (claviers); Simone Amodeo (guitare); Andrea Bottaro (basse); Paolo Tixi -(drums); Martin Grice (flûte, saxophone); Fabio Zuffanti (directeur artistique). Encore une petite perle rare venue d'Italie. Un duo cette fois, composé du chanteur et compositeur de tous les titres, Ivan Santovito, et de la chanteuse Ilenia Salvemini. Gage de qualité, l'album est supervisé par le talentueux multi-instrumentiste Fabio Zuffanti (La Maschera di Cera, Höstsonaten & Finisterre) tandis que la musique est interprétée par son groupe, le Z-Band, qu'il a réuni pour l'accompagner en tournée quand il se produit en solo. Une véritable osmose a eu lieu entre le tandem vocal et le groupe, si bien que la musique apparaît fort bien équilibrée, alternant des passages chantés de toute beauté avec des sections instrumentales où brillent la guitare de Simone Amodeo et les claviers de Giovanni Pastorino. La musique, que l'on peut définir comme du prog symphonique, offre au fil des plages des moments grandioses (Ouverture), d'autres néo-classiques à la Höstsonaten mais qui rappellent aussi parfois le groupe Renaissance, et d'autres encore qui se nourissent de l'énergie du rock. Tout cela est fort bien arrangé. Les chansons sont lisses et agréables à écouter en dépit de leurs multiples changements d'atmosphère, ce qui dénote un important travail d'écriture : Ivan Santovito a en effet peaufiné son œuvre de 2013 à 2015 avant d'entrer en studio fin 2016. La combinaison des voix est également splendide, celle féminine de Ilenia Salvemini s'unissant ou s'enroulant autour du chant de Santovito en lui donnant une dimension supplémentaire ou délivrant de belles vocalises. Enfin, on a aussi fait appel à d'autres instruments par l'intermédiaire de Martin Grice en invité qui joue de la flûte et prend un chorus de saxophone sur l'épique Between The Light And The Stone (Entre La Lumière Et La Pierre). Inspirés par le livre Ho Venduto La Morte All'amore de Nicola Boccadoro, les textes en anglais, reliés dans un concept poétique à d'autres formes d'art comme la photographie et l'architecture, racontent les peurs et les appréhensions de notre temps en cherchant avec espoir une signification à la vie. Tout a été pensé avec soin jusqu'au moindre détail et ça s'entend : ni ancienne ni trop moderne, la musique de ISProject est fluide, riche en émotions, souvent aérienne malgré la diversité des ambiances, et sublimée par une production soignée. Dès lors on ne peut que s'incliner et rendre hommage à cet album splendide qui fait honneur à ce que le prog italien a de meilleur. [ The Archinauts (CD & MP3) ] [ ISProject sur AMS Records ] [ A écouter : Ouverture - Between The Light And The Stone ] |
Möbius Strip : Möbius Strip (Indépendant, distribution par Musea Records), Italie, 27 mars 2017
1. Bloo (09:37) - 2. Déjà Vu (08:24) - 3. First Impressions (07:49) - 4. Call it a Day (02:43) - 5. Andalusia (08:30) - 6. Möbius Strip (08:48) Lorenzo Cellupica (claviers); Nico Fabrizi (saxophone & flûte); Eros Capoccitti (basse); Davide Rufo (drums). Le nom de ce jeune quartet italien originaire de Sora renvoie au célèbre ruban de Möbius (dessiné sur la pochette) qui autorise le passage d'une face à l'autre sans saut ni rupture, une métaphore symbolisant dans ce cas la fusion naturelle entre différents styles dont le jazz et le rock progressiste sont les plus apparents. Avec ses interventions de saxophone et de piano électrique plus ses multiples variations de tempo allant de passages alanguis à d'autres plus groovy, le premier titre, Bloo, nous entraîne toutefois sur une autre piste : celle de l'école de Canterbury qui regroupa jadis des groupes comme Caravan ou Soft Machine. Ça joue avec beaucoup d'espace et de nuances qui transforment la notion de temps et rendent ce morceau, qui frôle les 10 minutes, beaucoup plus court qu'il ne l'est en réalité. Ce n'est cependant qu'un leurre car le reste de l'album est différent. Ainsi, le titre éponyme qui clôture le répertoire se situe-t-il dans un contexte beaucoup plus proche du jazz même si ça reste un jazz très séduisant et accessible. Lorenzo Cellupica, compositeur de tous les titres et claviériste du groupe, joue ici de plusieurs claviers soulignant les harmonies tout en optant dans son improvisation pour un piano acoustique sur lequel il délivre un solo aussi léger qu'inspiré. Le saxophoniste Nico Fabrizi est le gardien de la mélodie dont il ne s'écarte jamais vraiment tandis que le bassiste Eros Capoccitti, très présent sur l'entièreté de l'album, délivre un beau solo de basse électrique tout en rondeurs. Entre ces deux morceaux, quatre autres titres permettent d'apprécier les qualités du groupe et l'interaction naturelle entre ses musiciens, en particulier le lyrique Call It A Day avec ses sonorités acoustiques délicates et Andalusia dont le thème d'inspiration espagnole est l'alibi pour un jeu plus vigoureux et des rythmes plus enlevés. Enfin, dans une veine légèrement plus fusionnelle, First Impressions confirme la bonne tenue de ce groupe qui a choisi la cohérence d'une entreprise collective où chacun apporte sa contribution aux compositions, plutôt que l'émanation désordonnée de virtuosités individuelles. C'est cette approche intelligente et mesurée associée à une large ouverture d'esprit qui rend la musique de Mobius Trip si chaleureuse. Ceux qui apprécient des artistes comme Soft Machine (celui plus jazzy de la période Four et Fifth), Matching Mole, In Cahoots de Phil Miller, Gilgamesh, et même Bill Bruford (avec Earthworks sur Sound Of Surprise) feraient bien d'écouter cet album. [ Möbius Strip sur Bandcamp ] [ A écouter : Bloo - First Impressions - Call it a Day ] |
Cirkus : Wild Dogs (Indépendant), Canada, 16 septembre 2017 Ce trio originaire de Trois-Rivières au Québec sort une première œuvre colossale : quelques 140 minutes de musique étalée sur deux compacts dont la pochette, en plus du nom du groupe et de l'intitulé de l'album, affiche comme un avertissement "Definitive and Officiel Bootleg". Peut-être parce que cette autoproduction a été réalisée avec leur propre matériel plutôt que dans un studio professionnel, permettant ainsi au groupe de peaufiner à l'aise leurs compositions et de les enregistrer à leur rythme quitte à ne pas avoir un son optimal. Manifestement inspirée par le prog symphonique et mélodique des 70's et par le néo-prog des 80's, la musique de Cirkus n'en est pas moins très éclectique avec pas mal de surprises à la clé. Bien sûr, chroniquer en détail une telle production monumentale après deux ou trois écoutes relève de l'utopie d'autant plus que les titres frôlent ou dépassent souvent les 10 minutes avec de multiples variations de rythmes, de couleurs et d'ambiances. Quelques morceaux retiennent cependant illico l'attention comme Falling The Tree avec ses claviers vintage et son passage atmosphérique digne de Barclay James Harvest, le court Hang Over et son arrangement luxuriant à la Moody Blues, l'instrumental Wild Dogs qui en raison du travail sur les percussions fait parfois penser à Mike Oldfield, ou encore l'entraînant Redeemer auquel l'orgue donne une tonalité gothique médiévale des plus réussies. Plus aventureux, l'instrumental Limbo met aussi en exergue une volonté d'allier belles mélodies et arrangements sophistiqués pour un résultat qui flatte l'oreille et assume une totale lisibilisé. Quant à la pièce la plus imposante du répertoire, Dalhousie's Walk, elle coule comme du miel au soleil grâce à ses percussions hypnotiques qui m'évoquent les premiers albums de Santana mais aussi à cause de ses virages climatiques qui évitent toute lassitude. Globalement, les titres sont très fluides et il n'y a guère ici d'envolées instrumentales démesurées, les musiciens restant d'abord concentrés sur la mise en valeur des compositions d'Alain Proulx. Les voix sont agréables et les arrangements très soignés. Il reste bien sûr un peu de marge pour des améliorations : quelques passages auraient pu être plus concis tandis que certaines idées (comme les cuivres sur Limbo) auraient mérité d'être approfondies en vue d'apporter un grain de folie. Quant à la production moelleuse, si elle est loin d'être déplaisante, elle n'est pas non plus exceptionnelle et aurait sans doute gagné en expressivité à passer entre des mains plus expertes. Il n'en reste pas moins que Wild Dogs est une première réalisation à la fois généreuse et séduisante qui mérite bien d'être écoutée. A suivre ! [ Cirkus sur Bandcamp ] [ A écouter : Wild Dogs (teaser) ] |
Xavier Boscher : Embryogenesis (Orfeo Lab), France, 24 novembre 2017 Embryogenesis, le nouvel album de Xavier Boscher, est différent de son prédécesseur, Pentagramme, sorti en 2016. Cette fois, l'accent est mis sur ses capacités de multi-instrumentiste tandis que le chant est quasi inexistant. Il en résulte un disque moins "prog symphonique" par essence et davantage orienté sur la fusion et, surtout, sur la guitare qui est la vraie star du disque. Boscher joue sur des guitares électriques PMC customisées dont on peut voir un exemplaire dans le livret de la pochette et il en tire le meilleur. Sur quelques titres, il a quand même invité d'autres guitaristes lead comme Benjamin Masson sur Cornucopia ou Loïc Manuello sur Illumination, afin de varier les tonalités, les styles et les plaisirs. Les rythmes sont travaillés et les compositions, toutes du leader, flattent l'oreille avec des arrangements qui sortent des sentiers battus. Cornucopia est ainsi bourré de variations diverses avec des parties de six cordes qui décoiffent, le tout restant pourtant accessible et, allez savoir pourquoi, un rien exotique. Sur Female Architecture, la fusion se mâtine de métal avec des riffs rageurs mais, alors qu'on croit avoir mis le cap vers les quarantièmes rugissants, voilà qu'à 2'40" la musique mute en un passage cool et jazzy, un peu comme si on venait de refermer la porte d'un club ouaté sur la vie trépidante d'une ville en fête, mais c'est juste le temps de jeter un coup d'œil avant de retourner à la rue avec obstination. Le même principe d'alternance est appliqué sur Blastocyst, ce qui a l'avantage d'aérer ces morceaux et de les rendre plus agréables à écouter. Cells offre l'un des meilleurs moments du répertoire : la mélodie y est grandiose et l'arrangement somptueux et c'est sans parler des parties de basse enthousiasmantes jouées par Jean-Jacques Moréac en invité (écoutez son solo à partir de 3'27"). Quant au titre éponyme qui s'étend en finale sur près de 20 minutes, il expose avec force toutes les qualités de Xavier Boscher, projetant en feu d'artifice des styles différents qui se télescopent sans prévenir, sautant du rock mélodique à la fusion débridée, et du métal tonnant à des sections atmosphériques. Xavier Boscher a réalisé un album exigeant et énergique, avec beaucoup de passerelles entre divers univers musicaux. Etonnant mais surtout remarquable si l'on considère que, mis à part quelques rares interventions extérieures, cette musique bouillonnante a été écrite, jouée et produite par un seul homme ! [ Embryogenesis (CD & MP3) ] [ Xavier Boscher website ] [ Embryogenesis sur Bandcamp ] [ A écouter : Cornucopia - Illumination ] |
Tokamak : Confessions (Indépendant), France 2017 Après un premier EP éponyme prometteur en 2010 et un album réussi sorti deux ans plus tard, ce groupe originaire de Marseille existe toujours et le prouve avec cette troisième autoproduction indépendante présentée sous la forme d'un digipack aux idées noires qui inclut un livret avec toutes les paroles des chansons. Le premier titre qui donne son nom à l'album confirme que le style de Tokamak est resté à la croisée de plusieurs genres, quelque part entre rock classique et métal avec quelques connotations progressives. La guitare aussi lourde que celle de Tommi Iommi délivre des riffs noirs comme un orage d'été tandis que le chanteur Jorge Dias incite un ami à venir confesser ses tourments, ce que personnellement je ne ferais sans doute pas dans une ambiance aussi plombée. Mais cette composition qui joue sur une forme d'opposition (menace / confiance) a de l'allure et n'est pas sans évoquer la force subtilement maléfique des premiers disques de Black Sabbath. Fake poursuit dans la même veine et l'on constate combien la cohésion de Tokomak s'est accrue au fil des ans, consolidée à la fois par d'innombrables concerts et par une volonté affirmée de progresser ensemble. Make Me Deaf témoigne surtout combien les compositions ont été élaborées avec soin et ce n'est pas la ballade semi-acoustique Soldiers Of Pictures qui me contredira : son accompagnement nostalgique au piano et son texte dédié aux journalistes couvrant les conflits armés sont tout simplement superbes. The Race et l'excellent One Life relèvent davantage du rock classique avec des textes plus longs désormais tous chantés en anglais ainsi qu'une attention accrue accordée à la mélodie et au chant. C'est nouveau chez Tokamak et cette diversité aidera certainement à rendre leur musique accessible à un plus large public. L'album se clôture sur Shadows Of Mind dont les paroles sont plus obscures. Après un début lent et atmosphérique, la musique va crescendo comme un fleuve qu'on remonte jusqu'à atteindre un climat propice à un solo de guitare planant qui se termine malheureusement beaucoup trop vite. Avec la simplicité et l'efficacité des artistes qui connaissent leurs limites (beaucoup se font malheureusement des illusions à cet égard), Tokamak a conçu un disque équilibré à la hauteur de ses ambitions : jouer un rock de qualité qui fera passer un bon moment à tout le monde (y compris à eux-mêmes). Si l'on regrette un peu que le groupe n'ait pas persévéré à chanter en français (leur anglais est correct mais manque forcément de cette émotion primale qui n'est transmissible que dans une langue maternelle), on ne peut qu'applaudir cette production soignée, et la plupart du temps captivante, qui marque à la fois une évolution de leur musique et un plus grand professionnalisme. [ Tokamak website ] [ A écouter : One Life (documentaire sur l'enregistrement) ] |
Ali Ferguson : A Sequence Of Moments (Indépendant), UK, janvier 2016 Les bruitages (en fait des extraits d'émissions sur le thème de l'existence de Dieu) étant certes un peu longs, "Why Are We Whispering?" a du mal à décoller mais, après deux minutes, quand la guitare se met à rugir, on se redresse, l'oreille aux aguets. Ce son, cette réverbération, cette puissance hypnotique qui s'échappe de quelques notes essentielles, elle vient d'un autre temps quand David Gilmour et Roger Waters avaient encore la rage au ventre. La voix trafiquée par divers effets, la basse roulante, la batterie hypnotique mêlée à un soupçon d'électronique ainsi que les envolées mystiques d'une voix féminine inconnue planant au-dessus de la masse sonore : voici une composition qui donne la chair de poule en réinventant l'héritage sonique du Pink Floyd, modernisé par une approche actuelle mi ambient mi post-rock. Une bonne partie de l'album renouvelle cette extraordinaire réussite avec d'autres mélodies mémorables enrobées dans des arrangements somptueux qui ont l'intelligence d'être différents à chaque fois. On pense parfois au Alan Parsons Project ou à Andy Jackson, à RPWL ou à Airbag, voire à Moby dans sa version la plus atmosphérique, ou alors, sur "Is This Enlightenment?" sous-tendu par des boucles de musique électroniques, à Tangerine Dream. Et même la ballade plus classique Into Falling Stars fonctionne à merveille avec des vocaux plus susurrés à l'oreille que chantés sans oublier, en finale, un solo de guitare lâché dans le firmament comme un grand cri d'amour. Above This Fractured Earth clôture le disque comme il a commencé : introduit longuement par des échantillonnages de voix d'enfants, la mélodie éthérée finit par émerger lentement à la surface avant de s'ouvrir sur un dernier solo de guitare, bleu comme la stratosphère, aussi nonchalant que pourvoyeur d'émotion, et qui prouve une fois encore que dans le rock, ce qui compte est moins ce qu'on joue que la manière de le jouer. Après un Endless River (Pink Floyd) en forme de recyclage émouvant et un Rattle That Lock (David Gilmour) agréable mais convenu, il fallait bien se rendre à l'évidence que la flamboyance cosmique des Shine On You Crazy Diamond, Echoes et autres The Great Gig In The Sky appartenait définitivement au passé. J'avais tort ! Depuis Edimbourg dans son Ecosse natale, un musicien encore quasi inconnu nommé Ali Fergusson a soufflé sur la braise et d'un coup de guitare magique, a fait renaître sans mimétisme d'anciens feux épiques. Pas de doute, A Sequence Of Moments nous fait à nouveau vibrer et quand on vibre, c'est que c'est bon ! [ A Sequence Of Moments (CD & MP3) ] [ A écouter : Why Are We Whispering? - Out Of The Dark ] |
Nebia : Monolithe (Indépendant), France, octobre 2017
1. Derrière l'Écume (5:28) - 2. Racines Sacrées (7:08) - 3. Funambule (4:16) - 4. Doigt Cosmique (introduction) - 5. Doigt Cosmique (4:03) - 6. Epicez Tout ! (3:27) Alexandre Armand (saxophone baryton); Joris Prigent (claviers); Julien Massé (drums) Trio à l'instrumentation rare dont la musique se situe à la frontière de plusieurs genres, Nebia ne ressemble guère à votre groupe de prog ou de jazz habituel mais ça ne veut pas dire pour autant que ses vibrations ne sont pas attractives. Premier titre du répertoire, Derrière l'Écume évoque une sorte de post-jazz atmosphérique bientôt zébré par un saxophone baryton qui transitera progressivement d'un lyrisme exacerbé au paroxysme avec en point d'orgue un cri libérateur. Racines Sacrées dévoile davantage les qualités de cette formation hors-norme : la batterie tribale et monolithique invoque avec énergie l'intitulé de l'album tandis que Joris Prigent déroule des chapelets de notes sur ses claviers électriques. Quant à Alexandre Armand, son baryton insuffle vie à la composition, imposant d'abord un riff qui monte lentement en puissance avant d'exploser en un jaillissement des plus réjouissants. L'ambiance est là, palpable, stimulante, capable de faire oublier que ce dernier titre dépasse les sept minutes. Au-delà de sa construction rigoureuse, le troisième morceau, Funambule, est tout aussi habité par une tension extrême qui renvoie à la fin des années 60 quand le jazz enfin libre et le rock naissant s'entrelaçaient en de suaves et brûlantes étreintes. Vient ensuite Doigt Cosmique qui se décline en deux sections séparées, la première étant une calme introduction au piano électrique de la seconde qui met derechef en exergue le jeu effervescent du souffleur. Epicez Tout! clôture déjà ce mini-album (26 minutes au compteur) en brisant les dernières barrières, la musique déferlant cette fois sans retenue dans une combinaison roborative de rock, de métal et de free-jazz. Financé de manière participative, Monolithe offre une brève mais intense présentation de ce power trio français pour le moins original qu'on souhaite maintenant ardemment écouter sur scène. [ Nebia sur Bandcamp ] [ A écouter : Nebia (teaser) ] |
Yggdrazil : Settimo Grado di Separazione (Indépendant), 2005 - Réédition CD (Psych-Up Melodies), 2012
1. Conception of time (7:46) - 2. Lizard. (2:39) - 3. Gig (4:39) - 4. Every man (3:36) - 5. By my time (7:03) - 6. Specular (4:13) - 7. Separazione (12:43) - 8. Outtake 1 (5:40) - 9. Outtake 2 (8:29) - 10. Outtake 3 (6:59) - 11. Outtake 4 (11:00) Francesco Graziosi (chant); Antonio Pagnotta (guitare); Gerardo Iorlano (basse); Ivan Olivier (drums) Totalement inclassable, cet unique album sorti en 2005 du groupe italien Yggdrazil connaît maintenant une seconde jeunesse grâce à une réédition par le label italien Psych-Up Melodies. Quatre titres sans nom ont été ajoutés en bonus mais franchement, ces démos mal enregistrées auraient pu être omises car elles n'apportent strictement rien au répertoire original. Mieux vaut donc se concentrer sur les sept titres officiels qui sont déjà suffisamment difficiles à aborder. C'est que le style de ce quartet qui ne comprend pas de claviers combine différentes musiques relevant soit du métal (mais un métal fou, pas celui technique et hyper-organisé de Dream Theater), soit du rock psychédélique, soit encore des passages indéfinis et complexes qui frôlent parfois l'avant-garde (Lizard et Gig). Les arrangements sont également bizarres si bien que si les idées fusent, elles ne semblent pas toujours avoir été bien intégrées dans une structure pensée à l'avance. Ainsi par exemple, sur Conception Of Time, le solo de guitare final ultra-speedé arrive de nulle part et semble collé sur le reste tandis que sur By My Time ou sur Specular, les transitions entre sections calmes et explosions lourdes, aussi inattendues qu'éprouvantes, semblent bien chaotiques. Et comme la production n'est pas un modèle de clarté, il faut certes s'habituer avant d'apprécier cette musique qui va où elle veut quand elle veut. Enfin, la voix haut-perchée de Francesco Graziosi, qui chante aussi bien en anglais qu'en italien (sur le dernier titre), est tellement particulière qu'elle ne saurait faire l'unanimité. Pourtant, en dépit de ce qui vient d'être dit, on ressent après plusieurs écoutes quelques affinités pour cette musique. Est-ce à cause de son côté imprévisible, voire free ? Ou pour l'énergie brute qu'elle dégage ? Ou encore parce qu'elle parvient, ici et là, à instiller une atmosphère sombre et menaçante ? Difficile à dire. En tout cas, Settimo Grado di Separazione (le septième degré de la séparation) intrigue et montre certaines qualités (qui apparaissent le mieux sur Every Man et surtout dans le dernier titre Separazione, le plus long et le mieux structuré du répertoire). Sans être tout-à-fait fait fan, je suis quand même satisfait d'avoir découvert leur musique qui, avec davantage de rigueur dans l'écriture et une production digne de ce nom, aurait sans doute été beaucoup plus convaincante. [ Yggdrazil sur Psych-Up Melodies ] [ A écouter : Conception Of Time - Separazione ] |
Tautologic : Re:Psychle (Turtle Down Music), 18 janvier 2018
1. Loud Shoes (03:34) - 2. Not If But When (02:19) - 3. The Admiral (3:08) - 4. The Professor (6:08) - 5. On Your Left (4:06) - 6. The Choirboy (5:40) - 7. Coltrane Supermarket (4:21) - 8. The Whistler (03:42) - 9. The Gospel Lady (4:55) - 10. Osaka Garden (4:34) Ethan Sellers (chant, claviers, guitare acoustique); Pat Buzby (drums); Nathan Britsch (basse); Chris Greene (sax ténor, alto, soprano : 4, 5, and 7); Aaron Weistrop (guitare); Jeff Yang (violon); Nick Photinos (violoncelle) + Invités. Formé en 1997 à Chicago, Tautologic n'en est qu'à son deuxième album qui sort dix-huit années après West Is North, East Is South (2000). Bien que rattaché au prog, ne serait-ce que par la variété des styles abordés, leur musique n'a pas grand-chose à voir ni avec les classiques des 70's comme Yes ou Genesis ni avec le néo-prog des Marillion et consorts. On y retrouve en revanche l'énergie et le psychédélisme de certains groupes pop-rock de la fin des années 60, associés à un folk-rock tel que le pratiquait à l'époque des ensembles comme Fairport Convention, Strawbs ou Trees. Pour décrire plus correctement ce que Tautologic nous offre, mieux vaut plonger au cœur de quelques-uns des titres du répertoire et tenter de donner quelques références utiles. Not If But When se décline sur un drôle de rythme funky à l'ancienne souligné par une guitare bien saturée tandis que The Professor se caractérise par une mélodie angulaire que n'aurait pas reniée Gentle Giant. The Whistler est ce qui ressemble le plus à du folk-prog avec un violon omniprésent et un refrain obsédant. La présence du violon et la manière d'en jouer font un peu penser, sinon au son, du moins à la démarche de ce groupe mythique, aujourd'hui un peu oublié, qu'était East Of Eden. The Gospel Lady renvoie plutôt à une de ces chansons cool qu'aurait pu délivrer Jefferson Airplane à Woodstock, l'ample solo de guitare à la Jorma Kaukonen inclus. En dépit de son titre faisant référence au plus célèbre des saxophonistes de jazz, Coltrane Supermarket est plutôt une chanson de British pop quelque part entre les Kinks et les Beatles. Enfin, avec ses guitares acoustiques et sa gentille mélodie en demi-teintes, Osaka Garden renvoie à Magna Carta. On l'aura compris, en dépit de son patronyme, Tautologic est tout sauf redondant. Leur musique est un creuset de styles différents dont le principal dénominateur commun est une inflexion pour la pop psyché de la fin des sixties, sauf que les textes qui sont chantés ici racontent de petites histoires, glanées dans les environs de Chicago, où il est question de conspirations, d'addiction, de problèmes liés aux vétérans, de réflexions sociales, voire écologiques, quand ce n'est pas une description élégiaque des jardins d'Osaka. Re:Psychle n'est sans doute pas votre genre d'album habituel mais c'est aussi une des raisons pour lesquelles il mérite une écoute attentive. [ Re:Psychle (MP3) ] [ Re:Psychle sur Bandcamp ] [ A écouter : The Choirboy ] |
Commentaires et avis sur ce site : livre d'or Contact pour promotion et chronique : @dragonjazz.com |