Pas encore des productions de rock progressiste au sens qu'on donne à ces termes aujourd'hui mais ce sont quand même les premiers disques d'Art Rock ou, si l'on veut, les premiers essais destinés à élever le rock à des niveaux supérieurs de crédibilité artistique. En se livrant aux expérimentations les plus diverses notamment en matière de texture sonore, en adoptant l'électronique, les instruments modernes ainsi que les nouvelles techniques de studio, en combinant des musiques complexes d'origine diverse, et en chantant des textes plus riches et profonds que ceux des chansons traditionnelles, ces groupes ont ouvert toutes grandes les portes du rock .... pour le pire et surtout pour le meilleur ! |
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Date |
Artiste / Notes |
Titre (Label) |
Cover |
1965 |
Bob Dylan Si Highway 61 Revisited est l'aboutissement inéluctable d'une fusion électrique entre folk, blues et rock, ce disque hybride en marque le point de départ. Quant à ses textes complexes, existentiels, introspectifs, affranchis et engagés, qui piétinent allègrement les éternelles chansons d'amour lénifiantes, tous les concept albums du monde en sont bien sûr dérivés. |
Bringing It All Back Home (Columbia) |
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1965 |
Bert Jansch Extraordinaire fusion de folk anglais, de blues et de jazz, la vision de Bert Jansch fut immortalisée avec une guitare sèche prêtée, sur un enregistreur portable et dans une cuisine. Ce premier effort artisanal, qui fut vendu à Transatlantic pour 100 £, servira d'inspiration à des légions de guitaristes. |
Bert Jansch (Transatlantic TRA 125) |
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1965 |
Bob Dylan Highway 61 Revisited est l'aboutissement logique de la première face électrique de Bringing It All Back Home. En mixant folk, blues et rock, Bob Dylan qui s'est entouré pour l'occasion de musiciens compétents comme Michael Bloomfield et Al Kooper (relégué à l'orgue Hammond), a fait passer la musique populaire dans l'âge adulte. Et même si l'on ne s'y sent pas encore vraiment responsable, la rupture avec les plaisirs innocents de l'adolescence est bien consommée. Les textes à la fois complexes, abstraits, symboliques, mais aussi poétiques et dérangeants, serviront désormais d'exemple à beaucoup d'auteurs œuvrant dans la musique progressive. |
Highway 61 Revisited (Columbia) |
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1965-1969 |
The Wilde Flowers La "scène de Canterbury" trouve son origine dans ce groupe au line-up fluctuant. Ce CD paru en 1994 compile 22 démos enregistrées entre 1965 et 1969 : la plupart sont inabouties mais elles contiennent en germe des idées nouvelles qui fleuriront plus tard chez Soft Machine, Caravan ou Hatfield & The North. |
The Wilde Flowers (Blueprint) |
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1966 |
Bert Jansch & John Renbourn Une année avant de révolutionner le folk britannique au sein du groupe Pentangle, les deux guitaristes virtuoses Bert Jansch et John Renbourn proposaient avec une belle maîtrise une fusion acoustique novatrice de folk, de blues, de jazz, de musique médiévale et même orientale. Essentiellement instrumental, cette musique, qui fut enregistré en une après-midi dans le salon de leur appartement londonien, invente un folk-rock moderne et ouvert, sans le côté électrique de Bob Dylan et beaucoup plus européen au plan mélodique, qui influencera une pléiade de guitaristes modernes (dont Jimmy Page). |
Bert and John (Transatlantic Records) |
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1966 |
The Beach Boys Ce 11ème LP en studio conçu par Brian Wilson est tout simplement un chef d'oeuvre. Par la finesse de ses mélodies, la sophistication de ses harmonies, la complexité de ses arrangements et l'innovation dans l'utilisation d'instruments exotiques, Pet Sounds eut une influence considérable sur l'évolution du rock et le producteur George Martin lui-même admettra que, sans lui, il n'y aurait jamais eu de Sergent Pepper. |
Pet Sounds (Capitol) |
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1966 |
The Beatles Revolver est l'album avec lequel les Beatles ont débuté l'exploration en studio de nouvelles manières de composer, d'arranger les sons et d'écrire les textes. Boucles et effets sonores divers, sitar et musique indienne, guitares en multicouches, manipulation des bandes (le fameux solo de guitare inversé sur I'm Only Sleeping), double quatuor à cordes (Eleanor Rigby), mélange des genres : tout est bon pour innover. Et le plus étonnant est que tout se met en place avec une facilité déconcertante avec un résultat qui reste immédiatement accessible. Même la pochette, conçue par Klaus Voormann, bouleverse les conventions et annonce une nouvelle ère créative dans l'histoire de la musique rock. |
Revolver (Parlophone / Capitol) |
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1966 |
Frank Zappa & The Mothers Of Invention Un premier projet complexe et dérangé. Avec ses parodies de pop music, ses dissonances, son avant-gardisme, ses effets bizarres et ses arrangements imprévisibles, Freak Out explose littéralement toutes les conventions de la musique populaire. |
Freak Out! (Verve / Rykodisc) |
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1967 |
The Incredible String Band Les multi-instrumentistes Robin Williamson et Mike Heron s'inspirent du riche répertoire du folklore britannique et en restituent une vision féerique, pleine d'images et de couleurs, transcendée par une musique cosmique qui se nourrit de folk, de country-blues et d'autres influences orientales. |
The 5000 Spirits Or The Layers Of The Onion (Elektra / Hannibal) |
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1967 |
The Beatles Dans la lignée de son prédécesseur (Revolver), le plus célèbre album de rock de tous les temps est un point de départ incontournable. De la musique aux textes en passant par l'art de la pochette et la force avec laquelle il symbolise son époque, tout ici est du cinq étoiles et, sans lui, l'histoire du rock aurait pu être différente de celle qu'on connait aujourd'hui. |
Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band (Parlophone / Capitol) |
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1967 |
The Rolling Stones La réponse des Stones au Sgt Pepper des Beatles fut ce disque psychédélique atypique dans leur disco. Le résultat est mitigé mais le LP reflète une volonté d'expérimenter des voies nébuleuses tandis que le mellotron joué par Brian Jones sur She's a Rainbow et 2000 Light Years en surprendra plus d'un. |
Their Satanic Majesties Request (London/Decca) |
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1967 |
Procol Harum Une fusion réussie de musique classique, de rock psyché et de blues. Un grand disque et pas seulement pour sa chanson phare, A Whiter Shade Of Pale, qui n'était d'ailleurs pas incluse sur le LP britannique original. Avec Matthew Fisher à l'orgue et le grand Robin Trower à la guitare. |
Procol Harum (Regal Zonophone / Deram) |
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1967 |
The Moody Blues Le rock psyché s'allie aux arrangements orchestraux du London Festival Orchestra pour engendrer une oeuvre inclassable ni rock ni classique. Le célèbre Nights In White Satin a fait le reste. |
Days Of Future Passed (Polydor) |
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1967 |
Pink Floyd Une des premières manifestations d'un rock psychédélique britannique dominée par l'imagination fertile de Syd Barrett. Interstellar Overdrive est un forage initial dans ce que l'on appellera plus tard le space-rock. |
The Piper At The Gates Of Dawn (EMI / Capitol) |
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1967 |
Traffic Mellotron, sitar et flûte sont de la partie dans cette musique qui s'inscrit en plein dans le psychédélisme opiacé de l'époque. Le populaire Dear Mr. Fantasy justifie déjà l'acquisition de l'album mais le reste s'impose aussi comme un convaincant puzzle proto-progressif d'influences les plus diverses. |
Mr. Fantasy (Island) |
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1968 |
John Renbourn En compagnie de Terry Cox (son partenaire chez Pentangle) aux percussions et de Ray Warleigh à la flûte, Renbourn s'écarte de son folk-blues habituel et explore désormais aussi bien le jazz que la musique anglaise de la Renaissance, créant ainsi un album chamarré dont l'influence sera considérable. |
Sir John Alot Of Merrie Englandes Musyk Thyng & Ye Grene Knyghte (Transatlantic TRA 167) |
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1968 |
Family L'un des grands albums progressistes et psychés des 60's, Music In A Doll's House touche à tous les genres de la soul à la pop en passant par le Jazz mais ne sonne comme personne. Au dessus des effets de studio et d'un panel ultra-large d'instruments incluant mellotron, violon et saxophones, plane la voix irréelle du chanteur Roger Chapman immortalisée par son indescriptible vibrato. Family ne refera plus jamais un disque aussi fou et novateur que celui-ci. |
Music In A Doll's House (Reprise) |
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1968 |
The Nice Avec ce second disque en trio, Keith Emerson pose les bases de sa vision du rock progressif : un amalgame de rock et de classique certes prétentieux mais qui ne manque ni d'ambition ni de panache (Intermezzo from the Karelia Suite de Jean Sibelius reste l'une des plus grandes relectures classiques de Keith Emerson). A redécouvrir, en particulier si vous aimez Emerson, Lake & Palmer. |
Ars Longa Vita Brevis (Columbia / Castle ESM) |
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1968 |
The Crazy World Of Arthur Brown Cette musique psychédélique terriblement influente fut concoctée par le chanteur Arthur Brown et l'organiste Vincent Crane (Atomic Rooster). Pétri de gothique et d'un mysticisme tribal basé sur la puissance du feu, le disque est varié et fort bien orchestré. Il file tout droit dans la stratosphère quand Arthur Brown se met à crier « I'am the god of hellfire, and I bring you fire » sur le glorieux et immortel Fire, troisième chanson de l‘album. |
The Crazy World Of Arthur Brown (Track/Atlantic) |
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1968 |
Caravan Mélange subtil de jazz et de rock psyché, cet album du groupe issu de la scène de Canterbury est l'un des premiers ayant donné un sens au concept de musique progressive. En dépit d'une production médiocre, A Place Of My Own, Ride et Love Song With Flute (avec Jimmy Hastings) comptent parmi les grandes réussites de la formation de Richard Sainclair. |
Caravan (Verve) |
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1968 |
Giles Giles & Fripp Avant le fameux In The Court of The Crimson King, Robert Fripp et les frères Giles avaient enregistré un disque fou où l'on trouve tout et n'importe quoi mais aussi quelques prémices de ce que serait plus tard King Crimson. A écouter surtout par curiosité. |
The Cheerful Insanity Of Giles Giles & Fripp
(Deram) |
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1969 |
Miles Davis C'est ici que Miles Davis, Joe Zawinul, John McLaughlin, Herbie Hancock et quelques autres inventèrent (encore timidement) le jazz-rock. Cette fantastique méditation, constituée de quatre compositions mixées par Teo Macero, trouvera un aboutissement glorieux dans le prochain album phare intitulé Bitches Brew. |
In A Silent Way (Columbia / Sony) |
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1969 |
The Who Tommy sonne aujourd'hui un peu daté et n'est pas le meilleur disque des Who mais il contient quand même d'excellentes chansons. Et surtout, cette production épique, sombre et complexe, entièrement conçue par Pete Townshend, a popularisé une nouvelle forme musicale appelée Opéra-Rock qui a élargi d'un coup les frontières étroites de la musique populaire. |
Tommy (MCA Records) |
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1969 |
The Soft Machine Humour anglais, dissonances, avant-garde, rock psyché, jazz et Robert Wyatt en plus. Le remplacement de Kevin Ayers par Hugh Hopper renforce le côté expérimental de ce second volume, véritable melting pot en forme de chaos musical qui se maintient perpétuellement à la frange de tous les genres. |
Volume Two (Probe / One Way) |
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1969/1970 |
Van Der Graaf Generator Enregistré en décembre 1969, sorti en février 1970. La voix sombre et très émotionnelle de Peter Hammill, ses histoires mystico-scientifiques et la musique très personnelle du groupe constituent un alliage à part dans l'histoire de la musique progressive. |
The Least We Can Do Is Wave To Each Other (Charisma / Blue Plate) |
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