La pochette de
Water And Other Games a un look rétro qui de prime abord ne donne aucune indication sur le contenu musical du cédé qu’elle protège. En allant voir sur
le site du leader, on apprend que
Michel Mainil, diplômé du conservatoire de La Louvière et responsable du centre culturel de cette même ville, est passionné de jazz et qu’il en joue sur scène depuis fort longtemps. Après 32 années de musique live, l’homme sort enfin de l’ombre et, à 48 ans, décide d’enregistrer un disque. Le premier titre, le seul de sa plume, étonne d’emblée par le grain du ténor, l’aisance du musicien et ce son ample qui nous ramène quelques 40 années en arrière quand Rollins ou Coltrane, alors maîtres des forges, boutaient le feu à leur musique avec des airs de chaman. Le reste témoigne d’une science évidente du répertoire, Mainil reprenant à son compte le fameux
Fee-Fi-Fo-Fum de Wayne Shorter (souvenez-vous : c’était sur Speak No Evil en 1964),
Beatrice extrait du non moins fameux Fuschia Swing Song de Sam Rivers (1964),
Nemesis emprunté à Dave Holland (Extensions, 1989),
Monk’s Dream et quelques autres titres moins connus. Le pianiste Alain Rochette et le contrebassiste José Bedeur se fendent chacun d’une composition et le tour est joué. Enfin presque, car le cédé se clôture sur un
When It’s Sleepy Time Down South qui vient rappeler avec élégance qu’on est là pour le plaisir avant toute chose. Et on s’amuse d’ailleurs beaucoup à écouter cette musique bien jouée avec beaucoup d’émotion et de respect. Ce disque nous incite même à retourner à la source et à ré-écouter ces classiques intemporels interprétés par leurs créateurs. C’est dire d’une autre façon qu’il apprendra à ceux qui le connaissent encore mal à aimer le Jazz. Si c’était là l’une des intentions de Michel Mainil, sa mission est réussie au-delà de toute espérance.