Série VI - Volume 3 | Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 6 ] [ 7 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ] |
Alio Die & Lorenzo Montana : Holographic Codex (Projekt Records), Italie (2015) Plus connu sous le nom de Alio Die, l'Italien Stefano Musso est l'auteur d'une soixantaine de disques dans lesquels il explore les possibilités de la musique "ambient", fusionnant à l'infini les nappes sonores de ses synthés avec des éléments acoustiques de diverses origines, notamment une cithare et des bruitages enregistrés en extérieur. Il s'est ici associé avec son compatriote Lorenzo Montana, producteur et compositeur lui aussi de musiques atmosphériques pour un album intimiste où les vagues sonores se déploient lentement en de somptueuses textures génératrices de voyages imaginaires spatiaux mais aussi temporels. Tangerine Dream n'est parfois pas très loin comme sur Silent Rumon mais, la plupart du temps, les deux hommes parviennent à créer leur propre musique comme sur le splendide Muns De Etrah hanté par des micro-rythmes intégrés avec beaucoup de raffinement. En dépit de la technologie ultra-moderne utilisée dans ces enregistrements, certaines pièces se rattachent à la musique sacrée soit par l'utilisation de vocaux échantillonnés (Hydra E Vers) ou par l'émergence de sons évoquant des cloches ou des carillons (Akvil) qui renvoient à des églises ou à des monastères perdus dans le brouillard. L'œuvre est ainsi marquée par un pan mystérieux mis d'ailleurs en exergue par le titre de l'album, Holographic Codex, qui confirme son aspect énigmatique, comme un code secret donnant accès à une porte sur un univers parallèle. A écouter obligatoirement au casque pour une immersion totale garantissant le succès de la translation. [4½/5] [ Holographic Codex (CD & Digital) ] |
Brian Eno : Small Craft On A Milk Sea (Warp Records), UK 2010 La rencontre entre Brian Eno et le label britannique Warp, spécialisé dans les musiques électroniques, a produit cet album magnifique, véritable objet de rêve aussi bien pour son splendide design que pour la musique qu'il renferme. Constitué de morceaux non retenus pour le film The Lovely Bones de Peter Jackson et de nouveaux enregistrements effectués en 2009 et 2010, Small Craft On A Milk Sea est une collection de 15 pièces de musique intellectuelle conçues par Eno en collaboration avec le compositeur Jon Hopkins et le guitariste Leo Abrahams. Beaucoup d'entre-elles appartiennent au genre "ambient" avec des atmosphères languides et mélodieuses peuplées d'un piano nostalgique (Emerald And Lime, Emerald And Stone) et de nappes sonores synthétiques (Slow Ice Old Moon, Late Anthropocene) dans la ligne de ce qu'on peut entendre sur les disques d'Eno sortis dans les années 70 et 80 comme Music For Films, Music For Airports et Music On Land. Mais d'autres sortent du moule en proposant des pièces moins formattées et plus turbulentes emmenées à l'occasion par des rythmes électroniques urbains et industriels (2 Forms Of Anger, Dust Shuffle, Paleosonic). Du coup, l'album apparaît certes plus hétérogène que d'habitude mais aussi moderne et terriblement ambitieux, titillant au passage les nouveaux gourous des musiques contemporaines et expérimentales (IDM pour Intelligent Dance Music) comme Aphex Twin ou The Orb et évitant certains clichés qu'Eno avait lui-même contribué à forger en resassant ses premières productions séminales. En fin de compte, l'association avec le prestigieux label de Sheffield, dont toutes les productions sont marquées depuis plus de deux décennies par un remarquable niveau de qualité, aura été bénéfique : philosophe impénitent et penseur curieux, Brian Eno a retrouvé le plaisir de la création musicale qu'il semblait avoir délaissée au profit de multiples autres activités (participation à de nombreux enregistrements, développement d'un générateur de musique algorithmique, lancement de la Long Now Foundation, collaboration à The Observer, art contemporain, bandes originales …) dont une percée commerciale dans le monde de la pop via la production de Coldplay et de U2. Recommandé ! [4½/5] [ Small Craft On A Milk Sea (CD & Digital) ] [ A écouter : Emerald And Lime - Dust Shuffle ] |
Eluvium : Copia (Temporary Residence Limited), USA 2007 Basé à Portland, Matthew Cooper compose et interprète des musiques expérimentales sous le pseudonyme d'Eluvium. Son œuvre n'ayant jamais cessé d'évoluer au long des sept albums qu'il a édité de 2003 à aujourd'hui, elle est passée par des phases successives qui ont marqué ses différentes productions. Ainsi, Talk Amongst The Trees est-il centré sur des textures soniques bourdonnantes qui se déploient et se transforment lentement tandis que An Accidental Memory In The Case Of Death comprend de petites mélodies nostalgiques à la Erik Satie jouées au piano. Similes par contre, tentait une percée un peu plus commerciale via l'intégration de rythmes et de vocaux sans toutefois parvenir à égaler les réussites des premiers enregistrements. De toutes ses réalisations, Copia est la plus séduisante parce qu'elle alterne sur un même album des mélodies simples et délicates jouées au piano et des nappes sonores complexes tout en intègrant de nouveaux instruments (cordes, trompettes, cors, orgue, ..) et trouvailles acoustiques. L'aspect orchestral de la musique s'en trouve ainsi renforcé, donnant à la musique un côté plus symphonique et plus riche (comme on le dit d'un film, Copia pourrait être qualifié de production à haut budget). Tous les morceaux sont évocateurs de paysages ou d'histoires dont on se fera une idée rien qu'en regardant les titres : Indoor Swimming At The Space Station, Seeding You Off The Edges, After Nature, Repose In Blue..., etc. Le compact est emballé sous une belle pochette illustrée comme d'habitude par l'artiste Jeannie Lynn Paske dont on pourra découvrir en grand format cette aquarelle intitulée In Search Of A View à côté de beaucoup d'autres sur son site enchanteur Obsolete World. Copia est un album exaltant qui offre une musique progressive et tellement exigeante qu'il est impossible de l'écouter en toile de fond en faisant autre chose : plutôt paradoxal pour un disque classé habituellement dans le genre ambient, non ? [4½/5] [ Copia (CD & Digital) ] [ A écouter : Indoor Swimming At The Space Station - Radio Ballett ] |
Robert Rich and B. Lustmord : Stalker (Fathom / Hearts of Space), USA / UK, 1995 Stalker, c'est d'abord l'œuvre culte de Andreï Tarkovski (1979) qui parvient à instiller tout du long un malaise diffus non seulement à cause de ses images étranges mais aussi des sonorités diverses et inattendues qui accompagnent les pas des trois protagonistes du film à l'intérieur de la "zone", un pan de territoire énigmatique et interdit. La bande originale du film a été composée par Edouard Artemiev, également responsable de celle de Solaris, qui a imaginé une musique intiment imbriquée avec des bruitages d'origine multiple (vent, gouttes d'eau, cris d'animaux, rivière …) apparemment déconnectés du visuel. Devenu aussi mythique que le film, cet accompagnement sonore particulièrement créatif a inspiré ce disque réalisé en collaboration par Robert Rich, compositeur californien de musique ambient, et Lustmord, un surnom pour l'Anglais Brian Williams, créateur de sons bizarres et souvent angoissants pour des groupes (Tool entre autres), des jeux vidéo, et des films dont The Crow et Underworld (on lui doit aussi l'album Heresy de 1990 qui en son temps inventa et définit le label "dark ambient"). Pas étonnant dès lors que ce disque soit l'un des plus sombres jamais enregistrés. Comme dans le film de Tarkovski, tout est ici illusion de l'esprit induite par ce qu'on croit entendre. Le côté morbide habituel de Lustmord prévaut mais il est heureusement tempéré et mis en valeur par les longues vagues électroniques, mouvantes et lumineuses, de Rich si bien que la combinaison de leurs talents est d'une qualité supérieure à la simple addition de leurs styles respectifs. Au fur et à mesure que l'on progresse dans la zone interdite vers le point de non-retour (dernière plage du répertoire), l'atmosphère devient de plus en plus oppressive avec des cris indistincts dans la distance qui ne présagent rien de bon. Pour un peu, on se croirait aussi dans un des films "Alien" quand la menace est encore invisible mais que l'on s'en rapproche dangereusement. Pour autant, Stalker n'est pas une bande sonore pour film d'horreur. C'est une création qui fait naître d'autres émotions que la peur : la solitude, la désolation, le sentiment de marcher dans un environnement hostile loin de chez soi, de découvrir une nouvelle planète dont les espèces se font entendre dans le lointain tout en restant hors de vue... sont quelques-uns des sentiments qui vous assailliront à l'écoute de cet album. D'une lenteur désespérante, quasiment sans aucune mélodie (si l'on excepte les flûtes de Delusion Fields et quelques bribes de musique orientalisante sur Undulating Terrain), uniquement composé de vagues synthétiques et de bruits indistincts d'origine inconnue, Stalker, parce qu'il atteint largement son objectif en termes d'évocation, s'inscrit pourtant parmi les plus grandes réussites de la musique "ambient". A noter la superbe pochette présentant un paysage mystérieux capté en noir et blanc par le grand photographe californien Brad Cole. [4½/5] [ Stalker (CD) ] [ A écouter : Synergistic Perceptions ] |
Tangerine Dream : Tyranny Of Beauty (Virgin), 1995 - Réédition CD + 1 titre en bonus (TDI Music), 1999 Tout en étant un grand fan de Tangerine Dream dont je considère les albums Phaedra (1974), Rubycon (1975) et Stratosfear (1976) comme des indispensables à toute discothèque prog et/ou de rock électronique, j'avoue être descendu du train après Hyperborea (1983) qui marquait la fin de la période Virgin. Aussi, c'est avec stupéfaction que j'ai parcouru récemment leur discographie forte de quelques 87 disques en studio et 37 enregistrements live sans parler d'une invraisemblable collection de DVD, de compilations et coffrets, et de LP ou CD promotionnels. Histoire de me faire une idée de l'évolution de leur musique, j'en ai pioché quelques-uns au hasard et, après trois ou quatre essais infructueux n'apportant rien de neuf à leur légende, ce Tyranny Of Beauty (51ème album !!!) s'est révélé être une vraie bonne surprise. En 1995, Paul Baumann et Chris Franke étant partis depuis longtemps, Tangerine Dream se réduit à un tandem constitué du fondateur Edgar Froese et de son fils Jerome auquel s'ajoute occasionnellement la saxophoniste Linda Spa. Mais sur cet album, ils ont aussi invités deux guitaristes : Mark Hornsby à la guitare acoustique, slide et 12 cordes et Gerald Gradwool, essentiellement à la guitare électrique mais aussi en acoustique sur le splendide Catwalk. Avec Edgar Froese comme troisième guitariste, Tyranny Of Beauty est d'abord un florilège de six-cordes qui donnent une autre dimension à la musique, les synthés restant toutefois essentiels pour l'exposé des mélodies, les arrangements symphoniques, les lignes de basse et, bien sûr, les séquences rythmées. Certes, on est loin des grandes envolées expérimentales de Phaedra : Tangerine Dream dans les années 90 était devenu un groupe plus commercial à tendance new-age, avec des compositions plus simples, lustrées et concises mais pas inintéressantes pour autant. Ainsi, Catwalk (le sommet du répertoire) est un superbe morceau à l'ambiance cinématographique enluminé par une belle envolée de guitare hispanisante; Haze Of Fame s'avère un grand moment planant où brille dans toutes sa splendeur la lead guitare du père Froese, et Largo, l'une des plus célèbres mélodies de Georg Friedrich Haendel, en fera frémir plus d'un avec son atmosphère douce et classicisante enrobant le saxophone alto de Linda Spa. Quant à l'adaptation de Stratosfear, plus concise et polie que la version brute de 1976, elle met d'abord en évidence la force du thème sans malgré tout valoir l'original. Dans le désert que constitue la première partie des années 90 pour Tangerine Dream, Tyranny Of Beauty apparaît comme un îlot émergeant de la médiocrité et il fut d'ailleurs nominé pour les Grammy Awards de 1996 dans la catégorie "Best New Age Album". En plus, bien enregistré à l'été 1994 dans les studios Eastgate à Vienne (Autriche), le son n'a pas pris une seule ride. L'album a été réédité une première fois en 1999 sous une pochette complètement différente (moins réussie que l'originale dont le concept lié à l'Egypte des pharaons était plus en phase avec son intitulé, Tyranny Of Beauty) et avec un titre en bonus dispensable : Quasar, une sorte de danse techno purement électronique écrite, selon Edgar Froese, pour rendre hommage à la compagnie allemande d'instruments de musique QuasiMIDI. [3½/5] [ Tyranny of Beauty (CD) ] [ A écouter : Catwalk ] |
The Orb : Orbus Terrarum (Island), UK, 1995 La musique ambient-House de The Orb ne m'a jamais particulièrement intéressé mais cet album, leur troisième en studio qui marque aussi la première collaboration entre Alex Paterson et Thomas Fehlmann, est une bête complètement différente. Beaucoup plus proche du genre ambient que de la house et moins cosmique que ses prédécesseurs, Orbus Terrarum est aussi plus expérimental et donc plus difficile d'accès, et on comprend qu'il ait à l'époque aliéné les fans du groupe aussi bien que la presse musicale britannique. Les plages prennent le temps de s'étendre longuement (entre 10 et 20 minutes). Des sonorités naturelles échantillonnées, y compris de la voix humaine, sont essaimées sur des structures électroniques savamment empilées et des rythmes divers quand même suffisamment variés et altérés pour maintenir un minimum d'intérêt. L'utilisation d'un piano sur Oxbow Lakes contraste fortement avec les autres pièces et apporte une variation mélodique qui, pour être angulaire, est quand même bienvenue. Sinon, cette musique tentaculaire, trafiquée, mouvante, bourrée de fréquences inédites et d'explosions telluriques, parfois placide et parfois turbulente, parvient à nous emmener en voyage dans les endroits les plus surprenants de la planète Terre en suggérant même quelques phénomènes géologiques. Certes, on ne plane pas dans l'éther comme avec Harold Budd ou Brian Eno mais, pour quelqu'un qui vient du prog, l'opulent et ambitieux Orbus Terrarum a beaucoup à offrir. A la fois relaxant et dérangeant et par là même ambigu quant à ses objectifs, c'est un disque sophistiqué qu'il faut avoir écouté au moins une fois, d'autant plus que ce qui va suivre n'offrira plus que rarement la même appétence pour l'aventure et l'abstraction (ici parfaitement suggérée par la construction complexe à la Escher de la pochette basée sur le O de Orb). [3/5] [ A écouter : Plateau - Oxbow Lakes ] |
Steve Roach : Artifacts (Fortuna Records), USA 1994 Si les œuvres de jeunesse du compositeur californien Steve Roach s'alignent sur les productions électroniques de Tangerine Dream et surtout de Klaus Schulze, sa musique a par la suite considérablement évolué, devenant plus lente, sombre, et intégrant des percussions et instruments ethniques. Au sein d'une discographie pléthorique comptant une centaine d'albums enregistrés sur une période de près de 40 années, Artifacts donne une bonne idée de son style incantatoire. Conçu comme une séquelle à l'album Origins de 1993, Artifacts poursuit l'exploration sonore des civilisations préhistoriques dont la terre garderait la mémoire. La musique, dont toute mélodie est absente, installe derechef une atmosphère étrange où percent dans le lointain des rythmes tribaux surgis de l'inconscient collectif de l'humanité. C'est une plongée au plus profond des âges, à l'origine des cultures, au cœur des forêts primitives que la lumière perce difficilement. Les textures ont quelque chose d'organique à l'instar d'une soupe épaisse primitive, peuplée de créatures innommables et inlassablement malaxée par les éléments. L'emploi du didgeridoo, instrument très ancien joué par les Aborigènes du Nord de l'Australie, y est pour beaucoup : derrière les percussions et les synthés, ses sonorités graves ajoutent quelque chose de primordial et de mystérieux, invoquant quelques antiques cérémonies secrètes dont les objectifs se seraient perdus avec le temps. Ceci est de la pure musique "ambient", enveloppante et relaxante, propice à la méditation ou au voyage en apnée dans d'autres états de conscience. A écouter aussi du même compositeur : le superbe Structures From Silence sorti en 1984 qui établit sa réputation et lança sa prolifique carrière. [3½/5] [ Artifacts sur Bandcamp ] [ A écouter : Begin Where I End ] |
Andy Partridge & Harold Budd : Through The Hill (All Saints), USA/UK 1994 Cette unique collaboration entre le pianiste ambient Harold Budd, révélé jadis par Brian Eno via le disque culte The Plateaux Of Mirror, et le chanteur guitariste de XTC, Andy Partridge, a donné naissance à une création atmosphérique originale. On y retrouve bien entendu ce piano aux tonalités liquides qui fit le succès de l'album précité mais il est ici mêlé aux guitares, synthés et percussions joués par Partridge dont les sons lui font écho. Bien que l'on ne puisse définir exactement quel est l'apport de chaque musicien à ces exquises miniatures, on peut quand même supposer que les inclinations minimalistes habituelles de Harold Budd ont été canalisées par Partridge dans des structures plus variées, mélodiques et assimilables. Même s'il n'est pas entièrement abouti, le résultat de la rencontre est bluffant et se situe à la frontière de deux mondes musicaux, chacun ayant apporté sa vision au niveau des partitions, des titres, de l'aspect visuel lié à la musique et même de la manière de composer. Harold a d'ailleurs décrit cet exercice comme "deux architectes ayant conçu un pont entre eux et décidant de ce à quoi il allait ressembler avant qu'ils ne le construisent, sans avoir la moindre idée de ce que pouvait être la partie musicale." Quant à leur façon de travailler, elle est évidemment différente : le pianiste inclinant à improviser en studio alors que Partridge travaille habituellement sur des structures et concepts établis à l'avance. Voici une musique instrumentale, contemplative et empreinte de références subliminales à une archéologie rêvée et à l'art sous toutes ses formes, à des régions imaginaires et aux improbables artefacts qu'on y trouve. Certes, la personnalité de Harold Budd, âgé de 58 ans, a prévalu sur celle de son plus jeune complice mais l'influence de ce dernier n'en est pas moins patente : la musique, qui ne se cantonne pas aux ruminations "ambient" habituelles de Budd, échappe à son univers plus sombre et prend quelques couleurs. Les sonorités ont été trafiqués et ajustées au gré de la volonté des compositeurs, pour que la musique sonne comme ils l'on exactement voulu. Certains morceaux ressemblent encore un peu trop à des essais en gestation (les interludes Hand 19 et Hand 20 ainsi que Mantle Of Peacock Bones ne sont guère plus que des esquisses) mais d'autres (Great Valley Of Gongs, The Place Of Odd Glances, Tenochtitlan's Numberless Bridges, Ceramic Avenue, Bearded Aphrodite) sont de belles réussites. Dommage que les deux hommes ne se soient jamais retrouvés par la suite pour peaufiner davantage leur travail en commun et donner une suite à ce disque qui manque juste un peu de cohérence et de maturité. [4/5] [ Through The Hill (CD / LP) ] [ A écouter : Through The Hill - Great Valley of Gongs - Ceramic Avenue ] |
Michael Brook : Cobalt Blue (4AD), Canada 1992 Le Canadien Michael Brook est un touche-à-tout de génie. Ingénieur du son, il est aussi producteur arrangeur, compositeur, guitariste, et inventeur d'effets spéciaux comme l'infinite guitar, une Stratocaster trafiquée pour délivrer des notes avec un sustain illimité. Quant aux genres abordés par le musicien, ils vont de l'ambient au rock en passant par la musique de film. Il a ainsi collaboré à des disques de David Sylvian et Robert Fripp (Damage Live), U2 (The Joshua Tree sur lequel The Edge utilise son infinite guitar), du chanteur pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan (Night Song) ainsi qu'à quelques bandes sonore de films légendaires comme The Fires Of Kuwait, Heat, et Into The Wild (qui lui vaut une nomination pour un Golden Globe Award). Enregistré en compagnie des frères Brian et Roger Eno et du québécois Daniel Lanois, Cobalt Blue est une belle création de style ambient qui couvre l'immense étendue du savoir-faire et des intérêts de son auteur. Non seulement la production est immaculée mais les sons créés par Brook sur sa guitare ont une limpidité hors du commun. Contrairement à beaucoup de disques du genre réalisés dans les années 80 et 90, Cobalt Blue est pourvu de vraies mélodies enrobées de percussions légères tandis qu'au fil des plages émergent différents instruments comme un violon, des cloches, des synthés ou un accordéon. Bien que la tonalité générale soit éthérée et planante, les titres concis (entre trois et quatre minutes) ont des ambiances différentes évoquant parfois le Fourth World de Jon Hassell (Shona Bridge et son envoûtante mélopée orientale, Skip Wave), le style New-Age ou des musiques de films. Ultramarine, l'un des sommets de l'album, fut d'ailleurs retenu par Michael Mann pour son film Heat en 1995 et figure sur la superbe bande originale sortie par Warner Bros à côté d'autres morceaux joués par Eno, Lisa Gerrard, Terje Rypdal ou Moby. Parfait pour la relaxation méditative aussi bien que pour se faire une toile dans la tête, Cobalt Blue est un album avec une approche unique qui en fait une perle rare de la musique ambient. [4/5] [ Cobalt Blue (CD & Digital) ] [ A écouter : Shona Bridge / Breakdown / Red Shift - Urbana / Lakbossa / Ten / Hawaii ] |
Michael Garrison : An Earth-Star Trilogy And Songs From The Earth-Star (Windspell Music), 1989 Compositeur américain originaire de l'Oregon, Michael Garrison fut largement influencé par l'Ecole de Berlin de musique électronique et par Klaus Schulze et Tangerine Dream en particulier. Mais sa musique légère, mélodique et séduisante doit aussi beaucoup au Français Jean-Michel Jarre. C'est en 1979 qu'il produit sa première œuvre inspirée par les missions Voyager (In the Regions of Sunreturn And Beyond) sur son propre label Windspell Records et déjà, l'attraction de l'espace et de ses mystères cosmiques se fait sentir. Elle sera le fil rouge de sa discographie et cet album, dont le thème est un voyage dans le temps depuis la création de l'univers jusqu'à celle de la Terre, ne fait pas exception à cette inclination galactique. Contrairement à beaucoup d'autres musiciens travaillant dans ce genre de musique qui ont renouvelé leur matériel en profitant des dernières technologies inventées dans les années 80, Garrison est resté fidèle à son équipement analogique de la première heure incluant un synthétiseur semi-modulaire monophonique ARP 2600 qu'il combine avec des machines plus modernes comme le clavier numérique Roland D-50 et des modules pour batterie électroniques comme le Korg DRM-1. Ceci dit, vu la réputation bien établie et la grande qualité des musiciens allemands dans ce créneau, la musique entendue sur ce disque manquait sans doute d'originalité pour s'imposer de manière décisive en Europe : Theme To The Earth-Star et The Crystal Moon avec leurs séquences rythmiques sont assez proche de Tangerine Dream tandis que les nappes sonores de The Remembering et Afterthought évoquent les aspects plus sombres de Klaus Schulze. Quant à Shadows Of Time, son aspect pop et mélodique fait penser à Jarre. Toutefois, aux Etats-Unis qui n'ont pas une tradition de musique électronique comparable à l'Europe, Garrison avait plus de chance d'occuper une niche assez peu peuplée. Et en quelque sorte, c'est ce qui s'est produit : même si son nom reste peu connu du grand public, il a fini par s'imposer chez lui et, finalement, également en Allemagne où l'une de ses compositions (Departure) fut choisie en 1984 par la chaîne audiovisuelle WDR comme thème principal d'une série consacrée à la musique électronique. Juste récompense même si Michael Garrison ne profita pas longtemps de son relatif succès : enclin depuis sa jeunesse à des dépressions de plus en plus profondes, il est devenu beaucoup moins productif dans les années 90 (son dernier album, Brave New Worlds, est paru en 1998) et a fini par sombrer dans l'alcool. Il en est mort le 24 mars 2004 à Bend dans l'Oregon suite à une dégénérescence du foie. Les onze disques qu'il nous a laissés (dont celui-ci est le septième) constituent son héritage. [3½/5] [ A écouter : Shadows Of Time ] |
Harold Budd & Brian Eno : Ambient 2 / The Plateaux of Mirror (Virgin), USA/UK 1980 Pour sa fameuse série de disques de musique d'ambiance, Bria Eno ne pouvait trouver meilleur partenaire que le pianiste minimaliste Harold Budd, peintre surréaliste d'un vide intersidéral presque parfait où l'auditeur ne trouvera que ce qu'il veut bien y mettre. Budd caresse à peine ses touches d'ivoire tandis que Eno altère les notes cristallines et les enveloppe d'un lavis synthétique évanescent qui les fait vibrer et résonner dans l'espace. Malgré le concept qui présida à la création de ces essais et qui voudrait que ces sons n'existent que pour ce qu'ils sont, sans aucun référentiel, cette musique a bel et bien une âme et une extraordinaire aptitude à créer des paysages sonores. Enigmatique, mélancolique, dépourvue de densité, elle arrive pourtant à conjurer toute monotonie et, contrairement à la musique pour aéroport éditée dans la même collection avec une intention analogue, elle transporte l'auditeur tombé sous le charme se son minimalisme vers les plateaux de miroir et bien au-delà. [5/5] [ Ambient 2 / The Plateaux Of Mirror (CD) ] [ A écouter : First Light - The Plateaux of Mirror ] |
Jon Hassell / Brian Eno : Fourth World Vol. 1 - Possible Musics (EG) USA / UK 1980 - Réédition CD rematérisé (Glitterbeat), 2014 L'élément dominant est ici la trompette de Jon Hassell dont le son est trafiqué par des effets (notamment à l'aide d'un harmonizer qui combine en temps réel le son de l'instrument avec des échantillons de lui-même) responsables d'intonations aussi diverses que surprenantes, allant du chuintement du vent aux cris d'animaux sauvages en passant par la voix humaine. Quand une rythmique est nécessaire, elle résulte de lignes de basse, de clappements de mains ou de percussions jouées par Nana Vasconcelos et Ayibe Dieng. Le tout s'avère un creuset rare et minimaliste de musique improvisée, d'ambient et de bruitages inspirés par les cultures, parfois imaginaires, du monde entier. Ce disque n'étant pas trop différent des œuvres précédentes de Hassell comme Vernal Equinox, on peut s'interroger sur le rôle de Brian Eno mais, outre ses interventions au synthé (Ba-benzélé, Rising Thermal et Charm) et à la guitare (Delta Rain Dream), sa sensibilité et son apport en tant que producteur ont été bien réels et bénéfiques, renforçant le côté onirique de la musique par de petites touches personnelles. Eno a aussi lié son nom et sa réputation dans le monde du rock à celui d'un quasi inconnu dont la musique serait probablement restée secrète en son absence. Ceci dit, Eno a beaucoup appris pendant ces sessions et les trouvailles de Hassell seront largement recyclées une année plus tard lors de sa collaboration avec David Byrne sur My Life In The Bush Of Ghosts, un projet auquel Hassell devait participer mais qu'en fin de compte il refusa, conscient que son approche originale était pillée à des fins commerciales. Les termes Fourth World renvoient à une époque où l'on divisait le monde en trois parties : le premier monde étant constitué des pays occidentaux développés, le second était le bloc soviétique qui restait largement énigmatique et le troisième englobait les pays en voie de développement, moins avancés au plan technologique mais plus riches de traditions et de spiritualité. Dans cette optique, le quatrième monde est une contrée imaginaire combinant la spiritualité et les traditions du troisième avec la technologie du premier. Quant à la pochette, elle représente une photo Landsat montrant le Nil Blanc près de Khartoum (une zone qui correspond d'ailleurs aux coordonnées indiquées à côté du titre Rising Thermal). Fort bien reçu à sa sortie, cet album ouvrit les portes à une approche moderne et syncrétique des musiques world qui sera largement exploitée plus tard au cours des années 80 (notamment par Eno lui-même mais aussi par Peter Gabriel dans sa carrière en solo). [5/5] [ Fourth World Music Vol. I: Possible Musics (CD & Digital) ] [ A écouter : Full Album (2014 Remaster) ] |
Klaus Schulze : Dune (Brain), Allemagne 1979 - Réédition avec 1 titre live en bonus (Revisited Records), 2005 Membre de Tangerine Dream, avec qui il enregistra leur premier opus Electronic Meditation (Ohr, 1970), fondateur avec Manuel Gottsching de Ash Ra Tempel et inspirateur de Kitaro, Klaus Schulze est l'un des initiateurs de ce qu'on appellera plus tard la musique « new age ». Né en 1947 à Berlin, ses premiers albums en groupe ou en solo le présentent surtout comme un explorateur sonore utilisant orgue, oscillateurs, voix, guitares, batterie et percussions diverses pour créer un univers personnel et contemporain. Après avoir acquis un synthétiseur en 1971, il introduisit progressivement cet instrument dans ses compositions et finit, à partir de l'album Blackdance en 1974, par produire des disques quasi entièrement électroniques. Dune, qui paraît en 1979, fait suite à une longue série d'albums fantastiques (Timewind, Moondawn, Mirage, Body Love et X) ayant imposé leur auteur comme le guru d'une musique électronique suggestive qu'on classe volontiers dans un genre appelé « krautrock » (un terme navrant, inventé par la presse britannique, qui met l'accent sur l'origine allemande de cette musique plutôt que sur sa substance expérimentale). Voulant éviter à tout prix de se répéter inlassablement, ce qui n'est pas si évident dans ce genre de musique, Schulze a cherché l'inspiration pour ce onzième album en solo dans Dune, l'un des romans les plus fascinants de la science fiction moderne écrit par Frank Herbert qui le publia en 1965. Beaucoup d'artistes se sont inventés une image de la planète Arrakis et des vents modulant à l'infini ses montagnes de sable doré mais rares sont les évocations aussi réussies que celle-ci. A tel point qu'on peut se demander pourquoi David Lynch a préféré confier la musique de son film (sorti en 1984) au groupe de rock Toto et à Brian Eno (pour un seul titre électronique appelé Prophecy Theme bien qu'il soit de notoriété publique qu'Eno avait aussi écrit un score complet) alors qu'il disposait déjà, avec la musique de Schulze, d'une bande originale visionnaire. Le titre Dune, qui occupait la première face du LP, a été conçu comme une longue pièce atmosphérique de trente minutes (la version CD est légèrement plus longue) et il se démarque des oeuvres précédentes ou de celles de Tangerine Dream par le fait qu'il ne comporte aucun séquenceur. Les frissons électroniques évoquent alors dans leur pureté les dunes silencieuses qui se refont à chaque changement de vent, l'air sec et la lumière intense de la planète sans eau, les rochers noirs qui s'étirent à l'horizon sur les lames pétrifiées de sable jaune. Le violoncelle de Wolfgang Tiepold, qui plane au-dessus des synthés, apporte encore une dimension lyrique supplémentaire en procurant une part de spiritualité à cette partition minérale d'une beauté sereine. En comparaison, la seconde plage, intitulée au départ Arrakis et rebaptisée en fin de compte Shadows Of Ignorance, retrouve les séquences de rythmes et comprend un poème écrit par Schulze et interprété de manière mi-déclamatoire mi-chantée par Arthur Brown tandis que le violoncelle vient une nouvelle fois humaniser le son des machines. La réédition en CD comprend un titre en bonus de 23 minutes, intitulé Le Mans, enregistré en concert pendant la tournée Dune de 1979 ainsi qu'un livret de 20 pages reproduisant la pochette originale et incluant des photos d'époque et un texte sur la conception de l'oeuvre. En admettant bien volontiers que tout jugement est biaisé par l'estime et l'affection qu'on peut porter au roman de Frank Herbert, je pense que la première face vaut à elle seule l'acquisition de cet album qui se hisse sans peine au sommet de ce que les maîtres teutons de l'électronique ont réalisé depuis la fin des années 60. [4½/5] [ Dune (CD) ] ] [ A écouter : Dune (extrait) ] |
Brian Eno : Ambient 1 - Music For Airports (E.G. / Polydor), UK 1978 C'est avec cet album que le concept de musique ambient est né. S'inspirant des compositeurs minimalistes américains comme La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass, Brian Eno a créé des nappes sonores mélodieuses destinées à colorer l'air et à le mettre en mouvement, presque incidemment comme le ferait un mobile oublié dans une pièce vide. Et ça fonctionne ! Par la magie de l'esprit, le piano évanescent mêlé aux synthés qui se déploient avec une lenteur inouïe induisent des images, catalysent des rêves et des désirs enfouis, racontent des histoires aux plus introvertis d'entre nous jusqu'à faire oublier leur peine aux solitaires. Les quatre longues plages n'ont même pas de titre, Eno ayant laissé la liberté à chacun d'imaginer ce qu'il veut à l'écoute de ces pièces anonymes. Quant à l'intitulé de l'album, Music For Airports, il n'aurait pu être mieux trouvé. On est littéralement plongé dans une atmosphère de voyage un peu nostalgique et cotonneuse, libéré des contraintes de la vie quotidienne, relégué en attente devant une grande baie vitrée où l'on peut apercevoir dans l'aube naissante les grands oiseaux de métal qui partent ou reviennent de leur course autour du monde. En tout cas, si vous être du genre stressé lorsqu'il faut prendre un avion, calez ces bribes de musique dans vos oreilles et l'envol se fera en douceur de façon beaucoup plus zen qu'avec la prise de n'importe quel anxiolytique. [5/5] [ Ambient 1 : Music For Airports (CD) ] [ A écouter : Music For Airports (Full Album) ] |
Fripp & Eno : Evening Star (EG Records), UK 1975 Fruit de la seconde collaboration entre deux monstres sacrés du rock « intelligent », Evening Star n'est rien d'autre qu'un disque d'ambiance. Eno a apporté ses synthés et installe des atmosphères planantes grâce à un système de bandes tournant en boucle, dénommé « Frippertronics ». Robert Fripp, lui, ajoute des nappes de guitare trafiquée qui s'effilochent avec une langueur infinie suggérant le vent qui fait frissonner les eaux d'un lac immobile aux origines du monde (Wind On Water). Plus beau encore est le titre éponyme, Evening Star, avec ses claviers cristallins magnifiés par la réverbération, proche de ce que l'on peut écouter sur les disques « ambient » de Eno comme The Plateaux Of Mirror. Par-dessus, Robert Fripp place un long et lent solo de guitare saturée qui s'incruste dans le paysage sonore comme l'étoile du soir dans l'azur du ciel déclinant. Plutôt qu'une approche minimaliste, les deux instrumentistes ont choisi de peaufiner chaque détail, ajoutant des micro-variations à la construction qui en devient plus riche, plus suggestive et encore plus mystérieuse. Evensong et Wind On Wind sont deux autres plages plus courtes dans le même style éthéré mais An Index Of Metals, qui frôle les 30 minutes et clôture le disque, est une autre histoire. L'atmosphère y est cette fois plus sombre, invoquant des secrets enfouis, tandis que les sons créent dans l'air des vagues immenses qui interfèrent les unes avec les autres jusqu'à la dissonance. Synthés et guitares sont ici presque indiscernables, se confondant dans des textures sonores aussi suggestives qu'énigmatiques et dont on ne saurait nier l'impact sur notre pouvoir d'imagination. [5/5] [ Evening Star (CD) ] [ A écouter : Wind On Water ] |
Andy Pickford : Lughnasad (Bandcamp), UK 2002/2020 Andy Pickford est un musicien britannique actif en musique électronique. Assez discret et même énigmatique, il produit depuis les années 90 des albums marqués par des séquences et des rythmes appuyés mais aussi par des mélodies attrayantes. Composé et enregistré entre 2000 et 2002, Lughnasad a été remastérisé et remixé en 24 bits au printemps 2020. C'est un voyage sonore inspiré par diverses ambiances et réflexions. Ainsi, les trois volets de Sunstanding se veulent être un hommage à l'été avec une musique brillante qui dégage des ondes « positives » tandis que Mnemosyne, plus sombre et ambient, se réfère à l'astrologie. En comptant les titres bonus, démos et versions antérieures, l'album digital offre 19 plages que les amateurs de synthés et de musiques électroniques apprécieront pour leur grande variété et leur pouvoir d'évocation. On notera aussi la participation de la chanteuse Rachel Cohen (des groupes Karnataka et The Reasoning) sur le splendide titre éponyme qui, pour moi, est le sommet de cette œuvre qui ne manque pas de grands moments. [4½/5] [ Lughnasad (24 bit Collector's Edition / Digital) ] [ A écouter : Lughnasad ] |
Klaus Schulze : Timewind (Brain / Virgin), Allemagne 1975 Ce titan de la scène électronique allemande des seventies a une abondante discographie en forme de cloche qui s'éternise sur la fin en de multiples œuvres mineures et répétitives que presque plus personne n'écoute aujourd'hui. Mais comme toute cloche, cette discographie a aussi une apogée, un pinacle, un zénith, un sommet et Timewind est son nom. Dédiées à Richard Wagner, les deux longues suites de 30 minutes chacune, intitulées Bayreuth Return et Wahnfried, sont difficilement comparables aux orchestrations puissantes des opéras du célèbre compositeur allemand mais elles n'en reprennent pas moins l'esprit, surtout la première. Ici aussi, les synthés analogiques font tonner l'orage et laissent l'auditeur perdu au-dessus d'un monde apocalyptique et primitif. Dans le prologue du fameux roman Hypérion de Dan Simmons, le consul, du balcon de son vaisseau, observe une forêt de gymnospermes où s'ébattent de grands sauriens verts tandis que la fureur de la tempête se mêle aux accents violents de la Chevauchée des Walkyries. "Wagner n'est bon que pour les moments de tempête" se dit alors le consul. Bayreuth Return aussi ! [5/5] [ Timewind (CD) ] [ A écouter : Bayreuth Return ] |
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