Série IV - Volume 2 | Volumes : [ 1 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 6 ] [ 7 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ] |
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Hostsonaten : Springsong (Sublime), Italie, 2001 - version remastérisée et augmentée (AMS 153), 2009 Hostsonaten : Winterthrough (AMS 133), Italie, 2008 Hostsonaten : Autumnsymphony (AMS 168), Italie, 2009 Hostsonaten : Summereve (AMS 194), Italie, 2011 Hostsonaten est un projet fondé par le bassiste Fabio Zuffanti du groupe Finisterre (il joue aussi avec La Maschera di Cera). Réunissant autour de lui des ensembles divers, Zuffanti a créé une œuvre qui a fini par devenir plus célèbre que celle de son groupe principal. L’élément majeur en est une imposante symphonie en quatre albums dédiée au cycle des saisons : Summereve (l’été), Springtime (le printemps), Autumnsymphony (l’automne) et Winterthrough (l’hiver). Commencée en 2001, cette fresque musicale est enfin achevée avec l’édition en 2011 du dernier volet consacré à l’été (qui est en réalité le début du cycle), ce qui permet aujourd’hui d’écouter l’intégralité de cette production unique. Fantastique source de mélodies superbes et largement inspirée de la tradition classique et de ses prolongements via les idées de Robert John Godfrey (The Enid) mais aussi du folklore et même du jazz, cette musique instrumentale descriptive est bucolique, pastorale, génératrice d’émotions et évocatrice de paysages divers sculptés par les quatre saisons. Des langueurs monotones de l’automne aux ciels enflammés de l’été en passant par les plaines mornes et les sentiers glacé de l’hiver, cette musique symphonique peuplée de flûtes, de claviers multiples (orgue, mellotron, Moog, grand piano…), de hautbois, de violons, guitares et percussions est parfaitement ajustée à son propos : raconter la nature de manière subjective et, au-delà, ses secrets qui relèvent d’une vision cosmique. Car les saisons sont aussi les symboles des rêves et de la vie qui passe. En ce sens, ces sons amoureusement sculptés dans le silence sont autant de climats affectifs qui, une fois restitués par le compositeur, rendent l’auditeur plus perceptible, plus conscient du monde qui l’entoure et du rôle qu’il peut y jouer. Nul besoin de bruitages imitant les phénomènes naturels comme la pluie, l’orage, le chant des oiseaux ou le vent dans les arbres : la transposition musicale suffit à elle seule pour délivrer ce qui se révèle ici être des impressions ressenties plus que des perceptions objectives. Voici une musique belle, sereine et intemporelle dans laquelle s’illustrent des artistes talentueux comme Luca Scherani (claviers), Maurizio Di Tollo (drums et percussions), Edmondo Romano (saxophone, flûtes et cornemuses) et bien d’autres noms souvent remarqués dans d’autres contextes. Tous se sont mis au service de l’idée ambitieuse et généreuse de Fabio Zuffanti, devenu au fil des ans et quasiment à son insu, l’un des grands créateurs de la musique progressiste italienne moderne. Sans aucun équivalent dans le monde, son cycle des saisons peut être considéré comme l’une des plus belles réalisations de la musique instrumentale du vingt-et-unième siècle. [ Springsong (remastérisé - CD & MP3) |
Il Bacio Della Medusa : Discesa agl'Inferi d'un Giovane Amante (Black Widow), Italie 2008 | |
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Franchement, il n’existe rien de comparable à un bon disque de rock progressif italien. Les Anglais ont beau avoir inventé le genre, les Américains l’avoir durci, les Français intellectualisé et les Suédois perpétué, les productions italiennes ont une saveur particulière qui retient immédiatement l’intérêt particulièrement si elles s’inspirent du style symphonique éclectique si cher à ces groupes mythiques que sont Le Orme, PFM, Locanda Delle Fate ou Banco Del Mutuo Succorso. Ainsi en est-il du groupe, au nom imagé bien dans la tradition italienne, Il Bacio Della Medusa (Le Baiser de la Méduse) dont l’album est affublé d’un titre tout aussi imprégné de tragédie latine : Discesa agl'Inferi d'un Giovane Amante, ce qui signifie Descente aux Enfers d'un Jeune Amant. Mais Il Bacio della Medusa n’est pas une autre de ces formations obscures des seventies régulièrement exhumées par les maisons de disque mais bien un groupe contemporain en activité. Formé en 2002 dans la région de Pérouse, leur premier album éponyme sorti en 2004 n’avait pourtant pas fait une si grande impression, mais simplement attiré l’attention sur une musique autoproduite, trop uniforme et en fin de compte peu inspirée en terme de mélodie et de composition, qui penchait alors vers un hard rock teinté de folk. Heureusement, le groupe a pris soin de travailler quatre années avant de sortir son second opus dont la qualité est incomparable avec celle de son prédécesseur. D’abord, le batteur Diego Petrini, principal compositeur, s’y révèle comme un claviériste compétent (surtout à l’orgue) doublé à l’occasion d’un vibraphoniste tandis que Daniele Rinchi, violoniste de talent, vient ajouter des cordes qui renforcent les textures. D’ailleurs, l’instrumentation variée, incluant aussi flûtes et saxophone, est une caractéristique de la musique de Il Bacio della Medusa qui a considérablement élargi son spectre même s’il conserve globalement une approche musclée qui était la sienne au départ. Il s’agit là d’une musique désormais universelle et plurielle qui parvient à combiner, en un maelström de sentiments divers, du classique baroque, du folk pastoral, des flûtes à la Jethro Tull, du rock zébré de riffs d’orgue et de guitares électriques, et même une pincée de blues-rock pour faire bonne mesure. L’ensemble affiche pourtant bien son appartenance au rock progressif italien : outre les textes chantés dans la langue de Da Vinci, il se dégage de cette musique une atmosphère en clair obscur, troublante, sombre et sulfureuse parfois comparable à celle des peintures de Caravaggio. Les titres en disent long sur le concept au-dessus duquel plane l’ombre de Dante : Prélude : le trépas, Confession d’un amant, La bête et le délire, Souvenirs du supplice, Nostalgie, repentir et colère, Sueur froide au clair de lune, La bête qui grogne en nous, Mélancolie, Chœurs pour un requiem, Epilogue: fin de la descente aux enfers d'un jeune amant…. Autant d’épisodes blêmes et tragico-romantiques, superbement mis en musique par un groupe ambitieux désormais en pleine possession de ses moyens. Il Bacio della Medusa est une aubaine pour tous les amateurs de rock progressif italien : il parvient en effet à recréer la grande époque du genre tout en préservant cette âme italienne si distincte et en exhibant suffisamment de modernité pour ne pas tomber dans le simple rétro. Vivement conseillé. [ Il Bacio Della Medusa sur MySpace ] [ Discesa agl'Inferi d'un Giovane Amante |
Il Tempio Delle Clessidre (Black Widow), Italie 2010 | |
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![]() [ Il Tempio Delle Clessidre sur Myspace ] [ Il Tempio Delle Clessidre (CD & MP3) |
Celeste : Principe Di Un Giorno (Grog GRL 02), Italie 1976 - Réédition CD (Si-Wan Records), 2002 | |
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Ce quartet originaire de San Remo fait depuis longtemps partie de mon patrimoine progressif personnel. Moins connu que PFM, Banco ou Le Orme dont il se distingue par une approche plus pastorale et éthérée, Celeste est resté dans l’ombre de ses contemporains essentiellement parce qu’il était surtout un groupe de studio quasiment sans expérience de la scène. C’est donc dans la pénombre d’une pièce aux stores baissés qu’il faut goûter cette musique ensoleillée dominée par des guitares et un piano acoustiques, des flûtes pastorales et un mellotron intelligemment utilisé et dont le son typé rappelle parfois les morceaux les plus calmes des deux premiers albums de King Crimson. Magnifiquement interprétée par quatre multi-instrumentistes au jeu plein de retenue, cette musique est lyrique, imprégnée de folk et de classique et profite d’un grand éventail de sonorités (voix, saxophone, violon, synthé Arp Odyssey, clavecin, xylophone et percussions viennent aussi s’ajouter aux instruments précités). Tout est ici question d’ambiance en demi-teinte et l’atmosphère générale, véritable poétique des panoramas, est plutôt joyeuse, évoquant bien souvent la vie rurale paisible et le village vert des Hobbits du Seigneur des Anneaux. C’est à peine si le saxophone se permet de temps en temps quelques envolées jazzy vite couverte par les nappes du mellotron. Pourtant, la musique est variée, pleine de subtiles surprises et de mélodies fantastiques qui contribuent à un ravissement perpétuel. Edité confidentiellement sur le petit label italien Grog, cet album éponyme, identifié dans les notes de pochette sous le nom de Principe Di Un Giorno, est doté d’une production somptueuse. Le LP original s’est vendu à moins de 5000 exemplaires avant de disparaître une fois pour toutes des bacs de disques. Mais si vous aimez le folk-rock progressif bucolique, raffiné et qui sent l’herbe fraîche d’un printemps éternel, ne ratez surtout pas sa réédition que ce soit en compact présenté sous la forme d’un mini-LP par les Japonais (Belle Antique) ou les Coréens (Si-Wan Records), en CD chez Vinyl Magic, ou encore en disque vinyle 180 g par le label italien spécialisé AMS/BTF.
[ Celeste : Principe Di Un Giorno |
Jumbo : DNA (LP Philips 6323 017 L), Italie, 1972 - Réédition CD (Vinyl Magic / BTF VM CD 082), 2004 | |
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C’est à Milan en 1969, que le chanteur Alvaro Fella, dit « Jumbo », constitua un groupe auquel il donna son surnom. Après deux 45 tours parus sur le label Numero Uno en 1970, Jumbo passa chez Philips pour y enregistrer son premier LP éponyme qui sortira en 1972. Avec un pressage limité à 1000 copies, l’album est resté confidentiel d’autant plus qu’il n’offrait guère de quoi troubler les esprits. Et puis, mystère du souffle créateur, voici DNA qui ne sort pourtant que quelques mois plus tard mais sur lequel le sextet apparaît transfiguré. Parti d’un blues-rock acoustique tirant sur le folk, voilà que d’un seul élan, Jumbo saute un cran au-dessus en délivrant quatre titres surprenants dont une incroyable suite de plus de vingt minutes intitulée Suite per il Signor K qui occupait la totalité du vinyle original, une suite probablement dédiée à Franz Kafka et à sa nouvelle allégorique La Métamorphose. La voix de Alvaro Fella est bien sûr restée la même et constitue la caractéristique la plus évidente du groupe : puissante, rugueuse, elle s’impose aussi par un registre étendu et une grande expressivité qui permet au chanteur d’alterner des passages calmes avec des explosions furieuses dignes, si le chant n’était en italien, d’un combo de blues-rock texan. Pas de mellotron ici, ni de synthés mais plutôt un orgue groovy, un piano et des guitares acoustiques pour un accompagnement qui est cette fois zébré de solos et de riffs acérés de guitare électrique saturée, pédale wah wah à l'appui. L’effet est saisissant avec un côté psyché qui s’inscrit dans la grande tradition des premiers albums de Jethro Tull (This Was) et de Blodwyn Pig. Cette impression est encore renforcée par la présence d’une flûte qui colore avec beaucoup d’à propos une musique qui ne manque décidément pas de punch. Les trois autres morceaux occupant la seconde face sont forcément en retrait par rapport à ce coup de maître mais ne sont pas pour autant à dénigrer : le progressif Miss Rand comprend un joli passage au piano acoustique mi jazzy mi ragtime ; E' Brutto Sentirsi Vecchi est une ballade acoustique traitant de la vieillesse et de ses ravages tandis que Hai Visto s’avère un maelstrom de classique, de rock et de jazz à base d’orgue Hammond, de flûte et de guitare électrique comme aurait pu le concevoir The Nice et Jethro Tull enfermés dans le même studio. Ne vous laissez pas abuser par la singulière pochette qui a dû en repousser plus d’un : DNA est un bon album de rock progressif intense, asocial, rude et malin qu’on abordera de préférence en vidant une téquila.
[ DNA (CD Mini-LP / Japon) |
Finisterre : In Ogni Luogo (Iridea Records), Italie 1999 - réédition CD remastérisé (AMS / BTF), 1999 | |
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![]() [ Fabio Zuffanti (Finisterre) Website ] [ In Ogni Luogo (CD Remastérisé) |
Il Rovescio Della Medaglia : Contaminazione (RCA), Italie 1973 - Réédition CD (Sony / BMG), 2008 | |
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![]() Paru initialement sur le label RCA, Contaminazione a été réédité en CD par RCA en 1990 et une seconde fois par Sony/BMG en 2008 qui avait entre-temps acquis les droits du catalogue RCA. D’autres rééditions en compact ont été réalisées au Japon (Mini-LP BMG Japan en 2004) et en Corée (Mini-LP Si-Wan Records SRMC 1002). La version anglaise du disque, Contamination, est dotée d’une pochette en noir et blanc avec le nom du groupe simplifié en RDM. Initialement parue chez RCA en 1975, elle a été rééditée en 2003 par BMG sous la forme d’un CD au format mini-LP qui est aujourd’hui difficilement trouvable. Par contre, on peut acquérir actuellement une édition CD de 2011 répertoriée sous le label PID. [ Contaminazione (CD Sony/BMG) |
La Torre Dell’Alchimista (Kaliphonia Records), Italie 2001 | |
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Fondé à Bergame en 1997, cette Tour de l’Alchimiste n’avait pas d’autre intention que de jouer un rock symphonique dans la grande tradition des grands maîtres italiens comme Le Orme, PFM et Banco del Mutuo Soccorso. Et ce premier album éponyme, sorti en 2001 sur le label spécialisé Kaliphonia de Raul Caprio qui s’est aussi occupé de la production, ne fait que retranscrire leur passion pour cette musique. Toutefois, si le son est vintage et la forme rétro, la musique n’est pas qu’une simple copie de celle des groupes précités. Car La Torre Dell’Alchimista affiche une certaine spécificité dans les limites du style qu’il s’est choisi. D’abord, le groupe n’a pas de lead guitariste. On entend bien des guitares acoustiques sur trois titres mais elles sont jouées soit par le batteur Noberto Mosconi, soit par le chanteur Michele Giardino. Qu’importe puisque la vedette de La Torre Dell’Alchimista est le claviériste Michele Mutti, spécialiste de l’orgue Hammond qui joue aussi du mellotron, du Fender Rhodes, du piano acoustique et des synthés. C’est lui aussi qui a composé la totalité des titres de cet album sur lesquels il n’hésite pas à étaler son savoir faire, mais sans virtuosité démonstrative, au cours de parties instrumentales davantage inspirées par le rock jazzy d’un Thijs Van Leer (Focus) que par les pyrotechnies classico-rock d’un Keith Emerson ou d’un Rick Wakeman. L’autre secret de ce quintet est la flûtiste Silvia Ceraolo qui apporte une indéniable brise de fraîcheur aux compositions. Et on notera enfin le soutien sans faille du bassiste Davide Donadoni qui double sa contribution sur La Volo par d’élégantes interventions jazz à la clarinette basse. Quant au chanteur Michele Giardino, il est doté d’un voix fluide et douce capable de distiller toute l’émotion nécessaire à travers ses textes en italien. Au final, ce premier disque manque un peu d’audace pour s’imposer comme une oeuvre indispensable mais il n’en est pas moins une réalisation soignée et subtile qui ravira surtout les nostalgiques du grand « rock progressivo italiano » des glorieuses seventies. [ La Torre Dell’Alchimista Website ] [ La Torre Dell'Alchimista |
Corte dei Miracoli (Grog GRL 04), Italie 1976 - Réédition CD (Vinyl Magic VM040CD), 1994 | |
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![]() [ Corte Dei Miracoli |
Conqueror : Madame Zelle (Ma.Ra.Cash Records), Italie 2010 | |
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![]() [ Madame Zelle |
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