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The Enid : Invicta Album complet (53:04) |
The Enid : Dust (Operation Seraphim), UK, 1er Avril, 2016 Dust sera donc le dernier album de The Enid avec son membre fondateur Robert John Godfrey. Concluant une trilogie qui comprend Journey's End (2010) et Invicta (2012), Dust conserve la même approche musicale combinant avec goût orchestrations somptueuses, chœurs, mélodies attrayantes plus un côté théâtral dû au chant expressif de Joe Payne qui, à l'aise dans tous les registres, n'est pas sans évoquer celui du regretté Freddie Mercury (Queen). Ambitieux et grandiose, ce quatorzième album en studio présente The Enid dans ce qu'il a de meilleur. Aujourd'hui, une réédition, éventuellement augmentée et consolidée d'un point de vue visuel, de la trilogie dans un coffret unique comblerait assurément tous les amateurs de prog symphonique tout en rendant un bel hommage au pianiste/compositeur philosophe qui fut le mentor du groupe pendant plus de 40 années. [3½/5] [ Dust (CD & MP3) ] [ Invicta (CD & MP3) ] [ Journey's End (CD & MP3) ] [ The Enid website ] |
Iamthemorning (& Mariusz Duda) : Lighthouse (6:14) |
Iamthemorning : Lighthouse (Kscope), Russie, 1er Avril 2016 Désormais sous contrat avec le label Kscope, ce duo originaire de Saint-Petersbourg poursuit avec succès son exploration d'un prog de chambre éthéré et délicat incorporant cordes, choeurs et autres éléments de musique classique. Le piano de Gleb Kolyadin et la voix de Marjana Semkina sont au cœur de ces compositions sophistiquée auxquelles ont également participé des invités prestigieux comme le chanteur Mariusz Duda (Riverside), le bassiste Colin Edwin et le batteur Gavin Harrison (Porcupine Tree). Quand au pouvoir suggestif de cette musique lyrique qui renvoie aussi bien à Erik Satie qu'à Kate Bush ou Renaissance, il est tout simplement immense. Lighthouse est non seulement le chef d'œuvre de Iamthemorning mais c'est aussi l'une des réalisations parmi les plus abouties de la fusion entre rock et classique. [4½/5] [ Lighthouse (CD & MP3) ] [ Iamthemorning website ] |
Haken : The Endless Knot (5:50) |
Haken : Affinity (InsideOut), UK, 29 avril 2016 Ce sextet basé à Londres continue d’évoluer et apporte une réelle fraîcheur à un sous-genre très codé : le métal progressif. Des ambiances post-rock, des effets électroniques et des influences sonores héritées des 80’s sont désormais intégrés pour enrichir les textures de ce quatrième album qui ne renie pas pour autant le passif du groupe riche en riffs lourds et métalliques. Mis en ligne sur YouTube par le label InsideOut, le titre The Endless Knot reflète les dernières priorités de Haken tout en démontrant une belle cohérence au niveau de l'interprétation et de la composition. Quant au nouveau bassiste Conner Green, il a tellement bien assimilé son rôle que son jeu est quasi indiscernable de son prédécesseur. Aussi intense que novateur, Affinity impose Haken comme le Dream Theater de la nouvelle génération du prog métal! [4/5] [ Affinity (CD & MP3) ] [ Haken website ] |
Huis : Synesthesia (13:12) |
Huis : Neither In Heaven (Unicorn Digital), Canada, 1 mai 2016 Après Despite Guardian Angels sorti en 2014, Neither In Heaven est le second album très attendu du groupe Canadien Huis qui persévère dans le même style néo-prog mélodique et flamboyant proche de Mystery (dont le guitariste Michel St-Père est également impliqué dans ce projet). Toutefois, une approche nettement plus musclée que celle de leur premier opus émerge par moments (Synesthesia et The Man On The Hill, entre autres, qui évoquent les dernières réalisations d'Arena). Les claviers sont toujours omniprésents, ceux de Michel Joncas en premier lieu auxquels viennent s'en ajouter d'autres joués par ses complices et par pas moins de quatre invités dont Gerben Klazinga de Knight Area. Fort bien produit, ce disque devrait séduire aisément n'importe quel fan de néo-prog en général et des groupes précités en particulier. [4/5] [ Neither in Heaven (MP3) ] [ Huis website ] |
Nine Stones Close : Complicated (5:20) |
Nine Stones Close : Leaves (Bad Elephant Music), UK/Pays-Bas, 13 mai 2016 Ce groupe créé en 2008 par le guitariste anglais Adrian Jones revient en force avec un nouveau line-up qui, outre le batteur Pieter van Hoorn (Knight Area), inclut désormais le chanteur Adrian 'Aio' O'Shaughnessy, le claviériste Christiaan Bruin (Sky Architect) et le bassiste Peter Groen. Leaves, qui a mis quatre années pour être finalisé, révèle une formation revitalisée dont la musique dense a un côté organique et même rock psyché, ce qui empêche de lui coller une étiquette néo-prog. Comme le démontre le premier titre publié (Complicated), la musique apparaît aussi plus sombre et plus agressive qu'autrefois même si elle garde une approche globale éclectique qui avait fait ses preuves sur Traces (2010) et sur One Eye On The Sunrise. Brillant! [3½/5] [ Leaves (CD & MP3) ] [ Nine Stones Close ] |
Big Big Train : Folklore (8:32) |
Big Big Train : Folklore (Giant Electric Pea), UK, 27 mai 2016 Le thème du nouvel album de Big Big Train a trait aux folklores et il va comme un gant à la musique de ce groupe qui n'a cessé d'explorer son héritage typiquement anglais à travers différentes époques. Poursuivant dans la même veine que The Underfall Yard (2009) et que les deux volets de son fabuleux English Electric (2012/2013), l'album se partage entre des morceaux nostalgiques et plus accessibles écrits par le chanteur David Langdon et des titres plus complexes dus à la plume du bassiste Greg Spawton. Le titre éponyme, mis en ligne sur YouTube, a un côté folk, voire celtique, même si l'arrangement sophistiqué (avec cordes, cuivres, et flûtes en plus des instruments traditionnels) le rattache indéniablement au monde du prog. Epique mais aussi fragile, la musique de BBT continue d'évoluer dans le cadre de son style ambitieux et inimitable tandis qu'en s'inspirant une nouvelle fois d'un imaginaire enfoui, Folklore s'avère encore une totale réussite. A noter que l'album inclut le titre Wassail déjà sorti en simple en 2015. [5/5] [ Folklore (CD & MP3) ] [ Big Big Train website ] |
"Commençons où tout a commencé" peut-on lire dans la présentation officielle de Folklore. Le neuvième album en studio du groupe de Bournemouth ne rompt ni avec sa passion ni avec les thèmes qui ont sous-tendus leurs œuvres précédentes: raconter des histoires du passé, des légendes enfouies, des croyances populaires qui ont laissé une trace rémanente dans les mémoires et dont on ne sait trop si elles sont vraies ou pas. Prenez le poétique London Plane par exemple: quelle grande idée de raconter l'évolution de Londres à travers les siècles vu de la perspective immobile d'un platane centenaire, arbre symbolique de la cité. Ou Wassail qui renvoie à un rituel païen consistant à chanter dans un verger pour s'assurer que la récolte des pommes sera abondante et le cidre meilleur. Ou encore Along the Ridgeway et Salisbury Giant (qui, bien que séparés sur le compact, constituent en fait les deux parties d'une même chanson), une évocation de la plus ancienne route d'Angleterre le long de laquelle fleurissent d'innombrables récits comme celui du géant de Salisbury qui, à l'époque médiévale, parcourait la ville lors des processions organisées pendant le solstice d'été. Tout ceci en dit long sur la préparation et la qualité des textes qui sont sans équivalent dans la musique progressiste passée et actuelle. Mais Big Big Train sait en plus comment les mettre en valeur dans des écrins musicaux lumineux inspirés par la longue tradition du rock symphonique. Dès le titre éponyme, Folklore, on est conquis par l'arrangement somptueux qui mêle harmonieusement cuivres et cordes aux instruments rock traditionnels ainsi que par la mélodie mi-celtique mi-orientale qui n'est pas sans rappeler l'art d'un Peter Gabriel (à partir de l'album So). Ecrite par le chanteur David Langdon, la musique est moins prog que folk-pop-rock et c'est d'ailleurs le cas pour toutes les compositions dont il est l'auteur. Mais qu'importe, Folklore, Wassail et Winkie n'en sont pas moins empreints d'une réelle nostalgie tandis que Telling The Bees séduit par sa fraîcheur, ses ornementations à l'orgue, et le chant particulièrement expressif de son auteur. Les morceaux les plus prog sont par contre dus à la plume du bassiste Greg Spawton. Le discours y est plus sinueux, les changements de rythme plus fréquents et les passages instrumentaux plus nombreux sans toutefois jamais mettre en péril la cohérence, à la fois mouvante et ferme, des chansons. Parmi les plus réussies figurent le tandem Along the Ridgway / Salisbury Giant et The Transit of Venus Across the Sun qui bénéficie d'un envoûtant arrangement de cuivres précédant la partie chantée et, en finale, d'une autre section instrumentale, portée par les guitares, qui glorifie la montée dans le ciel de l'étoile du soir et le pouvoir de l'amour qu'elle symbolise. La pochette présente le corbeau (Grimspound par Sarah Louise Ewing) traditionnel des récits médiévaux mais on aurait bien vu à sa place une illustration du pigeon Winkie, un singulier messager des temps modernes qui, pendant la seconde guerre mondiale, permit, suite à un vol épique, de retrouver un équipage de bombardier perdu en mer. C'est bien là la seule petite remarque qu'on peut faire à cet album dont la perfection (qui va du graphisme à la production en passant par le travail purement musical) n'a d'égale que son indicible beauté. On envierait presque l'alchimie singulière de ces musiciens qui, une fois de plus, sont parvenus à extraire de la riche histoire de leur Angleterre natale les mots, les images et les émotions qui définissent ce qu'ils sont aujourd'hui. |
Robert Reed : Sanctuary II - Marimba (3:53) |
Robert Reed : Sanctuary II (Tigermoth Records), UK, 10 juin 2016 Poursuivant l'exploration d'un style musical créé par Mike Oldfield il y a plus de quarante ans avec Tubular Bells, le claviériste de Magenta propose un second volet à son saisissant album Sanctuary sorti en 2004. Si le principe reste le même, Reed prenant en charge presque tous les instruments, il a cette fois confié la batterie au virtuose Simon Phillips (qui joua un temps avec Oldfield et co-produisit plusieurs de ses disques). Tom Newman et Simon Heyworth, les collaborateurs d'Oldfied sur Tubular Bells, ont une fois de plus apporté leur contribution, assurant ainsi que la sonorité de l'album soit qualitativement à la hauteur de cette envoûtante musique instrumentale. [3½/5] [ Sanctuary II (CD & MP3) ] [ Robert Reed ] |
Airbag : Diconnected Official Teaser (1:00) |
Airbag : Disconnected (Karisma), Norvège, 10 juin 2016 Airbag s'est fait une belle réputation grâce, d'une part, à son prog atmosphérique influencé par Pink Floyd et Porcupine Tree où règne en maître la guitare de Bjorn Riis et, d'autre part, grâce à la production de disques mélodieux comme All Rights Removed (2011) et The Greatest Show On Earth (2013). Les textes qui traitent du thème de l'aliénation entre l'individu et la société sont enveloppés dans des arrangements élaborés procurant un côté épique à la musique qui rappelle aussi désormais d'autres groupes phares comme Riverside, Anathema ou RPWL. Les solos de Riis sont nombreux et dramatiques, les basses profondes, la batterie hypnotique, les mélodies entêtantes, les textures amples et les ambiances méditatives. Quant au chanteur Asle Tostrup, il ne force jamais sa voix dans un style qui rappelle parfois Steven Wilson. Tout, en fait, contribue à faire de ce quatrième disque en studio l'opus majeur qu'on espérait un jour de ce groupe norvégien qui porte haut le flambeau du prog planant. [4/5] [ Disconnected (CD & MP3) ] [ Airbag sur Bandcamp ] |
Anderson / Stolt : Invention Of Knowledge Album Teaser (0:34) |
Anderson / Stolt : Invention Of Knowledge (InsideOut), UK/Suède, 24 juin 2016 Une rencontre entre l'ex-chanteur de Yes, Jon Anderson, et le guitariste et chanteur des Flower Kings, Roine Stolt, devait forcément produire des étincelles, d'autant plus que le bassiste Jonas Reingold (TFK), le batteur Felix Lehrmann (TFK) ainsi que les chanteurs Daniel Gildenlöw (Pain of Salvation) et Nad Sylvan sont également à bord. Connaissant les goûts et les intérêts des deux leaders, il n'est pas surprenant que l'album soit constitué de quatre longues compositions dont trois sont des suites. La musique combine l'aspect grandiose et épique ainsi que le côté rêveur et pastoral des chefs d'œuvre du Yes des années 70 avec la tendance plus rock et mélodique si typique du groupe suédois. Quant aux textes, ils sont bien sûr mystiques, cosmiques, positifs, et remplis de lumière et d'amour. En fin de compte, quand la première génération du prog s'associe avec la troisième, le résultat est encore du prog classique même s'il est sculpté dans la modernité. Invention Of Knowledge est en tout cas bien meilleur que Heaven & Earth, la dernière production en studio de Yes avec le chanteur Jon Davison. [4/5] [ Invention Of Knowledge (CD & MP3) ] [ Jon Anderson Website ] |
Ce disque est l'inéluctable rencontre entre deux musiciens exemplaires, l'un créateur de chefs d'oeuvres aussi grandioses qu'historiques ayant façonné le rock progressiste et l'autre, héritier du premier, qui a su remettre au goût du jour une musique certes prestigieuse mais figée dans un dogmatisme immuable. Alors, cette "Invention de la Connaissance", c'est un peu la fusion entre Awaken (Yes) et Stardust We Are (The Flower Kings) avec une bonne part quand même d'Olias Of Sunhillow (Ian Anderson). Largement conçue via des échanges de fichiers par internet, cette nouvelle production n'offre pourtant ni batailles instrumentales épiques ni moments de folie comme on en trouve chez Transatlantic par exemple tandis que les parties chantées sont parfois un rien longuettes. Par contre, les thèmes ont été longuement ciselés et lissés de part et d'autre du cyber espace avant d'être finalement assemblés en de longues suites quasi parfaites qui évitent tout culte de la personnalité et toute virtuosité inutile. Anderson, qui a désormais pleinement retrouvé sa voix d'antan, fait ce qu'il sait faire le mieux: chanter dans son style inimitable des "wonderous stories" atmosphériques, bucoliques et empreintes de spiritualité dont les paroles même cryptées font toujours naître une grande émotion. Quant à Roine Stolt, qui ne chante pas en lead et n'a pas ici l'espace qu'il se réserve dans son groupe habituel ou chez Transatlantic, sa guitare emblématique n'en est pas moins omniprésente, soulignant les mélodies ou sous-tendant avec un savoir-faire immense les textures symphoniques qui enrobent la voix de son complice. Derrière, les accompagnateurs sont exemplaires: les trois chevaliers des fleurs, les bassistes Jonas Reingold ou Michael Stolt et le batteur Felix Lehrmann, assurant une rythmique sage mais parfaitement adaptée tandis que Tom Brislin, qui joua dans la tournée du Yes symphonique, délivre un accompagnement discret mais subtil au piano ou au synthé sans jamais, à aucun moment, chausser les poulaines de Rick Wakeman. Et puis, il y a quelques noms prestigieux comme Daniel Gildenlöw ou Nad Sylvan qui composent les choeurs mais leurs voix, intimement mêlées à celles de Stolt et d'autres, sont indistinctes dans le mix final. Bien emballé dans une superbe pochette (qui évite avec sagesse de reproduire une énième illustration de Roger Dean bien trop typé du monde de Yes) conçue par Silas Toball (Agents of Mercy, TFK) où l'on voit la connaissance s'échapper d'un crâne ouvert, Invention Of Knowledge est une odyssée, certes bien planifiée dans une approche avant tout compositionnelle, mais qui n'en est pas moins majestueuse par la musique et cosmique par les textes. Voici un album qui évoque de bons souvenirs mais qui parvient aussi à les transcender grâce à la passion intacte et aux aptitudes exceptionnelles de deux hommes pour qui le prog est à la fois un art et une philosophie. |
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