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Gavin Harrison & Antoine Fafard : Perpetual Mutations (Harmonic Heresy), Canada/UK 2024 | |
1. Dark Wind (5:42) - 2. Deadpan Euphoria (4:59) - 3. Viral Information 101 (5:05) - 4. Objective Reality (4:59) - 5. Quiescent II (3:16) - 6. Spontaneous Plan (5:22) - 7. Pentalogic Structure (5:27) - 8. Solus Souls II (5:36) - 9. Safety Meeting (5:36)
Gavin Harrison (drums, marimba) ; Antoine Fafard (basse électrique, guitare classique) + invités. Le batteur britannique Gavin Harrison (Porcupine Tree, The Pineapple Thief, King Crimson) et le bassiste canadien Antoine Fafard (Mystery, + Gary Husband sur l’abum Sphere), qui joue aussi de la guitare classique sur plusieurs titres, associent une deuxième fois leurs talents pour enregistrer un album de musique instrumentale inclassable. Antoine Fafard est l’auteur des compositions et apparemment, il a tout enregistré dans son studio personnel avant de présenter les bandes à son complice batteur qui y a ensuite intégré ses parties complexes de batterie et des percussions diverses. Le résultat est déjà un voyage sonique des plus grandioses mais il y a plus ! Le titre de l’album « Perpétuelles Mutations » reflète le fait que chaque pièce musicale est unique, conçue avec et pour une orchestration spécifique, si bien qu’on a l’impression que, de plage en plage, la musique se transforme, mute à chaque fois en une nouvelle entité. Pour arriver à un tel résultat, les deux leaders ont fait appel à neuf musiciens qui interviennent à différents moments sur l’album : violon, marimba, sax soprano, trompette, trombone, hautbois (les interventions de Rodrigo Escalona sur Objective Reality sont splendides), piano, Fender Rhodes et handpans enrichissent ainsi les arrangements en fonction des titres et de la nécessité. Cet éclectisme difficile à cerner se traduit en fin de compte par une sorte d’abstraction qui se reflète dans la composition graphique de la pochette. Très différent de leur premier essai (Chemical Reactions sorti en 2020), Perpetual Mutations marque une réelle progression au niveau des compositions tout en élargissant considérablement la palette musicale du duo. Cet album ouvre les portes sur un jazz moderne (écoutez Spontaneous Plan), quelques influences classiques (Deadpan Euphoria), ainsi que sur une fusion mêlée à un rock progressiste qui mérite à nouveau son nom. D’une esthétique nettement plus chamarrée que son prédécesseur, cette production ambitieuse reflète un réel bouillonnement d’idées nourri par la virtuosité de deux musiciens en très grande forme. [5/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Perpetual Mutations sur Amazon (*) ] [ A écouter : Pentalogic Structure - Objective Reality - Deadpan Euphoria ] |
Big Big Train : The Likes Of Us (InsideOut), UK 2024 | |
1. Light Left in the Day (6:11) - 2. Oblivion (5:28) - 3. Beneath the Masts (17:26) - 4. Skates On (4:28) - 5. Miramare (10:18) - 6. Love Is the Light (6:11) - 7. Bookmarks (6:23) - 8. Last Eleven (7:55)
Alberto Bravin (chant, guitare, claviers, arrangement des cuivres) ; - Nick D'Virgilio (drums, percussions) ; Rikard Sjöblom (guitare, claviers) ; Greg Spawton (basse, mellotron) ; Dave Foster (guitare) ; Oskar Holldorff (claviers, arrangement des cordes) ; Clare Lindley (violon, arrangement des cordes) Peut-on laisser aujourd’hui un nouveau disque de Big Big Train en dehors d’une sélection annuelle de musique progressiste ? Probablement pas ! Après tout, ce groupe est celui qui a ramené le prog-rock classique dans les Charts britanniques avec son disque Common Ground de 2021. Et puis, The Likes Of Us est un album très travaillé au niveau des compositions et magnifiquement interprété. Certes, le remplacement par Alberto Bravin du regretté David Langdon, mort en novembre 2021, s’est traduit par un changement de cap assez radical, surtout que le nouveau chanteur s’est d’emblée imposé comme compositeur et qu’il a aussi participé au mixage, s’impliquant ainsi à plusieurs niveaux dans la réalisation du nouvel opus.En quelque sorte, c'est le groupe qui a adapté son style au nouveau chanteur même si le prog symphonique reste le genre principal auquel appartient leur musique. Disons, que la période « Langdon » aura été marquée par des ambiances nostalgiques et des textes centrés sur l’histoire britannique tandis que le nouveau Big Big Train se rapproche davantage d’un prog plus varié et parfois musclé à la façon de Spock’s Beard ou de Neal Morse. Peut-être aussi que la signature du groupe avec le label InsideOut a favorisé cette transition vers une musique plus « rock » et vers des textes plus ouverts à d’autres cultures (par exemple le folklore de Trieste au Nord de l’Italie dans Miramare) et même plus personnels (à l’instar de Beneath The Masts qui est un retour dans le passé de Greg Spawton). Ceci ne veut pas dire pour autant que The Likes of Us est dénué d’émotion. Au contraire ! Le morceau épique Beneath The Masts, entre autres, déborde de passages lyriques exquis tandis que le pastoral Skates On a des accents de folk-rock anglais à la fois délicat et élégant. Enfin, l’homogénéité du groupe saute aux oreilles : on dit que, pour la première fois, les musiciens ont travaillé à l’ancienne et enregistré tous ensemble, serrés les uns contre les autres, tel un orchestre de jazz, dans les studios Urban de Trieste et non dans des cabines séparées. La vision des vocalistes chantant autour d’un même micro à la manière de Crosby, Stills & Nash est une image forte de cohésion et de bonne entente. Riche, grandiose, lyrique … Big Big Train a réussi sa reconversion après la mort tragique de son chanteur et se positionne derechef comme un ensemble en pleine évolution. Le voyage continue … et il est toujours aussi passionnant ! [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ The Likes of Us sur Amazon (*) ] [ A écouter : Light Left in the Day - Oblivion - Beneath the Masts - Miramare ] |
Barock Project : Time Voyager (Autoproduction), Italie 2024 | |
1. Carry On (6:35) - 2. Summer Set You Free (4:44) - 3. An Ordinary Day's Odyssey (6:03) - 4. The Lost Ship Tavern (4:40) - 5. Voyager (8:08) - 6. Morning Train (6:08) - 7. Propaganda (6:33) - 8. Shibuya 3 A.M. (4:30) - 9. Lonely Girl (5:09) - 10. Mediterranean (5:17) - 11. Kyanite Jewel (5:35) - 12. Voyager's Homecoming (7:36)
Alex Mari (chant, gt acoustique) ; Luca Zabinni (claviers) ; Marco Mazzuoccolo (gt) ; Francesco Caliendo (basse) ; Eric Ombelli (drums) Ce groupe italien est parfois classé dans le néo-prog, ce qui dans leur cas ne veut strictement rien dire. Après tout, le terme "néo-prog" a été inventé pour catégoriser les groupes des 80’s et des 90’s qui cherchaient à revitaliser la musique progressiste en reprenant les idées des seventies tout en les adaptant aux thèmes et aux instruments de leur époque. Time Voyager reprend certes des éléments de groupes légendaires comme Emerson, Lake & Palmer, Jethro Tull, Kansas ou Yes, voire Toto, mais ces emprunts sont mêlés à tellement d’autres approches et influences (Spock’s Beard, Neal Morse, Transatlantic, …) que le résultat final en devient indescriptible et impossible à catégoriser. Qu’importe d’ailleurs puisque l’album est un concentré d’énergie tellement dense qu’il ne laisse guère de répit à l’auditeur. Cela dit, Time Voyager n’offre rien de neuf en ce qu’il est un condensé d’idées déjà développées ailleurs, un remixage, moderne il est vrai, de bribes de musiques glanées dans l’histoire du prog et retricotées en une fresque imposante (l’album dure 71 minutes) et haute en couleurs dont le thème est un voyage à travers les replis du temps et les possibilités infinies qu’offre le futur. Le concept de science-fiction, la virtuosité instrumentale, les arrangements symphoniques, la variabilité des textures et des rythmes, les interludes hard, folk et classiques sans oublier une propension au mélodrame, à l’emphase et au grandiose : tous les ingrédients sont bien là pour concocter une œuvre riche et complexe mais quand même facile à écouter qui s’inscrit dans ce que les fans appellent depuis des décennies « la musique prog symphonique ». Même la pochette avec son oeil en gros plan et son cadran antique est générique, totalement emblématique du genre. [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Time Voyager sur Amazon (*) ] [ A écouter : Carry On - Voyager - Morning Train ] |
Elephant9 : Mythical River (Rune Grammofon), 2024 | |
1. Solitude in Limbo #2 (1:41) - 2. Mythical River (8:07) - 3. Party Among the Stars (6:17) - 4. Chamber of Silence (2:49) - 5. Heading for Desolate Wastelands (5:57) - 6. Star Cluster Detective (4:48) - 7. Cavern of the Red Lion (5:09) - 8. Solitude in Limbo#1 (1:40)
Stale Storlokken (Hammond L-100, Fender Rhodes, Minimoog, Arp Pro Soloist, grand piano, harpspiano, celeste, mellotron, Continuum) ; Nikolai Hængsle (basse) ; Torstein Loftus (batterie) Leur album précédent sorti en 2021, Arrival Of The New Elders, marquait un tournant majeur pour ce trio norvégien : plus structurée et comportant moins d’excès, leur musique devenue relativement plus accessible fut récompensée par des critiques enthousiastes de la part des revues spécialisées. Mythical River poursuit plus ou moins dans la même veine avec huit nouvelles compositions qui gardent malgré tout la marque d’un trio dont les influences empruntent aussi bien au Miles Davis électrique qu’au Soft Machine à ses débuts, et peut-être plus encore à deux autres trios avec orgue : Medeski, Martin and Wood et, surtout, The Nice, un groupe rock avant-gardiste des années 60 devenu célèbre en raison de la virtuosité de son claviériste nommé Keith Emerson. Comme ce dernier, Stale Storlokken a fait de l’orgue Hammond L-100 son instrument de prédilection. C’est la vedette incontestée de cet album même si Stale y utilise aussi un arsenal d’autres claviers comme, notamment, le Fender Rhodes, le Minimoog, l’Arp Pro Soloist et le mellotron sans omettre bien sûr un grand piano. Depuis 2020, la palette du groupe s’est considérable élargie : les morceaux sont plus variés et le groove féroce côtoie désormais des passages atmosphériques et plus nuancés qu’auparavant. Le style assez difficile à pigeonner se situe à la frontière de plusieurs genres : musique psychédélique et cosmique, fusion expérimentale, scène de Canterbury …, le tout avec de longs passages improvisés offrant des sonorités futuristes et des rythmes inédits, le bassiste Nikolai Hængsle et le batteur Torstein Loftus apportant de leur côté une contribution essentielle à la création collective. Heureusement, en dépit du plus grand contrôle exercé sur leur musique, le trio a gardé ce grain de folie qui le rend si spécial. Il est clair qu’Elephant9 est aujourd’hui dans une phase ascendante : Mythical River est aussi profond, revigorant, excitant et riche en expression dramatique que son prédécesseur. [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Mythical River sur Amazon (*) ] [ Mythical River sur Bandcamp ] [ A écouter : Mythical River - Party Among The Stars - Heading For Desolate Wastelands ] |
Mandoki Soulmates : A Memory Of Our Future (InsideOut), 2024 | |
1. Blood in the Water (6:53) - 2. Enigma of Reason (10:05) - 3. The Wanderer (5:03) - 4. The Big Quit (8:34) - 5. Devil's Encyclopedia (5:47) - 6. A Memory of My Future (6:25) - 7. I Am Because You Are (4:31) - 8. My Share of Your Life (7:47) - 9. Age of Thought (4:37) - 10. Matchbox Racing (Digital version) (7:02) - 11. We Stay Loud (Digital Version) (5:25) - 12. Melting Pot (5:51)
Leslie Mandoki (chant, drums & percussions, udu) ; Ian Anderson (chant, flûte) ; Al Di Meola (guitare) ; Mike Stern (guitare) ; Mark Hart (guitare, claviers) ; Randy Brecker (trompette) ; Bill Evans / sax ténor & sax soprano) ; Till Brönner (trompette) ; Tony Carey (claviers) ; Cory Henry (claviers) ; Nick Van Eede (chant) ; Jesse Siebenberg (chant) ; Julia Mandoki (chant) ; John Helliwell (saxophones, clarinette) ; Steve Bailey (basse) ; Richard Bona (basse, chant) ; Simon Phillips (batterie). Leslie Mandoki est un batteur, chanteur, activiste politique et producteur germano-hongrois qui connut un certain succès après avoir fondé en 1992 le supergroupe Mandoki Soulmates. Combinant rock progressif, pop et jazz, ce collectif a, depuis sa fondation, sorti une dizaine d’albums auxquels ont participé des invités prestigieux comme, entre autres, Ian Anderson (Jethro Tull), Jack Bruce, David Clayton-Thomas (Blood, Sweat & Tears), Steve Lukather, Bobby Kimball (Toto), Nik Kershaw, Steve Khan, Al Di Meola et les frères Brecker. Réalisé entièrement en analogique, A Memory Of Our Future offre un répertoire de 78 minutes de musique crossover à la marge du rock-jazz enregistrée en live à l’ancienne. L’orchestre est constitué de musiciens exceptionnels qui prennent le lead au fil des plages comme Ian Anderson et sa flûte inimitable sur Blood in the Water ou Devil's Encyclopedia, Al Di Meola et sa guitare non moins inimitable sur Enigma of Reason et The Big Quit, un autre très grand guitariste nommé Mike Stern irrésistible sur A Memory of My Future, le trompettiste Randy Brecker (Brecker Brothers), le saxophoniste Bill Evans (Miles Davis), le claviériste Cory Henry (Snarky Puppy), le bassiste Richard Bona et le batteur Simon Phillips… La musique n’est pas vraiment prog mais s’inscrit plutôt dans un rock classique sophistiqué quelque part entre Toto, The Flower Kings, Jethro Tull et Dire Straits mais avec quand même quelques inclinations jazz / fusion comme sur l’excellent The Big Quit. Quant à Leslie Mandoki, tel un Quincy Jones du rock, il possède l’art d’insuffler la vie à sa musique, organisant et dirigeant tout ce beau monde avec maestria et il semble bien que ses musiciens adorent ça. A Memory Of Our Future est une œuvre polymorphe, aux textes socio-politiques bien ficelés, qui foisonne de vie et rayonne d'un enthousiasme communicatif. Un vrai bijou ! [4½/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ A Memory Of Our Future sur Amazon (*) ] [ A Memory Of Our Future sur Bandcamp ] [ A écouter : Blood In The Water - A Memory Of My Future - The Big Quit ] |
Tom Penaguin : Tom Penaguin (áMARXE), 2024 | |
1. The Stove Viewpoint Introduction (2 :44) - 2. Housefly Leg (14 :26) - 3. Aborted Long Piece No2 (3:35) - 4. Arrival of the Great Hedgehog (9:16) - 5. The Stove Packed Up and Left (7:29)
Tom Penaguin (tous les instruments, compositions) Avec sa devise « Musique d’un futur trop lointain », le petit label espagnol áMARXE est le refuge d’étonnantes musiques progressives et expérimentales comme on les aime : citons entre autres Amoeba Split et Rascal Reporters dont les disques ne sont pas passés inaperçus l’année dernière. En voici maintenant un autre par Tom Penaguin, un guitariste / claviériste basé en France qui officie dans les groupes de rock Djinn et Orgöne. La pochette, qui montre le guitariste jouant dans les bois, a quelque chose de psychédélique qui en rappelle d’autres illustrant des classiques du rock des 60’s ou des 70’s comme Caravan ou Traffic. Avant de l’écouter, on imagine déjà que cette époque charnière sera la référence de cette musique ! Débutant par un collage de bruits divers, The Stove Viewpoint est une introduction au morceau suivant, Housefly Leg, qui déboule sans interruption avec ses longs développements expérimentaux et un son vintage qui ne trompera personne : c’est bien la scène de Canterbury avec ses représentants légendaires, comme Hatfield and the North, National Health, Egg ou In Cahoots (Phil Miller) sans oublier le mémorable groupe italien Picchio Dal Pozzo, qui est célébrée ici. Solos d’orgue, de guitare et de basse se succèdent avec un son analogique typique, un peu acide mais chaleureux et qui n’a rien à voir avec le jazz-rock et la fusion froide et synthétique des années 80. Plus concis, Aborted Long Piece No2 a une drôle de mélodie un peu baroque à la Mike Oldfield qui retient l’attention. Arrival of the Great Hedgehog vaut surtout par son long solo angulaire de guitare qui va crescendo en dérivant sur un tapis rythmique ondulant continuellement tels les rouleaux d’une mer démontée. L’album se referme sur The Stove Packed Up and Left, un autre morceau typiquement « Canterbury », quelque part entre Soft Machine et Caravan, qui se fond en finale dans d’autres bruitages enregistrés en extérieur où prédominent des chants d’oiseaux. Même si quelques parties chantées auraient sûrement agrémenté ces compositions purement instrumentales, les fans des groupes précités trouveront quand même ici largement de quoi se réjouir. Voici un album prometteur avec une qualité suffisante pour suggérer que son créateur connaîtra un bel avenir ! [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Tom Penaguin sur Bandcamp ] [ Le label áMARXE sur Bandcamp ] [ A écouter : Arrival of the Great Hedgehog - The Stove Packed Up and Left ] |
Steve Roach & Robert Rich : Waves of Now (Soundquest Music), 2024 | |
1. Robert Rich - Filaments (4:30) - 2. Robert Rich - Vetiver (5:44) - 3. Robert Rich - Protista Mephista (6:30) - 4. Robert Rich - Elevate the Hive Mind (7:29) - 5. Robert Rich - Galvanic Response (8:15) - 6. Robert Rich - Dendritic (4:45) - 7. Steve Roach - Spirals of Compassion (9:45) - 8. Steve Roach Feat. Robert Rich - Spirals of Desire (4:19) - 9. Steve Roach - Spirals of Yearning (14:35) - 10. Steve Roach - Before We Leave (4:55) - 11. Steve Roach - Robert Rich - LightBorn (10:42) - 12. Steve Roach - Robert Rich - The Fearless Embrace (5:34) - 13. Steve Roach - Robert Rich - Tanguy's Garden (7:13) - 14. Steve Roach - Robert Rich - Soma Waves (8:05) - 15. Steve Roach - Robert Rich - Luna Waves (11:20) - 16. Steve Roach Feat. Robert Rich - Horizons (10:43) - 17. Steve Roach - Robert Rich - Waves of Now Part 1 (01:10:50) - 18. Steve Roach - Robert Rich - Waves of Now Part 2 (53:38)
Steve Roach (compositions, synthés) ; Robert Rich (compositions, synthés) On a parfois l’impression que la plupart des disques électroniques / ambiant qui sortent aujourd’hui ne sont que des variations de ce qui a déjà été fait à de multiples reprises dans le passé. C’est peut-être dû aussi aux innombrables disques proposés chaque mois par des noms souvent obscurs et parfois interchangeables qui squattent une plateforme comme Bandcamp. Pourtant le genre a ses chefs-d’œuvre dont les compositeurs ont réussi à se faire un nom même si n’est pas Klaus Schulze, Edgar Froese, Brian Eno ou Ian Boddy qui veut. Toutefois, Steve Roach et Robert Rich font incontestablement partie de ces créateurs originaux qui parviennent à distiller du rêve au travers de leurs machines. L’Américain Steve Roach est loin d’être un inconnu. Non seulement, il a sorti une centaine d’albums sous son seul nom - sans inclure ses innombrables collaborations avec d’autres artistes - mais il a été nominé deux fois aux Grammy Awards, la première fois avec Spiral Revelation en 2017 et la seconde avec Molecules of Motion en 2018, tous deux dans la catégorie « meilleur album New-Age de l’année ». Quant à l’Anglais Ian Boddy, depuis son premier LP en 1983 (The Climb), il a également enregistré un nombre impressionnant de disques de musique électronique qui, depuis 1999, sont tous édités sur le prestigieux label DIN qu’il a fondé cette année-là. Waves of Now présente ces deux artistes réunis lors d’un concert enregistré au Club Congress à Tucson (Arizona) le 5 décembre 2023. Certains titres comme Filaments, Vetiver ou Dendritic, issus d’albums antérieurs, ont été joués en solo par Robert Rich et d’autres comme Spirals of Compassion par Steve Roach seulement. La deuxième partie du concert est interprétée en duo, culminant avec des extraits des splendides albums Soma et Strata sortis par les deux complices en 1990. La musique électronique évoque alors des astres mystérieux à la flore et à la faune improbables, orbitant autour d’une lointaine étoile ou issues de mondes intérieurs. Waves of Now est une expérience émotionnelle fascinante, à vivre en immersion totale, le casque bien rivé sur les oreilles. [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Waves of Now sur Bandcamp ] [ A écouter : Dendritic - Soma waves ] |
Adrian Lane : Vignettes (Whitelabrecs), UK 2024 | |
1. First Light (1:43) - 2. On Many Solemn Nights (2:18) - 3. Open Road Stepping Stones (2:30) - 4. For That Brief Moment (1:12) - 5. Building Blocks as the Snow Heaps Up (1:47) - 6. I Hung the Moon on Various Branches (2:12) - 7. Like a Letter Read Many Times (2:20) - 8. I'm Seeing the Blue Sea (1:54) - 9. On New Years Day a Pale Blue Sky (1:29) - 10. Under Piled Up Snow (1:58) - 11. Everywhere Spring Rain (2:36) - 12. The Field Path (3:33) - 13. The Bracing East Wind (2:18) - 14. Inhaling and Exhaling (2:12) - 15. My Footsteps on the Field Where Evening Has Died Out (1:44) - 16. An Engraved Offering (3:39) - 17. All Forests Paths (3:28) - 18. In the Light of Torches (4:08)
Adrian Lane (tous les instruments, compositions, production, art) Originaire de Southend (Essex) au Royaume-Uni, le compositeur, artiste plasticien et musicien Adrian Lane crée des œuvres instrumentales néo-classiques, de la musique "ambient" et des peintures abstraites réalisées selon des techniques hybrides dont certaines se retrouvent sur les couvertures de ses albums. Avec un parcours musical qui comprend 13 disques, Adrian Lane a eu le temps de perfectionner son art. Inspiré par des musiciens comme Arvo Pärt, Philip Glass, Steve Reich et Ryuichi Sakamoto, il combine instruments acoustiques, cordes et synthés pour créer des pièces nostalgiques possédant une grande puissance expressive. Environ la moitié des dix-huit morceaux du répertoire de ce nouvel album ont été conçues pour un piano tandis que l’autre moitié est basée sur un quatuor à cordes. Cette oscillation entre ces deux approches ajoutée aux splendides contrepoints de la musique crée un dynamisme sonore qui force l’attention en évitant ennui et répétition. Comme le titre Vignettes l’indique, les pièces, dont la durée moyenne est d’environ deux minutes, sont conçues comme des instantanés évocateurs, des estampes musicales réunies tels des « haiku » sonores dans un album de souvenirs. Cette musique s’harmonise intégralement avec les images, créalisées par Adrian Lane, qui ornent les panneaux de la pochette. Vignettes est un bel outil pour méditer ou parcourir en rêve des mondes imaginaires. [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Vignettes sur Amazon (*) ] [ Vignettes sur Bandcamp ] [ A écouter : First Light - On Many Solemn Nights ] |
Viima : Väistyy Mielen Yö (Autoproduction), Finlande, janvier 2024 | |
1. Tyttö Trapetsilla (4:42) - 2. Äiti Maan Lapset (18:50) - 3. Pitkät Jäähyväiset (6:38) - 4. Perhonen (6:45) - 5. Vuoren Rauha (7:37)
Risto Pahlama (chant, claviers, mellotron) ; Hannu Hiltula (flûte, claviers, chant, chœurs) ; Aapo Honkanen (basse) ; Mikko Uusi-Oukari (guitare, mellotron) ; Mikko Väärälä (drums, chant, claviers) Fondé vers 1999 autour du multi-instrumentiste Mikko Uusi-Oukari, le groupe finlandais Viima (Vent) a connu plusieurs changements de line-up, enregistrant finalement assez peu puisque Väistyy Mielen Yö n’est que leur troisième album qui sort cinq années après le précédent. Préservant le style prog-folk de leur début, cette nouvelle autoproduction confirme malgré tout une réelle identité de groupe qui s’abreuve aussi bien à un goût de la mélodie, très en vogue dans les pays scandinaves, qu’à un rock progressif vintage tel qu’on le concevait dans les années 70. L’utilisation au cœur des textures d’un mellotron et d’un orgue Hammond renforce le côté rétro qui convient particulièrement bien à ce genre de musique. En plus, sur la chanson en ouverture, la plus courte de l’album, une flûte traversière jouée avec beaucoup d’entrain vient rappeler un certain Ian Anderson. Le programme comprend comme il se doit un vrai titre épique de près de 19 minutes. Composé de diverses sections, ce morceau fait souvent rêver avec des passages aériens et mélancoliques mais inclut aussi des moments plus dramatiques ou énergiques avec des chorus mordants de guitare électrique et même un épisode marqué par un rythme tribal qui renvoie à une fête païenne. Les trois dernières chansons sont également très réussies, en particulier le pastoral Vuoren Rauha (La paix de la montagne) et le nostalgique Perhonen (Papillon) qui raconte les tribulations du lépidoptère que l'on voit sur la pochette et qui se termine par une phrase poétique reprise comme intitulé du disque : « Väistyy Mielen Yö / L'obscurité de l'esprit se dissipe ». Grâce à la variété de la musique, le disque s’écoute d’une traite avec plaisir. Le chanteur Risto Pahlama a une voix claire et bien articulée qui peut à l'occasion laisser perler de l'émotion, et le fait qu’il chante en finnois titille l’imagination tout en invitant l’auditeur à parcourir les traductions en anglais reprises dans le livret du compact ou sur le website du groupe. Cet album qui plaira aussi aux fans d’un certain rock progressif italien - Eris Pluvia et Ancient Veil entre autres - mérite assurément sa place dans toute discothèque prog de qualité. [4/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ Väistyy Mielen Yö sur Amazon (*) ] [ Väistyy Mielen Yö sur Bandcamp ] [ A écouter : Tyttö trapetsilla - Perhonen ] |
Neal Morse : The Restoration – Joseph: Part Two (Frontiers Records), USA, 12 janvier 2024 | |
1. Cosmic Mess (06:10) - 2. My Dream (02:39) – 3. Dreamer in the Jailhouse (05:52) – 4. All Hail – (06:47) – 5. The Argument (02:13) – 6. Make Like a Breeze (04:09) – 7. Overture Reprise (00:54) - 8. I Hate My Brothers (04:25) – 9. Guilty as Charged (04:48) – 10. Reckoning (03:10) – 11. Bring Ben (02:42) – 12. Freedom Road (05:29) – 13. The Brothers Repent Joseph Revealed (07:41) – 14. Restoration (04:26) – 15. Everlasting (05:54) – 16. Dawning of a New Day (God Uses Everything for Good) (07:40)
Neal Morse (guitare, claviers, batterie, chant) ; Alan Morse (guitare, chœurs) ; Bill Hubauer (claviers, chœurs) ; Eric Gillette (guitare, chœurs) ; Gabe Klein (claviers, batterie) ; Gideon Klein (basse) + Invités Cinq mois avant ce disque, Neal Morse avait livré une nouvelle production épique (The Dreamer - Joseph: Part One) racontant à sa manière les aventures bibliques et l’ascension sociale de Joseph telle qu’elle est relatée dans Le Livre de la Genèse. Ce second album (The Restoration - Joseph: Part Two) complète et termine ce récit en gardant la même approche artistique que le premier (pochette similaire, même nombre de plages, style analogue de composition dans la tradition du rock-opéra, intervention de différents chanteurs…). Si les disques de Neal Morse conservent globalement une qualité qui ne saurait être prise en défaut, ça fait aussi bien longtemps qu’il ne se réinvente plus, livrant au fil des ans des projets sans surprise qui satisfont les fans sachant d’avance ce qu’ils vont y trouver. Et c’est bien sûr encore le cas ici. Mêlant rock chrétien, textures sophistiquées, mélodies addictives et passages instrumentaux variés dans la tradition du rock progressiste symphonique, la musique est souvent fière et bénéficie de la présence d’artistes invités, incluant Ted Leonard (Spock’s Beard), Ross Jennings (Haken) et Jake Livgren (Proto-Kaw, Kansas), qui se sont partagés les rôles de cette superproduction. Certaines chansons accrochent (Dreamer in the Jailhouse en particulier) tandis que d’autres (Dawning of a New Day) donnent l’impression d’avoir déjà été entendues des dizaines de fois. The restoration est évidemment indispensable pour ceux qui ont acquis et apprécié le premier volet de l’histoire de Joseph et plaira certainement aux amateurs qui n’aiment pas trop les surprises ainsi qu’aux nouveaux venus qui ne connaissent pas encore très bien l’œuvre du prolifique Neal Morse. Les autres peuvent éventuellement faire l’impasse sur ces deux dernières productions et réécouter à la place Testimony, One, Question Mark ou Soli Scriptura : au niveau musical, l’essentiel s’y trouvait déjà… [3/5] [ Chronique de P. Dulieu ] [ The Restoration sur Amazon (*) - The Dreamer sur Amazon (*) ] [ A écouter : Dreamer In The Jailhouse ] |
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