Le Rock Progressif

Disques Rares, Rééditions, Autres Sélections


Série IV - Volume 9 Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 6 ] [ 7 ] [ 8 ] [ 10 ]

Jethro Tull : The Jethro Tull Christmas Album (RandM Records / Roadrunner), UK 2003
Avec sa pochette en forme de carte de voeux et son thème rabâché par tous les artistes du show business en quête de gros sous, on n'avait guère envie à priori de se ruer sur ce disque de Jethro Tull d'autant plus qu'il se situe dans une lignée d'albums moyens (Catfish Rising, A Little Light Music, Roots To Branches, J-Tull Dot Com) dont aucun n'a pu renouer avec la gloire des chefs d'oeuvre parus dans les sixties et les seventies (de This Was à Heavy Horses, la liste est longue). Erreur ! Car l'album de Noël de Jethro Tull est tout sauf conventionnel et n'a rien à voir avec les niaiseries qu'on entend habituellement dans ce genre de concept. Connaissant les facéties du père Anderson et ses idées anticléricales affirmées depuis Aqualung, on aurait d'ailleurs pu s'en douter. Car ce qui intéresse notre homme, c'est moins Papa Noël ou la Nativité que le côté humain, chaleureux et folklorique d'une fête familiale qui remonte à travers les siècles jusqu'aux festivités païennes célébrant le solstice d'hiver et la renaissance du soleil. Certes, le répertoire n'est pas entièrement neuf et l'on retrouvera ici, à côté de nouvelles compositions et d'adaptations de standards, des morceaux extraits d'anciens albums qui ont été réenregistrés dans de nouvelles versions. Ainsi en est-il des magnifiques Ring Out Solstice Bells, Fire At Midnight et Weathercock qui proviennent de Songs From The Wood et de Heavy Horses, deux albums semi-acoustiques légendaires en comparaison desquels celui-ci n'a pourtant rien à rendre. Ian Anderson y apparaît au mieux de sa forme, en tant que flûtiste bien sûr, mais aussi comme chanteur, sa voix ayant même retrouvé un éclat qu'elle avait perdu dans les années 80. Quant à Martin Barre, il reste un guitariste essentiel et la seconde âme du Tull qui lui doit énormément : écoutez avec quelle maîtrise il accompagne à la guitare acoustique le Pavane de Gabriel Fauré ou comment il solote, à l'électrique cette fois, sur le jazzy God Rest Ye Merry Gentlemen. Fait rare, Anderson a même accepté d'inclure une de ses compositions: l'instrumental A Winter Snowscape qui referme le répertoire sur une belle et nostalgique évocation du grand manteau blanc de l'hiver. Au fil des plages, des instruments comme l'accordéon ou la mandoline, des harmonies vocales (conçues par réengistrement multiple de la voix du leader), ou encore de subtiles orchestrations à cordes (Pavane, First Snow On Brooklyn) viennent enrichir les textures. Et il y a aussi une nouvelle version de l'incontournable Bourée de Bach, plus folk et avec un peu d'accordéon, mais encore plus époustouflante au niveau de l'improvisation de flûte. Si vous appréciez Jethro Tull dans son émanation folk, classique, jazzy, acoustique et mélodieuse, sachez que ce disque compte parmi leurs meilleures productions et qu'il vous tiendra chaud au coeur non seulement en décembre mais également pendant les 11 autres mois de l'année.

[ The Jethro Tull Christmas Album (CD & MP3) ]

Jethro Tull : The Broadsword And The Beast (Chrysalis), UK 1982 - Réédition CD remastérisé + 8 titres en bonus (Chrysalis), 2005
La pochette a été conçue par l'illustrateur Iain McCaig connu pour ses dessins de fantasy et pour sa participation aux univers de Star Wars, d'Harry Potter, de Star Trek et de John Carter de Mars et c''est lui qui a créé, entre autre, les fabuleux caractères de Padmé Amidala et de Darth Maul dans la série Star Wars. Pour The Broadsword And The Beast, il a représenté Ian Anderson sous la forme d'un elfe guerrier posant devant une mer démontée sur laquelle on aperçoit au loin un drakkar avec une proue en forme de dragon. Un drakkar toutes voiles dehors que l'on peut aussi voir en gros plan au verso du LP original. Autour de l'image, McCaig a dessiné des runes anglo-saxons qui sont en fait les premiers mots de la chanson Broadsword : "I see a dark sail on the horizon, set under a black cloud that hides the sun. Bring me my broadsword and clear understanding. Bring me my cross of gold as a talisman". Voilà un emballage de bonne augure qui laissait présager un album de folk-rock médiéval bourré de glorieuse fantaisie et d'hymnes païens dont Ian Anderson a le secret. Malheureusement la musique de Broadsword And The Beast n'est pas à la hauteur de son estimable pochette tandis que les paroles sont davantage des réflexions socio-politiques sur l’époque plutôt que des récits épiques imaginaires et sans doute que dans l'esprit d'Anderson, Broadsword n’est en fin de compte qu’une allégorie sur la défense des valeurs anciennes. Il y a certes plusieurs mélodies qui accrochent mais, globalement, la qualité des compositions est très variable. Poursuivant l'actualisation de sa musique, Anderson a inclus des synthés joués par Peter-John Vettese, histoire d'être mieux en phase avec les années 80 et le fait est que l’électronique a altéré considérablement le style du groupe. De plus, le producteur Paul Samwell-Smith (ex-Yardbirds) a opté pour un son clair et rachitique qui ne convient pas toujours à l'univers bouillonnant du Tull. Surprenant aussi est le jeu du nouveau batteur, Gerry Conway (Fotheringay), qui s'avère trop monolithique pour épicer la musique. En fait, à part l'effrayant et paranoïaque Beastie, un Pussy Willow très bien orchestré, le rocker Fallen On Hard Times, et l'épique Broadsword qui franchissent quand même la ligne médiane grâce à leurs mélodies et leurs textes, le reste relève de l'ordinaire, ce qui est difficilement acceptable de la part d'un artiste du calibre d'Anderson. Ceci dit, les fans ne furent pas tous d’accord avec cette analyse puisque le LP fut certifié disque d’argent en 1985 et atteignit respectivement la 14ème et la 27ème place des charts allemands et britanniques. Un score honorable même s’il ne peut être comparé aux grands gagnants du rock progressiste de cette année-là que furent Asia (Asia), The Alan Parsons Project (Eye In The Sky), Rush (Signals), Genesis (Three Sides Live) et Peter Gabriel (Security).

La réédition en compact de 2005 comprend 8 titres supplémentaires issus des mêmes sessions et certains d'entre eux comme Jack Frost And The Hooded Crow, Mayhem Maybe ou Jack-A-Lynn auraient bien mérité de figurer sur le LP original. Avec cette addition en plus d’une remastérisation radicale et de nouvelles notes de pochette écrites par Anderson lui-même, le CD prend indéniablement de la valeur et, sans être indispensable, mérite bien une nouvelle écoute, ne serait-ce que pour appréhender le virage pris par le groupe à l'aube des années 80.

[ The Broadsword and The Beast - Réédition 2005 + 8 titres en bonus (CD & MP3) ]

IT : Departure (Sonic Vista Music), UK 2009
Voilà le genre de pochette qui, au temps des LP, m'aurait immédiatement scotché et incité à une écoute attentive ! Cette illustration montrant un individu louche portant chapeau, lunettes noires et imper, et fuyant sur une route déserte alors que, dans le rétroviseur, on aperçoit une ville qui explose, suinte le mystère et l'aventure autant qu'une antique bande dessinée de Blake et Mortimer. Non sans un certain cynisme à la Roger Waters (ici discutable pour ce qui concerne certaines prises de position sur le sacré), les textes du chanteur et leader Nick Jackson exposent des considérations religieuses, politiques et sociales tout en critiquant les conséquences néfastes, non seulement aux Etats-Unis mais partout dans le monde, des huit années de l'administration George W. Bush. Mais pour intéressant que soit ce concept, c'est encore la musique qui l'emporte. Subtil alliage de pop, d'atmosphères floydiennes et de rock alternatif à la Porcupine Tree sans oublier quelques riffs mordants qui claquent comme du métal, cette musique accessible bénéficie à la fois d'arrangements intelligents et d'un travail important au niveau des textures qui sont enrichies par des choeurs et par des instruments inusités dans un contexte art-rock comme l'harmonica, la pedal steel guitare ou le banjo. Capitalisant sur de vraies mélodies, les compositions sont toutes attachantes, alternant ambiances aériennes et motifs de guitare rock, parfois au sein d'un même morceau, mais toujours en respectant étroitement la structure prédéfinie des chansons. Du coup, il n'y a pas de place ici pour l'improvisation : les parties instrumentales ainsi que les courts solos de guitare d'Andy Rowberry sont pensés à l’avance et intégrés dans un souci global d'efficacité. Le mixage et la production sont superbes permettant de distinguer clairement les divers instruments et les nombreux effets et samplings (notamment des extraits de discours vrais ou imaginaires prononcés par Bush) qui ensemencent les morceaux. Tout cela sonne bien et, si l'on excepte des paroles qui ne sauraient faire l'unanimité, musicalement au-moins, plusieurs de ces miniatures (God Is Dead, Safe et Car Crash sont de bons candidats) ont ce qu’il faut pour charmer les radios de rock classique. Finalement, le seul grand reproche que l'on peut faire à ce quintet est de s'être choisi un nom de deux lettres déjà surexploité (IT est aussi un roman célèbre de Stephen King) qui exclut, sans autre information, toute tentative de le retrouver sur le Web. Peut-être devraient-ils sérieusement penser à se rebaptiser d'un patronyme aussi unique et excentrique que ceux de Karnataka, The Mars Volta ou autre Mostly Autumn?

Le compact édité par le label Sonic Vista est accompagné d'un DVD comprenant une vidéo promotionnelle de Killing Me, un bon concert de 28 minutes "Live At Algoma University (Ontario, Canada)", un documentaire "IT Story" et un EP dénommé Trauma incluant trois titres inédits, à l'origine écartés pour non conformité de ton avec l'album Departure mais qui n'en sont pas moins excellents.

[ Departure (CD + DVD) ]

Uriah Heep : Sea Of Light (SPV), UK 1995 - Réédition CD remastérisé + 3 titres en bonus (Hear No Evil / Cherry Red Records), 2013
Après le départ de Ken Hensley en 1980, Uriah Heep s'est forgé un son Hard Rock FM allant de pair avec des textes passe-partout dont le sujet majeur, dans le plus pur style de l'AOR américain, est l'amour et ses tracas universels. Mais après une décennie d'albums mineurs (de Abominog en 1982 à Different World en 1991) au cours de laquelle le groupe a perdu son âme en tentant de croiser Def Leppard avec Foreigner, voilà qu'en 1995 paraît ce Sea Of Light dont le son gothique est aussi salvateur qu'inattendu. Certes, ce n'est pas le retour à la fantaisie débridée des 70's car les textes ici se rapportent plutôt à des sujets universels sans thème général précis mais c'est quand même un progrès par rapport aux paroles insignifiantes des années 80. Et surtout, le son épais et les arrangements plus complexes renouent avec la grande époque du Heep. Ainsi Universal Wheels, qui traite des problèmes environnementaux, est-il un des grands moments du groupe: le bassiste Trevor Bolder fait tonner les basses fréquences et le guitariste Mick Box wawate avec une ardeur nouvelle tandis que Phil Lanzon parvient même à faire oublier Ken Hensley tant il fait rugir son orgue Hammond. Tout ça pendant que les synthés tricotent dans l'ombre une orchestration hypnotique du plus bel effet. Dans une veine plus hard-rock, Against The Odds ouvre les enfers avec un Mick Box en super forme tandis que Bernie Shaw s'avère un chanteur idéal pour ce genre de musique et celui qui, dans l'esprit, est le plus proche du regretté David Byron. Dans un autre registre, Love In Silence est une sorte de ballade évolutive comprenant un surprenant interlude instrumental. On entend bien ici que le Heep a voulu renouer une fois encore avec cette tendance progressiste symphonique qui fut la sienne au début des seventies. Tout est pensé avec précision et hyper-soigné, y compris la production immaculée qui permet d'entendre tous les instruments à la perfection. Un autre élément essentiel consiste en ces harmonies vocales qui sont la marque de fabrique du Heep depuis ses débuts et, sur ce plan aussi, on est ici bien servi, tous les membres du groupe participant activement à ces choeurs magiques qui ont tant contribué à leur succès. Enfin, au fil des 12 titres d'une agréable variété, on constate avec plaisir que les synthés ont été utilisés avec beaucoup plus de parcimonie que dans les 80's, laissant désormais la place à l'orgue et au piano qui rendent la sonorité de ce disque beaucoup moins datée que celle de ces prédécesseurs. Et puis, bien sûr, il y a cette fantastique illustration de Roger Dean qui a conçu une nature colorée et fantaisiste dont les îles flottantes évoquent celles de la planète Pandora décrite 14 années plus tard par James Cameron dans le film Avatar. Merveilleuse pochette suggestive qui invitait les amateurs potentiels à écouter une fois encore la musique d'un groupe de has-been sur le déclin. Sauf que cette fois, la musique étant à la hauteur des promesses, les fans n'ont pas été déçus.

La réédition en CD par le label Cherry Red offre trois morceaux supplémentaires issus des sessions de Sea Of Light: un rock au tempo moyen doté d'une jouissive partie d'orgue Hammond (She Still Calls His Name), Sail The Rivers qui s'inscrit dans le style hard FM AOR, ainsi que la version éditée en 45 tours de la ballade Dream On, une chanson nostalgique parfaitement calibrée pour plaire aux radios de rock classique. Cet album qui reste aujourd'hui le meilleur Uriah Heep de l'époque post-Hensley est à redécouvrir.

[ Sea Of Light (Cherry Red Records) (CD & MP3) ]

Ken Hensley : Proud Words On A Dusty Shelf (Bronze), UK 1973 - Réédition CD (Repertoire), 1992 - CD remastérisé (Esoteric Recordings), 2010
En 1972, Uriah Heep, sortit deux de ses meilleures productions : Demons And Wizards et The Magician's Birthday et Ken Hensley a largement contribué au succès de ces deux disques dont il a écrit les meilleurs titres : The Wizard, Rainbow Demon, Easy Livin', Sunrise, Echoes In The Dark, Sweet Lorraine et The Magician's Birthday. Mais il faut croire qu'il avait encore beaucoup de matériel en réserve qui, soit, a été écarté par manque de place, soit ne correspondait pas au style gothique flamboyant du célèbre groupe de hard-rock britannique puisque pendant la même période, il a aussi enregistré cet album sous son propre nom. Alors qu'au sein du Heep, il était surtout connu pour sa faculté à faire groover un orgue Hammond B3 dans un contexte rock (un talent rare qu'il partageait avec Jon Lord de Deep Purple), Hensley a décidé ici de se focaliser sur deux autres aspects de son art. Car si l'orgue est roi sur un seul morceau nommé Fortune, c'est bien la guitare qui est reine sur Proud Words On A Dusty Shelf et si Hensley n'a pas les compétences techniques d'un Mick Box, il s'en tire quand même fort honorablement par un jeu en solo impressionniste et mélodieux à la guitare électrique (When Evening Comes, Black Hearted Lady) tandis que les accompagnements acoustiques sont conçus avec goût (on pense carrément à America sur From time To Time et sur Go-Down). En plus, il s'avère être un excellent chanteur dans le style de David Byron dont il n'a pourtant pas la puissance de feu. Son timbre et son expressivité sont en effet suffisamment originaux et plaisants pour capter l'attention. Ce qui est clair, c'est qu'en dépit de la rythmique composée du bassiste Gary Thain et du batteur Lee Kerslake et d'une reprise de la ballade Rain qui figurait sur The Magician's Birthday ici traitée un peu différemment dans sa partie finale, Proud Words peut difficilement être considéré comme un album perdu d'Uriah Heep : la plupart des titres sont en tempo moyen ou lent, l'ambiance est à l'introspection et il n'y a guère de moments de bravoure. Le répertoire est par contre plein de feeling et très varié. Et on y trouve même un morceau country-rock joliment habillé par une pedal-steel guitare (The Last Time). Cet album de rock mainstream fort agréable et réussi dans son genre bénéficie aussi d'une excellente production si bien que le son après quelques quarante années d'existence n'a guère pris de ride et c'est sans parler de la superbe remastérisation 24 bits effectuée par le label Esoteric à partir des bandes analogiques originales. Il témoigne en tout cas du réel talent de son auteur et, quelque part, il explique aussi pourquoi Uriah Heep, après le départ de Ken Hensley en 1980, une fois l'enregistrement de Conquest terminé, n'a jamais retrouvé la sensibilité et la magie des disques légendaires qu'il a essaimés pendant les seventies.

[ Proud Words On A Dusty Shelf (Esoteric Recordings) (CD & MP3) ]

Ken Hensley : Eager To Please (Bronze), UK 1975 - Réédition CD (Repertoire), 1993 - Réédition CD remastérisé + 1 titre en bonus (Esoteric Recordings), 2010
On ne peut pas dire que Proud Words On A Dusty Shelf, le premier disque très instrospectif de Ken Hensley, était une copie de ceux d'Uriah Heep mais celui-ci, sorti deux années plus tard, l'est encore moins. A l'époque, le Heep venait de sortir Return To Fantasy sur lequel Gary Thain, récemment débarqué, avait été remplacé par John Wetton. Ni Thain ni Kerstlake n'apparaissent plus sur Eager To Please et seul le bassiste Mark Clarke (Colosseum, Tempest) témoigne encore d'un lien ténu avec le célèbre groupe de hard-rock (il a joué brièvement avec Uriah Heep au temps de Demons And Wizzards en 1972). Le fait est que cet album, tout en étant aussi varié et accessible que le premier, est également plus ambitieux. Les tendres ballades Through The Eyes Of A Child, une courte rumination à propos de la perte de l'innocence lors du passage à l'âge adulte, et Part Three bénéficient toutes deux de belles orchestrations. Composé par Clarke et Bottomley, Stargazer (qui figurait sur le second album de Tempest, Living In Fear) est un superbe rock dont le riff ressemble quelque peu à celui de Trampled Under Foot de Led Zeppelin (Physical Graffiti, 1975) et qui a été doté d'un arrangement de cuivres concocté par Michael Gibbs. Secret a un feeling folk très particulier dû aux enluminures célestes d'une pedal steel guitare en état de grâce jouée par B.J. Cole. Nourri au blues-rock sans en être vraiment, Eager To Please vaut surtout par sa décoiffante partie de slide électrique. Quand au morceau Winter And Summer, il permet à Hensley de montrer ses muscles hard dans une composition qui, une fois n'est pas coutume, évoque brièvement la puissance du Heep. Disque de chansons avant tout, Eager To Please comporte beaucoup d'autres miniatures de styles divers qui ont fait écrire à quelques critiques de l'époque que cet album manquait de cohésion et qu'il n'était qu'une collection de titres sans direction précise. Mais c'est là justement que réside son charme car Ken Hensley est loin de n'avoir qu'une corde à son arc, chantant, arrangeant, concoctant des harmonies vocales, passant de l'orgue Hammond à la guitare slide, acoustique ou électrique, ou encore au piano, au Fender Rhodes ou au synthé dans un florilège de genres qui peuvent aussi bien évoquer le folk- rock simple et apaisant d'un America, que le hard un peu progressiste de la période Vertigo ou le pop-rock classique des années 60 et 70. Ce second disque en solo de Ken Hensley est une nouvelle réussite dans la lignée du premier et on ne peut que le conseiller, dans sa superbe réédition remastérisée par Esoteric Recordings, à tous les amateurs de rock éclectique soucieux d'explorer les trésors apparemment inépuisables de ces chères seventies.

En 1976, le label Bronze Records a édité un titre de l'abum, In The Morning, sur un 45 tours qui comprenait en face B un inédit : Who Will Sing For You, un rock simple mais efficace dominé par une guitare slide enthousiasmante. Esoteric Recordings a eu la bonne idée d'ajouter ce morceau en bonus qui, par ailleurs, figurait déjà dans un Best Of de Ken Hensley paru en 2011.

Après avoir quitté Uriah Heep, Hensley a sorti un troisième disque intitulé Free Spirit (Bronze / Repertoire, 1980), à vocation plus commerciale qu’artistique et qui paraît aujourd’hui bien pâle en comparaison de ses deux premiers LP. Par la suite, il aurait dû logiquement se consacrer davantage à sa carrière en solo mais ce ne fut pas vraiment le cas et les disques épars qu’il enregistra tardivement n’ont guère la fougue créatrice des années 70. Il semble que Ken Heinsley ait pris beaucoup d’années pour se reconstruire après sa démission du Heep en juin 1980 et plus de 20 ans pour retrouver pleinement son talent de compositeur. Love And Other Mysteries sorti sur Esoteric Recordings en 2012 témoigne des progrès effectués même s’il s’agit davantage de l’album d’un auteur qui semble aujourd’hui plus intéressé par les mots qu’il chante que par la musique qui les enrobe.

[ Eager To Please (Esotering Recordings) (CD & MP3) ]

Harem Scarem : Voice Of Reason (Warner Music), Canada 1995 - Réédition CD avec 1 titre en bonus (Wounded Bird), 2010
Formé au Canada à la fin des années 80, Harem Scarem emprunta son nom bizarre au titre du premier dessin animé de la série "Oswald the Lucky Rabbit" conçue par Walt Disney en 1928. Le groupe entra dans la lumière avec son second album, Mood Swings, sorti en 1993, qui reste pour beaucoup à la fois leur chef d'œuvre et l'un des incontournables du style A.O.R. (Adult Oriented Rock). Par contre, leur troisième production, Voice Of Reason, déçut leurs fans qui ne retrouvèrent que partiellement les qualités du disque précédent. La musique sans claviers y apparaît en effet plus sombre, en phase avec des textes moroses, tandis que la structure des chansons s'est complexifiée. D'autre part, l'organisation du répertoire n'est pas optimale avec une forte concentration de titres lents au détriment des tempos plus rock. Enfin, le son aussi a été modifié et rendu plus moderne, voire abrasif, le guitariste, influencé par la déferlante grunge (Nirvana, Soundgarden), construisant des murs sonores qui contribuent à renforcer le sentiment d'oppression. Ceci dit, Voice Of Reason traduit aussi une volonté de progresser, de rechercher d'autres climats (alternatifs?) en évitant le piège de la répétition à outrance auquel sont confrontés tant de groupes de hard-rock mélodique. Si Breathing Sand évoque encore les fastes de Mood Swings, le titre éponyme s'en éloigne pour se rapprocher d'un prog-métal dominé par la guitare épaisse de Pete Lesperance. Des sections plus mélodieuses et un fabuleux solo de six-cordes maintiennent l'intérêt tout au long de ce titre qui est l'un des sommets du disque. Plus classique dans sa forme, Blue fut édité sous la forme d'un simple promotionnel sans connaître toutefois un véritable succès. Ils auraient probablement eu plus de chance en misant sur la ballade Let It Go qui met en valeur le voix de Harold Hess et le travail des guitares. Après tout, à l'époque, des groupes de hard parvenaient encore à se frayer un chemin dans les charts avec des chansons comme celle-là. Warming A Frozen Rose qui marie un riff à la Black Sabbath avec une mélodie à la Beatles est un autre grand moment tandis que le son menaçant et distordu d'Untouched et son solo de guitare orientalisant sont carrément irrésistibles. Bon, au fil des plages, quelques titres ont l'air d'être là pour le remplissage même s'ils ne sont pas pour autant totalement inintéressants. Candle par exemple n'est certes pas une composition exceptionnelle mais la trame de guitare wah-wah qui la sous-tend réjouira tous les amateurs et utilisateurs de ce genre d'effet. Mood Swings reste le maître achat pour les amateurs de rock mélodique A.O.R. mais, en dépit des quelques lacunes précitées, Voice Of Reason peut aussi être conseillé à ceux qui préfèrent leur rock un peu plus hard et moins poli.

L'album Mood Swings connut un immense succès populaire au Japon, ce qui engendra une relation particulière entre le groupe et le pays du soleil levant. C'est la raison pour laquelle Voice Of Reason fut aussi produit simultanément au Japon sous la forme d'une édition spéciale incluant une version acoustique de Candle en bonus. Ce morceau supplémentaire est ajouté sur le compact réédité en 2010 par le label Wounded Birds. A noter que c'est également dans ce pays, au fameux Club Citta de Kawasaki, que Harem Scarem enregistra son premier compact live à l'occasion de la tournée "Voice Of Reason" (Live In Japan, 1996).

[ Voice Of Reason (CD) ]

Psychotic Waltz : Into The Everflow (Dream Circle), USA 1992 - Réédition CD remastérisé + 1 titre en bonus + Demos + Bleeding (3 CD Metal Blade), 2004
Ce groupe californien eut à ses débuts beaucoup plus de succès en Europe qu'aux Etats-Unis, ce qui l'amena à enregistrer son second disque en Allemagne. Produit par Ralph Hubert (du groupe de métal allemand Mekong Delta), Into The Everflow acquit immédiatement une renommée enviable quoique circonscrite aux milieux spécialisés. Au début des années 90, la scène "métal" sous toutes toutes ses formes connut un regain de créativité avec l'explosion de groupes majeurs et le métal progressiste, dominé par Dream Theater, Queensryche et Fates Warning ne fut pas en reste. C'est incontestablement à ce sous-genre qu'appartient Psychotic Waltz même si leur inspiration puise aussi en partie chez des groupes de hard & heavy plus classiques comme Black Sabbath et Ozzy Osborne. D'ailleurs, sur le morceau Tiny Streams, laminé par une guitare lourde à la Tony Iommi, on entends distinctement les mots "Black Sabbath" tandis que les intonations de la voix haut-perchée de Buddy Lackey ne sont pas sans rappeler celles d'Ozzy. A la fois plus original, sombre, mélodique et accessible que leur premier essai (A Social Grace, 1990), cet album, centré sur les guitares, est certes encore parsemé de riffs meurtriers, de solos ravageurs et de percussions tribales mais pas seulement: on y trouve aussi plusieurs compositions moins extrêmes qui sont de surcroît très réussies. Pilotée par des synthés, Ashes, qui ouvre l'album, est ainsi une superbe composition symphonique la fois mystérieuse et menaçante, la seule du genre sur cet album. Le titre éponyme est une sorte de space-rock avec des guitares hypnotiques en arrière-plan qui tissent inlassablement un voile déformant la réalité. Depuis le succès planétaire du Wind Of Change des Scorpions, tout disque de heavy métal enregistré au début des 90's devait inclure au-moins une ballade susceptible de passer en radio : Hanging On A String remplit aisément le contrat avec une bonne prestation vocale de Buddy Lackey qui, entre parenthèses, deviendra plus tard célèbre comme chanteur de Deadsoul Tribe sous le nom de Devon Graves. Enfin, Butterfly se démarque par ses références explicites à des artistes de rock classique comme Jimi Hendrix et Led Zeppelin en plus d'une jouissive partie de guitare wah-wah. Le reste (Out Of Mind, Tiny Streams et Little People) est plus heavy mais toujours innovant. Progressiste, psyché, et parfois trash, Into The Everflow est une excellente production qui fut malheureusement éclipsée par la sortie la même année de Images And Words de Dream Theater. Ensemble, ces deux disques constituent pourtant ce que le prog-métal avait de mieux à offrir en 1992.

La monumentale réédition en compact par Metal Blade en 2004 ainsi que celle en LP par Century Media en 2011 offrent un titre inédit en bonus : Disturbing the Priest, une reprise d'un morceau extrait de l'album Born Again de Black Sabbath (1983). Certainement pas l'une des grandes réussites du groupe de Tony Iommi mais la version de Psychotic Waltz apparaît bien meilleure que l'original qui souffrait de l'incompatibilité quasi-ridicule entre le style classico-hard de Ian Gillan et les riffs plombés des seigneurs des ténèbres.

[ Into The Everflow + Bleeding (3 CD Metal Blade) ]

Mind's Eye : A Gentleman's Hurricane (Lion Music), Suède 2007
A l'instar de ses meilleurs designs pour Knight Area (The Sun Also Rises), Kamelot (Ghost Opera) ou Evergrey (In Search Of Truth), la pochette dessinée par Mattias Norén est non seulement grandiose mais elle traduit aussi à la perfection le concept original de cet album qui traite du tumulte intérieur et du chaos causés par un assassin vieillissant, rattrapé par son passé, et tenté par la confession et une improbable rédemption. Un bon scénario traité efficacement par le trio suédois Mind's Eye qui réalise ici son album le plus ambitieux. Le batteur Daniel Flores, créateur du concept et producteur, y affiche son attirance pour les bandes sonores cinématographiques: effets spéciaux et bruitages, voix off, masses orchestrales, chœurs et dynamique des climats viennent appuyer un récit aussi dramatique que le fameux Operation Mindscrime de Queensryche auquel ce disque, plus par l'esprit que par la lettre, peut être raisonnablement comparé. Le style musical est par contre beaucoup plus proche de celui de Threshold : une rythmique lourde hachée constamment par des riffs de guitare drive en effet la plupart des chansons de cet album. Certes, il s'agit là de prog-métal mais sous une forme mélodique et accessible qui n'a pas grand chose à voir avec les prouesses pyrotechniques d'un Dream Theater. Le chanteur Andreas Novak a une voix plaisante et parfaitement adaptée au genre tandis que Johan Niemann (Therion), qui cumule les fonctions de bassiste et de guitariste, s'avère un musicien efficace et précis, contrôlant avec soin toutes ses interventions que ce soit en rythmique ou en solo. Pris individuellement, quelques chansons en mettent plein la vue comme le roboratif Assassination, Ashes To Ashes In Land Lullaby et ses guitares acérées, Red Winter Sirens qui bénéficie d'un bel arrangement orchestral sur fond de piano avant la mise à feu des turbines, ou Graveyard Hands avec ses flûtes et sa mélodie inspirée à consonance celtique. Tout cela paraît idéal et sans reproche mais il faut quand même ajouter un bémol à cette revue positive. C'est que plusieurs titres sont construits sur une structure similaire et, plus grave, avec des textures fort semblables (toujours ces riffs monstrueux de guitare sur drums plombés) ce qui à la longue engendre une fatigue auditive. C'est d'autant plus vrai que le chant couvre quasiment 90% de ces morceaux laissant peu de place aux développements instrumentaux et à des variations susceptibles d'aérer les climats. On comprend que, dans un concept album dont l'histoire est comme ici suffisamment élaborée, il y ait beaucoup à dire mais il n'en reste pas moins que ce flot de paroles n'est pas sans conséquence. Mieux vaut en tout cas suivre attentivement le récit comme on le ferait pour un opéra rock, quitte à lire les textes en écoutant l'album. En dépit de cette constatation, A Gentleman's Hurricane reste un album fort attrayant et terriblement prometteur de la part d'un groupe .... dont bizarrement on n'a plus entendu parler depuis plus de six années.

Il existe une version CD/DVD de cet album qui comprend le compact audio et un DVD offrant une vidéo promotionnelle du morceau Feed My Revolver, réalisée par Fredrik Englund, ainsi qu'un "making of" expliquant le processus de création et de production de A Gentleman's Hurricane. En plus, un livret dessiné par Mattias Norén qui permet de visualiser le concept de l’oeuvre est également inclus.

[ A Gentleman's Hurricane (CD & MP3) ] [ A Gentleman's Hurricane (version CD / DVD) ]
[ Feed My Revolver (vidéo de Fredrik Englund) ]

Crimson Glory : Transcendence (Roadrunner / MCA), USA 1988
Annonçant avec fracas un métal progressif qui s’imposera dans la décennie suivante, ce groupe originaire de Sarasota (Floride) ne fait pas dans la dentelle fine. Dès le premier titre, Lady Of Winter, les bases de leur musique sont posées marquant les limites d’un genre qu’ils ont certes contribué à définir mais dont-ils ne déborderont plus : tandem de guitares pyrotechniques, riffs mélodiques assassins, rythmiques galopantes et voix stridente d’un chanteur énigmatique dénommé Midnight (qui en fait parfois un peu trop) sont en effet des constantes que l’on retrouve sur la majorité des dix titres du répertoire. L’influence de la nouvelle vague du heavy métal britannique (NWOBHM), et celle d’Iron Maiden en particulier, est encore patente (réécoutez par exemple Powerslave juste après Masque Of The Red Death) mais Crimson Glory y rajoute aussi quelques épices : une rythmique moins binaire due en particulier au jeu de basse complexe de Jeff Lords, des vrilles mortelles rattrapées de justesse au ras du sol et une sorte d’aisance dans les parties instrumentales qui ne trompe guère. Les titres des chansons parlent d’eux-mêmes (Red Sharks, Masque Of The Red Death, Where Dragons Rule, Burning Bridges…) et les textes sont à l’avenant : pas de place ici pour la romance. Certaines compositions sont fort réussies comme In Dark Places qui préfigure l’esthétique sombre et fantastique d’un Vanden Plas ou encore Red Sharks qui évoque le power métal hyper rapide d'un Angra ou d'un Royal Hunt. Si l’on considère la réussite qu’ont connue ces dernières formations au tournant du nouveau millénaire, on peut s’étonner que Crimson Glory n’ait pas recueilli un plus grand succès et, surtout, qu’il n'ait pas capitalisé par la suite sur cette excellente production. Mais c’est sans doute le lot des visionnaires que d’ouvrir la voie à ceux qui viendront sans pour autant en récolter de fruits. Si vous appréciez le métal progressiste musclé mais accessible, quelque part entre Queensryche et Fates Warning, Transcendence est un album prémonitoire qu’il convient d’écouter au moins une fois pour retracer l’histoire du genre.

[ Transcendence (CD & MP3) ]

Seventh Wonder : Mercy Falls (Lion Music), Suède 2008
Mercy Falls est le troisième disque du groupe Seventh Wonder et c’est indiscutablement leur meilleur. Oeuvre sombre conçue autour d’un concept hanté par la mort et la trahison, elle raconte la plongée d’un homme dans le coma après un accident de voiture ainsi que les vagabondages de son esprit dans une ville fictive dénommée Mercy Falls, une ville dont les situations sont néanmoins connectées à la vie réelle et dont, en fin de compte, il ne pourra pas s'échapper. Sans être très original, le métal progressif des Suédois, qui reste très mélodique et accessible, bénéficie d’arrangements soignés qui en rendent l’écoute fort agréable. En particulier, les parties de claviers d’Andreas Söderin sont somptueuses mais les autres membres du groupe s’en sortent bien aussi et chacun a l’occasion de briller à un moment ou à un autre sur son instrument. Quant au chanteur Tommy Karevik, il est doté d’une voix faite pour le genre qui ne s’essouffle jamais et on comprend aisément pourquoi il a été sélectionné par Kamelot pour remplacer Roy Khan après sa démission en 2011. En dépit de la noirceur bien réelle du récit, la musique n’est pas plombée mais se révèle plutôt grandiose, voire épique, dans la lignée d’un métal symphonique, certes technique, mais influencé aussi par les hymnes guerriers plus mainstream de groupes comme Sonata Arctica, Kamelot, Angra ou Edguy, voire même Europe. Avec une durée de 74 minutes au compteur, l’album fatigue un peu sur la fin même si la dernière plage, The Black Parade, qui marque le passage du protagoniste comateux dans l’au-delà, est un de ces titres ébouriffants qui ont fait toute la gloire du genre. Rien n’y manque : ni les riffs assassins, ni les synthés stratosphériques, ni les six-cordes en fusion, ni les rythmiques dévastatrices, ni les refrains mélodiques hors-normes éructés par un Karevik en pleine forme. Globalement, Mercy Falls est surtout conseillé à ceux qui aiment leur prog-métal symphonique, ambitieux sans être trop complexe, et surtout suffisamment majestueux pour emporter les mourants avec le sourire aux lèvres jusqu’au Valhalla.

[ Mercy Falls (CD & MP3) ]

Epysode : Fantasmagoria (AFM Records), Belgique 2013
La Belgique n’est pas particulièrement connue pour ses groupes de métal progressif. En fait, à part un Max Pie et un Ethernity dont je n’ai jamais rien écouté, le seul représentant notoire dans ce style ayant atteint mes oreilles est Epysode, un projet qui gravite autour du guitariste belge Samuel Arkan et qui en est aujourd’hui à son deuxième disque. La musique toutefois n'a que peu de choses en commun avec les ténors du genre comme Dream Theater, Queensryche ou Fates Warning et s'abreuve plutôt aux sources de ce que l'on appelle le « power metal », un sous-genre défini comme du heavy métal mélodique décliné à toute vitesse et dont les principaux représentants sont, entre autres, Angra, Edguy, Kamelot, Sonata Arctica, Avantasia et Evergrey. A l'instar d'Arjen Lukassen aux Pays-Bas, Arkan s’est une nouvelle fois entouré de musiciens spécialisés comme il l’avait déjà fait sur son précédent album Obsessions (2011). Son super-groupe est ainsi constitué du bassiste américain Mike Lepond (Symphony X), du guitariste italien Simone Mularoni (DGM), du claviériste belge Julien Spreutels (Ethernity) et du batteur Léo Margarit (Pain Of Salvation) tandis que le chant à été confié à pas moins de cinq vocalistes issus d'horizons divers : l’Allemand Henning Basse (Sons Of Seasons), le Canadien Matt Minarelli (Borealis), la Norvégienne Ida Haukland (Triosphere), le Suédois Tom Englund (Evergrey) et la Suédoise Tezzi Persson (Between The Silence), chacun ayant l’occasion de briller, en solo ou en duo, sur le ou les titres qui lui ont été confiés. A part deux morceaux aérés accompagnés au piano acoustique (le court Gardens Of Exile et l’excellente ballade Fantasmagoria) et quelques introductions ou interludes atmosphériques, le reste est dense, ténébreux (le diabolique Venom en particulier) et parfois hyper-speedé comme sur The Arch par ailleurs fort bien chanté par Tom Englund, spécialiste de ce genre de métal sauvage au sein d’Evergrey (on pense évidemment aux ambiances sombres d'In Search Of Truth). Quand les morceaux plombés s'enchaînent comme dans la série The Arch - Morning Rose - Venom - The Black Parade - T.H.O.R.N.S., la gravité devient écrasante et l’esprit cherche à s’échapper du maelstrom, engendrant une baisse d’intérêt. En ce sens, la seconde moitié de l’album apparaît plus équilibrée, moins massive, moins axée sur la puissance de feu et s'avère, du coup, plus écoutable à écouter que la première. Sinon, la musique est comme il se doit ensemencée de refrains mémorables et de moments de bravoure où brillent en particulier les guitares. Enregistré au studio Noise Factory en Belgique, où les invités étaient physiquement présents, et bien mixé et masterisé au Danemark par Jacob Hansen (Anubis Gate), ce concept album en forme de thriller noir et surnaturel aurait certes gagné à être musicalement plus varié, plus aéré et plus concis, mais il fascinera quand même les amateurs de métal mélodique spectaculaire et nourri aux amphétamines.

[ Fantasmagoria (CD & MP3) ]
[ Fantasmagoria avec Tom S. Englund (Evergrey) & Ida Haukland (Triosphere) ]

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