Le Rock Progressif

Spécial Rock Progressif Belge


Série III - Volume 7 Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 6 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ]

Lagger Blues Machine (CBS), Belgique 1972 - Réédition CD : The Complete Works (Mellow records MMP 217), 1994
Qu'on ne s'y trompe pas ! Malgré leur patronyme, Lagger Blues Machine n'était pas un groupe de blues, leur nom paraissant davantage inspiré par leur intérêt pour la bière. Constitué en 1969, le quartet eut la chance de se produire souvent en concert, ce qui lui permit de se perpétuer et même d'évoluer. Et quand vint le temps d'enregistrer un LP en 1971, Lagger Blues Machine, en plein développement, venait de s'adjoindre un organiste et un saxophoniste supplémentaires. En réécoutant cet album aujourd'hui, on entend une musique acide qui s'abreuve à la scène de Canterbury dans sa forme la plus complexe (Soft Machine) ainsi qu'aux longues explorations instrumentales psychés alors très en vogue. La présence de deux organistes, Christian Duponcheel (futur membre de Dragon) et Vincent Mottoulle, apporte une densité à l'ensemble tandis que le saxophoniste et flûtiste Carmelo Pilotta n'est pas assez présent. En fait, il y a peu de solos dans ces morceaux alambiqués conçus comme d'étranges voyages collectifs. L'un des plus intéressants est Born To Be Alone On A White Desert Island qui est doté d'une structure moins complaisante tout en bénéficiant d'un travail intéressant sur les voix et de belles envolées d'orgue sur une rythmique qui pulse. Il manque toutefois à ces longs développements un cadre qui pourrait leur donner un sens et il est clair que cette musique aurait été bien plus substantielle avec un investissement supplémentaire au niveau de l'organisation des compositions. A leur défense, il faut dire que l'album souffre d'un déficit énorme en production et d'un mixage plus qu'approximatif qui n'en rend pas l'écoute agréable. Ce LP a été réédité en 1994 par le label italien Mellow Records qui, aux cinq titres du LP initial, a rajouté quatre morceaux enregistrés le 31 octobre 1971 au Free Show du Woluwe Shopping Center de Bruxelles et déjà édités en 1988 sur un LP intitulé Tanit Live. En dépit des limites d'une prise de son rudimentaire, ces enregistrements « live » témoignent de l'énergie d'un groupe qu'on imagine sur scène complètement absorbé par sa musique jouée sans concession face à un public enthousiaste. Réservé aux amateurs curieux ou alors, comme souvenir d'une époque révolue pour ceux qui ont vécu ça !

[ Lagger Blues Machine + Tanit Live 1970 (CD & MP3) ]

Banzai : Hora Nota (Pseudonym Records), Belgique 1974
A côté de Machiavel, Banzai est l'autre groupe emblématique du progressif symphonique belge. En fait Hora Nota fut la première réalisation du genre dans le plat pays, puisque sa sortie précéda de deux années celle du premier disque éponyme de Machiavel. Malheureusement Banzai ne connaîtra pas la célébrité de son concurrent et restera le groupe d'un unique album que l'on redécouvre aujourd'hui grâce à une réédition en compact soignée et qui offre en plus six titres en bonus, inédits ou versions alternatives, récupérés des 45 tours sortis en 1974 et 1975. Et pourtant, quelle superbe musique que celle-ci, jouée par un quintet de musiciens compétents qui puisent leurs références dans des groupes aussi divers que Focus, Yes, Caravan ou Camel. Après une introduction humoristique et jazzy à la Fank Zappa (You Always Like An Entree), les choses sérieuses sont entamées avec Try, excellente petite composition complexe qui grimpe dans les coeurs avec une seconde partie chantée avec une voix aiguë à la manière de Jon Anderson. Meilleure encore apparaît la suite instrumentale Obelisk avec son arsenal de claviers (piano, orgue, Moog et string ensemble) et son travail remarquable sur les percussions au sein desquelles il faut inclure les marimbas, métallophones et autres vibraphones de Ludwig Kemat. Le guitariste Evert Verhees joue quant à lui dans un style fluide et mélodique qui évoque parfois Jan Akkerman. Le plus long morceau est une autre suite de douze minutes intitulée Three Magicians qui, par son chant, fait encore penser à Yes. Emaillée de multiples breaks, la composition évolue toutefois rapidement en une fresque grandiose essentiellement instrumentale où brillent tour à tour les différents solistes. On peut comprendre que Banzai soit resté dans l'ombre de Machiavel : sa musique plus âpre et complexe apparaît moins confortable. Bien qu'encore inaboutie, elle n'en est pas moins captivante et aurait bien mérité d'être affinée dans des enregistrements ultérieurs. Les six simples rajoutés en fin de répertoire par le label hollandais laissent d'ailleurs entrevoir, dans leur approche volontairement plus concise et commerciale, un réel potentiel de séduction.

[ Hora Nata + 6 Bonus Tracks ]

Cos : Viva Boma (EMI Music / IBC), Belgique 1976 - Réédition CD (Musea), 2005
Avec ce second album du groupe à tête chercheuse Cos, on tient une perle rare réunissant quelques pointures du rock progressif belge dont le violoncelliste Denis Van Hecke (Aksak Maboul), le claviériste Mark Hollander (Aksak Maboul et les Honeymoon Killers, fondateur du label Crammed Discs en 1981) et, en invité, Marc Moulin (Placebo, Telex) au Mini-Moog. La pochette, conçue par le bassiste Alain Goutier, annonce déjà la couleur : ce disque est enregistré sous la bannière de l'humour (les Belges savent pourquoi !) mais n'en est pas moins, question musique, une affaire sérieuse. D'abord, Cos fait sien un vaste patrimoine musical qu'il restitue à sa manière en le pourvoyant de surprenantes investigations soniques. Certes, on trouvera bien ici quelques références au style de Canterbury ainsi qu'à Magma et surtout à Zao mais c'est inévitable quand on marie le rock et le jazz dans une salle des fêtes psychédélique. Cos, c'est aussi une part d'avant-gardisme, jamais austère et toujours accessible, avec des vocalises d'une autre planète (l'excellente Pascale Son dont les onomatopées rappellent par moment les murmures de Robert Wyatt), des zébrures électroniques, des contrastes inusités, des tonnes d'effets spéciaux et un amour fou pour la liberté. On trouvera sur cette galette bien des moments de grâce comme, sur Flamboya, les extraordinaires solos de Mini-Moog (Moulin) et de Fender-Rhodes (Hollander) entrelacés avec le « scat » de Pascale Son ou, sur In Lulu, les arabesques de la chanteuse qui se fondent dans un solo de guitare stupéfiant de Daniel Schell (grand gourou de Cos et compositeur de la majorité des morceaux). L'Idiot Léon, qui frôle les 11 minutes, est le titre le plus « Canterbury » du répertoire avec un orgue Farfisa trafiqué par un effet fuzz évoquant Caravan, un travail stupéfiant sur les percussions et un nouveau solo de Schell. La réédition exemplaire de Musea offre quatre titres en bonus : une version démo plus longue de Nog Verder (Encore Plus loin) et trois inédits dont les excellentes chansons en français Mon Rebis et Ixelles, cette dernière dédiée au célèbre quartier de Bruxelles où se trouve l'académie dans laquelle a étudié Pascale « Son » De Trazegnies. Le livret accompagnant le compact fourmille de détails intéressants qui vous apprendront à apprivoiser les sons entendus ici mais, même sans ça, cette musique intemporelle, à l'instar du Rock Bottom de Robert Wyatt, reste l'une des plus belles et étranges expériences d'écoute de l'histoire du rock progressif.

[ Viva Boma + 4 Bonus Tracks ]

Dragon (Musea), Belgique 1976 - Réédition CD 2006
Si vous pensiez que, dans les années 70, Machiavel et Banzai étaient les seuls combos de rock progressif belge, c'est oublier Dragon, obscur quintet auteur de deux albums (Dragon en 1976 et Kalahen en 1977) dont les origines se sont perdues dans la nuit des temps. En fait, dès son premier LP, Dragon s'était forgé un style rétro mais personnel s'abreuvant à de multiples influences qui imprègnent dans des proportions très diverses les six titres du répertoire. Introduction (Insects) est un instrumental en forme de jam psychédélique avec un orgue hypnotique évoquant le Pink Floyd des débuts et une guitare dont le son acide provient en droite ligne des sixties. Plaisante mise en bouche pour ce qui va suivre. Le plus long titre du disque, Lucifer, est plus ambitieux dans son écriture mais conserve le même feeling psyché avec des solos de guitare trafiqués par une pédale fuzz. Cette composition est dotée d'une partie centrale planante qui bénéficie de la présence d'une flûte et de vocalises aériennes. Pourvu d'un arrangement singulier avec vibraphone et d'une mélodie moyennement attractive, Leave Me With Tears est juste une bonne chanson rehaussée par une section instrumentale toutes guitares dehors. Gone In The Wind qui vient ensuite est le meilleur titre du LP avec un chant correct et un drive en béton qui rappelle furieusement les premiers albums des Moody Blues (genre Lovely To See You). La section rythmique composée du bassiste Jean-Pierre Houx et du batteur Georges Venaise en jette un maximum et Jean Venaise s'octroie des riffs de guitare qui claquent tandis que Christian Duponcheel met tout en forme dans un subtil arrangement de cordes joué au mellotron. In The Blue est une pièce atmosphérique dominée par l'orgue sur lequel vient se greffer un intéressant solo de trombone (Jean-Pierre Houx). Le climat floydien persiste jusqu'à la fin de ce titre planant qui aurait pu servir de bande sonore à More ou à Zabriskie Point. L'album se clôture sur Crystal Ball, un autre instrumental hypnotique, avec de belles parties d'orgue, qui évolue en crescendo jusqu'à l'inévitable explosion finale culminant dans un solo rageur de guitare électrique. En dépit d'un manque évident de moyens qui auraient permis de donner à ces quasi démos un relief plus imposant, ce disque est plutôt une bonne surprise. Sa réédition par Musea, qui le rend à nouveau accessible, permettra aux amateurs de progressif underground et européen de redécouvrir ce groupe qui, à l'époque, aurait bien mérité d'être sorti de son amateurisme. !

[ Dragon ]

Machiavel (EMI), Belgique 1976 - Réédition CD + 3 titres inédits (Spalax), 1994
Premier essai d'un groupe qui deviendra célèbre par la suite, ce premier album éponyme n'a en général pas bonne presse, étant globalement jugé par les amateurs comme le plus faible de la trilogie progressive qu'il compose avec Jester et Mechanical Moonbeams. Et il est vrai que la musique apparaît parfois sans relief, noyée dans une abondance de claviers mielleux joués par Albert Letecheur (qui utilise ici un synthé Davoli, un Solina String et un Minimoog – le mellotron absent viendra plus tard). Mais le principal problème reste la voix de Marc Ysaye, par ailleurs batteur honorable et présentateur éclairé d'une émission de radio belge qui connaîtra un succès considérable (Les Classiques de Radio 21). Il s'en rendra probablement compte très vite lui-même puisque, dès le second opus, le département des voix sera confié avec sagesse à un Mario Guccio beaucoup plus expressif. Après sa longue introduction de synthé, Johan's Brother Told Me s'installe dans un rock tranquille et mélodieux qui évoque Barclay James Harvest tandis que la meilleure part de ce titre consiste en son envolée instrumentale dominée par la guitare planante de Jack Roskam. Passons rapidement sur un Cheerlesness trop soporifique pour aborder Cry No More, sauvé par un bel accompagnement de guitares acoustiques et des solos de claviers et de guitares euphoriques. Le meilleur titre de l'album est When Johan Died, Sirens Were Singing qui frôle les dix minutes. Dotée d'un tempo plus énergique, cette pièce complexe comprend de belles parties de piano acoustique couplées avec des guitares superbes et il y a même un passage curieusement groovy qui démontre déjà tout l'intérêt que Machiavel portait à la musique de Supertramp. Ce titre affiche un réel potentiel artistique et c'est probablement ce qui a accroché les décideurs du label EMI. Après un court I Am mi-folk, mi-classicisant, le LP original se termine sur Leave It Where It Can Stay, une autre chanson mélancolique un peu gâchée par la voix inexpressive d'Ysaye mais bénéficiant quand même d'un arrangement intéressant à la Pink Floyd, avec nappes de synthés et solos de guitare qui montent crescendo vers l'inévitable rupture, en l'occurrence une porte qui s'ouvre toute grande sur les vents du Nord. En raison de ses faiblesses et d'un manque flagrant de maturité, l'acquisition de ce premier essai n'est à envisager qu'après celle des deux opus qui l'ont suivi. Sachez quand même que ce disque reste agréable à réécouter, qu'il ne peut être totalement ignoré et que son absence laissera un vide dans toute discothèque dédiée à ce qu'on appelait à l'époque l'Eurock.

La réédition remastérisée en CD par le label Spalax comprend aussi trois titres inédits et vintage, enregistrés en 1974 peu après la formation du groupe : Don't Remember et When You Turn Green sont deux ballades de plus tandis que l'énergique To Be Free, qui est un blues-rock conventionnel, tranche radicalement sur le reste du répertoire. Malheureusement, cette réédition est devenue aujourd'hui presque aussi difficile à trouver que le LP original.

[ Machiavel Website ] [ Machiavel (CD Spalax) ]

Prelude : Voyage (Europroduction EP 803), Belgique 1979
Le premier titre de Voyage (Mox) est chanté dans la langue de Voltaire, ce qui amène forcément à comparer Prelude avec leurs célèbres homologues français comme Ange, Mona Lisa et Atoll. Le chanteur David Piron, qui a également produit cet album, a une voix claire mais manque d'expressivité tandis que les textes restent fortement imprégnés des thèmes ésotériques et cosmiques de Jon Anderson (Yes) : Nous sommes du soleil, membres vivants de notre dieu. Nous sommes du soleil, musiciens de cette symphonie de feu … La musique est typée avec de longs solos aérés de guitare (Vincent Fis) enrobés dans des nappes de claviers joués par Michel Crosset. Le reste est chanté dans un anglais imparfait tandis que les thèmes sont toujours aussi kitsch même si on les replace dans le contexte de la fin des années 70 (Jesus Come BackThe life's melody is a mystical symphony). Sur Life After Death, un des bon titres de l'album, le groupe montre qu'il peut jouer hard : la guitare devient soudain agressive tandis que la rythmique s'emballe comme un moteur de dragster et, porté par des riffs rageurs, le solo de synthé en finale vole plutôt haut. Le plus long morceau est placé à la fin du disque : Suicided est une de ces compositions typiques du rock symphonique avec des passages atmosphériques peuplés de solos de synthés et de guitare. Rien d'innovant ici, juste un groupe de musiciens au bord de l'amateurisme tentant de perpétuer un genre devenu complètement anachronique à l'aube des années 80 (à moins d'y voir déjà les prémices d'un néo-prog qui émergera difficilement quatre années plus tard). Rare et anecdotique bien sûr, mais sympathique !


Univers Zero : Heresie (Atem LP / Cuneiform CD), Belgique 1979
On trouve sur le Web quelques listes reprenant les disques les plus sinistres jamais enregistrés et Heresie en fait invariablement partie. C'est probablement ce qui a fait sa célébrité même si les qualités de cet album ne résident pas seulement dans l'atmosphère oppressante que son écoute génère incontestablement. Il faut dire que le batteur Daniel Denis avait déjà témoigné d'un goût pour l'univers littéraire horrifique de H.P. Lovecraft en baptisant ses premières formations des noms d'Arkham et de Necronomicon. Formé à Bruxelles en 1974 avec un nom emprunté au titre d'une nouvelle de science fiction écrite par Jacques Sternberg et publiée à l'époque dans la fameuse collection Marabout, Univers Zero a attendu trois ans pour enregistrer son premier disque éponyme et deux ans de plus pour sortir Hérésie. Doté à l'époque d'une pochette en noir et blanc reproduisant un dessin évoquant l'univers médiéval fantastique de Jérôme Bosch, la musique proposée n'a pas grand-chose à voir avec le rock classique. De nature essentiellement acoustique à cause d'instruments comme le basson, le violon, l'harmonium et le hautbois ajoutés à la guitare, au piano, à l'orgue et à la rythmique, le groupe sonne plutôt comme un ensemble de musique de chambre contemporaine sauf qu'il n'y a rien de pastoral dans ces trois longues et étranges pièces musicales. Ici, l'ambiance est celle d'une bande sonore idéale pour accompagner la Mort dans ses oeuvres, constituée d'accords graves, chargés d'émotion et parfois dissonants, développés en subtils crescendos. Dans le mixage, on repère aisément la batterie de Daniel Denis (qui a joué un temps en concert avec le Magma de Christian Vander) qui, surtout sur sa composition La Faulx qui occupait jadis toute la première face du LP, délivre en arrière plan d'étonnantes variations rythmiques menant la composition vers d'autres degrés d'intensité. Peut-être à cause de cette habile combinaison instrumentale, le disque n'a pas vieilli d'un iota et, quand on l'écoute aujourd'hui, il conserve un caractère sombre et gothique finalement très actuel. A noter que cet aspect lugubre sans aucun contenu spéculatif (ce n'est pas du RIO) n'est lié qu'à la structure de la musique elle-même sans l'aide d'aucun cliché visuel ou sonore. Une part de la réussite du concept doit sans doute être attribuée au guitariste Roger Trigaux (qui a composé les deux derniers titres, Vous Le Saurez En Temps Voulu et Jack The Ripper, ce dernier en collaboration avec Denis), puisque ayant quitté le groupe fin 1979 pour divergences musicales (il préfère l'écriture à l'improvisation), Univers Zero se mettra en quête d'autres perspectives. Une chose que l'on a reproché à cet album est son absence apparente de recul ou d'humour mais c'est probablement involontaire et comme l'a souligné quelque part Denis lui-même, il est certain que cette image d'hommes en noir posant dans la boue pour la photographie reprise sur la pochette du compact n'a fait que les enfermer un peu plus dans leur propre obscurité. Quoiqu'il en soit, Heresie reste une expérience à tenter, si possible dans la pénombre, avec le casque sur les oreilles et les images d'un vieux film glauque de la Hammer défilant en silence sur le home vidéo. Vous voilà au centre du pentagramme : descente progressive aux enfers et frissons garantis ! Bon voyage dans l'au-delà !

[ Heresie ]

Julverne : A Neuf (Crammed Discs / LP), Belgique 1980
Julverne : Le Retour Du Captain Nemo (Compilation Igloo IGL 089), Belgique 1992
Sous ce nom emprunté au célèbre écrivain français, se cache un collectif de musiciens belges dont la plupart sont des professeurs d'académie. Mais, loin de tout conservatisme, Julverne compose et joue une musique inclassable qu'on peut le mieux définir comme étant de la « musique de chambre » actuelle. Attention : A Neuf n'a rien à voir non plus avec les ambiances sombres d'un Univers Zero : ici et comme c'est souvent le cas sur les disques du pianiste de jazz Charles Loos, l'écriture, qui s'abreuve à toutes les formes de musique occidentale, est fraîche, vivace et enjouée. Elle est aussi typiquement belge avec son humour en filigrane et son ambiguïté. Regardez le dessin de la pochette avec cette jeune fille prisonnière du tableau sur lequel elle s'appuie : il évoque la peinture de Magritte ou la réalité et son illustration s'interpénètrent dans des univers étranges. Ce réel qui glisse dans l'illusion (ou l'inverse) est le correspondant graphique de la musique mystérieuse et poétique de Julverne qui transgresse la logique rationaliste pour s'ouvrir à l'imaginaire. Ces petites miniatures nommées Impuissance, La joie Parfaite ou Layettes commencent généralement tout à fait normalement dans un mode primesautier et, sans prévenir, se mettent à folâtrer sur des chemins de traverses, certains incongrus, d'autres simplement différents. L'instrumentation acoustique est typique de la musique de chambre avec piano, basson, flûte, saxophone, clarinette, violon et violoncelle, sans batterie ni percussions. On pense à Stravinsky, à Debussy ou à Ravel mais pratiquement jamais à un orchestre de rock. Toutefois, comme il faut bien admettre une certaine parenté avec les groupes à tête chercheuse comme Univers Zero ou Aksak Maboul (avec qui Julverne partage d'ailleurs quelques musiciens comme Michel Berckmans et le violoncelliste Denis Van Hecke), il est plus facile de classer cet ensemble dans le rock progressif avant-gardiste (on dit aussi avant-prog) que de le laisser en lévitation au milieu de nulle part.

A noter : en 1992, le label Igloo a sorti en compact une compilation de Julverne intitulée Le Retour Du Captain Nemo (IGL 089) qui reprend, à côté de six autres compositions retraçant l'histoire du collectif, six des huit titres de cet album. Comme le LP original paru chez Crammed Discs est devenu une onéreuse rareté, mieux vaut opter pour cette excellente réédition.

[ Le Retour Du Captain Nemo (compilation) ]

Present : Le Poison Qui Rend Fou (Cuneiform), Belgique 1985 - Réédition CD couplée avec le LP Triskaidekaphobie (1989)
Pour l'amateur étranger, le rock progressif belge, pour autant qu'il soit connu de lui, se réduit bien souvent à une musique sombre et dérangeante que l'on qualifie volontiers (à tord) de « RIO - Rock In Opposition » et dont Univers Zero est, depuis les années 70, le principal messager. Ceci correspond par ailleurs plutôt bien à l'image d'une Belgique dont la tradition fantastique, associée généralement au peintre Jérôme Bosch (qui était néerlandais et dont l'univers fantasmagorique a souvent été exploité pour illustrer des pochettes de disques), a depuis longtemps dépassé ses frontières. Cette perception a largement été renforcée par le succès international des grands peintres surréalistes comme Magritte, James Ensor ou Paul Delvaux mais aussi par une littérature spécifique que l'on qualifie parfois de « brumes belges ». Franz Hellens (Mélusine, 1920), Michel de Ghelderode (Sortilèges, 1941), Jean Ray (Les Contes du whisky, 1925 ; La Cité de l'indicible peur, 1943) et Thomas Owen (La Cave aux crapauds, 1945 ; Cérémonial Nocturne, 1966) ne sont que quelques un des grands noms du genre s'étant illustrés dans l'exploration de mondes imaginaires. Le fantastique se retrouve aussi dans les autres formes d'art dites mineures comme le cinéma : Les Lèvres Rouges (1971) d'Harry Kumel et son adaptation de Malpertuis (1972) sont probablement les plus célèbres mais, entre l'Atlantide de Jacques Feyder (1921) et Taxandria de Raoul Servais (1994), il ne faut surtout pas oublier les films d'André Delvaux dont le plus célèbre, Un Soir Un Train (1968), reste un modèle de réalisme magique typique du plat pays. Enfin, la bande dessinée, spécialité belge s'il en est, regorge de milliers d'oeuvres fantastiques parmi lesquelles on épinglera seulement la série des Cités Obscures de Schuiten et Peeters qui dépeint avec poésie des univers utopistes en trompe l'oeil.

Tout ça pour expliquer que c'est dans ce même courant que s'inscrit le deuxième album de Present dont la pochette indique clairement l'obédience au culte des ombres menaçantes. En fait, Present est un enfant légitime d'Univers Zero puisqu'il a été fondé par le guitariste Roger Trigaux après qu'il ait quitté ce dernier groupe. Aidé par ses anciens comparses Daniel Denis (percussions) et Christian Genet (basse, remplacé sur ce second LP par Ferdinand Philippot) plus Alain Rochette (piano et synthés) et Marie-Anne Polaris (qui vocalise sur la première partie du titre éponyme), Daniel Trigaux joue une musique qui n'est pas fondamentalement différente de celle de son ancienne formation sauf qu'ici, la musique de chambre sinistre et complexe d'Univers Zero a signé un pacte avec le démon de l'électricité. D'ailleurs, ce sont les interactions entre le piano acoustique martelé de Rochette et la guitare électrique angulaire et grimaçante de Trigaux qui sont les éléments essentiels à l'organisation des compositions. Décrite parfois comme le résultat du mariage improbable entre Univers Zero et King Crimson, ce rock nocturne est tout simplement indescriptible. Malgré ses dissonances et son étrangeté, Le Poison Qui Rend Fou n'est toutefois pas une symphonie avant-gardiste destinée à un public élitiste. L'oeuvre est bizarre certes, mais aussi haletante, fantomatique et elle procure un réel sentiment d'angoisse qui, pour peu qu'on apprécie ce genre d'atmosphère, la pourvoit d'une relative accessibilité. Ce disque profondément original est une plongée au coeur d'un univers fantastique, et en ce sens, il appartient au patrimoine culturel de cette Belgique surréaliste, quelque part entre le bestiaire moyenâgeux d'une Flandre mythique et la technologie irréaliste d'un Brüsel reconstruit par un architecte visionnaire.

A noter : en 1989, Le Poison Qui Rend Fou et le premier album de Present, Triskaidekaphobie, ont été réédités ensemble par Cuneiform sur un seul compact. Initialement sorti sur vinyle en 1981, Triskaidekaphobie signifie la peur du chiffre 13 et pourrait être une référence directe au premier disque d'Univers Zero intitulé 1313. Il comprend le titre le plus emblématique du groupe : Promenade Au Fond D'un Canal, une pièce roborative et minimaliste qui s'étend sur près de 20 minutes et laisse au bout du compte l'auditeur complètement sinistré. Stupéfiant !

[ Present Website ] [ Triskaidekaphobie / Le Poison Qui Rend Fou ]

Aka Moon : Elohim (Carbon 7), Belgique 1997
Avant Live At The Vooruit, il y eut Elohim. Et avant Elohim, Ganesh. Contrairement à toutes les apparences, ceci n'est pas la retranscription d'un mythe oublié mais la présentation de la trilogie mi-indienne et mi-africaine entreprise par le groupe Aka Moon. Le compact précédent, intitulé Ganesh, était dédié à la musique indienne et aux percussions du maître Umayalpuram K. Sivaraman. Le suivant, enregistré en direct au Vooruit, laissera la part belle aux tambours du sénégalais Doudou N'Diaye Rose et de ses dix fils. Celui-ci est à la croisée des chemins puisqu'il se divise en deux parties bien distinctes : 18 minutes, en un seul titre, consacrées au Light Ship Tantra, soit à la musique indienne, et 38 minutes réservées à la présentation de six tableaux africains. Si le message reste toujours aussi obscur, la musique a pris de l'assurance et nos grands migrateurs se sont entourés de musiciens de grand talent, invités pour renforcer l'aspect mélodique qui fut souvent, dans le passé, laissé en retrait par rapport aux recherches rythmiques. Ainsi les guitares de Pierre Vandormael et de Marc Ducret, le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, le piano d'Eric Legnini et la voix sublime de David Linx, sans oublier le trombone de Geoffroy De Masure, viennent, entre autres, interférer avec la dynamique créative de ce groupe hors norme. Et le résultat est au moins à la hauteur de tous les espoirs : musique vivante, multiculturelle, en prise sur son époque ; musique efficace, dorénavant plus concise dont le rythme est le roi et la mélodie son prince ; musique enfin pour les héritiers d'un monde turbulent dont Coltrane, Pharoah Sanders et Don Cherry sont les ancêtres bienveillants, objets d'un culte à la dévotion exemplaire. Mais à la différence de ses aînés, alors que Coltrane se laissait emporter sur la chevelure emmêlée de la créature que chaque soir il faisait naître, Fabrizzio Cassol a l'air de savoir où il va. Il n'avance ni vers une déstructuration de son univers ni vers son éclatement. Au contraire, tout se resserre et devient plus dense, plus précis, plus ramassé. Aka Moon est sur le chemin de la contraction qui ramène à la singularité originelle, native, primitive, essentielle, primordiale. C'est l'unification des lois de la musique. Un Big Bang à l'envers. Et si la lune pygmée était un trou noir ?

[ Elohim ]

Ken's Novel : Domain Of Oblivion (Musea), Belgique 2004
Après un premier compact mineur (The Guide) sorti dans l'indifférence en 1999, Ken's Novel a pris son temps pour peaufiner un second opus dont les démos existaient déjà dès 2002. Dès le premier titre, Sadfield, on se rend compte de l'immense travail accompli. L'arrangement de cordes est somptueux, la mélodie superbe, les harmonies vocales grandioses et, quand la rythmique quasi métallique tombe soudain comme un couperet, on est définitivement conquis par les parures de cette composition triomphale. Mais ce n'est qu'un début, celui du long voyage de Ken à la recherche du Domaine de l'Oubli. Traversant les océans d'un monde inconnu jusqu'aux glaces du Septentrion et au-delà, le personnage finira par renoncer à sa quête mais connaîtra de multiples mésaventures qui lui révéleront sa propre personnalité. Comme c'est souvent le cas dans ce genre d'odyssée, la musique est au service du récit dont elle épouse les contours et les ambiances si bien que Domain Of Oblivion s'écoutera de préférence comme on regarde un film, du début à la fin. Bruitages et incantations, effluves orientales (Crowd On Sail), envolées symphoniques (Voices), sections planantes (Wisdom Peak - The Magnifying), reflets métalliques (Wisdom Peak -Distorted Reflection), couleurs bleues jazzy (Domain Of Oblivion), cette musique que, faute de mieux, on rattachera au néo-progressif est d'une surprenante variété. Ce ne serait rien si elle n'était aussi extrêmement riche et dense grâce au jeu ample des musiciens mais aussi à l'apport d'une multitude d'invités qui se chargent des choeurs et de diverses parties complémentaires de claviers, guitares, violon, violoncelle et basse. La production est parfaite : c'est un régal d'entendre cette sonorité onctueuse qui met en valeur les différents solistes dont elle cisèle les nuances et les émotions. D'ailleurs, on sent bien que tout ici atteste d'une volonté de perfection : des mélodies aux textures, de l'histoire épique aux illustrations du livret, cet ouvrage a été conçu avec passion et c'est la raison pour laquelle il satisfait pleinement nos sens. Offrant près de 77 minutes de musique, Domain Of Oblivion est un disque soigné et généreux qui mérite la plus large diffusion !

[ Domain Of Oblivion ]

Hypnos 69 : The Intrigue Of Perception (ElektroHasch), Belgique 2004
Bien que leur premier compact ne soit sorti qu'en 2002 (Timeline Traveller), ce groupe originaire de Louvain était déjà en gestation au début des années 90 et exista formellement dès 1995. Cette troisième production, éditée par le label allemand ElektroHasch spécialisé dans le heavy psyché, témoigne de leur inclination vers un rock atmosphérique seventies en général et le Pink Floyd (période Meddle) en particulier. Toutefois, Steve Houtmeyers (guitares, chant et Theremin), Tom Vanlaer (basse et claviers), Dave Houtmeyers (batterie et percussions) et Steven Marx (saxophones et clarinette) ont eu l'intelligence d'enrober leur musique dans un sonorité moderne avec une batterie aussi heavy que celle de John Bonham et un saxophone jazzy. Prenez Endless Void par exemple. Après une introduction venteuse ouvrant sur un riff de basse, le quartet monte lentement en puissance tandis que le thème cosmique est exposé : shadows flashing through my mind, with Hypnos Kingdom close in sight. I travel on an asteroid deep into the endless void. La vitesse de croisière est bientôt atteinte avec un solo de sax qui serpente sur fond de mellotron tandis que la voix explose dans un rugissement libérateur. Hypnos 69 a manifestement apprivoisé le difficile équilibre entre tension et détente. A un moment, son astronef parcourt l'espace galactique dans une longue course à travers le froid et les ténèbres tandis qu'à un autre, il surgit avec fracas dans la lumière d'une supernova. Twisting The Knife surprend par son agressivité plus dans le style des deux premiers albums, avec un texte chanté d'une voix rauque arrachée aux tripes tandis que guitares et sax se partagent le gâteau. Mais le sommet de l'album est la longue suite éponyme comportant quatre sections distinctes : le très planant Islands On The Sun dans le style Porcupine Tree, l'instrumental The Next Level en forme d'interlude « ambiant » et le clou du spectacle, A Castle In The Sky, fantastique crescendo hypnotique bourré de solos envoûtants de saxophone avant le retour au thème principal. Third Nature et Absent Friends rappelleront une fois encore les envolées d'un Steven Wilson quand il trouvait son inspiration chez Gilmour et le Floyd. Ce somptueux album, de loin le meilleur des trois premiers, marque une réelle percée du vaisseau Hypnos 69, désormais équipé pour percer la barre des nuages menaçants qui se déploient sur leur intrigante pochette. Recommandé !

[ Hypnos 69 sur MySpace ] [ The Intrige Of Perception ]

Quantum Fantay : Ugisiunsi (Autoproduction), Belgique 2007
Après un premier disque au nom imprononçable (Agapanthusterra) sorti en 2005, cet ensemble originaire de Lokeren revient avec un nouvel opus qui persiste dans le même style « space rock » dominé par les claviers du leader, Pieter Van den Broeck alias Peter Mush. La première plage éponyme débute par des vocalises orientales à l'instar d'une bande sonore exotique de Hans Zimmer. Mais après moins d'une minute, l'apparition des boucles synthétiques et ensuite d'une rythmique musclée ramène la musique dans un contexte de rock spatial vitaminé marqué par des références incontournables comme Tangerine Dream (période Cyclone) ou Hawkwind. En plus des grandes fresques d'Edgar Froese, les séquences et les bulles de synthé rappellent aussi les chansons plus mélodieuses et accessibles de Jean-Michel Jarre. Ceci dit, Quantum possède d'autres caractéristiques. Une flûte d'abord, jouée de façon plutôt régulière par Charles Sla, qui vient enluminer agréablement quelques titres comme Blocktail ou Forehead Echo. Une guitare électrique ensuite, tenue par Glenn Ployaert ou par Srdjan ‘Sergio' Vucic, qui apporte quant à elle, une touche plus rock dans le style d'Ozric Tentacles (mais Jarre aussi avait déjà marié le son des synthés avec celui du guitariste de hard, tendance métal néoclassique, Patrick Rondat). Enfin, Fantum Quantay (à l'origine Fantasy mais avec une erreur typographique) a eu la bonne idée d'injecter dans sa musique un zeste de new age et d'autres ressources plus actuelles qui procurent à leur « space rock » un lifting salutaire : Nick Shlut, par exemple, est plutôt original avec sa rythmique speedée enrobée d'électronique tandis que March Of The Buffelario, avec ses scénarios à rebondissement, est un vaisseau rutilant qui mène aux étoiles. Très réussi également apparaît Snowballs In Ghostlands qui renvoie à un néo-prog genre Satellite ou IQ mais sans les voix. Lunar qui clôture l'album est une sacrée ballade galactique avec des synthés qui brillent de mille feux et un solo de guitare quasiment floydien. Dommage d'avoir cédé à cette mode idiote qui consiste à placer en fin de disque une sorte de morceau fantôme après deux minutes de silence incongru : tout le monde est parti quand la musique recommence ! Entièrement instrumental si l'on excepte les quelques vocalises précitées, Ugisiunsi ravira les amateurs de voyages interplanétaires en chambre en leur procurant une musique envoûtante, certes conventionnelle, mais comportant suffisamment d'innovation pour ne pas se complaire dans les canons d'un sous-genre répétitif par essence.

[ Agapanthusterra (1st album - 2005) (CD & MP3) ]

Neo-Prophet : Monsters (WAMP Music), Belgique 2009
Le premier album de Neo-Prophet résulte d'un travail réparti sur plusieurs années. Réenregistré au ACE Studio près d'Anvers et produit par l'ingénieur et musicien respecté Frank van Bogaert en 2008, Monsters a été lâché dans sa forme définitive en février 2009. The Truth, premier titre de l'album, expose clairement les bases de leur musique : un rock symphonique mélodique, accessible et heavy dans la plus pure veine du néo-prog actuel (Arena, Galahad, Sylvan, Knight Area …). Et le fait est que, sans renouveler aucunement le genre, Neo-Prophet en jette un maximum. Nappes de synthés, guitares qui claquent, voix expressive légèrement éraillée, basse grondante, rythmique plombée mais suffisamment dynamique et arrangements hyper léchés… tous les ingrédients sont là pour un rock de qualité. Disséminés au long des 62 minutes d'un répertoire généreux, les moments de grâce sont nombreux. Des solos d'orgue Hammond et de saxophone sur Man Without A Name à la progression symphonique de March Of The Boneless qui rappelle le métal fantasmagorique d'un Kamelot, des duels épileptiques entre guitares et synthés sur The New Prophet au piano lyrique de A Lonely One, on ne s'ennuie guère avec une approche aussi diversifiée. Bien que l'album ne soit pas conceptuel, les thèmes des compositions sont reliés par un fil directeur : les monstres dont il est question ici sont en fait les démons intérieurs que l'on peut affronter dans sa vie personnelle comme le manque de confiance en soi (The Truth), l'atteinte à sa vie privée (The Vast Machine) ou la solitude (A Lonely One). Ceci est par ailleurs joliment exprimé par l'illustration symbolique de la pochette conçue par l'Argentin Migo We (Miguel Welsh, un artiste digital à découvrir absolument sur le Web). Dans une interview récente, le chanteur Hans ‘Mac' Six explique que le nom de Neo-Prophet dérive d'une présélection du synthé de Sjoerd ‘CAP' Bruyneel et que cette combinaison de mots a été retenue parce que le groupe joue du néo-prog et que le son classique du synthétiseur Prophet est l'un des préférés du claviériste. Tout est dit non ?

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