RCA VICTOR 80th ANNIVERSARY VOL. 2 : 1930 - 1939 (RCA Victor) Ce disque propose 25 titres presque tous enregistrés par des big bands. Ils sont tous là : Ellington, Henderson, Bennie Moten, Cab Calloway, Goodman, Bunny Berigan, Artie Shaw, Tommy Dorsey, Glenn Miller, Lionel Hampton.... Et avec les thèmes les plus célèbres de leur répertoire : Mood Indigo, Sugarfoot Stomp, Lafayette, Minnie The Moocher, Swing Is Here, Begin The Beguine, Boogie Woogie, In The Mood, Hot Mallets, plus quelques raretés nées de sessions informelles suscitées par le label. Seul manque à l'appel l'orchestre de Count Basie. Sous la forme d'un digipack, ce compact, d'une durée de près de 79 minutes, présente chaque titre avec toutes les références discographiques. Illustré abondamment par des photos d'époque (à noter une photo du recording book où figure l'enregistrement du premier disque de jazz effectué en 1917 par l'Original Dixieland Jass Band), l'album est en outre muni d'un livret qui raconte, d'une part, l'histoire du label Victor et des techniques d'enregistrement depuis 1901 et, d'autre part, l'évolution et le rôle de ce label qui, malgré la grande dépression, réussit à saisir l'essentiel de ce séisme rythmique que fut le jazz entre 1930 et 1939. C'est par ce disque idéal qu'il faut commencer. |
FLETCHER HENDERSON : SWING 1929 TO 1937 (Jazz Classics In Digital Stereo BBC CD 682) La meilleure période du big band d'Henderson, celle où il a enfin atteint une cohésion relative et une dynamique orchestrale lentement mises en place grâce à l'alchimie des grands arrangeurs que furent Don Redman et Benny Carter. Les solistes, qui interviennent parfois anarchiquement, sont talentueux : Henry Allen et Rex Stewart (tp), Buster Bailey (cl), Benny Carter (cl, as), Coleman Hawkins et Ben Webster (ts) et Benny Morton (tb). Et le répertoire comprend des titres restés célèbres. Sugarfoot Stomp est une partition de King Oliver amenée à Fletcher par Louis Armstrong en 1925 et qui fut confiée à Don Redman pour l'arrangement : cette seconde version conserve l'arrangement original en étoffant un peu le rôle des sections tandis que le solo de Louis est joué par Rex Stewart. Shangai Shuffle, qui date de 1934 et qui rappelle le style des formations de 1938, montre l'importante de Fletcher dans la gestation de l'idiome swing : propulsé par le beat à 4 temps de la rythmique, l'orchestre évolue avec une aisance déconcertante et montre quatre ans d'avance sur ses concurrents. A comparer avec le Wang Wang Blues, enregistré en 1929, qui, avec son rythme à deux temps pompé au tuba, marque la fin d'un genre condamné à disparaître. A cause de la crise économique et d'un voyage en Europe annulé suite à une mésentente entre les fédérations de musiciens britannique et américaine, Fletcher sera amené en 1934 à dissoudre un orchestre qui fut l'un des plus importants de la décennie. Ces titres merveilleusement restaurés en sont un unique témoignage. |
BENNY CARTER : HIS BEST RECORDINGS 1929 - 1940 (Best Of Jazz 4001) Une des plus longues carrières que le jazz ait connu. Né en 1907, il est engagé en 1930 dans le big band de Fletcher Henderson comme altiste et arrangeur. Il forme son propre orchestre en 1932 et est sollicité comme arrangeur par Ellington et Goodman. En 1935, il quitte New York pour l'Europe où il s'installera jusqu'en 1938, date de son retour en Amérique et d'un nouveau départ en tant que chef d'orchestre. Carter est un arrangeur génial (spécialiste de la section des saxophones), un grand chef d'orchestre, un compositeur honorable, un multi instrumentiste (as, cl, tp) au style clair et léger, et un improvisateur talentueux. Les 22 titres présentés ici le suivent à la trace depuis son apparition chez Henderson jusqu'à la fin de la décennie, sans oublier son activité musicale lors de son séjour européen (dont un remarquable Honeysuckle Rose enregistré à Paris en 1937 avec Coleman Hawkins, Stéphane Grappelly et Django). Certains titres enregistrés sous son propre nom sont d'une telle qualité qu'ils n'apparaissent même pas datés quand on les réécoute aujourd'hui. En 1943, il partira s'installer à Hollywood où ses qualités d'arrangeur et de mélodiste lui permettront de commencer une seconde carrière pour le cinéma et la télévision. |
COUNT BASIE : VOLUME ONE 1932 TO 1938 (Jazz Classics In Digital Stereo RPCD 785) Count Basie, pianiste chez Bennie Moten à Kansas City à partir de 1929, reprend la direction de l'orchestre à la mort de ce dernier en 1935 et y adjoint d'autres musiciens pour se produire au célèbre Reno Club. Remarqué par John Hammond qui l'emmène à New York, Basie réalise ses premiers enregistrements en 1937 et c'est tout de suite la révélation. Un style hérité de l'esprit de Kansas City basé sur la sélection de thèmes simples et swinguants inspirés du blues et du boogie woogie, des arrangements efficaces, le génie de Basie au piano et à la direction de l'orchestre, la précision d'horloger d'une section rythmique (Freddie Green, Walter Page, Jo Jones) maître du four beat, des riffs explosifs, et la valeur de solistes comme Buck Clayton (tp), Benny Morton (tb), Eddie Durham (tb, gt) et surtout les saxophonistes Herschell Evans et Lester Young dont les duels au ténor resteront célèbres. Ce compact reprend l'hymne de Kansas City enregistré en 1932 par Bennie Moten avec Basie au piano et Ben Webster au sax ténor : le célèbre Moten Swing, ainsi que 19 titres enregistrés en 1937 et 1938 à New York par l'orchestre de Basie parmi lesquels figure bien entendu les célèbres One O'Clock Jump, Good Morning Blues et Swinging The Blues. La bonne qualité (pour l'époque) des enregistrements originaux de Basie pour la firme American Decca ainsi que le transfert méticuleux associé à un procédé de spatialisation intelligent, mis au point par l'ingénieur Robert Parker, donnent un éclat inégalable à ces chefs d'œuvre. Cette édition définitive est à redécouvrir même si vous avez déjà ces titres sur d'autres compilations. |
DON REDMAN AND HIS ORCHESTRA : 1933 - 1936 (Classics 553) Multi-instrumentiste, compositeur et chanteur, Don Redman fut le premier arrangeur professionnel pour Fletcher Henderson en 1926. Après avoir été directeur musical des Mc Kinney's Cotton Pickers de 1927 à 1931, il forme sa propre formation qui survivra jusqu'en 1940. Composé de 4 saxophones, 3 trompettes, 3 trombones et 4 instruments rythmiques, son orchestre est dès 1931 l'archétype du big band de jazz moderne. Ce disque n'offre que deux intrumentaux (Sophisticated Lady d'Ellington et le fascinant Christopher Colombus) ; le reste est chanté par Chris Bullock ou Harlan Latimore (excellent dans un genre populaire à l'époque, proche de Bing Crosby) et parfois par Don Redman lui-même dans un style en demi-teinte qui est celui d'un conteur original au feeling indéniable (I Won't Tell, Watching The Knife And Fork Spoon, She's Not Bad). La mise en place des sections et des timbres est lumineuse et le band comprend au moins deux grands solistes : Benny Morton (tb) et Henry Red Allen (tp). Pour écouter sa célèbre composition Chant Of The Weed, il faudra aussi se procurer le premier volume de cette intégrale chronologique, Don Redman 1931 - 1933 (Classics 543), qui est d'une valeur équivalente à celui-ci. |
CHICK WEBB AND HIS ORCHESTRA : 1935 - 1938 (Classics 517) Ce nain bossu devint à force de courage et de volonté le chef d'une des plus belles machines à swing et l'un des batteurs les plus imités par ses pairs : Gene Krupa, Sid Catlett, Jo Jones et Cozy Cole. En 1934, il rencontra Ella Fitzgerald qui deviendra en 1935 chanteuse de l'orchestre qu'elle reprendra par ailleurs à la mort de Webb en juin 1939 (mais sans réussir toutefois à en conserver le dynamisme). Les titres avec Fitzgerald sont réédités dans un magnifique coffret MCA/GRP intitulé Ella Fitzgerald : The Early Years - The Original American Decca Recordings. On a préféré ne retenir ici que les instrumentaux exécutés par l'orchestre dans sa meilleure période. Les arrangements dus à l'altiste Edgar Sampson sont exceptionnels et mettent bien en évidence les meilleurs solistes de l'orchestre : Taft Jordan (tp), Sandy Williams (tb) et Elmer Williams (ts). La rythmique, composée de John Truehaert (gt, banjo), John Kirby (b) et Chick Webb est l'une des plus efficaces du moment. Webb, qui disparaissait littéralement derrière sa batterie monstrueuse, animait en fait tout l'orchestre par sa personnalité, tirant des son cristallins de ses cymbales, soutenant sa formation par un rythme simple mais puissant, libérant les interventions des solistes ou structurant les breaks d'une frappe implacable. Bien que son œuvre enregistrée ne contienne que peu d'interventions de Webb en solo, on pourra quand même se faire une idée de ses capacités en écoutant le rare solo de Harlem Congo, les breaks de Clap Hands ! Here Comes Charley, ou son accompagnement en quintette avec les Little Chicks. |
JIMMIE LUNCEFORD AND HIS ORCHESTRA : 1937 - 1939 (Classics 520) Le seul orchestre à l'époque d'un niveau égal à celui d'Ellington. Mais contrairement à ce dernier, sa popularité, il la doit plus aux arrangements qu'aux compositions. Avec, en son sein, des arrangeurs comme le pianiste Edwin Wilcox, le tromboniste et guitariste Eddie Durham, le saxophoniste Willie Smith et surtout le trompettiste Sy Oliver, le big band de Lunceford créa le son le plus discipliné, le plus parfait pour un orchestre de jazz des années 30 et, peut-être même, de tous les temps. Jamais les sections de saxophones, de trombones et de trompettes ne s'étaient répondues, opposées, soutenues, ponctuées avec un tel raffinement et toujours sur un rythme d'une élasticité implacable : les fameux tempos bounce qui furent la marque Lunceford et firent la joie des danseurs. Cette compilation réunit les titres enregistrés dans la période de maturité de l'orchestre. On y remarquera parmi les solistes les interventions de Willie Smith à l'alto (For Dancers Only) et au chant (sur Posin'), la trompette suraiguë de Paul Webster et celle avec sourdine de Sy Oliver, et surtout Trummy Young, virtuose du trombone doublé d'un excellent chanteur (sur Margie, 'Tain't What You Do et Cheatin' On Me). Pour la petite histoire, notons que Le Jazz Hot est dédié à la célèbre revue française alors dirigée par le critique Hugues Panassié. Rhythm is our business : voilà la profession de foi de ce vrai roi du swing qu'était Jimmie Lunceford. |
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