Le rock progressiste de 1968 à aujourd'hui (3)



1991 - 2000 [ 1968 - 1980 ] [ 1981 - 1990 ] [ Après 2000 ]



Les 90's : Internet et la renaissance


Au début des années 90, il ne reste plus grand chose des grands groupes fondateurs du genre vingt ans auparavant. King Crimson plongé dans sa seconde hibernation depuis 1984 ne donne aucun signe de vie, Yes n'arrive pas à retrouver un nouveau souffle et Pink Floyd bien qu'emmené par un David Gilmour toujours flamboyant à la guitare semble désormais condamné à se répéter inlassablement. Seul Andrew Latimer, exilé en Californie, fait renaître Camel de façon inespérée avec un disque lumineux (Dust and Dreams, 1991), prélude à une nouvelle série d'opus qu'il éditera désormais sur son nouveau label (Camel Productions). Le Néo-progressif lui aussi paraît désormais en perte de vitesse depuis la dérive de ses principaux créateurs vers une musique plus commerciale (Marillion avec Seasons End, 1990 et Holidays in Eden, 1991 ; IQ avec J'ai Polette D'Arnu, 1991) . Cette baisse de productivité va de pair avec l'édition de disques en forme de bilan regroupant les meilleurs compositions des groupes ou d'anciens titres oubliés ( Pendragon : The Rest Of, 1990 ; Twelfth Night : Collector's Item, 1991 ; Yes : Yesyears, 1991 ; King Crimson : Frame by Frame - The Essential King Crimson, 1991).


Le rock progressiste est désormais une affaire de l'ombre, un art underground ignoré des critiques et des radios qui n'est plus reconnu que par un maigre public irréductible et éparpillé et dont les goûts musicaux plongent dans la consternation tout amateur de musique populaire. Pourtant la résistance s'organise avec l'apparition de nouveaux groupes aux productions encore toutes confidentielles comme Ozric Tentacles (Erpland, 1991), Echolyn (Echolyn, 1991), et surtout Porcupine Tree (Up the Downstair, 1993), Anglagard (Hybris, 1992), Anekdoten (Venom, 1993) et Dream Theater qui, après un premier coup dans l'eau en 1989 (When Dream and Day Unite), révèle avec Images & Words (1992) le premier grand guitariste rock de la décennie, John Petrucci, et opère un croisement énergétique entre métal et progressif, forgeant ainsi un nouvel obus qui ne va pas tarder à passer en vitesse lumière.


Mais ce qui a tout changé est d'ordre plus technologique que musical. Les années 90 voient en effet l'éclosion d'un phénomène unique dans l'histoire de l'humanité : la mise en place d'un gigantesque réseau d'information et d'échange sur lequel circuleront désormais dans un foisonnement de plus en plus en plus intense toutes les envies, les connaissances et les passions. Sur le plan musical, et pour des sous-cultures comme le jazz ou le rock progressiste peu ou non couverts par les médias traditionnels, Internet entraînera au moins quatre conséquences majeures. La première est la mise en ligne de sites officiels par les artistes qui peuvent désormais s'exprimer et se présenter librement en offrant annonces, textes, analyses, critiques et même, alors que les hauts débits frappent aux portes des villes, des extraits audio et vidéo téléchargeables de leur musique ou de leurs concerts. La seconde est la possibilité d'acquérir, et parfois à des prix très avantageux, des disques souvent introuvables dans les bacs des disquaires, créant ainsi un marché parallèle avec pour effet indirect la réédition digitalisée de disques rares (l'édition systématique des concerts enregistrés par King Crimson depuis 1969 par exemple) ou enregistrés par des groupes obscurs et depuis longtemps oubliés. La troisième est une internationalisation d'un genre initialement centré sur l'Angleterre avec la soudaine révélation d'une culture Prog souterraine disséminée dans des pays aussi divers que les Etats-Unis, la Finlande, la Suède, l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne, le Brésil, l'Argentine, l'Ouzbékistan, le Japon sans parler de la Russie et des pays d'Europe Centrale et de l'Est dont on a découvert seulement récemment la qualité des nombreux groupes et productions. Le quatrième effet et non le moindre aura été de fédérer les amateurs dispersés d'un genre particulier en leur offrant des espaces d'expression et des forums de discussion. Tout ceci a été à la base d'une extraordinaire émulation, pas uniquement commerciale, entre les musiciens et les amateurs qui sont passés rapidement du stade de consommateurs anonymes et frustrés à celui de participants actifs à l'expansion d'un genre dont le potentiel commercial est jugé insuffisant dans un monde dominé par la consommation de masse et la conformité à des étiquettes moins hétérogènes.


Tout bien considéré, cette rencontre entre Internet et le Rock progressiste n'est pas aussi fortuite qu'on pourrait le penser. Après tout, la musique progressive est issue des campus anglais où les étudiants des classes moyennes sont davantage passionnés par la science-fiction et la fantasy, la philosophie, la métaphysique, les arts décoratifs, les musiques expérimentales et la technique (les ordinateurs, les synthétiseurs et le multimédia) que par les histoires d'amour et de rébellion qui constituent la trame des autres formes de musique moderne. Quoiqu'il en soit, dès 1995, le rock progressiste émerge à nouveau mais cette fois comme une entité indépendante et consolidée avec ses propres critères, ses institutions et une démarche artistique cohérente plus motivée par la recherche et l'esthétique que par les lois du marché et de la rentabilité.


Quant aux tendances du rock progressiste des années 90, elles sont à nouveau aussi diverses que dans les 70's avec de nouveaux leaders qui s'affirment aussi doués que leurs prédécesseurs et dont les œuvres bénéficient d'une plus grande qualité de production et d'enregistrement. Spock's Beard, Transatlantic, Pain of Salvation, Porcupine Tree ou Les Flower Kinks assurent désormais la relève et emballeront à coup sûr touts ceux qui, faute de mieux, sont restés bloqués sur Yes, ELP, Genesis, Pink Floyd ou King Crimson. Il y a même quelques styles en plus comme le Néo-Prog revitalisé grâce à des groupes comme IQ et Pallas revenus en force avec de bonnes productions comme Ever (1993) et Beat the Drum (1999) ou Arena avec The Visitor (1998) ; le Prog-Métal qui intègre les particularités du Heavy-Metal dans des structures complexes parfois symphoniques mettant en évidence la virtuosité des musiciens (Dream Theater, Symphony X, Treshold ou Evergrey) ; et enfin ce qu'on appelle parfois le Post-Prog qui regroupe n'importe quoi et tout ce qui ne peut pas être classé ailleurs comme la musique imprévisible et versatile de Djam Karet (Reflections From the Firepool, 1989, Suspension and Displacement, 1991, Collaborator, 1994).


Place maintenant à la sélection pour quelques grands disques de cette nouvelle ère passionnante et prometteuse.









Camel : Dust and Dreams (Camel productions CP-001), UK 1991
Calme plat, mer d'huile et ennui mortel. En 1991, les amateurs de rock progressiste n'ont rien eu de neuf à mettre dans leur platine en dehors de ce disque de Camel, un groupe qui connut son heure de gloire dans les années 70 et dont la dernière manifestation remonte à 1984 avec l'album live Pressure Points. Les musiciens du line-up original sont partis à l'exception de Andrew Latimer, chanteur, flûtiste, claviériste et surtout guitariste, en fait la véritable âme du groupe depuis sa création. Ton Scherpenzeel aux claviers (ex-Kayak) et Colin Bass (basse) apparus dans les années 80 sont toujours là tandis que la batterie est confiée à Paul Burgess (ex-10CC) et les autres instruments, dont un cor, un harmonica et un hautbois, à des musiciens de studio. Concept album adapté par Susan Hoover avec des titres imbriqués dont quatre seulement sur les 16 sont chantés, Dust and Dreams, fait référence au roman Les Raisins de la Colère de John Steinbeck qui raconte l'épopée des fermiers d'Oklahoma abandonnant leurs terres poussiéreuses pendant la Grande Dépression pour une migration sans retour vers la Californie. Probable que le départ de Latimer et de Hoover qui en 1988 quittèrent définitivement l'Angleterre pour s'installer dans cette même Californie soit à la base du choix du concept. Quoiqu'il en soit, ce compact lyrique et profond, gorgé de superbes parties de guitare à la David Gilmour, est un des sommets de la discographie du groupe, à ranger aux cotés de The Snow Goose et de Moonmadness.

[ Camel Official Site ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Änglagård : Epilog (Hybris HYB), Suède 1994
Deux années après Hybris paru en 1992, le second disque d'Änglagård est une perle. Proche par son instrumentation (orgue Hammond et claviers, mellotrons, guitares, flûte, basse et batterie) des grands noms des 70's comme Genesis ou King Crimson, ce groupe suédois délivre une superbe musique tour à tour contemplative, mélodique, puissante, intense, chaotique et parfois inquiétante. Entièrement instrumental, Epilog perpétue la grande tradition du rock progressiste sans jamais paraître daté par rapport à son époque. Il faut un certain temps pour s'habituer aux abruptes transitions entre les différents climats mais on ne peut que finir totalement conquis par cette étrange et complexe dynamique structurelle. Il y a définitivement quelque chose qui vit dans les replis de cette musique à l'image du fantôme qui surveille la sombre forêt de l'extraordinaire pochette (empruntée à une artiste suédoise nommée Rut Hillarp). Etrangement, Epilog sera le dernier opus studio d'Änglagård, premier grand groupe des 90's et l'un des meilleurs du genre.

[ The Änglagård Home Page ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Pendragon : The Masquerade Overture (Toff Records), UK 1996
Depuis les années 80, Pendragon a évolué, délaissant le côté pop de ses chansons au profit de titres épiques plus longs et devenant ainsi un vrai groupe de rock progressiste, l’un des meilleurs dans le genre Néo-Prog aux côtés de Marillion et de IQ. Ce compact, enveloppé dans une superbe pochette illustrée par Simon Williams, témoigne de cette positive évolution. Après un premier morceau atypique en forme d’ouverture d’opéra qui justifie le titre de l’album, on retrouve un style plus conforme à l’univers du groupe. Toutes les chansons, dont les musiques et les textes ont été composés par le chanteur et guitariste Nick Barrett, sont des tempos moyens aux mélodies simples mais efficaces, parsemés de solos de guitare, une Fender Stratocaster dont le son évoque David Gilmour et le Pink Floyd. L’autre homme de Pendragon, c’est Clive Nolan, également à la base d'une série d’autres projets comme Shadowland et Arena. Il enveloppe les partitions de ses multiples claviers, gratifiant le disque d’une atmosphère plaisante et relaxante. Si la voix de Barrett a un accent appuyé, qui peut parfois déranger lorsqu’il interprète un personnage de théâtre à la Peter Gabriel, l’ensemble tient bien la route et contentera les amateurs d’un rock progressiste où le côté expérimental laisse largement la place au rêve et à la fantaisie. L’édition originale comprenait un second disque sans grand intérêt. Elle est maintenant remplacée par une nouvelle édition digipack avec un disque unique de 72 minutes où figure en bonus une version épique de The Last Man on Earth enregistré en concert dans la ville polonaise de Krakow et qui n’est pas inclus sur le CD Live in Krakow 1996.

[ Pendragon's Website ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Yes : Keys to Ascension (Yes Records), UK 1996
Vingt-quatre ans après Fragile, Yes enfin revitalisé retrouve l'essence de son art sur un double album enregistré pour un quart en studio et pour trois quarts live pendant trois concerts en mars 1996 au San Luis Obispo, (Californie). Et tout est oublié : les rivalités et les disputes légales autour du nom Yes, les changements incessants de personnel et les errances musicales des années 80. Du line up original de Fragile (Anderson Squire, Howe, Wakeman, Bruford), seul le batteur Bill Bruford manque à l'appel, remplacé ici par Alan White, lui aussi un vétéran de Yes puisqu'il avait déjà remplacé Bruford après son départ pour King Crimson en 1972. Les sept titres live proviennent en droite ligne des années 70 : Starship Trooper tiré de The Yes Album (71), Roundabout de Fragile (72), Siberian Khatru de Close to the Edge (72), The Revealing Science of God de Tales From Topographic Oceans (74), la reprise du America de Paul Simon qui figurait sur la compilation Yesterdays (75), Awaken et Onward extraits respectivement de Going for the One (77) et de Tormato (78). Tous sont transcendés avec une énergie nouvelle par des musiciens en pleine forme (même si l'on murmure que les vocaux d'Anderson ont été ré-enregistrés en studio) et certains titres, comme America embrasé par le guitariste Steve Howe déchaîné ou Onward, sont même bien meilleurs que les originaux. Quant aux deux nouvelles créations en studio qui constituent ensemble près de 30 minutes de musique, ce sont de belles constructions lyriques aux harmonies riches et complexes comme seul Yes savait jadis les composer et elles sont bien supérieures à tout ce que le groupe a gravé sous son nom dans les années 80. Un disque indispensable aux anciennes générations qui retrouveront la magie des seventies et aux nouvelles pour découvrir la musique toujours actuelle du plus grand des groupes de rock progressiste.

[ Yes World ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Ozric Tentacles : Curious Corn (Snapper), UK 1997
Ozric Tentacles est un groupe culte pour les amateurs de space fusion pris au piège à grands coups de frous-frous électroniques à la Tim Blake, de guitare psychédélique à la Steve Hillage, le tout ancré dans une rythmique toute basse dehors dans le style d'Hawkwind. Entièrement instrumentale, colorée à l'occasion d'influences ethniques et moyen-orientales qui atténuent la sensation de déjà entendu, la musique n'a d'autre ambition que celle de convier l'auditeur à un rituel spatial et euphorique aux codes initiatiques bien établis. Difficile d'épingler une oeuvre dans la vingtaine d'enregistrements (toutes rééditions incluses) que ce groupe britannique a réalisés depuis les années 85. Après avoir écouté Erpland (1990), Jurassic Shift (1993), Erpsongs (1994) et The Hidden Step (2000), mieux vaut déclarer forfait et proposer celui-ci qui apparemment n'offre rien de meilleur ni de pire que les précités sinon peut-être une timide ouverture sur des transes plus actuelles.

[ The Official Ozric Tentacles Website ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Fates Warning : A pleasant Shade of Gray (Metal Blade), US 1997
Trois ans après le disque Inside Out, le groupe de métal Fates Warning a remplacé son second guitariste par l'ancien claviériste de Dream Theater, Kevin Moore, et surprend son public habituel par une œuvre atypique et ambitieuse : A pleasant Shade of Gray. La musique est sombre, morose, d'une uniforme teinte grisâtre qui colle plutôt bien à une longue méditation en douze parties plus ou moins imbriquées. Un homme entre le rêve et la réalité passe une nuit d'orage à ressasser des pensées maussades, nostalgiques, indécises et apparemment sans suite logique. Alors que les mots tournent inlassablement dans sa tête, interrogeant le passé et l'avenir, les heures changent et le temps passe imperceptiblement. Quand la pénombre de l'aube se profile, il ne reste que la pluie qui tombe et le sommeil qui vient enfin, brusquement interrompu après deux minutes de silence par une sonnerie stridente dissimulée sur le dernier sillon du disque. Intéressant mais pas entièrement convaincant : les mélodies sont souvent banales, les thèmes insuffisamment liés les uns aux autres et il manque aux textes cette flamme poétique qui aurait fait la différence. L'atmosphère par contre est prenante tandis que les percussions de Mark Zonder et les claviers de Kevin Moore sont au-dessus de toute critique. Une œuvre méditative plutôt bizarre qu'il vaut mieux écouter avant d'acheter et qu'on pourra apprécier différemment selon l'humeur du jour … ou de la nuit.

[ The Official Fates Warning Website ] [ Island in the Stream (fan site) ]
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IQ : Subterranea (Giant Electric Pea), UK 1997
Depuis le retour du chanteur Peter Nicholls et l'album Ever enregistré en 1993, IQ est entré dans une troisième phase créative beaucoup plus intéressante que la seconde et plus professionnelle que la première. Malgré quelques longueurs en fin de parcours (comme si le groupe s'était laissé surprendre par l'ampleur de son projet), ce double compact en est assurément l'un des sommets. Les références sont désormais superflues : IQ y interprète des compositions personnelles brillantes, imposantes, chargées d'émotion, raffinées dans leurs textures et parsemées d'interplays entre guitares (Mike Holmes) et claviers (Martin Orford) sans oublier l'aide occasionnelle de Tony Wright au saxophone. Les mélodies aux ambiances variées sont souvent mémorables et ont été bien ajustées à la voix particulière du chanteur dont le rôle est ici primordial vu l'importante des textes. Car les dix-huit titres, introduits par une ouverture ample et dramatique, s'enchaînent en un concept album aux thèmes parfois récurrents qui racontent par fragments l'histoire un peu confuse (on ne comprend pas tout mais on n'est pas pour autant perdu) d'un homme maintenu dans l'isolement le plus complet et soudainement relâché dans le monde réel. Il y vivra diverses expériences en relation avec le rejet, l'amour et la religion avant de rencontrer d'autres personnes, marquées comme lui du symbole en forme de domino représenté sur la pochette, avec qui il va s'associer pour tenter de se venger de ses tourmenteurs. Avec cette œuvre aussi esthétique qu'ambitieuse, IQ aura finalement donné au genre néo-progressiste l'un de ses plus beaux fleurons.

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Arena : The Visitor (Verglas Music) UK 1998
The Visitor illustre à merveille la définition que l'on pourrait donner du rock progressiste classique. Des textes énigmatiques ; un concept intrigant où il est question d'un homme errant sans but sur un lac gelé dont la surface se craquelle et qui va vivre diverses expériences dans les secondes qui suivront son immersion dans l'eau froide ; des mélodies soignées et des textures riches et variées ; des parties instrumentales évoquant Pink Floyd ou Genesis jouées par des virtuoses de la guitare ou des claviers ; des arrangements très élaborés nécessitant plusieurs écoutes avant d'être appréciés ; sans oublier une pochette et un livret fascinants de Hugh Syme (Rush) dans la meilleure tradition des grands albums des 70's. Arena, fondé en 1995 par le claviériste Clive Nolan (Pendragon, Shadowland, Nolan & Wakeman) et le batteur Mick Pointer (Marillion), s'était provisoirement stabilisé au moment de l'enregistrement de ce compact autour de Paul Wrightson (voc), John Mitchell (gt) et du bassiste John Jowitt (IQ). Un line-up de supergroupe aussi efficace qu'éphémère pour une œuvre brillante, nuancée et unique qu'on peut recommander sans réserve à tout amateur de rock progressiste.

[ Arena Web Site ] [ Ecouter ce CD / Commander ] -

Dream Theater : Metropolis, Part II - Scenes From a Memory (Elektra/WEA) USA 1999
Si Rush ne dédaignait pas un peu de métal dans son rock progressiste, Dream Theater par contre y ajoute carrément du " Metallica ". Jordan Rudess, qui vient de rejoindre le groupe, combine ses claviers fulgurants à la guitare de John Petrucci pour de grands moments de pyrotechnie. Si, de Zappa à Pink Floyd en passant par le ragtime et la musique orientale, les influences sont nombreuses et diverses, l'œuvre par contre entérine la fusion de deux genres bien distincts, le rock progressiste et le heavy-metal, et propulse au sommet un nouveau sous-genre : le métal - progressiste. Je laisse à d'autres le soin de comparer ce compact au reste de la production déjà importante du groupe mais, quoiqu'il en soit, pour les amateurs du style qui nous intéresse, Scenes From a Memory constitua l'événement de 1999.

[ Dream Theater : The Official Site ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Landmarq : Thunderstruck (Synergy Records) UK 1999
Formé en 1990, le groupe anglais Landmarq est resté presque une décennie dans l'ombre malgré quatre disques en studio plutôt réussis dont les trois premiers avec le chanteur Damian Wilson (qui chante aussi avec Threshold sur Wounded Land). Ce premier disque live qui présente une collection d'enregistrements réalisés lors de concerts en Europe dans les années 1998 et 1999 confirme la maestria de la nouvelle chanteuse Tracy Hitchings dont la voix plane désormais au-dessus de la musique du groupe comme celle de Grace Slick flottait sur le Jefferson Airplane. Pas étonnant si l'on retrouve les noms de Karl Groom et Clive Nolan à la production, tous deux associés à des projets comme Pendragon, Arena ou Shadowland, puisque le style de Landmarq s'apparente d'assez près au néo-prog joué par ces groupes-là. Mais Landmarq à aussi sa spécificité qui réside, outre dans la voix de sa chanteuse, dans la qualité des mélodies, une grande spontanéité, des arrangements millimétrés et des instrumentistes doués comme la paire de membres fondateurs Uwe D'Rose à la guitare et Steve Leigh aux claviers. Ajoutez encore les éclairs mis en bocal de la superbe et intrigante pochette apparemment dénichée par hasard sur le net et Thunderstruck se positionne définitivement comme un produit emballant et à ne rater sous aucun prétexte. Choc et presque culte !

[ Landmarq : The Official Site ] [ Ecouter ce CD / Commander ]

Spock's Beard : V (Metal Blade/Radiant), USA 2000
Avec son orgue Hammond, ses longues compositions truffées de passages instrumentaux brillants, l'usage occasionnel d'autres instruments comme le cor et la trompette ou même d'un orchestre à cordes, ce groupe américain, conduit par le chanteur et claviériste Neal Morse (également impliqué dans le projet Transatlantic), prolonge avec brio la tradition d'un rock progressiste de facture classique. Louchant à l'occasion sur les harmonies complexes d'un Gentle Giant (sur Thoughts Part II par exemple), Spock's Beard ne se départit cependant jamais d'une volonté de préserver l'accessibilité de sa musique. Ce cinquième disque en studio (4 disques live et une collection d'anciens titres sont également parus) laisse entendre un groupe fort plaisant et en nette progression sur lequel on gardera désormais un œil grand ouvert.

[ Spock's Beard : The Official Site ] -
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The Flower Kings : Space Revolver (Inside Out), Suède 2000
Cet ensemble suédois de rock symphonique emmené par le chanteur guitariste Roine Stolt s'inscrit dans la grande tradition des groupes anglais des années 70 comme Camel, Steve Hackett, ELP, Asia, Genesis et parfois King Crimson (comme sur Monster Within). Leur musique est soignée, agréable, et mélange habilement les passages chantés (avec des textes souvent mystiques et optimistes) à des interludes musicaux finement ciselés. Au fil des disques (celui-ci est le septième sans compter Alive on Planet Earth), les Flower Kings intègrent de nouveaux sons en faisant appel à d'autres instruments comme le saxophone ou à d'autres styles musicaux comme la musique électronique ou le jazz, rappelant parfois ainsi les plus accessibles mixtures de Frank Zappa.

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Under The Sun (Magna Carta), USA 2000
Under The Sun est le premier disque éponyme d'un quartet de Los Angeles qui surprend par sa maturité. A son sujet, on se réfère volontiers à Yes pour certains climats et développements harmoniques, à Dream Theater ou Rush pour un côté métal caractéristique des groupes du label Magna Carta, à Peter Hammill à cause des textes cérébraux et abstraits ou même à Ozzy Osbourne pour la voix haut-perchée du chanteur et guitariste Chris Shryack. Il y a un peu de tout ça chez Under The Sun mais pas seulement. Le travail rigoureux sur les arrangements et la dynamique, la concision des thèmes, la précision des instrumentistes (avec une mention particulière au bassiste Kurt Barabas), la réflexion qui sous-tend les concepts des dix morceaux lui confèrent une sophistication exempte de clichés mais parfois un peu rigide et austère. Il leur reste maintenant à imposer quelques thèmes forts qui deviendront leur Roundabout ou leur Epitaph. Malheureusement, la défection récemment annoncée de Paul Shkut à la batterie et de Matt Evidon aux claviers laissent planer une incertitude. Espérons qu'en restructurant leur quartet, les membres restants réussiront à préserver la classe et l'originalité de ce premier opus fort recommandable.

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Porcupine Tree : Lightbulb Sun (KScope/Snapper), UK 2000
Steve Wilson aime le Pink Floyd période Meddle mais aussi les Beatles et leurs chansons aérées, les effets sonores et la distorsion vocale, les chœurs, les accompagnements de cordes, les ritournelles sur fond de piano mélancolique, les guitares psychédéliques, les textes poétiques et bien d'autres choses finalement. Lightbulb Sun est un collage de mélodies habiles aux ambiances chaleureuses et la plupart du temps méditatives, voire dépressives comme ce singulier Feels So Low exhalé en finale comme un dernier souffle. Beaucoup plus travaillé qu'on ne pourrait le croire à la première écoute, la musique apaise, attendrit et captive grâce à un son organique à la surprenante dynamique et aux textures onctueuses. Somptueusement produit et emballé dans une pochette insolite sans doute aussi bien pensée que tout le reste, ce compact autant régressif que progressif est pourvu d'un énorme charisme qui ne laissera personne indifférent.

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