Le Rock Progressif

Disques Rares, Rééditions, Autres Sélections


Série II - Volume 7 Volumes : [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] [ 6 ] [ 8 ] [ 9 ] [ 10 ]

Can : Future Days (Spoon/Mute/U.A.), Allemagne 1973 - Enregistrement original remasterisé (Spoon), 2005
Au début des années 70, le groupe allemand Can s’imposa en Europe comme le leader du Rock avant-gardiste non conventionnel. Expérimentant avec des synthétiseurs, du matériel électronique et des bruitages tout en utilisant de multiples techniques pour triturer le son de toutes les façons possibles, Can a laissé derrière lui une discographie certes bizarre mais aussi profondément subversive. Constitué du guitariste Michael Karoli, du bassiste Holger Czukay, du claviériste Irmin Schmidt et du batteur Jaki Leibezeit en plus, sur cet album et pour la dernière fois, du chanteur japonais Kenji « Damo » Suzuki, le groupe a monté en puissance au fil des ans, délivrant des disques intenses et déjantés qui ont marqué leur époque même si, à cause de leur nature explosive, le succès commercial est resté confidentiel. Après le double album visionnaire Tago Mago (1971) en forme d’exorcisme musical tout simplement indescriptible et Ege Bamyasi (1972) moins long et plus digeste mais tout aussi étrange, le groupe enregistre ce Future Days en s’aventurant davantage dans la musique « ambient » et en adoptant une approche plus minimaliste et répétitive qui sera redécouverte bien plus tard par des groupes de Rock alternatif et de new-wave. La voix de Susuki est désormais devenue un souffle que l’on entend à peine, reléguée à l’arrière plan par les mystères du mixage, au profit d’une rythmique (basse lancinante et batterie polyrythmique) délivrant un groove hypnotique. Les bruitages et le son liquide font penser à un rivage exotique bordant un océan organique. Plus accessible mais sans rien céder à la classe de ses prédécesseurs, Future Days est l’album le plus accessible de la période créative du groupe (qui va de Monster Movie en 1969 à Soon Over Babaluma en 1974). Aquatiques et mystérieux, les trois plus longs titres (sur les quatre du répertoire) que sont Future Days, Spray et le superbe Bel Air (qui dure près de 20 minutes) vous emmènent sous la surface un peu de la même manière que le Echoes de Pink Floyd vous transporte dans les airs. Avec cet album, Can faisait l’impasse sur la musique démentielle qui habitait ses œuvres précédentes et cédait à la tentation d’un voyage en immersion (ce n’est pas pour rien que le trident du dieu de la mer Poséidon est placé sur la pochette) : bien que Future Days soit une œuvre atypique dans la discographie du groupe, c’est aujourd’hui à lui que va ma préférence.

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Refugee (Charisma), UK 1974
L’affaire est connue : Keith Emerson a abandonné son trio The Nice sur la pente d’une reconnaissance internationale car il savait que la voix de Lee Jackson ne lui permettrait jamais de réaliser ses ambitions. Avec l’organe puissant de Greg Lake en plus de sa virtuosité aux claviers, Emerson avait trouvé la solution à son problème. Par contre, laissés à eux-mêmes, Lee Jackson et Brian Davison avaient devant eux bien peu d’alternatives. Après s’être essayés au Folk-Rock avec un succès mitigé (le premier album de Jackson Heights n’est après tout pas si mal), ils tirent soudain le gros lot en recrutant un autre magicien des claviers : le Suisse Patrick Moraz. A l’époque, Moraz était déjà un musicien professionnel accompli, ayant fait partie d’un groupe révolutionnaire nommé Mainhorse et composé quelques bandes sonores de films comme La Salamandre et L’invitation de Claude Goretta (qui remporta en 1973 le Prix du Jury du Festival de Cannes). Formé en 1973, le nouveau trio entame rapidement ses répétitions et entre en studio pour enregistrer son premier opus qui sortira l’année suivante. Globalement, Refugee démontre trois choses. 1) Patrick Moraz, qui a composé toutes les partitions, est un musicien aussi versatile qu’exceptionnel : il maîtrise à la perfection son arsenal de claviers (synthés divers, piano, orgue Hammond B3, clavinet, mellotron …) et peut tout jouer, de la musique classique au Rock en passant par le Jazz ou les musiques du monde. 2) Jackson et Davison composent une rythmique efficace et la technique de Jackson en particulier n’a certainement rien à rendre à celle de Lake. 3) Lee Jackson reste un chanteur extrêmement limité dont la voix rauque ne plaira pas à grand monde et ce n’est pas Someday ou Credo qui nous feront changer d’avis. Fort heureusement, les parties vocales sont très limitées au profit de longues séquences instrumentales (dans les deux suites de 18 minutes, Grand Canyon et Credo) ou même de titres sans vocaux du tout comme Papillon et Ritt Mickley. Et là, la musique brille de mille feux et démontre le potentiel de ce trio dont on aurait aimé qu’il persévère et enregistre d’autres opus comme celui-ci. Mais en 1974, Yes cherchait à remplacer Rick Wakeman et le seul claviériste sur le marché qui pouvait faire l’affaire était Patrick Moraz. C’était bien sûr une offre qui ne se refuse pas et Moraz rejoignit le groupe de Ian Anderson en août 1974, contribuant à l'évolution de Yes en enregistrant l’un de ses disques les plus expérimentaux : l’inoubliable Relayer. Quant à Jackson et Davison, complètement dégoûtés, ils ont laissé tomber la musique. Franchement, qu’auriez-vous fait à leur place ?

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Strawbs : From The Witchwood (A&M), UK 1971 - réédition CD remastérisée + 1 titres en bonus (A&M / Polygram International, 1998)
Après la réception plutôt mitigée de l’album Dragonfly (A&M, 1970), le contrebassiste Ron Chesterman quitte le trio mais Dave Cousins et Tony Hooper décident de persévérer et recrutent le claviériste Rick Wakeman (qui jouait déjà en tant qu’invité sur l’album précédent) ainsi que la section rythmique du Velvet Opera composée de Richard Hudson (congas, percussions et sitar) et de John Ford (basse). Cette dernière exercera une influence majeure dans l’évolution du groupe par trois aspects : l’apport de compositions attachantes, une rythmique efficace et nerveuse et des harmonies vocales fort habiles. Après s’être fait les dents en enregistrant un album live au Queen Elizabeth Hall de Londres en juillet 1970, le nouveau quintet, désormais électrique, enregistre son premier album en studio : From The Witchwood. A l’époque, le jeune Wakeman, outre sa participation à Dragonfly, a aussi derrière lui une multitude de sessions et pas des moindres puisqu’il a joué entre autres avec Brotherhood of Man, T. Rex (Bang A Gong sur Electric Warrior), Magna Carta (Seasons), David Bowie (Space Oddity) ou Cat Stevens (Morning Has Broken). Ses apparitions en concert sont déjà fort remarquées et deux titres figurant sur Just A Collection Of Antiques And Curios (A&M, 1970) - Temperament Of Mind et Where Is This Dream Of Your Youth - ont fait écrire à un journaliste du très britannique Melody Maker qu’il était la superstar de demain. Cette opinion tranchée se confirme largement avec cet album. Ecoutez la furia avec laquelle Wakeman attaque à l’orgue sur le provocant The Hangman And The Papist et lui confère ensuite une profondeur qui convient à merveille à cette histoire allégorique à propos du conflit entre catholiques et protestants. Wakeman relance chaque couplet d’une petite improvisation magique et rend cette chanson à texte, intelligente et sensible, inoubliable. Plus génial encore est A Glimpse Of Heaven basé sur un poème de Dave Cousins en hommage à la beauté des côtes du Devon. L’accompagnement de Wakeman à l’orgue d’église est stupéfiant et le groupe combine de façon magistrale ses influences folk et pastorales avec une approche plus progressive concrétisée par un solo fulgurant du maître des claviers. Et le disque contient bien d’autres merveilles comme notamment cette fable à consonance médiévale, intitulée Witchwood, sur le thème de l’addiction aux substances prohibées. Malheureusement, l’enregistrement de l’album fut perturbé par des divergences musicales entre les membres du groupe tandis que Wakeman, de plus en plus souvent sollicité pour des sessions d’enregistrement, ne se présentait pas au studio et fut souvent obligé de réenregistrer ses parties plus tard. D’ailleurs, il est probable qu’il avait déjà en tête d’autres aventures qui mettraient davantage en valeur son talent hors du commun. En tout, il ne sera resté que quelques 15 mois avec les Strawbs et n’aura enregistré avec eux qu’un unique album en studio. Mais il les aura tiré de l’obscurité en propulsant leur savoureux folk-rock traditionnel jusque dans les étoiles.

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Strawbs : Grave New World (A&M), UK 1972 - réédition CD avec pochette et livret conformes au LP original (Si-Wan, 1997) - réédition CD remastérisée + 2 titres en bonus (A&M / Polygram International, 1998)
Au départ, les Strawbs (une contraction du nom du duo original formé en 1963 par Dave Cousins et Tony Hooper : Strawberry Hill Boys lui-même dérivé du lieu dit Strawberry Hill dans le quartier de Twickenham où ils avaient l’habitude de répéter) étaient beaucoup plus proches de la musique folklorique que du Rock, leurs racines plongeant même carrément dans le Skiffle, le Folk-blues à la Woody Guthrie et le Bluegrass avec guitare, banjo et mandoline. Mais le groupe de Dave Cousins, sans pour autant renier le côté folk initial, a évolué à une vitesse extraordinaire vers une musique plus complexe pouvant soutenir la comparaison avec les meilleures productions des grands groupes progressifs des années 70. Au fil du temps, le line-up aussi s’est étoffé, comprenant en 1967 et 1968 la chanteuse Sandy Denny avant qu’elle ne rejoigne Fairport Convention et, en 1970, le claviériste Rick Wakeman qui restera avec les Strawbs jusqu’en 1971 avant de remplacer Tony Kaye au sein de Yes. Avec Richard Hudson à la batterie, aux percussions et au sitar, Tony Hooper à la guitare acoustique, John Ford à la basse et avec Blue Weaver (ex-Amen Corner) en remplacement de Wakeman aux mellotron et autres claviers, le chanteur et guitariste Dave Cousins avait à sa disposition une formidable machine apte à concrétiser ses ambitions. Grave New World fut à la fois l’aboutissement de l’évolution du groupe et le premier album à jouir d’une reconnaissance internationale. Parfait mélange des antiques influences folk de Cousins et de son nouvel intérêt pour le Rock, le disque est basé sur un concept traitant vaguement du long voyage de l’homme depuis sa naissance jusqu’à sa mort. La diversité dans les compositions est une des forces de l’album : si The Flower And The Young Man est une ballade folk avec de superbes harmonies vocales qui rappellent les jours enfuis, Is It Today Lord? et Queen Of Dreams ont leur part de psychédélisme, tandis que Benedictus, par ses couleurs tonales apportées par le mellotron de Weaver et son solo trafiqué de dulcimer électrique, et Tomorrow, avec son développement instrumental inattendu et son texte acerbe trahissant la confusion de Cousins après le départ impromptu de Wakeman, sont nettement plus progressifs. La production est excellente et les arrangements tellement bien agencés que l’album s’écoute encore aujourd’hui avec le même plaisir qu’autrefois. A l’époque, le vinyle fut édité par A&M dans une luxueuse pochette en forme de triptyque contenant un livret richement illustré de 16 pages présentant les textes des chansons. Sous le logo du groupe, la couverture montrait une peinture de William Blake intitulée « Glad Day ». Cette première édition, devenue quasi-introuvable, est aujourd’hui la cible des collectionneurs. La réédition en compact par A&M tente de reproduire le faste du LP initial (sans y parvenir : pour ça, procurez plutôt le collector édité en 1997 par le label coréen Si-Wan qui inclut même une miniature du livret original) et offre deux titres en bonus : Here It Comes (sorti en simple en 1972) et l’inédit I'm Going Home sont deux chansons pop-rock qui ne s’intègrent pas vraiment dans l’ambiance novatrice du répertoire mais qui s’écoutent quand même sans déplaisir. Grave New World est une pièce maîtresse du Folk-Rock progressif des années 70 à redécouvrir de toute urgence !

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The Incredible String Band : The 5000 Spirits or The Layers Of The Onion (Elektra), UK 1967
Si la révolution de la musique populaire se fit au début des années 60 en Angleterre, c’est aux Etats-Unis que le renouveau du Folk fut initié avec des artistes comme Bob Dylan ou Tim Hardin. Mais dès 1966, un vent de fraîcheur se mit à souffler également sur la vieille Albion et réveillèrent des musiciens comme Donovan, Bert Jansch et John Renbourn qui ne tardèrent pas à s’écarter de la simple interprétation du folklore traditionnel. A ce groupe de novateurs, il faut ajouter The Incredible String Band. Après un premier album éponyme paru en 1966 qui mélangeait allègrement le Bluegrass américain avec le folklore celtique, paraît une année plus tard l’audacieux The 5000 Spirits or The Layers Of The Onion et c’est une autre histoire. Leur Folk est cette fois sérieusement coloré par l’emploi d’instruments exotiques comme le gimbri, le luth oriental, le sitar et des percussions diverses. Le duo, composé de Mike Heron (vocal, harmonica et guitare) et Robin Williamson (vocal, guitare, flûte, sitar, mandoline …), a en outre fait appel au piano de John Hopkins et à la basse de Danny Thompson (Pentangle) pour enjoliver certaines parties. C’est toujours du Folk bien sûr et pour l'essentiel du Folk britannique, même s’il reste profondément influencé par le Folk-Blues américain, mais avec une dimension cosmique soulignée par une pochette aux couleurs psychédéliques dessinée par les Hollandais Simon Posthuma and Marijke Koger dans le style des posters des grands designers psychés que furent Martin Sharp ou Rick Griffin. Immédiatement reconnu par les médias et par les pairs (Paul McCartney en fera son disque de chevet cette année-là) comme un album majeur ouvrant les portes de tous les possibles, The Layers Of The Onion garde aujourd’hui un charme fou et parmi les treize chansons offertes, il est bien difficile de choisir. Que ce soit The Mad Hatter’s Song avec son sitar et sa partie bluesy à la Bob Dylan, You Know What You Could Be et sa flûte orientale, la superbe mélodie de First Girl I Love reprise en 1969 par Judy Collins et qui reste l’une des plus belles compositions de Williamson, No Sleep Blues avec son refrain chantant et son accompagnement de guitare à la John Renbourn, Blues For The Muse en forme de Country Blues avec harmonica, Way Back In The 1960’s et son phasing psyché sur les voix ou l’étrange litanie d’outre-tombe intitulée My Name Is Death, l’intérêt ne faiblit jamais. Surgi d'un temps révolu et affichant une fraîcheur naïve dont l'époque actuelle a perdu la saveur, ce disque proto-progressif trouvera naturellement sa place chez les amateurs de textes surréalistes et de Folklore acoustique moderne.

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Kamelot : One Cold Winter's Night (SPV / Steamhammer), USA/NORVEGE 2006 - 2 CD
Drôle d’idée pour un groupe habitué aux douceurs climatiques de la Floride de choisir la Norvège en plein hiver pour enregistrer son premier DVD. Certes, le chanteur Roy Khan est d’origine norvégienne et puis, cette année-là, l’hiver dans le Nord fut plus long et plus froid que les autres et il devenait alors naturel de donner à cette performance le nom d’une chanson figurant sur l’album Epica : On the Coldest Winter Night. Si le DVD bénéficie des superbes images prises sous des angles multiples par les 18 caméras de Patric Ullaeus (déjà auteur des clips vidéo de The Haunting et de March Of Mephisto), le double compact suffit amplement pour se représenter mentalement le spectacle de l’un des maîtres du Power Métal mélodique et symphonique. Le show est superbement agencé avec des chansons provenant quasi-exclusivement de leurs trois derniers et meilleurs opus : The Black Halo, Epica et Kharma. Finalement, seul l’excellent Nights of Arabia, extrait de The Fourth Legacy, a trouvé grâce à leurs yeux dans une interprétation relookée avec un arrangement digne d’un film hollywoodien. Chose rare chez ce genre de groupe, la voix de Roy Khan est aussi majestueuse sur scène qu’en studio. En plus, elle est ici rehaussée sur quelques titres de plusieurs voix féminines : Simone Simons (du groupe Epica), Mari Youngblood et Elisabeth Kjærnes apportent un vent de fraîcheur dans cette ambiance torride. Grisé par la puissance de la musique et aveuglé par les effets pyrotechniques, le public ne se fait guère prier pour apporter son soutien inconditionnel à la fête et reprendre en cœur les hymnes guerriers. Le seul bémol dans ce spectacle démesuré est l’inutile solo de batterie placé sur le second disque mais il est court et c’est peu de choses en comparaison du reste. Oslo était désert en ce soir de février 2006 et la température bien en dessous de zéro, mais à l’intérieur du Rockefeller Music Hall, le froid fut battu en brèche par le beat brûlant, déferlant de la scène comme l’haleine du dragon. One Cold Winter's Night ne remplace pas le lustre des albums en studio mais, en plus d’être un excellent best of live, il témoigne de la capacité de Kamelot à enflammer son public et à rendre vivante sa musique pourtant très écrite. Idéal en tout cas pour patienter en attendant le nouveau compact, Ghost Opera, annoncé pour juin 2007.

[ Kamelot Official Website ] [ Ecouter/Commander : le double CD - le DVD ]

It Bites : The Big Lad In The Windmill (Virgin Records), UK 1986
Formé au milieu des années 80 par le guitariste et chanteur Francis Dunnery, le claviériste John Beck, le bassiste Dick Nolan et le batteur Bob Dalton, ce groupe britannique a adopté dès le départ une conduite artistique qui emprunte au Rock popisant du Genesis de Phil Collins et au Art-Rock commercial d’Asia (période Alpha et Astra). The Big Lad In The Windmill, premier album de It Bites paru en 1986, témoigne de cette démarche qui ne manque pas d’attrait : gros son, basse dynamique bien mixée en avant, guitares agressives et compositions sophistiquées mais accessibles font bon ménage et on peut s’étonner que ce quartet n’ai pas rencontré un succès populaire plus important, d’autant plus que le chant est expressif et souvent bien mis en valeur par des secondes voix d’une incontestable efficacité. Les arrangements sont également impressionnants et le claviériste arrive à donner l’illusion que le groupe est à certains moments accompagné d’un véritable orchestre sans parler de la section de cuivres sur Whole New World qui fait son petit effet. Sinon, le son est typé années 80 comme peut l’être celui d’Abacab ou de Duke, avec des synthés qui enveloppent les chansons comme dans un emballage de plastique. Mais peut-être que le problème du groupe réside dans ses compositions qui n'ont pas le pouvoir accrocheur des tubes de Collins tels Keep It Dark, Home By The Sea, Mama et autres Turn It On Again. Calling All The Heroes, qui aurait pu figurer sur le deuxième ou le troisième disque d’Asia, sort quand même du lot grâce à une mélodie plus mémorable tandis que le meilleur de l’album réside dans son titre le plus long, You'll Never Go To Heaven, bien écrit et offrant quelques chorus de guitare qui en mettent plein la vue. En dépit de ses lacunes, cet album agréable dévoile surtout le potentiel d'It Bites dont les réelles qualités seront mieux mises en valeur dans son second opus, Once Around The World

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It Bites : Once Around the World (Warner Bros.), UK 1988
Le second album de It Bites est toujours aussi enraciné dans les années 80 mais le groupe hésite cette fois entre un Art-Rock commercial dans la lignée du précédent album et une approche plus progressive se traduisant par deux morceaux d’une longueur inhabituelle dans leur répertoire. Old Man And The Angel, qui fut édité en simple dans une variante écourtée, figure ici dans sa version intégrale durant plus de 9 minutes et c’est l’un des deux morceaux les plus intéressants de l’album. La chanson se décline en deux sections distinctes avec une première partie Pop qui se prolonge par un développement captivant du thème rehaussé d’habiles interventions de Francis Dunnery à la guitare et d’un travail épatant de John Beck aux claviers. Toutefois, le seul titre méritant vraiment le qualificatif de progressif est la composition qui donne son nom à l’album : Once Around the World, dont le minutage atteint pratiquement les 15 minutes, est pourvu de breaks instrumentaux sublimes et parfois inattendus et révèle un savoir faire dans la manière d’ordonner des idées arborescentes dont on ne croyait pas le groupe capable. C’est ce morceau unique, et seulement lui, qui a fait la réputation de It Bites chez les amateurs de Rock Progressif et il est certain qu’il vaut la peine d’être entendu. A dire vrai, c’est même l’un des meilleurs longs morceaux des années 80 (qui en comptent peu). Le reste de l’album n’est rien d’autre qu’un recueil de chansons Art-Rock/Pop mélodiques et fort bien arrangées qui correspondent davantage au style du premier album, les plus simples d’entre elles comme Rose Marie et Black December étant de loin les moins intéressantes. La production est excellente d’autant plus qu’elle bénéficie sur certains titres de l’expérience du guitariste Steve Hillage. A cause essentiellement de sa surprenante chanson éponyme, Once Around the World est réputé être le meilleur des trois disques enregistrés en studio par It Bites de 1986 à 1989 (c’est aussi celui qui est doté de la pochette la plus ringarde). Il est toutefois possible que ni les amateurs de Pop-Rock ni ceux de Progressif ne soient entièrement satisfaits de la grande disparité entre les styles ici abordés.

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