Série III - Volume 7 | Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 6 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ] |
Lagger Blues Machine (CBS), Belgique 1972 - Réédition CD : The Complete Works (Mellow records MMP 217), 1994 | |
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Qu'on ne s'y trompe pas ! Malgré leur patronyme, Lagger Blues Machine n'était pas un groupe de blues, leur nom paraissant davantage inspiré par leur intérêt pour la bière. Constitué en 1969, le quartet eut la chance de se produire souvent en concert, ce qui lui permit de se perpétuer et même d'évoluer. Et quand vint le temps d'enregistrer un LP en 1971, Lagger Blues Machine, en plein développement, venait de s'adjoindre un organiste et un saxophoniste supplémentaires. En réécoutant cet album aujourd'hui, on entend une musique acide qui s'abreuve à la scène de Canterbury dans sa forme la plus complexe (Soft Machine) ainsi qu'aux longues explorations instrumentales psychés alors très en vogue. La présence de deux organistes, Christian Duponcheel (futur membre de Dragon) et Vincent Mottoulle, apporte une densité à l'ensemble tandis que le saxophoniste et flûtiste Carmelo Pilotta n'est pas assez présent. En fait, il y a peu de solos dans ces morceaux alambiqués conçus comme d'étranges voyages collectifs. L'un des plus intéressants est Born To Be Alone On A White Desert Island qui est doté d'une structure moins complaisante tout en bénéficiant d'un travail intéressant sur les voix et de belles envolées d'orgue sur une rythmique qui pulse. Il manque toutefois à ces longs développements un cadre qui pourrait leur donner un sens et il est clair que cette musique aurait été bien plus substantielle avec un investissement supplémentaire au niveau de l'organisation des compositions. A leur défense, il faut dire que l'album souffre d'un déficit énorme en production et d'un mixage plus qu'approximatif qui n'en rend pas l'écoute agréable. Ce LP a été réédité en 1994 par le label italien Mellow Records qui, aux cinq titres du LP initial, a rajouté quatre morceaux enregistrés le 31 octobre 1971 au Free Show du Woluwe Shopping Center de Bruxelles et déjà édités en 1988 sur un LP intitulé Tanit Live. En dépit des limites d'une prise de son rudimentaire, ces enregistrements « live » témoignent de l'énergie d'un groupe qu'on imagine sur scène complètement absorbé par sa musique jouée sans concession face à un public enthousiaste. Réservé aux amateurs curieux ou alors, comme souvenir d'une époque révolue pour ceux qui ont vécu ça ! [ Lagger Blues Machine + Tanit Live 1970 (CD & MP3) |
Banzai : Hora Nota (Pseudonym Records), Belgique 1974 | |
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A côté de Machiavel, Banzai est l'autre groupe emblématique du progressif symphonique belge. En fait Hora Nota fut la première réalisation du genre dans le plat pays, puisque sa sortie précéda de deux années celle du premier disque éponyme de Machiavel. Malheureusement Banzai ne connaîtra pas la célébrité de son concurrent et restera le groupe d'un unique album que l'on redécouvre aujourd'hui grâce à une réédition en compact soignée et qui offre en plus six titres en bonus, inédits ou versions alternatives, récupérés des 45 tours sortis en 1974 et 1975. Et pourtant, quelle superbe musique que celle-ci, jouée par un quintet de musiciens compétents qui puisent leurs références dans des groupes aussi divers que Focus, Yes, Caravan ou Camel. Après une introduction humoristique et jazzy à la Fank Zappa (You Always Like An Entree), les choses sérieuses sont entamées avec Try, excellente petite composition complexe qui grimpe dans les coeurs avec une seconde partie chantée avec une voix aiguë à la manière de Jon Anderson. Meilleure encore apparaît la suite instrumentale Obelisk avec son arsenal de claviers (piano, orgue, Moog et string ensemble) et son travail remarquable sur les percussions au sein desquelles il faut inclure les marimbas, métallophones et autres vibraphones de Ludwig Kemat. Le guitariste Evert Verhees joue quant à lui dans un style fluide et mélodique qui évoque parfois Jan Akkerman. Le plus long morceau est une autre suite de douze minutes intitulée Three Magicians qui, par son chant, fait encore penser à Yes. Emaillée de multiples breaks, la composition évolue toutefois rapidement en une fresque grandiose essentiellement instrumentale où brillent tour à tour les différents solistes. On peut comprendre que Banzai soit resté dans l'ombre de Machiavel : sa musique plus âpre et complexe apparaît moins confortable. Bien qu'encore inaboutie, elle n'en est pas moins captivante et aurait bien mérité d'être affinée dans des enregistrements ultérieurs. Les six simples rajoutés en fin de répertoire par le label hollandais laissent d'ailleurs entrevoir, dans leur approche volontairement plus concise et commerciale, un réel potentiel de séduction. [ Hora Nata + 6 Bonus Tracks |
Cos : Viva Boma (EMI Music / IBC), Belgique 1976 - Réédition CD (Musea), 2005 | |
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Avec ce second album du groupe à tête chercheuse Cos, on tient une perle rare réunissant quelques pointures du rock progressif belge dont le violoncelliste Denis Van Hecke (Aksak Maboul), le claviériste Mark Hollander (Aksak Maboul et les Honeymoon Killers, fondateur du label Crammed Discs en 1981) et, en invité, Marc Moulin (Placebo, Telex) au Mini-Moog. La pochette, conçue par le bassiste Alain Goutier, annonce déjà la couleur : ce disque est enregistré sous la bannière de l'humour (les Belges savent pourquoi !) mais n'en est pas moins, question musique, une affaire sérieuse. D'abord, Cos fait sien un vaste patrimoine musical qu'il restitue à sa manière en le pourvoyant de surprenantes investigations soniques. Certes, on trouvera bien ici quelques références au style de Canterbury ainsi qu'à Magma et surtout à Zao mais c'est inévitable quand on marie le rock et le jazz dans une salle des fêtes psychédélique. Cos, c'est aussi une part d'avant-gardisme, jamais austère et toujours accessible, avec des vocalises d'une autre planète (l'excellente Pascale Son dont les onomatopées rappellent par moment les murmures de Robert Wyatt), des zébrures électroniques, des contrastes inusités, des tonnes d'effets spéciaux et un amour fou pour la liberté. On trouvera sur cette galette bien des moments de grâce comme, sur Flamboya, les extraordinaires solos de Mini-Moog (Moulin) et de Fender-Rhodes (Hollander) entrelacés avec le « scat » de Pascale Son ou, sur In Lulu, les arabesques de la chanteuse qui se fondent dans un solo de guitare stupéfiant de Daniel Schell (grand gourou de Cos et compositeur de la majorité des morceaux). L'Idiot Léon, qui frôle les 11 minutes, est le titre le plus « Canterbury » du répertoire avec un orgue Farfisa trafiqué par un effet fuzz évoquant Caravan, un travail stupéfiant sur les percussions et un nouveau solo de Schell. La réédition exemplaire de Musea offre quatre titres en bonus : une version démo plus longue de Nog Verder (Encore Plus loin) et trois inédits dont les excellentes chansons en français Mon Rebis et Ixelles, cette dernière dédiée au célèbre quartier de Bruxelles où se trouve l'académie dans laquelle a étudié Pascale « Son » De Trazegnies. Le livret accompagnant le compact fourmille de détails intéressants qui vous apprendront à apprivoiser les sons entendus ici mais, même sans ça, cette musique intemporelle, à l'instar du Rock Bottom de Robert Wyatt, reste l'une des plus belles et étranges expériences d'écoute de l'histoire du rock progressif. [ Viva Boma + 4 Bonus Tracks |
Dragon (Musea), Belgique 1976 - Réédition CD 2006 | |
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![]() [ Dragon |
Machiavel (EMI), Belgique 1976 - Réédition CD + 3 titres inédits (Spalax), 1994 | |
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Premier essai d'un groupe qui deviendra célèbre par la suite, ce premier album éponyme n'a en général pas bonne presse, étant globalement jugé par les amateurs comme le plus faible de la trilogie progressive qu'il compose avec Jester et Mechanical Moonbeams. Et il est vrai que la musique apparaît parfois sans relief, noyée dans une abondance de claviers mielleux joués par Albert Letecheur (qui utilise ici un synthé Davoli, un Solina String et un Minimoog – le mellotron absent viendra plus tard). Mais le principal problème reste la voix de Marc Ysaye, par ailleurs batteur honorable et présentateur éclairé d'une émission de radio belge qui connaîtra un succès considérable (Les Classiques de Radio 21). Il s'en rendra probablement compte très vite lui-même puisque, dès le second opus, le département des voix sera confié avec sagesse à un Mario Guccio beaucoup plus expressif. Après sa longue introduction de synthé, Johan's Brother Told Me s'installe dans un rock tranquille et mélodieux qui évoque Barclay James Harvest tandis que la meilleure part de ce titre consiste en son envolée instrumentale dominée par la guitare planante de Jack Roskam. Passons rapidement sur un Cheerlesness trop soporifique pour aborder Cry No More, sauvé par un bel accompagnement de guitares acoustiques et des solos de claviers et de guitares euphoriques. Le meilleur titre de l'album est When Johan Died, Sirens Were Singing qui frôle les dix minutes. Dotée d'un tempo plus énergique, cette pièce complexe comprend de belles parties de piano acoustique couplées avec des guitares superbes et il y a même un passage curieusement groovy qui démontre déjà tout l'intérêt que Machiavel portait à la musique de Supertramp. Ce titre affiche un réel potentiel artistique et c'est probablement ce qui a accroché les décideurs du label EMI. Après un court I Am mi-folk, mi-classicisant, le LP original se termine sur Leave It Where It Can Stay, une autre chanson mélancolique un peu gâchée par la voix inexpressive d'Ysaye mais bénéficiant quand même d'un arrangement intéressant à la Pink Floyd, avec nappes de synthés et solos de guitare qui montent crescendo vers l'inévitable rupture, en l'occurrence une porte qui s'ouvre toute grande sur les vents du Nord. En raison de ses faiblesses et d'un manque flagrant de maturité, l'acquisition de ce premier essai n'est à envisager qu'après celle des deux opus qui l'ont suivi. Sachez quand même que ce disque reste agréable à réécouter, qu'il ne peut être totalement ignoré et que son absence laissera un vide dans toute discothèque dédiée à ce qu'on appelait à l'époque l'Eurock. La réédition remastérisée en CD par le label Spalax comprend aussi trois titres inédits et vintage, enregistrés en 1974 peu après la formation du groupe : Don't Remember et When You Turn Green sont deux ballades de plus tandis que l'énergique To Be Free, qui est un blues-rock conventionnel, tranche radicalement sur le reste du répertoire. Malheureusement, cette réédition est devenue aujourd'hui presque aussi difficile à trouver que le LP original. [ Machiavel Website ] [ Machiavel (CD Spalax) |
Prelude : Voyage (Europroduction EP 803), Belgique 1979 | |
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Univers Zero : Heresie (Atem LP / Cuneiform CD), Belgique 1979 | |
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![]() [ Heresie |
Julverne : A Neuf (Crammed Discs / LP), Belgique 1980 Julverne : Le Retour Du Captain Nemo (Compilation Igloo IGL 089), Belgique 1992 |
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![]() A noter : en 1992, le label Igloo a sorti en compact une compilation de Julverne intitulée Le Retour Du Captain Nemo (IGL 089) qui reprend, à côté de six autres compositions retraçant l'histoire du collectif, six des huit titres de cet album. Comme le LP original paru chez Crammed Discs est devenu une onéreuse rareté, mieux vaut opter pour cette excellente réédition. [ Le Retour Du Captain Nemo (compilation) |
Present : Le Poison Qui Rend Fou (Cuneiform), Belgique 1985 - Réédition CD couplée avec le LP Triskaidekaphobie (1989) | |
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Pour l'amateur étranger, le rock progressif belge, pour autant qu'il soit connu de lui, se réduit bien souvent à une musique sombre et dérangeante que l'on qualifie volontiers (à tord) de « RIO - Rock In Opposition » et dont Univers Zero est, depuis les années 70, le principal messager. Ceci correspond par ailleurs plutôt bien à l'image d'une Belgique dont la tradition fantastique, associée généralement au peintre Jérôme Bosch (qui était néerlandais et dont l'univers fantasmagorique a souvent été exploité pour illustrer des pochettes de disques), a depuis longtemps dépassé ses frontières. Cette perception a largement été renforcée par le succès international des grands peintres surréalistes comme Magritte, James Ensor ou Paul Delvaux mais aussi par une littérature spécifique que l'on qualifie parfois de « brumes belges ». Franz Hellens (Mélusine, 1920), Michel de Ghelderode (Sortilèges, 1941), Jean Ray (Les Contes du whisky, 1925 ; La Cité de l'indicible peur, 1943) et Thomas Owen (La Cave aux crapauds, 1945 ; Cérémonial Nocturne, 1966) ne sont que quelques un des grands noms du genre s'étant illustrés dans l'exploration de mondes imaginaires. Le fantastique se retrouve aussi dans les autres formes d'art dites mineures comme le cinéma : Les Lèvres Rouges (1971) d'Harry Kumel et son adaptation de Malpertuis (1972) sont probablement les plus célèbres mais, entre l'Atlantide de Jacques Feyder (1921) et Taxandria de Raoul Servais (1994), il ne faut surtout pas oublier les films d'André Delvaux dont le plus célèbre, Un Soir Un Train (1968), reste un modèle de réalisme magique typique du plat pays. Enfin, la bande dessinée, spécialité belge s'il en est, regorge de milliers d'oeuvres fantastiques parmi lesquelles on épinglera seulement la série des Cités Obscures de Schuiten et Peeters qui dépeint avec poésie des univers utopistes en trompe l'oeil. Tout ça pour expliquer que c'est dans ce même courant que s'inscrit le deuxième album de Present dont la pochette indique clairement l'obédience au culte des ombres menaçantes. En fait, Present est un enfant légitime d'Univers Zero puisqu'il a été fondé par le guitariste Roger Trigaux après qu'il ait quitté ce dernier groupe. Aidé par ses anciens comparses Daniel Denis (percussions) et Christian Genet (basse, remplacé sur ce second LP par Ferdinand Philippot) plus Alain Rochette (piano et synthés) et Marie-Anne Polaris (qui vocalise sur la première partie du titre éponyme), Daniel Trigaux joue une musique qui n'est pas fondamentalement différente de celle de son ancienne formation sauf qu'ici, la musique de chambre sinistre et complexe d'Univers Zero a signé un pacte avec le démon de l'électricité. D'ailleurs, ce sont les interactions entre le piano acoustique martelé de Rochette et la guitare électrique angulaire et grimaçante de Trigaux qui sont les éléments essentiels à l'organisation des compositions. Décrite parfois comme le résultat du mariage improbable entre Univers Zero et King Crimson, ce rock nocturne est tout simplement indescriptible. Malgré ses dissonances et son étrangeté, Le Poison Qui Rend Fou n'est toutefois pas une symphonie avant-gardiste destinée à un public élitiste. L'oeuvre est bizarre certes, mais aussi haletante, fantomatique et elle procure un réel sentiment d'angoisse qui, pour peu qu'on apprécie ce genre d'atmosphère, la pourvoit d'une relative accessibilité. Ce disque profondément original est une plongée au coeur d'un univers fantastique, et en ce sens, il appartient au patrimoine culturel de cette Belgique surréaliste, quelque part entre le bestiaire moyenâgeux d'une Flandre mythique et la technologie irréaliste d'un Brüsel reconstruit par un architecte visionnaire. A noter : en 1989, Le Poison Qui Rend Fou et le premier album de Present, Triskaidekaphobie, ont été réédités ensemble par Cuneiform sur un seul compact. Initialement sorti sur vinyle en 1981, Triskaidekaphobie signifie la peur du chiffre 13 et pourrait être une référence directe au premier disque d'Univers Zero intitulé 1313. Il comprend le titre le plus emblématique du groupe : Promenade Au Fond D'un Canal, une pièce roborative et minimaliste qui s'étend sur près de 20 minutes et laisse au bout du compte l'auditeur complètement sinistré. Stupéfiant ! [ Present Website ] [ Triskaidekaphobie / Le Poison Qui Rend Fou |
Aka Moon : Elohim (Carbon 7), Belgique 1997 | |
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Avant Live At The Vooruit, il y eut Elohim. Et avant Elohim, Ganesh. Contrairement à toutes les apparences, ceci n'est pas la retranscription d'un mythe oublié mais la présentation de la trilogie mi-indienne et mi-africaine entreprise par le groupe Aka Moon. Le compact précédent, intitulé Ganesh, était dédié à la musique indienne et aux percussions du maître Umayalpuram K. Sivaraman. Le suivant, enregistré en direct au Vooruit, laissera la part belle aux tambours du sénégalais Doudou N'Diaye Rose et de ses dix fils. Celui-ci est à la croisée des chemins puisqu'il se divise en deux parties bien distinctes : 18 minutes, en un seul titre, consacrées au Light Ship Tantra, soit à la musique indienne, et 38 minutes réservées à la présentation de six tableaux africains. Si le message reste toujours aussi obscur, la musique a pris de l'assurance et nos grands migrateurs se sont entourés de musiciens de grand talent, invités pour renforcer l'aspect mélodique qui fut souvent, dans le passé, laissé en retrait par rapport aux recherches rythmiques. Ainsi les guitares de Pierre Vandormael et de Marc Ducret, le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, le piano d'Eric Legnini et la voix sublime de David Linx, sans oublier le trombone de Geoffroy De Masure, viennent, entre autres, interférer avec la dynamique créative de ce groupe hors norme. Et le résultat est au moins à la hauteur de tous les espoirs : musique vivante, multiculturelle, en prise sur son époque ; musique efficace, dorénavant plus concise dont le rythme est le roi et la mélodie son prince ; musique enfin pour les héritiers d'un monde turbulent dont Coltrane, Pharoah Sanders et Don Cherry sont les ancêtres bienveillants, objets d'un culte à la dévotion exemplaire. Mais à la différence de ses aînés, alors que Coltrane se laissait emporter sur la chevelure emmêlée de la créature que chaque soir il faisait naître, Fabrizzio Cassol a l'air de savoir où il va. Il n'avance ni vers une déstructuration de son univers ni vers son éclatement. Au contraire, tout se resserre et devient plus dense, plus précis, plus ramassé. Aka Moon est sur le chemin de la contraction qui ramène à la singularité originelle, native, primitive, essentielle, primordiale. C'est l'unification des lois de la musique. Un Big Bang à l'envers. Et si la lune pygmée était un trou noir ? [ Elohim |
Ken's Novel : Domain Of Oblivion (Musea), Belgique 2004 | |
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![]() [ Domain Of Oblivion |
Hypnos 69 : The Intrigue Of Perception (ElektroHasch), Belgique 2004 | |
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Bien que leur premier compact ne soit sorti qu'en 2002 (Timeline Traveller), ce groupe originaire de Louvain était déjà en gestation au début des années 90 et exista formellement dès 1995. Cette troisième production, éditée par le label allemand ElektroHasch spécialisé dans le heavy psyché, témoigne de leur inclination vers un rock atmosphérique seventies en général et le Pink Floyd (période Meddle) en particulier. Toutefois, Steve Houtmeyers (guitares, chant et Theremin), Tom Vanlaer (basse et claviers), Dave Houtmeyers (batterie et percussions) et Steven Marx (saxophones et clarinette) ont eu l'intelligence d'enrober leur musique dans un sonorité moderne avec une batterie aussi heavy que celle de John Bonham et un saxophone jazzy. Prenez Endless Void par exemple. Après une introduction venteuse ouvrant sur un riff de basse, le quartet monte lentement en puissance tandis que le thème cosmique est exposé : shadows flashing through my mind, with Hypnos Kingdom close in sight. I travel on an asteroid deep into the endless void. La vitesse de croisière est bientôt atteinte avec un solo de sax qui serpente sur fond de mellotron tandis que la voix explose dans un rugissement libérateur. Hypnos 69 a manifestement apprivoisé le difficile équilibre entre tension et détente. A un moment, son astronef parcourt l'espace galactique dans une longue course à travers le froid et les ténèbres tandis qu'à un autre, il surgit avec fracas dans la lumière d'une supernova. Twisting The Knife surprend par son agressivité plus dans le style des deux premiers albums, avec un texte chanté d'une voix rauque arrachée aux tripes tandis que guitares et sax se partagent le gâteau. Mais le sommet de l'album est la longue suite éponyme comportant quatre sections distinctes : le très planant Islands On The Sun dans le style Porcupine Tree, l'instrumental The Next Level en forme d'interlude « ambiant » et le clou du spectacle, A Castle In The Sky, fantastique crescendo hypnotique bourré de solos envoûtants de saxophone avant le retour au thème principal. Third Nature et Absent Friends rappelleront une fois encore les envolées d'un Steven Wilson quand il trouvait son inspiration chez Gilmour et le Floyd. Ce somptueux album, de loin le meilleur des trois premiers, marque une réelle percée du vaisseau Hypnos 69, désormais équipé pour percer la barre des nuages menaçants qui se déploient sur leur intrigante pochette. Recommandé ! [ Hypnos 69 sur MySpace ] [ The Intrige Of Perception |
Quantum Fantay : Ugisiunsi (Autoproduction), Belgique 2007 | |
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![]() [ Agapanthusterra (1st album - 2005) (CD & MP3) |
Neo-Prophet : Monsters (WAMP Music), Belgique 2009 | |
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Le premier album de Neo-Prophet résulte d'un travail réparti sur plusieurs années. Réenregistré au ACE Studio près d'Anvers et produit par l'ingénieur et musicien respecté Frank van Bogaert en 2008, Monsters a été lâché dans sa forme définitive en février 2009. The Truth, premier titre de l'album, expose clairement les bases de leur musique : un rock symphonique mélodique, accessible et heavy dans la plus pure veine du néo-prog actuel (Arena, Galahad, Sylvan, Knight Area …). Et le fait est que, sans renouveler aucunement le genre, Neo-Prophet en jette un maximum. Nappes de synthés, guitares qui claquent, voix expressive légèrement éraillée, basse grondante, rythmique plombée mais suffisamment dynamique et arrangements hyper léchés… tous les ingrédients sont là pour un rock de qualité. Disséminés au long des 62 minutes d'un répertoire généreux, les moments de grâce sont nombreux. Des solos d'orgue Hammond et de saxophone sur Man Without A Name à la progression symphonique de March Of The Boneless qui rappelle le métal fantasmagorique d'un Kamelot, des duels épileptiques entre guitares et synthés sur The New Prophet au piano lyrique de A Lonely One, on ne s'ennuie guère avec une approche aussi diversifiée. Bien que l'album ne soit pas conceptuel, les thèmes des compositions sont reliés par un fil directeur : les monstres dont il est question ici sont en fait les démons intérieurs que l'on peut affronter dans sa vie personnelle comme le manque de confiance en soi (The Truth), l'atteinte à sa vie privée (The Vast Machine) ou la solitude (A Lonely One). Ceci est par ailleurs joliment exprimé par l'illustration symbolique de la pochette conçue par l'Argentin Migo We (Miguel Welsh, un artiste digital à découvrir absolument sur le Web). Dans une interview récente, le chanteur Hans ‘Mac' Six explique que le nom de Neo-Prophet dérive d'une présélection du synthé de Sjoerd ‘CAP' Bruyneel et que cette combinaison de mots a été retenue parce que le groupe joue du néo-prog et que le son classique du synthétiseur Prophet est l'un des préférés du claviériste. Tout est dit non ? [ Neo-Prophet Website ] [ Neo-Prophet sur Myspace ] |
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