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Jarrett, Danielsson, Garbarek, Christensen : Sleeper (ECM), 2012 (Enregistré live le 16 avril 1979 au Nakano Sun Plaza, Tokyo)
CD 1: Personal Mountains (21:12) - Innocence (10:47) - So Tender (16:27) CD 2: Oasis (28:13) - Chant Of The Soil (14:53) - Prism (11:15) - New Dance (7:07) Keith Jarrett (piano, percussions); Jan Garbarek (ts, ss, fl, percussions); Palle Danielsson (contrebasse), Jon Christensen (drums, percussions) Qui se souvient de Jarrett avec son quartet européen, de l’album Belonging et de ses ballons multicolores dans le ciel bleu, du son acide si particulier du saxophoniste Jan Garbarek, et de cette batterie antigravitationnelle à peine effleurée par le génial John Christensen ? On avait déjà eu droit à deux disques enregistrés en concert avant que cette exceptionnelle configuration ne se dissolve trop tôt en 1979 après cinq années d’existence: le double compact Nude Ants, capté au Village Vanguard de New York en mai 1979, fut édité en 1980. Par contre, Personal Mountains, enregistré au Japon pendant la topurnée de mars - avril 1979, n’est sorti qu’en 1989. Et voici que 33 années plus tard, Manfred Eischer, après avoir reçu la bénédiction de Jarrett, édite un nouveau double compact offrant un concert complet et inédit, également enregistré à Tokyo en avril 1979 pendant la même tournée. Evidemment, le répertoire ne change guère par rapport à celui des disques précédents mais les interprétations sont différentes et rien n’est jamais de trop quand la musique est bonne. Et quelle musique que celle-ci ! A la fois dense, dynamique et lyrique tout en étant propulsée par l’une des rythmiques les plus magiques de l’époque (Danielsson / Christensen), elle se consume en d’inimitables incandescences mélodiques. Toutes les compositions sont de Jarrett mais le quartet se les approprie avec tellement de gourmandise qu’au final, c’est de l'interaction entre les musiciens que naît l'extase. Entre-temps, comme la technique a évolué, le son remastérisé en 96 Khz/24 bit est devenu époustouflant, nous transportant en un éclair dans l’espace et le temps au beau milieu de ce public japonais anonyme, sage et conquis. [ Sleeper (CD & MP3) ] |
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Roberto Fonseca : Yo (Montuno), 2012 - [ Chronique de Albert Maurice Drion ]
80’s (6:24) - Bibisa (4:32) - Mi Negra Ave Maria (5:20) - 7 Rayos (5:29) - El Soñador Está Cansado (5:05) - Chabani (5:05) - Gnawa Stop (5:16) - EL Mayor (1:22) - JMF (4:49) - Asies La Vida (4:31) - Quien Soy Yo (3:41) - Rachel (3:37) - Bibisa Remix (4:08) - 80’s Remix (3:56) - Durée Totale : 63'15" Roberto Fonseca (piano, orgue Hammond, Fender Rhodes, Moog, choeur); Baba Sissoko (percussions africaines, N’goni, choeur); Joel Hierrezuelo (percussions cubaines, choeur); Ramsés Rodriguez (batterie, choeur); Etienne Mbappe (basse électrique); Monir Hossn (guitare électrique, cavaquinho); Sekou Kouyate (kora); Fatoumata Diawara (chant); Larry Batiste (choeur); Claytowen Richardson (choeur); Kenny Washington (choeur); Mike C. Ladd (voix); Damien Francesco Nueva (contrebasse); Felipe Cabrera (contrebasse); Faudel Amil (chant); Luis Jesús Valdés (claviers); Alex Kelly (violon); Assane Mboup (chant) Roberto Fonseca a eu la lourde responsabilité de remplacer, après son décès, l’emblématique pianiste du Buena Vista Social Club, Ruben Gonzalez. Pianiste virtuose, compositeur talentueux, affranchi, sans la renier, de sa filiation avec les grands noms de la musique cubaine avec qui il a entretenu des liens plus que tenus (Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo), il nous propose un cinquième album totalement différent de sa production antérieure : une oeuvre variée qui multiplie les sources d’inspiration qu’elles proviennent des Caraïbes, d’Afrique ou encore d’Amérique. On y trouve aussi quelques similitudes avec l’album Strange Fruit de Fabrizio Cassol comme la quasi-omniprésence de Baba Sissoko qui, avec son collègue cubain, Joel Hierrezuelo, donne le ton de cet album, mariage heureux entre le jeu aussi percussif que mélodique du pianiste et le rythme endiablé des percussions africaines et cubaines. Une autre similitude est cette capacité à sublimer des voix qui, à priori, n’ont rien en commun si ce n’est de s’inscrire dans une démarche privilégiant la fusion des genres et des cultures. Yo est sans une conteste une réussite qu’on doit non seulement au talent du pianiste cubain (qui joue aussi du Fender Rhodes et de l’orgue Hammond) mais également à des compositions qui font mouche. Emporté par un tourbillon dès le premiers titre, l’endiablé 80's, entraîné par la mélodie et la voix de Fatoumata Diawara sur l’irrésistible Bibisa (soutenu dans les premières minutes par une splendide ligne mélodique jouée au piano) et envoûté par le prêche frénétique de Mike C. Ladd, grand spécialiste du Spoken Word, sur Mi Nigra Ave Maria, on se demande si la suite de l’album pourra être de la même facture tant la musique qui est proposée atteint d’emblée des sommets où l'inventivité se conjugue au talent des musiciens. La réponse ne fait aucun doute! Des compositions tantôt puissantes tantôt émouvantes, voire envoûtantes, servies par des artistes hors du commun assumant pleinement leur spécificité, leur originalité, enracinés dans leurs cultures respectives, qu’elles nous viennent d’Afrique, des Caraïbes, d’Amérique latine ou du Nord ou encore d’Europe, bousculent à tout instant nos repères. Il n'y a guère de place pour l’indifférence dans cette musique. Personnellement, j’ai des frissons quand j’écoute El Soñador Está Cansado où chaque note jouée par le piano de Roberto Fonseca s’adresse à notre fibre la plus sensible. Et retrouver sur un même album des musiciens tels que le bassiste Etienne Mbappé, le contrebassiste Felipe Cabrera, le joueur de Kora malien Sekou Kouyaté, le guitariste brésilien Munir Hossn et les voix, entre autres, de Baba Sissoko, Fatoumata Diawara, Faudel Amil et de Assane Mboup prouve que non seulement le talent appelle le talent mais également que la musique de qualité ne connaît ni frontière, ni barrière culturelle. Au final Yo est sans aucun doute une production qui marquera d’un sceau indélébile la carrière de Roberto Fonseca, ce musicien passé en peu de temps du statut d’accompagnateur à celui d’un étourdissant créateur. [ Yo (CD & MP3) ] |
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Robert Glasper Experiment : Black Radio (Blue Note), 2012 - [ Chronique de Albert Maurice Drion ]
Lift Off (3:57) - Afro Blue (5:07) - Cherish The Day (5:51) - Always Shine (5:22) - Gonna Be Alright (F.T.B.) (6:11) - Move Love (3:18) - Ah Yeah (5:08) - The Consequences Of Jealousy (6:07) - Why Do We Try (6:31) - Black Radio (5:25) - Letter To Hermione (4:51) - Shells Like Teen Spirit (7:24) - Fever (6:47) - Durée Totale : 37'24" Robert Glasper (piano, Fender Rhodes, synthétiseurs); Casey Benjamin (vocoder, saxophone, synthétiseurs; Derrick Hodge (basse électrique); Chris Dave(batterie, percussions); Jahi Sundance (platines); Shaffiq Husayn (chant); Erykah Badu (chant); Lalah Hathaway (chant, voix additionnelles); Lupe Fiasco (chant); Bilal (chant); Ledisi (chant); Amber Strother (chant, chœur); Anita Bias (chant, chœur); Paris Strother (claviers); Musiq Soulchild (chant); Chrisette Michele (chant); Meshel Ndegeocello (chant); Stokley (chant, percussions); Yaslin Bey (chant); Hindi Zara (chant) Robert Glasper est un compositeur et un pianiste plus que talentueux. Après un premier album sur Fresh Sound New Talent, il est très vite pris sous les ailes du prestigieux label Blue Note. Son groupe, Robert Glasper Experiment, se libère de toutes les contraintes et place d’emblée sa tentative d’exploitation de la musique noire (Rap, RnB, Hip Hop, Soul, Jazz - les liner notes de l’album font explicitement référence au Black Radio Movement) au-delà de tout clivage, revendiquant avant tout une exigence d’innovation et d’authenticité. Pour servir ce projet, il s'appuie sur des musiciens au talent unique selon les dires mêmes du pianiste: Casey Benjamin (Saxophone, Vocoder), Derrick Hodge (basse électrique) et Chris Dave (batterie). Plus une multitude d’invités provenant de tous les horizons, de tous les genres, de toutes les cultures, chacun exploitant avec talent le terroir musical qui est le sien. Pas de morceau ni de passage instrumental (ou si peu) dans cet album, ce qui est pour le moins étonnant alors que le leader est un pianiste incontestablement créatif. Et c’est là toute l’originalité de l’album Black Radio. Robert Glasper marque de sa présence chaque titre en tissant en toile de fond des lignes mélodiques dans son style reconnaissable entre tous. Ce sont cette façon d’égrener les notes, cette sonorité si limpide, cette inspiration constante qui donnent à Black Radio une coloration unique mais également une cohérence qui est loin d’être évidente tant est audacieux le foisonnement des sources d’inspiration. Quelques beaux titres sont à épingler : Cherish The Day divinement chanté par Lalah Hatahway et The Conséquences Of Jealousy avec Meshel Ndegeocello. En prime, Robert Glasper et ses invités nous réservent quelques surprises : une version étonnante du classique Afro Blue (titre composé par le percussionniste cubain Mongo Santamaria et repris par John Coltrane sur l’album Afro Blue Impressions) magnifiquement interprété par la chanteuse Erykah Badu; une non moins surprenante version de la chanson Letter To Hermione de David Bowie (de l’album Space Oddity) avec en invité un compagnon de longue date du pianiste, le chanteur Bilal; et une reprise d’un des premiers succès du groupe Nirvana, Kurt Smells Like Teen Spirit. Et en bonus, la chanson Fever interprétée par Hindi Zara qui nous a tant charmé avec son succès planétaire Beautiful Tango, et dont la voix se marie avec bonheur aux notes cristallines distillées par le piano de Robert Glasper. Pari audacieux que ce Black Radio qui sera classé, que le pianiste le veuille ou non, dans la catégorie jazz, ne serait-ce qu’en raison du label qui le produit. Pari gagné pour les mélomanes éclectiques, mais aussi pari perdu pour ceux qui décideront de s’ériger en gardiens du temple jazz! [ Black Radio (CD & MP3) ] |
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Dave Douglas : Be Still (Greenleaf), 2012
Be Still My Soul (5:01) - High On A Mountain (2:37) - God Be With You (5:00) - Barbara Allen (4:22) - This Is My Father's World (3:43) - Going Somewhere With You (5:23) - Middle March (5:46) - Living Streams (5:02) - Whither Must I Wander? (5:59) - Durée Totale : 42'53" Dave Douglas (trompette); Jon Irabagon (ts); Matt Mitchell (piano); Linda Oh (basse); Rudy Royston (drums); Aoife O’Donovan (chant) - enregistré les 15 & 16 avril 2012 aux Studios Avatar, NYC. En souvenir de sa mère décédée l’année dernière, Dave Douglas abandonne les phrases rapides et complexes débordant à l’occasion sur le free pour enregistrer un album bourré d’émotion et centré sur la voix claire et fragile de la jeune chanteuse de folk Aoife O’Donovan. Cette fragilité comme par miracle s’est transférée dans la trompette du leader et dans le saxophone ténor de Jon Irabagon qui prennent à tour de rôle des solos émouvants soulignant la pureté de textes choisis jadis par la mère de Douglas pour être joués lors de son mémorial. Au milieu de ces hymnes magnifiques touchés par la grâce se niche un instrumental, Middle March, dans lequel on retrouve pendant un court instant la technicité et le côté free des œuvres précédentes. Mais ce titre en hommage à Paul Motian, qui tranche le répertoire en deux par son approche lyrique et ouverte typique des compositions du grand batteur récemment disparu, a surtout l’avantage de mettre en relief la différence de cet enregistrement très personnel. Car en dépit de la richesse des improvisations et de la densité de certains arrangements, c’est la spiritualité du projet et la sensibilité à fleur de peau des musiciens qui l’emportent. Si vous avez toujours souhaité écouter le génie de Dave Douglas sans savoir comment l’aborder dans sa discographie pléthorique, ce disque élégiaque, mélodique et sans excès vient à point comme une bénédiction. [ Be Still (CD & MP3) ] |
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Brian Bromberg : In The Spirit Of Jobim (Artistry Music), 2012
One Note Samba (3:43) - Wave (4:51) - Coastline Drive (5:46) - Little Tune (5:23) - Tristefinado (5:51) - Corcovado (5:57) - Cha Chika Chika Boom (7:17) - Ins't It Beautiful? (6:10) - Ray Of Sunshine (5:37) - Talia (7:21) - Ellen (6:44) - The Girl From Ipanema (4:58) - Durée Totale : 69'38" Otmaro Ruiz (piano); Ramon Stagnaro (guitares); Joel Taylor (drums); Al Forman (piano); Tony Guererro (bugle); Airto (percussions); Gary Meek (flûte, ts); Alex Acuna (percussions, drums); Corey Allen (piano, orchestre); Oscar Castro-Neves (guitares); Brian Bromberg (basses) Ce disque est dédié à la bossa nova et plus particulièrement à la musique d’Antonio Carlos Jobim dont 5 compositions sur 12 sur reprises ici : One Note Samba, Wave, Tristefinado, Corcovado et bien sûr l’inévitable The Girl From Ipanema. Un parcours bien balisé qui arrive quand même à surprendre grâce à la passion, l’énergie et l’inventivité de ce grand bassiste qu’est Brian Bromberg qui a ici appelé en renfort la section de cordes du Rising Sun Orchestra plus quelques musiciens latino-américains comme Alex Acuna (percussions), Otmaro Ruiz (piano) et Oscar Castro-Neves (guitare). Les sept titres écrits par Bromberg swinguent à l’aise et s’inscrivent sans heurts dans le répertoire du célèbre Carioca. Le bassiste utilise une nouvelle basse acoustique à cordes en nylon accordée en piccolo qui lui permet de temps en temps de monter à l’octave en émulant le son d’une guitare classique. Il la tient d’ailleurs sur ses genoux comme une guitare et en tire des accords absolument magnifiques (les amateurs pourront admirer le son et la prestance de ce superbe instrument, avec son manche décoré par des soleils en nacre, dans une vidéo explicative de Bromberg publiée sur YouTube). Non seulement l’esprit de Jobim suinte par toutes les pores de cette musique mais l’enregistrement au microphone et la production d’une limpidité parfaite lui procurent en plus une dimension sonore exceptionnelle. Le résultat est incontestable : In The Spirit Of Jobim est l’un des plus beaux disques de bossa entendu au cours de ces dix dernières années. [ In The Spirit Of Jobim (CD & MP3) ] |
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Mike Stern : All Over The Place (Heads Up), 2012
AJ (8:53) - Cameroon (5:46) - Out Of The Blue (6:15) - As Far As We Know (6:33) - Blues For Al (7:06) - OCD (8:07) - You Never Told Me (6:18) - Half Way Home (6:28) - Light (6:14) - Flipside (7:22) - All Over the Place (6:20) - Durée Totale : 75'22" Mike Stern (gt); Randy Brecker (tp); Jim Beard (claviers); sax : Kenny Garrett, Chris Potter, Bob Malach; drums : Dave Weckl, Keith Carlock, Lionel Cordew, Al Foster; Basses : Esperanza Spalding, Richard Bona, Victor Wooten, Anthony Jackson, Dave Holland, Tom Kennedy, Will Lee, Victor Bailey; Leni Stern (rhythm gt); Tim Keiper (percussions) Les années passent et ne semblent pas avoir de prise sur le guitariste Mike Stern. Depuis les lointaines années 70 où il jouait avec Blood Sweat & Tears et les années 80 marquées par son passage chez Miles Davis et Jaco Pastorius, il est resté un musicien ouvert, intéressé par les franges du jazz comme le rock, le blues, la fusion, le world jazz et même le funk. Il se fait plaisir sur ce disque en diversifiant sa musique au maximum et, surtout, en invitant quelques musiciens renommés dont le trompettiste Randy Brecker, les saxophonistes Kenny Garrett et Chris Potter ainsi que le batteur Dave Weckl, en plus d’une cohorte de bassistes tous plus impressionnants les uns que les autres. Que ce soit avec Anthony Jackson sur le titre qui porte ses initiales (AJ), Richard Bona qui fait des bulles sur le pétillant Cameroon, Esperanza Spalding qui mêle sa contrebasse à sa voix sur la balade éthérée As Far As We Know, Dave Holland sur le groovy Blues For Al (dédié au batteur Al Foster qui joue sur ce titre) ou l’incroyable Victor Wooten sur le quasi blues-rock Half Way Home, le guitariste s'enflamme et s'amuse, dévoilant une fois de plus son phrasé fluide inimitable et son contrôle légendaire du timing. On trouvera même ici un clin d’oeil à la musique malienne avec Out Of The Blue et à l’Afrique encore avec Light. Rien de neuf ni de vraiment complexe dans ce nouvel album, mais une musique bourrée de swing, d’expressivité… et de guitares car, après tout, Mike Stern est un maître de la six-cordes et, si tout ce qu’il fait paraît facile, il y en a en réalité bien peu qui peuvent jouer comme lui avec autant de feeling et d’apparente facilité. [ All Over The Place (CD & MP3) ] |
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Chick Corea / Eddie Gomez / Paul Motian: Further Explorations (Concord Jazz), 2012 - [ Chronique de Albert Maurice Drion ]
CD 1: Peri's Scope (5:25) - Gloria's Step (6:17) - They Say That Falling In Love Is Wonderful (7:19) - Alice In Wonderland (8:17) - Song No. 1 (6:14) - Diane (6:21) - Off The Cuff (5:45) - Laurie (8:57) - Bill Evans (8:41) - Little Rootie Tootie (10:25) CD 2: Hot House (5:31) - Mode VI (8:14) - Another Tango (6:52) - Turn Out The Stars (9:19) - Rhapsody (8:13) - Very Early (7:02) - But Beautiful—Part 1 (3:42) - But Beautiful—Part 2 (9:13) - Puccini's Waltz (5:24) Durée Totale : 137'02" Chick Corea (piano), Eddie Gomez (contrebasse), Paul Motian (drums) Il n’est jamais trop tard pour rendre hommage à un grand musicien. Paul Motian est décédé en novembre 2011 à l’âge de 80 ans. Qu’ajouter à tout ce qui a été dit sur le musicien lui-même et sur le trio (avec le pianiste Bill Evans et le contrebassiste Scott LaFaro) dont il a contribué à écrire la légende, sinon de saluer une fois de plus une de ses performances sur Futher Explorations. Sur ce double album enregistré en public en mai 2010, il partage l’affiche avec le pianiste Chick Corea et le contrebassiste Eddie Gomez. Eddie Gomez qui, s’il n’a pas succédé à Scot La Faro au sein du trio de Bill Evans, n’en a pas moins été son contrebassiste de 1966-1977. Et la référence à Bill Evans s’impose d’autant plus que le génial pianiste constitue en quelque sorte le fil conducteur des 19 titres de l’album. D’abord bien sûr par la présence de Paul Motian et d’Eddie Gomez, mais également parce que la plupart des titres interprétés ont un lien avec Bill Evans, soit parce qu’ils sont de sa plume (Peri’s Scope, la magnifique balade Laurie, Turn Out The Stars, Very Early et un inédit Song No 1), soit qu’il les ait mis régulièrement à son programme (Alice in Wonderland, But Beautiful), ou enfin, parce que, comme le titre intitulé tout simplement Bill Evans écrit par Chick Corea, ils constituent une forme d’hommage au pianiste ou à un des membres de son trio légendaire tel Gloria’s Step écrit par Scott LaFaro. Mais ce qui fait de Futher Explorations un hommage autant à Bill Evans qu’à Paul Motian est qu’il nous fait revivre comme par enchantement cette totale interaction (on a souvent utilisé l’expression « relations télépathiques ») qui a fait entrer le trio de Bill Evans dans l’histoire du jazz. Et c’est bien là toute la force de cet album qui ravit l’auditeur en même temps qu’il engendre bien des regrets. En effet, on se dit qu’un tel trio aurait pu s’inscrire durablement dans le paysage jazzistique actuel tout autant que ceux des pianistes Keith Jarret, Brad Mehldau ou Jason Moran pour ne citer qu’eux. Hélas, le sort en a décidé autrement… Paul Motian nous a quitté… Mais si cela ne peut que nous attrister, comment ne pas nous réjouir à l’écoute de ce Further Explorations où le côté jouissif de son jeu protéiforme s’exprime pleinement une fois de plus, et cela au sein d’un trio qui fait vivre, avec un talent et un enthousiasme qui font envie, une musique destinée à survivre à ceux qui nous la font partager. [ Further Explorations (CD & MP3) ] |
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John Escreet : Exception To The Rule (Criss Cross), 2011 - [ Chronique de Albert Maurice Drion ]
Exception To The Rule (6.38) - Redeye (2.36) - Collapse (6.28) - They Can See (3.18) - Escape Hatch (8.50) - Wide Open Spaces 4.12) - Electrotherapy (4.25) - The Water Is Tasting Worse (6.58) - Restlessness(4.00) - Wayne's World (10.59) - Durée Totale : 58'30" John Escreet (piano, claviers), David Binney (alto saxophone, electronique), Eivind Opsvik (basse), Nasheet Waits (drums) John Escreet, sans aucun doute un nom à retenir. Anglais d’origine, âgé d’à peine 28 ans (il est né en 1984), très vite considéré comme un véritable prodige, il fait partie intégrante du renouveau de la scène jazz newyorkaise. Et on ne sera pas surpris à l’écoute de cet excellent Exception To The Rule d’apprendre que John Escreet a été un élève de Jason Moran. La présence sur cet album de Nasheet Waits, qui constitue avec le bassiste Eivind Opsik une rythmique d’une efficacité redoutable, ne relève donc pas du hasard tout comme celle du saxophoniste David Binney, habitué du label néerlandais Criss-Cross… Et il serait injuste de ne pas souligner l’apport du saxophoniste à la réussite de Exception To The Rule. Même si on peut ne pas totalement adhérer aux errances électroniques de certains titres tels que Redeye, They Can See, Restlessness, il est impossible de rester insensible à la performance du jeune pianiste anglais et à son jeu particulièrement inventif, dynamitant, parfois d’une manière peut-être excessive, des mélodies aux accents quelque peu colemaniens. Et le ton est donné d’entrée avec le titre éponyme de l’album qui emporte progressivement l’auditeur dans une sorte de fuite éperdue avec des interventions consécutives du saxophoniste et du pianiste particulièrement survoltées. Quant à l’inventivité dont on peut gratifier John Escreet, il n’est qu’à mentionner le final de Escape Hatch où, après nous avoir plongé dans une ambiance aux accents plutôt inquiets, le pianiste nous ouvre une porte comme pour nous permettre de nous échapper vers des horizons sans aucun doute plus sereins… Du talent, John Escreet en a à revendre et son hommage à Wayne Shorter nous en donne la preuve. Eblouissant et percussif à souhait, dans le final de Wayne’s World, le pianiste s’impose sans doute comme l’une des figures montante du jazz. Un jazz à qui il donne des accents qui, sans renier l’héritage de ceux qui ont contribué à l’élever au niveau d’un art essentiel, l’ancrent dans une modernité qui ne peut que réjouir les amateurs que nous sommes. [ Exception to the Rule (CD & MP3) ] |
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Brad Mehldau Trio : Ode (Nonesuch), 2012
M.B. (7:46) - Ode (6:20) - 26 (7:50) - Dream Sketch (7:25) - Bee Blues (6:42) - Twiggy (5:42) - Kurt Vibe (4:54) - Stan The Man (5:24) - Wyatt's Eulogy for George Hanson (9:23) - Aquaman (4:49) - Days of Dilbert Delaney (9:01) - Durée Totale : 75'23" Brad Mehldau (piano), Larry Grenadier (basse), Jeff Ballard (drums) Après une période marquée par un intérêt pour les arrangements orchestraux, Mehldau revient à ce qui lui va le mieux : le trio. Ode est en effet le premier album du pianiste enregistré en studio avec ce trio depuis Day Is Done paru en 2005. Une raison suffisante pour faire le détour d’autant plus que les onze compositions du répertoire sont originales et de sa plume. Le pianiste a donné à la plupart de ses chansons des titres qui rendent hommage à des personnes réelles ou fictives qui lui sont proches : sa femme (Twiggy) et son fils (Days Of Dilbert Delaney) mais aussi Michael Brecker (M.B.) avec qui il a joué sur le dernier album enregistré par le saxophoniste avant sa mort (Pilgrimage, 2007), le guitariste Kurt Rosenwinkel (Kurt Vibe), le super héro Aquaman ou le personnage non conformiste interprété par Jack Nicholson dans le film Easy Rider (Wyatt's Eulogy For George Hanson). Difficile sans guide de retrouver ces références enfouies dans la musique mais ce n’est pas important car ce qui l’est bien davantage, c’est le réel pouvoir de séduction de ces morceaux de musique, parfois lyriques ou bopisants, mais toujours imaginatifs. Peut-être que ce sont les sept années d’attente qui ont changé la perception que l’on peut avoir face à ce trio mais les notes résonnent plus fort dans la tête et la musique affiche une incomparable fraîcheur. Ce qui fait aussi la différence avec d’autres trios pianistiques, c’est l’approche démocratique adoptée par Mehldau au sein de sa formation triangulaire : Larry Grenadier (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie) vibrent en totale symbiose avec leur leader mais ont aussi leur propre vision et contribuent par leurs incessantes interactions à rendre ces thèmes absorbants, et les improvisations qui en découlent, encore plus riches qu’ils ne le sont déjà. [ Ode (CD & MP3) ] |
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E.S.T. (Esbjorn Svensson Trio) : 301 (ACT), 2012
Behind the Stars (03:44) - Inner City, City Lights (11:48) - The Left Lane (13:37) - Houston, the 5th (03:34) - Three Falling Free Part I (05:49) - Three Falling Free Part II (14:30) - The Childhood Dream (8:02) - Durée Totale : 61'02" Esbjorn Svensson (piano, électronique); Dan Berglund (contrebasse, électronique); Magnus Öström (batterie, électronique) Après une tournée triomphale en Allemagne qui permit l’enregistrement du légendaire Live In Hamburg, le trio d’Esbjörn Svensson entreprend en janvier 2007 une nouvelle série de concerts en Asie et en Australie. A Sydney, pendant un temps mort, les trois musiciens et leur fidèle ingénieur du son Ake Linton investissent le fameux studio 301 pendant trois journées. Il en résulte 9 heures de musique improvisée sauvegardée pour l’éternité dont on sortira le disque posthume Leucocyte après la noyade tragique du pianiste en juin 2008. Depuis, plus rien! E.S.T. a été englouti avec son leader et semblait à jamais effacé de la scène vivante du jazz. Mais après quelques années d’attente nécessaire à l’apaisement de la douleur, le contrebassiste Dan Berglund, le batteur Magnus Öström et Ake Linton décident de se repencher sur les bandes laissées en jachère pour en extraire un nouvel album qu’on dotera d’une belle pochette bleue comme s’il avait été rejeté par l’océan. 301 est forcément un disque « fabriqué » en studio à l’instar du Bitches Brew de Miles Davis, mais il contient tout ce qui faisait la grandeur de cette formation hors-norme : l’imagination et la sensibilité du pianiste, les expérimentations électro-acoustiques, ainsi que l’interaction entre les musiciens et par extension celle du trio avec leur ingénieur du son qui participa à la création par l’injection de bruitages électroniques, sans parler de l’ambiance quasi cosmique qui régnait lors de ces séances. Les sept morceaux ainsi reconstitués sont un témoignage parfait d’un groupe qui tournait à l’époque à plein régime avec la volonté d’explorer encore plus loin son potentiel. Et pour une première fois, on entend ce qu’on imaginait : un Svensson virtuose, une qualité qu’il avait toujours préféré mettre en retrait dans son art. Sur ces 9 heures de musique enregistrées aux antipodes, on en possède maintenant deux. Espérons qu’un jour on nous permettra d’entendre le reste. [ 301 (CD & MP3) ] |
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Eric Legnini Trio : Ballads (ECM), 2012
In A Sentimental Mood (04:09) - Don’t Let Me Be Lonely Tonight (03:08) - Nightfall (02:30) - I Fall In Love (02:43) - Prelude To A Kiss (04:24) - Willow Weep For Me (04:15) - Trastevere (02:25) - Folk Song #1 (02:27) - Portrait In Black And White « Zingaro » (02:36) - Smoke Gets In Your Eyes (02:44) - Amarone (02:18) - It Could Happen To You (02:19) - I Can’t Get Started (05:06) - Darn That Dream (04:20) - Folk Song #2 (01:57) - Durée Totale : 47'31" Eric Legnini (piano); Thomas Bramerie (contrebasse); Franck Agulhon (batterie) Le pianiste belge adepte des rythmes funky et de l’afro-jazz revient avec une production inattendue, du moins en termes de marketing : un disque de ballades où il expose son art du trio à travers la relecture de standards. En fait, ce disque, enregistré une année avant The Vox, n’est pas si surprenant et constitue en quelque sorte un retour aux sources puisqu’Eric Legnini avait commencé au début de sa carrière par enregistrer quelques beaux albums en trio (Natural Balance et Antraigues, à redécouvrir) sur lesquels on trouvait déjà, à côté de ses propres compositions, de forts belles interprétations de standards comme In Love In Vain de Jerôme Kern, My Shining Hour de Harold Arlen ou All Of You de Cole Porter. C’est le même principe qui est appliqué ici avec un répertoire qui combine un florilège de standards empruntés à Ellington (In A Sentimental Mood), Kern (Smoke Gets Into Your Eyes), Gershwin (I Can’t Get Started), Jimmy Van Heusen (Darn That Dream) ou Jobim (Portrait In Black And White « Zingaro ») à cinq partitions personnelles qui semblent autant d’extensions de ces belles et antiques mélodies. On ne saurait pourtant être tout à fait satisfait de cet album. Est-ce parce que l’oreille s’est trop habituée à entendre des myriades d’interprétations de ces chansons ancestrales ou parce les « nouveaux » thèmes sont aussi des reprises (Amarone, Trastevere, Nightfall), ou encore parce que la rythmique composée du contrebassiste Thomas Bramerie et du batteur Franck Agulhon se cantonne la plupart du temps dans un rôle d’accompagnement? Toujours est-il que si l’on écoute avec plaisir ce répertoire, il est difficile de se passionner réellement pour ces scénettes musicales jolies et concises mais parfois redondantes. [ Ballads ] |
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Charles Lloyd, Maria Farantouri : Athens Concert (ECM), 2011 - [ Chronique de Albert Maurice Drion ]
CD1: Kratissa ti zoi mou (5:59) - Dream Weaver (8:10) - Blow Wind (5:34) – Requiem (5:57) - Greek Suite, Part I: Hymnos stin Ayia Triada (4:03), Epano sto xero homa (2:52), Messa stous paradissious kipous (4:49) - Taidi sta Kythera (4:35) CD2: Prayer (7:58) - Greek Suite, Part II: Vlefaro mou (3:32), Margaritarenia (1:29), Thlassaki mou (2:57) - Greek Suite, Part III: Epirotiko meroloi (6:28), Kægomæ kæ sigoliano (5:00), Mori kontoula lemonia (2:40), Alismono kæ hæromæ (3:06), Tou hel' to kastron (4:28) - Yanni mou (7:27) Maria Farantouri (voix); Charles Lloyd (ts, flute, taragato); Jason Moran (piano); Reuben Rogers (contrebasse); Eric Harland (drums); Socratis Sinopoulos (lyre); Takis Farazis (piano (CD1:5-7, CD2:2-10). Ce double CD enregistré en public lors d’un concert qui avait pour décor l’Odéon d’Hérode Atticus d’Athènes, situé au pied de l’Acropole, est né d’une rencontre. La rencontre entre le saxophoniste américain Charles Lloyd et la chanteuse grecque, Maria Farantouri reconnue dans le monde entier, laissant à chacun de ses concerts un souvenir indélébile et considérée comme l'artiste idéale pour les chansons et les autres œuvres musicales du compositeur grec de renommée mondiale, Mikis Theodorakis, et par conséquent, de la Nouvelle Chanson grecque. De sa rencontre avec Charles Lloyd, rencontre qui date de 2002, Maria Farantouri écrit : « Notre rencontre sur scène provient de notre profond désir de raconter ensemble le croisement de mondes musicaux différents qui mettent en lumière sous un angle nouveau la mémoire, les errements, les rêves de nos ancêtres, tout en ayant le regard tourné vers le futur. Dans Athens Concert, on retrouve le quartet désormais habituel de Charles Lloyd avec Jason Moran, au piano, Reuben Rogers à la contrebasse et Eric Harland à la batterie, quartet qui nous avait déjà enchanté avec l’album Rabo De Nube (ECM , 2008). Mais en plus de la chanteuse Maria Farantouri, viennent également s’ajouter le pianiste Takis Farazis à qui on doit les arrangements de la Greek Suite, pièce en plusieurs parties qui ponctue tout l’album, et pianiste qui, selon les propos de Charles Lloyd lui–même, a apporté une contribution significative au projet en conciliant l'environnement plus structuré de la tradition musicale grecque et le monde moins codifié de la musique improvisée ainsi que le joueur de lyre Socratis Sinopoulos qui introduit subrepticement dans le final du très envoûtant Prayer, une sonorité plus ancrée dans la tradition, sonorité qui s’épanouira progressivement dans la suite de l’album pour trouver son apogée dans la troisième partie de la Greek Suite. Magie, beauté et éternité se conjuguent dans cette plongée musicale qui, pas à pas, nous emmène vers des horizons nouveaux à nos oreilles, nous qui ne sommes pas nés en terre hellénique. De la musique de Mikis Theodorakis, servie avec grandeur par le chant chaleureux et profond de Maria Farantouri (impossible de passer sous silence le magnifique Kratissa Ti Zoi Mou qui ouvre l’album) et en passant par quelques-unes des compositions de Charles Lloyd, Athens Concert nous mène aux confins de la région d'Epire et de la Mer Noire, à la découverte d’une musique traditionnelle qui plonge ses racines dans la Grèce antique. Et les accents que lui donnent les musiciens Nord-Américains ne dénaturent nullement le propos, ni les envolées majestueuses du saxophone de Charles Lloyd, ni les somptueux solos dont nous gratifie Jason Moran toujours égal à lui-même en accompagnateur de haut vol, ni même l’échappée frénétique qu’on doit à Eric Harland sur Alismono kæ hæromæ (Greek Suite Part III). Au contraire, tous ces apports confèrent à cette musique une dimension qui transcende les frontières… Rencontre du passé, rencontre du présent, rencontre de cultures, une ancrée dans le passé glorieux d’une civilisation millénaire, berceau de la démocratie, et l’autre tournée vers la liberté et la modernité… Preuve s’il en est, que rien ne peut séparer ce qui est sensible au cœur et à l’âme de l’Homme… [ Athens Concert (CD & MP3) ] |
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Impulse 2-on-1 : Celebrating 50 Years of Impulse! Records (Impulse!), 2011 / 2012
En ce début d’année 2012, l’évènement est toujours cette série de rééditions, commencée en 2011, qui remet enfin sur le marché quelques disques devenus rares, voire introuvables, du fameux label Impulse! En regroupant deux LP d’un même artiste sur un CD unique vendu à prix raisonnable, l’affaire est plus qu’intéressante pour les amateurs même si tout est loin d’être indispensable. On pourra ainsi raisonnablement faire l’impasse sur quelques fonds de tiroir dont l’intérêt reste limité comme ceux d’Alice Coltrane (Untington Ashram Monastery, 1969 / World Galaxy, 1972), du violoniste Michael White (Spirit Dance, 1971 / Pneuma, 1972) ou d’Oliver Nelson & Friends (l’excellent Happenings avec Hank Jones, 1966, malheureusement couplé avec le beaucoup moins mémorable Soulful Brass, 1968) mais on ne peut que se réjouir de retrouver enfin dans les bacs des chefs d’œuvre comme ceux de Duke Ellington (Meets Coleman Hawkins, 1962 / And John Coltrane, 1962), Sonny Rollins (On Impulse!, 1965 / There Will Never Be Another You, 1965), Keith Jarrett (Mysteries, 1975 / Shades, 1975) ou Charles Mingus (The Black Saint And The Sinner Lady, 1963 / Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus, 1963) même si certains de ces disques existent toujours dans leurs éditions normales. Mais cette nouvelle collection permettra surtout de réécouter quelques disques inaccessibles depuis longtemps qui, sans être incontournables, incarnent le jazz d’une époque et d’un label marqué par une formidable identité. Parmi ces derniers, ne ratez surtout pas, parmi d’autres, le tandem Jazz Messengers!!!! (1961) / A Jazz Message (1963) du batteur Art Blakey, Today And Now et Desafinado (tous deux de 1962) par le grand saxophoniste ténor Coleman Hawkins, Soul Trombone (1962) / Cabin In The Sky (1962) du tromboniste Curtis Fuller, Statements (1962) et Jazz 'n’ Samba (1964) du vibraphoniste Milt Jackson, The Artisty Of (1962) / The Body And The Soul (1963) du trompettiste hard-bop Freddie Hubbard et Now! (1963) / Salt And Pepper (1963) du saxophoniste bebop Sonny Stitt. Pour ceux qui n’ont rien contre le jazz light ou latin, n’hésitez pas non plus à acquérir les merveilleux The Sorcerer (1967) / More Sorcery (1967) du guitariste hongrois énigmatique Gabor Szabo et El Chico (1965) / The Further Adventures Of El Chico (1966) du batteur Chico Hamilton en compagnie du même Gabor Szabo. Enfin, comme Impulse! était aussi le refuge de la nouvelle vague du jazz (The New Wave Of Jazz avec John Coltrane en chef de file), les amateurs de free-jazz inspiré, cosmique et spirituel craqueront forcément sur Village Of The Pharoahs (1974) / Wisdom Through Music (1972) de Pharoah Sanders, For Losers (1971) / Kwanza (1974) d'Archie Shepp et l'indispensable Geechee Recollections (1973) / Sweet Earth Flying (1974) de Marion Brown. Les deux seuls reproches que l’on peut faire à cette collection sont d’une part d’avoir reproduit les notes de pochettes telles quelles en les réduisant à un format quasiment illisible et, d’autre part, d’avoir troqué quelques unes des plus belles photos de l’histoire du jazz par un design banal présentant les deux pochettes de travers barrées par les fameux i et point d’exclamation du label orange et noir. Le diable est dans les détails ! [ Impulse 2-on-1 (CD & MP3) ] |
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