et une sensibilité noire, je pourrais gagner un milliard de dollars." -------------------- Sam Phillips, fondateur de Sun Records, avant de trouver la clé avec Elvis Presley. In Feel Like Going Home de Peter Guralnick, 1971 |
Smokin' Joe Kubek And Bnois King : Texas Cadillac (Bullseye Blues / Rounder), 1993 1. Mellow Down Easy (03:14) - 2. Still a Fool (05:32) - 3. Seems Like a Million Years (03:09) - 4. Show You What They See (02:09) - 5. TV Light (05:42) - 6. Mean Old World (07:04) - 7. Texas Cadillac (04:07) - 8. Where Can You Be (03:23) - 9. Little Red Rooster (04:42) - 10. No Time (02:45) - 11. Must Have Missed a Turn Somewhere (07:24) Smokin' Joe Kubek (lead gt); Bnois King (chant, gt); Bobby Chitwood (b); Ralph Power (drums) Le guitariste texan Smokin' Joe Kubek a longtemps écumé les bars de Dallas avant de s'associer au chanteur guitariste Bnois King qui est, lui, originaire de Monroe en Louisiane. Depuis le début des années 90 et jusqu'au nouveau millénaire, the Smokin' Joe Kubek Band featuring Bnois King a enregistré huit albums pour Bullseye Blues / Rounder Records dont celui-ci, Texas Cadillac, est le troisième. A côté de quelques originaux, le groupe y reprend des titres de Jimmy Reed, Willie Dixon, Muddy Waters, Little Walter, Howlin' Wolf et Eddie Taylor. Ces chansons déjà entendues tant de fois ailleurs (Little Red Rooster, Mean Old World, Still A Fool ...) sont toutefois rendues ici avec beaucoup d'entrain, la guitare de Kubeck restant toujours efficace et pleine de vitalité tandis que les arrangements séduisent par leur côté relax et moderne. La voix de Bnois King, plutôt douce, est agréable et contribue à la spécificité de cette formation. Même si on n'y découvre peut-être pas grand-chose de neuf, cette tranche de blues qui garde un pied dans la tradition est délivrée avec passion et professionnalisme si bien qu'elle s'écoute avec beaucoup de plaisir. Kubek est mort des suites d'une crise cardiaque le 11 octobre 2015 à l'âge de 59 ans seulement : Texas Cadillac reste dans sa discographie forte d'une vingtaine d'albums comme l'un de ses bons moments. [ Chronique de Pierre Dulieu ] [ Smokin' Joe Kubek And Bnois King : Texas Cadillac (CD / Digital) ] [ A écouter : Texas Cadillac - Where Can You Be ] |
Hubert Sumlin : I Know You (APO Records), 1998 1. I'm Coming Home (3:59) - 2. Howlin' For My Darling (3:47) - 3. That's Why I'm Gonna Leave You (8:31) - 4. How Many More Years (4:01) - 5. Don't Judge A Book By The Cover (3:30) - 6. I Got It Where I Want It (5:52) - 7. Smokestack (4:37) - 8. I've Been Hurt (7:16) - 9. You My Best (3:02) - 10. Good Bye (4:25) Hubert Sumlin (gt, chant); Jimmy D. Lane (gt); David Krull (piano, orgue); Carey Bell (harmonica); Freddie Crawford (b); Sam Lay (dr) Le chanteur et harmoniciste Howlin' Wolf devait certainement une petite partie de son succès à son excellent guitariste Hubert Sumlin qui l'a accompagné à partir de 1954 jusqu'à la mort de Wolf en janvier 1976. Sans être ni un vrai chanteur ni un grand compositeur, Hubert Sumlin est parvenu à se faire une réputation sur son seul jeu de guitare. Souvent reconnu comme une influence majeure, son jeu est encensé par des guitaristes plus modernes comme Jimi Hendrix, Eric Clapton, Jimmy Page et Keith Richards (qui, avec Mick Jagger, prendra à sa charge tous les frais des funérailles de Sumlin à sa mort en 2011). En dehors des disques réalisés avec Howlin' Wolf, Hubert a aussi sorti quelques albums à son nom dont l'un des plus remarquables est sans doute cet I Know You, enregistré en octobre 1997 à Chicago, soit 21 ans après la disparition de son ancien boss. Certes, sa voix reste limitée mais il compense ce handicap par un jeu de six-cordes exceptionnel qui évoque à lui seul quelques-uns des grands maîtres du blues : Elmore James sur I'm Coming Home, Jimmy Reed sur I'm Not Your Clown, et bien sûr Howlin' Wolf sur un ébouriffant Howlin' For My Darlin' et surtout sur Smokestack qui évoque l'énergie des grands disques Chess des années 50. Accompagné par quelques amis, dont le batteur Samuel Julian Lay qui joua aussi dans l'orchestre de Howlin' Wolf et le grand Carey Bell à l'harmonica, Hubert Sumlin perpétue sur cet album l'esprit du blues de Chicago tout en rappelant à ceux qui l'auraient oublié que sa grande réputation est plus que méritée. [ Chronique de Pierre Dulieu ] [ Hubert Sumlin : I Know You (CD / Digital) ] [ A écouter : I'm Coming Home - I Got It Where I Want It - Smokestack ] |
King Solomon Hicks : Harlem (Provogue/Mascot), USA 2020 1. I'd Rather Be Blind - 2. Everyday I Sing The Blues - 3. What the Devil Loves - 4. 421 South Main - 5. I Love You More Than You'll Ever Know - 6. Headed Back to Memphis - 7. Love Is Alive - 8. Have Mercy in Me - 9. Riverside Drive - 10. It's Alright - 11. Help Me King Solomon Hicks (guitare, chant) + Groupe variable en fonction des pistes. Né en 1995, "King" Solomon Hicks a pris ses premières leçons de guitare à six ans et a enregistré pour la première fois à 14 ans avec le Cotton Club All-Star Band. Musicien précoce, il s'est rapidement intégré dans la vie musicale d'Harlem jouant dès l'âge de 13 ans avec Charles Earland et Jimmy McGriff. Sorti en 2020 sur le prestigieux label Provogue, Harlem est son premier album et c'est une sacrée carte de visite. Ses qualités de guitariste, de chanteur mais aussi de compositeur éclatent au fil des onze plages produites par l'ingénieur vétéran aux multiples récompenses Kirk Yano. Sur Rather Be Blind de Leon Russell, son blues acéré et ses riffs ciselés avec un soin d'orfèvre évoquent la précision et le raffinement d'un Robert Cray. Les deux compositions originales, 421 South Main et Riverside Drive, sont des blues énergiques qui sonnent d'emblée comme des standards. Le reste comprend des versions modernisées de grands classiques comme Every Day I Have the Blues de B.B. King, Help Me de Willie Dixon / Sonny Boy Williamson II, I Love You More Than You'll Ever Know d'Al Kooper / Blood Sweat & Tears. Tissant un lien entre la tradition et le futur, "King" Solomon Hicks s'impose à 25 ans comme un musicien accompli qui, de surcroit, ne se laisse pas enfermer dans un genre particulier de blues. Et en guise de conclusion, on n'oubliera pas de mentionner la sonorité splendide de sa guitare, une Benedetto GA35 arborée sur la pochette de l'album, qu'il peaufine et module constamment pour pleurer ou rugir en fonction des styles des différentes compositions. [ Chronique de Pierre Dulieu ] [ Harlem (CD / Vinyle / Digital) ] [ A écouter : I'd Rather Be Blind - What the Devil Loves - 421 South Main] |
Robben Ford : Bringing It Back Home (Provogue), USA, 2013 1. Everything I Do Gonna Be Funky (4:56) - 2. Birds Nest Bound (5:52) - 3. Fair Child (4:25) - 4. Oh, Virginia (4:19) - 5. Slick Capers Blues (3:51) - 6. On That Morning (7:15) - 7. Traveler's Waltz (3:35) - 8. Most Likely You Go Your Way And I'll Go Mine (4:58) - 9. Trick Bag (4:07) - 10. Fool's Paradise (5:39) Robben Ford (guitare, chant); Stephen Baxter (trombone); Larry Goldings (orgue); David Piltch (basse); Harvey Mason (drums) Alors que Robben Ford est plus connu comme guitariste que comme compositeur, Bringing It All Back Home révèle quelques autres aspects intéressants de la personnalité de son auteur : formidable interprète, metteur en sons, et leader incontestable capable de tout donner pour faire revivre une antique chanson oubliée. En outre, si Robben, en véritable caméléon, a enregistré aussi bien du rock, que de la fusion ou même du country-rock, il est clair que le blues est définitivement son style de prédilection, celui dans lequel il se sent le plus à l'aise. Accompagné par un orchestre haut de gamme incluant l'organiste Larry Goldings (John Scofield, James Taylor, Michael Brecker)), le tromboniste Stephen Baxter (Stevie Wonder, The Crusaders), le bassiste David Pilch (Bill Frisell, Allen Toussaint) et le batteur Harvey Mason (Headhunters, Fourplay), Robben Ford fait revivre avec éclat quelques anciennes chansons de blues (Birds Nest Bound, Slick Capers Blues), de folk traditionnel (On That Morning) et de R&B orléanais (Everything I Do Gonna Be Funky, Fair Child, Trick Bag). Le leader a opté sur cet album pour la simplicité. Il joue avec une Epiphone 1963 sans pédale ni effet électronique et si ses solos sont toujours parfaitement ciselés et pleins de soul, ils ne sont jamais envahissants mais plutôt mis au service de la composition. Pas de riffs flashy ni de démonstration technique comme il était parfois obligé de le faire au sein du groupe de fusion Jing Chi, mais un jeu sans faute de goût, adapté à chaque style, délivré avec finesse et qui, finalement, rend bien mieux compte de son extraordinaire savoir-faire que n'importe envolée pyrotechnique. Il suffit de l'écouter en mode cool sur On That Morning sur lequel il s'approprie le style jazzy de Wes Montgomery ou zigzaguant à l'aise sur Trick Bag, emprunté au guitariste Earl King, en parfaite communion avec l'orgue de Goldings. Même Most Likely You Go Your Way and I'll Go Mine, une reprise de Bob Dylan, est traitée avec une sorte de « backbeat » décontracté qui la rend irrésistible. Quant à la ballade Oh Virginia, l'unique composition originale de l'album, elle s'inscrit parfaitement dans le répertoire en fusionnant avec malice plusieurs styles. Bringing It Back Home est un album relaxant dans lequel le leader résume sans effort toutes ses nombreuses qualités. Son apparente simplicité ne trompera personne : chanteur, guitariste, arrangeur, Robben Ford est un musicien complet et talentueux qui est loin de n'avoir qu'une seule corde à son arc. [ Chronique de Pierre Dulieu ] [ Bringing It Back Home (CD / Digital) ] [ A écouter : Everything I Do Gonna Be Funky - Trick Bag] |
Delgres : Mo Jodi (Jazz Village), France, 31 août 2018 1. Respecte Nou (03:23) - 2. Mo Jodi (03:49)- 3.The Promise (0:19) - 4. Mr President (3:45) - 5. Vivre Sur La Route (03:27) - 6. Sere Mwen Pli Fo (03:44) - 7. Can't Let You Go (03:56) - 8. Ti Manmzel (03:54) - 9. Anko (03:14) -10. Ramene Mwen (05:15) - 11. Chak Jou Bon Die Fe (03:44) - 12. Pardone Mwen (05:44) Pascal Danaë (voix, guitare dobro); Baptiste Brondy (batterie); Rafgee (soubassophone) + Invitée : Skye Edwards (chanteuse sur 6) L'album Mo Jodi, lettre ouverte au Président par le groupe Delgres. Février 1954, Boris Vian écrit : "Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps..." Ce poème antimilitarisme, Le déserteur, provoque polémiques et interprétations, jusqu'à sa reprise en 1983 par Renaud dans son album Morgane De Toi. Soixante-quatre ans plus tard, le groupe Delgres sort Mo Jodi dont le titre phare est Mr President. Même si le texte n'est pas une reprise du célèbre artiste écrivain parisien, le message politique véhiculé par l'album est tout aussi puissant. Pas besoin d'aller bien loin chercher la tonalité du CD, le choix du nom du trio, hommage à Louis Delgrès, officier antillais mort le 28 mai 1802, en dit suffisamment long. Le colonel décide de se suicider avec ses 300 soldats plutôt que se rendre aux troupes napoléoniennes venues rétablir l'esclavage. Tout comme François Dominique Toussaint Louverture et Victor Schoelcher, le colonel antillais a été un défenseur important de la lutte contre l'esclavage. Delgrès a appliqué la devise de la révolution Française de 1789 encore visible sur le panthéon représentant la convention nationale "Vivre libre ou mourir". Delgres le souligne dans Mo Jodi (Mourir aujourd'hui) dans lequel les paroles chantées par Pascal Danaë ne peuvent être plus claires : "Je ne peux pas vous laisser faire, non. Je préfère mourir aujourd'hui.". Ce groupe, qui a séduit le public le vendredi 30 mars 2018 au festival Banlieues Bleues, sort le 31 août 2018 l'album Mo Jodi. Les raisons de cet engouement sont bien sûr liées à la qualité de leur musique et de leurs compositions où la ligne de basse de l'ensemble de leurs morceaux est jouée par Rafgee au soubassophone. Mais la réussite du CD tient aussi d'appartenir aux chansons à thème, comme Boris Vian avec son poème. Ainsi le trio rend ses lettres de noblesses à la musique, art qui n'est pas fait que pour distraire le public mais qui permet aussi de rendre hommage à un homme disparu ou de demander des comptes à nos dirigeants : "Misié pwézidan, Mwen pa konèt ayen, Mwen sé mizisien, Tout sa mwen pé fè sé chanté, Mè mwen voté baw, Mwen fèw la konfians ,Fo espliké mwen sa ou pé fè ban mwen : Mr. le Président, moi je ne sais pas, merde, je suis juste un musicien qui ne sait faire que chanter, mais j'ai voté pour vous, placé ma confiance entre vos mains, maintenant, pouvez-vous nous expliquer ce que vous allez faire pour moi ?" Pascal Danaë demande à « ces messieurs qu'on nomme grands » : Respecte Nou - L'artiste Mouloudji, premier interprète du poème de Boris Vian, Le Déserteur, avait demandé à l'auteur de modifier certaines paroles comme "Monsieur le Président" par "Messieurs qu'on nomme grands." Cet album permet de redonner du pouvoir à la musique. Comme le prix Nobel de la paix, Nelson Mandela le signale dans son livre, Un long Chemin vers la liberté, sorti en 1996 : "La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique." [ Chronique de Jean-Constantin Colletto ] [ Mo Jodi (CD / Digital) ] [ Delgres website ] [ A écouter : Mr President - Mo Jodi] |
They Call Me Rico & The Escape : Sweet Exile (Voxtone), 9 novembre 2018 1. Sweet Exile (4:15) - 2. Needle In A Haystack (5:14) - 3. Love Is A Vampire (4:08) - 4. If You Should Leave Me (3:46) - 5. Take Me As I Am (4:59) - 6. Odd Man Out (4:22) - 7. When the Summer Ends (5:07) - 8. Number One (4:26) - 9. The Devil Made Me Do It (4:34) Rico / Frédéric Pellerin (chant, guitare, autres instruments); Jean Joly (basse); Josselin Soutrenon (batterie) On l'appelle Rico mais on le connaît aussi sous son vrai nom : Frédéric Pellerin, et on sait qu'il vient du Nord, du lointain Québec où il avait l'habitude de jouer seul (au pays du blues, on dit un "one man band"). En chemin, il s'est associé à deux acolytes, le bassiste Jean Joly et le batteur Josselin Soutrenon. Avec sa voix rocailleuse et sa six-cordes enfiévrée, Rico et son trio baptisé The Escape déboulent dans la poussière sous les rayons brûlants d'un soleil violent. La piste qu'ils foulent a été tant de fois empruntée que les ornières sont profondes mais les trois hommes savent comment éviter les pièges. Leur musique sent le Sud. Ça pourrait être le Texas, le Mexique, ou la Louisiane et quand on lit avec stupéfaction dans la bio que ce groupe est basé à Lyon, on n'y croit pas une seule seconde. Le titre éponyme sonne comme un générique de western spaghetti. On y entend le vent soulever le sable et les épineux et même des sifflements comme chez Ennio Morricone. Ne manquent que les images du grand Sergio qui finissent quand même par se matérialiser dans la tête : Clint et son poncho, Bronson et son harmonica, Fonda et son regard d'acier … ils sont tous revenus faire la loi dans un film imaginaire. Needle In A Haystack m'évoque une chanson de l'album Black Cat Oil de Delta Moon (une belle référence) et c'est bien le même swamp-blues des frontières qu'on entend ici, aussi authentique que s'il avait été écrit et joué dans le Delta du Mississippi. Chacun des morceaux de ce disque a son style, parfois plus rock comme sur Love Is A Vampire et sa guitare saturée à la ZZ Top et parfois plus folk dans le style alangui de Tony Joe White comme sur la ballade The Devil Made Me Do It. A part la rythmique, Rico joue tous les instruments, de la guitare à l'orgue Hammond en passant par l'harmonica, et il s'en tire bien en concoctant des arrangements qui sonnent différents à chaque fois. Entre rock et folk, cet album est d'abord hanté par le blues, le vrai, celui qui bouleverse et appelle l'aventure. D'ailleurs, le leader, qui sait où il va, a appelé son projet "They Call Me Rico" sans doute en hommage au fameux "They Call Me Muddy Waters" de McKinley Morganfield sorti sur Chess en 1970. Dois-je encore ajouter qu'il y a une sorte de pureté dans la musique irrésistible de ce Sweet Exile ? [ Sweet Exile (CD / Digital) ] [ They Call Me Rico sur Bandcamp ] [ A écouter : Needle In A Haystack ] |
Thorbjorn Risager and The Black Tornado : Change My Game (Ruf Records), Danemark, Janvier 2017 Ce qui frappe d'abord, c'est la voix, profonde, expressive, puissante, et un peu rauque quand elle monte en régime. Une voix taillée pour le genre et polie par plus d'une décennie de concerts internationaux, une voix qui force l'écoute et fait naître l'émotion. Et puis, il y a cette formation baptisée The Black Tornado. Pas un petit combo villageois rassemblé à la hâte mais un vrai septet urbain, soudé et dévoué au leader, avec un son énorme et une ligne de cuivres rutilante en arrière-plan comme chez Stax à Memphis. Avec tous ces atouts dans la manche, pas étonnant dès lors que le Danois Thorbjorn Risager ne se limite pas aux trois accords du blues classique : son disque est plutôt un vrai cocktail de musiques diverses. De la ballade soul nostalgique (I Used to Love You) au rhythm'n'blues de Maybe It's Alright, chauffé à blanc et ornementé comme il se doit par trois vocalistes en renfort, en passant par un Lay My Burden Down jazzy avec un leader soudain transformé via une incantation voodoo en crooner de charme à la voix grave, il y en a pour tous les goûts. Et c'est sans parler de Dreamland, un blues-rock à haut indice d'octane dont l'excitant riff de guitare est inspiré, mais pas recopié, de celui du légendaire Walk This Way d'Aerosmith. Enfin, que serait ce recueil sans quelques bons blues trempés dans l'eau boueuse du Mississippi ? Avec un convoi qui passe dans le lointain et sa guitare acoustique, Train nous ramène dans le Sud à vive allure tandis que Holler 'n Moan, avec sa guitare à résonateur et son chant rustique et incantatoire, nous invite à passer une nuit sous le porche devant les champs de coton en fleurs. Et pendant que vous écoutez la musique, jetez un coup d'oeil à la pochette où Risager portant gilet de costume et chapeau pose dans une scène nocturne aux couleurs tamisées : des arrangements soignés à la production impeccable en passant par un emballage attrayant, la Tornade Noire n'a décidément laissé aucune chance au diable pour se faufiler dans les détails : c'est ça la classe !
[ Change My Game (CD / Digital) ] [ A écouter : Change My Game - Lay My Burden Down - Change My Game (album teaser) ] |
Smokey Hogg : Who's Heah! Selected Singles 1947-1954 (Jasmine Records), USA, 2020 Souvent présenté comme un bluesman texan, le chanteur et guitariste Smokey Hoog, qui est pourtant bien né à Westconnie au Texas, n'offre guère de caractéristiques propres aux musiciens de cette région. Contrairement à son cousin Lighnin' Hopkins ou à Lowell Fulson, Smokey Hogg, qui travaillait dans une ferme et participait occasionnellement à des fêtes « country » où il absorbait des chansons des années 30, calquait son propre style sur ceux de Big Bill Broonzy, Peetie Wheatstraw et Black Ace. Sa carrière a réellement émergé en 1947 quand il a enregistré quelques faces sorties chez Modern Records. Sans surprise, son premier single fut Too Many Drivers, une composition de Big Bill Broonzy, qui se vendit suffisamment pour inciter le patron de Modern à l'emmener dans un studio de Los Angeles afin de l'y enregistrer avec un groupe maison. Il en résultera deux hits : Long Tall Mama en 1949 et, en 1950, une version moderne d'une chanson de John Lee « Sonny Boy » Williamson intitulée Little School Girl qui deviendra son plus grand succès. De l'avis de ceux qui l'ont connu, Smokey Hogg était un bluesman sans éducation et son jeu de guitare était très limité. De plus, il était très difficile à accompagner tant sa musique erratique n'obéissait pas aux règles musicales. Mais il compensait ce handicap par un choix de chansons qui parlaient aux gens des zones rurales et par un orchestre d'accompagnateurs chevronnés qui s'adaptaient à son style fantasque. Du coup, Smokey Hogg a abondamment enregistré pour des labels divers comme Modern, Imperial, Specialty, Mercury et Fidelity Records. Cette compilation offre un choix de ses singles sortis entre 1947 et 1954 dont les plus célèbres. Son blues traditionnel reste agréable à écouter et on comprend aisément pourquoi il était autant plébiscité par les acheteurs de disques dans le Sud durant les années 40 et 50. [ Smokey Hogg : Who's Heah! Selected Singles 1947-1954 (CD / Digital) ] [ A écouter : Long Tall Mama - Too Many Drivers - Little School Girl ] |
Peter Guralnick : Feel Like Going Home / Légendes du Blues & Pionniers du Rock'N'Roll, Rivages (collection Rivages Rouge), Septembre 2009, 288 pages / Ed. Poche, Août 2012, 400 pages. Publié dans son édition originale américaine en 1971, la traduction française de Feel Like Going Home n'a pas le souffle lyrique des livres d'Alain Gerber ni même de Stéphane Koechlin à propos du blues. Par ailleurs, ce n'est pas non plus une histoire globale et chronologique du genre. Enfin, l'auteur émet au début du livre quelques opinions personnelles qu'il contredit par la suite à plusieurs reprises. Il décrit ainsi le blues comme obéissant à une structure rigide, réservant peu de place pour l'excentricité ou la virtuosité instrumentale, pourvu de paroles peu originales, sans poésie, et qui ne reflètent en rien la condition sociale des Noirs américains (pages 55 à 59) alors qu'il s'évertuera plus tard à démontrer "la sensibilité poétique unique" de Robert Johnson (page 80), "le jeu de guitare sophistiqué et le sentiment de regret mélancolique" imprégnant toutes les compositions de Tommy Johnson (page 86), "la technique inventive de Son house en slide" (page 97), "les trames élaborées de contrepoints et de rythmes" mises au point par le tandem Muddy Waters / Jimmy Rodgers (page 106), "la virtuosité technique de Little Walter à l'harmonica" (page 109), "la créativité soutenue et permanente de Johnny Shines" (page 154), ou "les chansons reflétant les dures conditions de la vie quotidienne de Robert Pete williams et la poignante réflexion de Pardon Denied Again" (page 200)..., etc. Toutefois, la force de ce livre réside ailleurs. Car ce que raconte avant tout Peter Guralnick, c'est moins une analyse en profondeur du blues que la vie des bluesmen eux-mêmes. Et sur ce point Feel Like Going Home est imbattable. L'auteur est en effet parti à la recherche des derniers grands bluesmen, les traquant jusque dans leurs maisons perdues au fin fond des campagnes du Sud, décrivant avec force détails leur vie quotidienne et les invitant à raconter leur histoire, leurs ambitions et leurs frustrations. Ces pionniers que furent Skip James, Muddy Waters ou Howlin' Wolf, rencontrés au crépuscule de leur vie et aujourd'hui disparus, prennent vie à nouveau, retrouvent une dernière fois leur gouaille naturelle et se souviennent avec émotion et spontanéité de leurs moments de gloire comme de leur mauvaise fortune. Ecouter les histoires poignantes de ces perdants oubliés et magnifiques fait alors naître une envie irrésistible de réécouter leur musique et de s'imprégner à nouveau de ce blues mythique dont est dérivé le rock'n'roll des années 50 (dont les chantres font l'objet des derniers chapitres) et ensuite le rock tout court dont les Rolling Stones sont le groupe emblématique. Particulièrement intéressants aussi sont les chapitres consacrés à Sam Phillips, fondateur du label Sun à Memphis qui révéla le jeune Elvis Presley en 1954, ainsi qu'à Phil et Leonard Chess dont les studios à Chicago ont enregistré les plus grandes figures du blues d'après-guerre. Pour tout ça, le texte de Guralnick mérite largement son statut d'œuvre culte et fait partie des livres indispensables à toute bibliothèque consacrée à la culture musicale américaine et au blues en particulier. [ Feel Like Going Home ] |
Stéphane Koechlin : Le Blues, les Musiciens du Diable, Le Castor Astral, 2014, 222 pages. Fils du journaliste Philippe Koechlin, fondateur de Rock And Folk, Stéphane Koechlin est lui aussi un vulgarisateur de musiques populaires, auteur d'essais consacrés au jazz, au rock et au blues. Ce petit livre retrace en un peu plus de 200 pages la saga du blues depuis la complainte entendue dans une gare par W.C. Handy à la fin du XIXème siècle jusqu'à ces bluesmen modernes comme Mighty Mo Rodgers et Otis Taylor qui ont perpétué, parfois avec une approche pédagogique, la flamme sacrée au-delà du nouveau millénaire. Les grands maîtres du genre, féminins ou masculins, sont survolés en quelques paragraphes bien écrits et qui ne manquent pas de panache, l'auteur ayant privilégié l'ambiance et les anecdotes sur l'accumulation de détails biographiques lassants qu'on peut de toute façon trouver ailleurs sur internet ou dans d'autres livres en forme de dictionnaires. Au fil des pages, on parcourt les styles et les lieux légendaires où le blues a fleuri, depuis les campagnes jusqu'à Chicago et au-delà, jusqu'en Angleterre où se sont convertis de nouveaux disciples comme Brian Jones, Alexis Korner, John Mayall et Eric Clapton. Les grands découvreurs, historiens, producteurs et patrons de firmes de disques comme Lester Melrose, Alan Lomax, Paul Oliver, Moses Asch, Léonard Chess ou Bruce Iglauer ne sont pas oubliés ni d'ailleurs les bluesmen blancs si souvent omis des anthologies du blues écrites par des puristes et l'on sait le rôle essentiel qu'ont joué dans son développement récent des artistes majeurs comme Stevie Ray Vaughan, Johnny Winter, John Hammond Junior, Charlie Musselwhite, Mike Bloomfield, Alan Wilson, Bob Hite, Roy Buchanan et d'autres. L'auteur a également tenu à inclure à la fin du livre un dernier chapitre plus personnel et particulièrement intéressant où il part à la découverte de ce qui reste du blues du Mississippi, confrontant ses fantasmes à la réalité et faisant du même coup quelques rencontres étonnantes. On regrette qu'il n'y ait pas plus de pages sur ce voyage initiatique qui fera peut-être un jour l'objet d'une autre roman plus détaillé. Si l'on tient compte de l'ajout au texte principal d'une discographie sélective choisie avec discernement et d'une bibliographie certes sommaire mais essentielle, on peut conclure qu'on tient là un petit livre en français tout à fait recommandable non seulement aux néophytes qui veulent découvrir le blues mais aussi aux lecteurs plus informés qui y trouveront largement de quoi entretenir leur passion, voire d'accroître leurs connaissances sur cette musique qui n'en finit pas de mourir et de renaître de ses cendres. [ Le Blues - Les musiciens du Diable ] |
Charters, Samuel. The Blues Makers, Da Capo Press, New York, 1991, 186 pages. Ce livre est la réédition de deux volumes depuis longtemps épuisés : The Bluesmen (Oak Publications, NY, 1967) et Sweet As the Showers of Rain (Oak Publications, NY, 1977). Deux publications qui firent la réputation de leur auteur et qui furent longtemps l'objet de recherches par les fans de blues. A la fois écrivain, musicien (il a joué avec Dave Van Ronk au sein des Ragtime Jug Stompers et a ensuite formé un duo baptisé The New Strangers avec le guitariste Danny Kalb qui rejoindra plus tard The Blues Project), poète, traducteur (du suédois vers l'anglais), historien et producteur (notamment pour Country Joe and the Fish, pour Vanguard et pour le label Sonet basé en Suède, mais il fut également engagé en 1963 par Prestige comme découvreur de nouveaux talents en vue de leur recrutement), Charters étudia le blues sur le terrain dans les années 50, ce qui l'amena à publier en 1959 son fameux The Country Blues, la première étude sérieuse jamais éditée sur l'histoire du blues traditionnel. C'est également pendant ces années-là qu'il est parti à San Antonio au Texas pour tenter de glaner tout ce qu'il pouvait à propos de Robert Johnson, musicien légendaire dont on n'avait alors aucune photographie et sur lequel on ne savait quasiment rien. Partant du Mississippi et passant en revue les grandes régions ayant vu naître différentes formes de blues (Alabama, Texas, Memphis, Atlanta et la Côte Est), il décrit la vie et la musique des musiciens parmi les plus influents du genre comme, entre autres, Skip James, Sleepy John Estes, Blind Lemon Jefferson, Memphis Minnie, Willie McTell, Tommy Johnson, Son House, The Memphis Jug Band, et Charley Patton. En plus d'une nouvelle préface, Charters a également ajouté un nouveau chapitre consacré à Robert Johnson qui fait le point sur les découvertes les plus récentes (à l'époque) faites à son propos. Aujourd'hui, ce livre hautement influent a certes un peu vieilli et certaines omissions dans les styles régionaux parcourus ont depuis été relevées par les spécialistes. Par ailleurs, certains centres importants sinon essentiels dans le développement du blues, comme Chicago et St. Louis, sont pratiquement ignorés. Toutefois, en dépit de ces quelques lacunes, cette œuvre du plus célèbre musicologue du blues, disparu le 18 mars 2015 à l'âge de 85 ans, reste une lecture incontournable pour comprendre la genèse du blues et sa place dans la culture américaine. Enfin, on se souviendra aussi de Samuel Charters pour cette phrase magnifique digne du grand homme qu'il était : "pour moi", disait-il, "écrire au sujet de la musique noire est ma façon personnelle de combattre le racisme". [ The Blues Makers ] |
Hommage à John Mayall (1933-2024), in JazzMania, Pierre Dulieu, 26 août 2024 Londres entra en contact avec le folk-blues via Leadbelly et Big Bill Broonzy à partir de la fin des années 40, mais il faudra attendre les années 50 pour que le blues s’insinue timidement dans les clubs anglais. Ce furent des orchestres de jazz traditionnel comme ceux de Ken Colyer ou de Chris Barber qui commencèrent à réserver une place à ce genre musical (alors appelé Skiffle) au sein de leurs concerts, ouvrant par la même occasion la porte à des musiciens passionnés comme Alexis Korner et Cyril Davies qui resteront dans l’histoire comme les premiers évangélistes du blues britannique. Soutenu par des tournées de bluesmen plus électriques comme Muddy Waters, B.B. King ou Sonny Boy Williamson, le blues intéressa soudain une pléiade de jeunes musiciens anglais qui se mirent à collectionner les productions du label Chess et à en transposer les thèmes au sein de leurs propres groupes. Certains d’entre eux allaient devenir des légendes du Rock comme Keith Richard, Brian Jones et Mick Jagger qui fondèrent les Rolling Stones dès 1962, mais aussi Jimmy Page (Led Zeppelin), Alvin Lee (Ten Years After), Mick Abrahams et Ian Anderson (Jethro Tull), Jeff Beck ou Eric Burdon (Animals). D’autres allaient faire du blues l’essentiel de leur art et y resteraient fidèles au fil des années : John Mayall fut l’un d’entre eux. Né le 29 novembre 1933 à Macclesfield, cité industrieuse près de Manchester en Angleterre, John Mayall s’était rapidement converti au blues en écoutant les 78-tours de son père. Diplômé des Beaux-Arts en 1963, il embrassa rapidement une carrière musicale à Londres en ne jouant exclusivement que du blues qu’il écrivait et interprétait à la manière des bluesmen américains, mais en y apportant une touche moderne grâce à l’inclusion dans son groupe, the Bluesbreakers, de jeunes et talentueux instrumentistes britanniques. Après s’être installé en 1968 en Californie, John Mayall, chanteur, harmoniciste, claviériste, guitariste et auteur-compositeur, continuera dans la même voie, enregistrant au total plus de soixante disques en studio et en « live » dans lesquels le blues est revisité de toutes les manières possibles, en acoustique ou en électrique, en solo ou en groupe, et dans des styles allant du folk-blues traditionnel au blues-rock en passant par le jazz. Beaucoup d’entre eux remettent aussi en lumière certains bluesmen oubliés tandis qu’ils font découvrir de nouveaux talents qui entameront plus tard leur propre carrière en solo (Coco Montoya, Walter Trout, Buddy Whittington …). Âgé de 90 ans, le parrain du blues britannique s’est éteint le lundi 22 juillet 2024 dans sa maison de Californie. Quelques mois avant son décès, il a été annoncé qu’il rejoindrait cette année le panthéon des rockers (Rock & Roll Hall of Fame) dans la catégorie « influence musicale ». John Mayall & The Bluesbreakers with Eric Clapton (London / Deram), UK 1966 Voici l’album séminal du British blues et probablement celui qui a eu le plus grand impact sur l’évolution du mouvement et même du blues en général. Bien que la prestation de John Mayall soit tout à fait honorable et que l’apport d’Hughie Flint (drums) et de John McVie (basse) ne saurait être occulté, la vraie vedette est Eric Clapton. Inspiré par Buddy Guy et les trois King (Albert, B.B. et Freddie), le guitariste domine littéralement le répertoire constitué de standards et de compositions du leader avec une puissance jamais entendue jusqu’ici. Et surtout, il y a ce son énorme et dévastateur ! Clapton a branché sa Gibson Les Paul dans un de ces nouveaux amplificateurs à tubes concoctés par Jim Marshall (surnommé « The Father of Loud ») et il a calé les potentiomètres à fond, inventant ainsi une tonalité qui définira celle de la plupart des grands albums de blues-rock électrique à venir. On peut d’ailleurs voir ce fameux ampli sur une photographie de studio au dos de la pochette, une image iconique qui contribuera largement à étendre sa renommée. Le disque a été réédité en compact dans une version remastérisée avec deux titres supplémentaires, soit au total 12 plages reprises en mono (avec une guitare très présente comme dans le LP original de juillet 1966) et en stéréo (avec une balance plus conventionnelle). A noter que Clapton y fait aussi ses débuts de chanteur sur une reprise de Robert Johnson intitulée « Rambling on My Mind », mais là, il n’a convaincu personne. Aucune importance d’ailleurs puisqu’après la sortie de ce magistral opus, il fut considéré comme le plus grand des guitaristes de rock à tel point qu’on pouvait même lire sur les murs de Londres : « Clapton is God ». Deux jours après la mort de son mentor, c’est un Clapton très ému, lui-même âgé de 79 ans, qui a rendu hommage à John Mayall dans une vidéo : « Merci John de m’avoir sauvé de l’oubli. J’étais un jeune homme, vers l’âge de 18 ou 19 ans, quand j’avais décidé d’arrêter la musique. Il m’a trouvé et m’a demandé de rejoindre son groupe, et je suis resté avec lui et j’ai appris tout ce dont j’avais besoin en termes de technique et de désir de jouer le genre de musique que j’aime. » John Mayall : Blues from Laurel Canyon (London / Deram), UK 1969 John Mayall, au sommet de sa forme créatrice, abandonne sa section de cuivres et ses tendances jazzy (Bare Wires, également excellent) pour revenir à un blues épuré. Enregistré en 3 jours à l’été 1968 dans les studios Decca à Londres avec un nouveau line-up constitué depuis une semaine à peine, Blues from Laurel Canyon retrace avec simplicité et candeur les vacances de Mayall à Los Angeles et sa découverte de la cité des anges. Il retrouve par la même occasion une âme de bushman en visitant les canyons des alentours et préconise un retour à la nature avant de payer une visite à ses potes du groupe Canned Heat, attachés comme lui à la redécouverte d’un blues authentique (« The Bear » avec son introduction calquée sur le célèbre « On the Road Again »). Le guitariste Mick Taylor y délivre des solos maîtrisés dans un style fluide et avec un son splendide tandis que Mayall lui-même est parfait au chant, à l’harmonica, à l’orgue et à la seconde guitare. La musique coule d’un thème à l’autre sans interruption portée par une rythmique aussi subtile qu’efficace, composée de Colin Allen à la batterie et de Stephen Thompson à la basse. Mine de rien, Mayall, sans les Bluesbreakers, venait d’enregistrer son plus bel album et l’un des meilleurs du British blues mais il ne fera rien pour garder son quartet magique : dévoyé par Jagger, Mick Taylor rejoindra les Rolling Stones avec qui il enregistrera quelques-uns de leurs grands opus (« Sticky Fingers » et « Exile on Main Street ») tandis que Colin Allen intégrera l’éphémère mais excellent Stone The Crows avec la chanteuse Maggie Bell et le guitariste Les Harvey. Seul Thompson restera fidèle au bluesman pour un autre album exemplaire enregistré en acoustique et sans batterie (« The Turning Point », 1969). [ Blues from Laurel Canyon sur Amazon (*) ] [ John Mayal & The Bluesbreakers sur Amazon (*) ] [ A écouter : The Bear - All Your Love ] |
Il voulait toujours aller dans ces petits clubs mal famés où aucun Blanc n'était jamais entré, pour voir de nouveaux shows, pour signer de nouveaux artistes. Je pense qu'il ne s'est jamais considéré comme un amateur de musique. Mais c'est ce qu'il était, à sa manière. -------------------- Marshall Chess à propos de son père Phil Chess, fondateur de Chess Records In Feel Like Going Home de Peter Guralnick, 1971 |
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