Volume 2 | Volumes : [ 1 ] |
Ces pages sont réservées à des chroniques écrites par des lecteurs de DragonJazz : si vous avez aimé un disque de Rock Progressif particulier et que vous souhaitez en parlez, n'hésitez pas ! Envoyez votre texte et un bon scan de la pochette (simple ou double, au format JPG, 250 pixels en hauteur minimum) à cette adresse.
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Ayreon : The Source (Mascot Records) Pays-Bas, 28 avril 2017 CD 1 / Chronicle 1 : The Frame - 1. The Day That The World Breaks Down (12:31) - 2. Sea Of Machines (5:08) - 3. Everybody Dies (4:42) - Durée totale : 22:21 Chronicle 2: The Aligning Of The Ten - 4. Star Of Sirrah (7:03) - 5. All That Was (3:36) - 6. Run! Apocalypse! Run! (4:52) - 7. Condemned To Live (6:14) - Durée totale : 21:45 CD 2 / Chronicle 3: The Transmigration - 1. Aquatic Race (6:46) - 2. The Dream Dissolves (6:11) - 3. Deathcry Of A Race (4:43) - 4. Into The Ocean (4:53) - Durée totale : 22:33 Chronicle 4: The Rebirth - 5. Bay Of Dreams (4:24) - 6. Planet Y Is Alive! (6:02) - 7. The Source Will Flow (4:13) - 8. Journey To Forever (3:19) - 9. The Human Compulsion (2:15) - 10. March Of The Machines (1:40) - Durée totale : 21:53 Ayreon : Arjen Anthony Lucassen (gt, b, claviers); Joost van den Broek (piano); Jeroen Goossens (fl); Ben Mathot (violon); Maaike Peterse (violoncelle); Ed Warby (drums) + Invités (James LaBrie, Russell Allen, Tobias Sammet, Floor Jansen, Zaher Zorgati, Mark Kelly, Paul Gilbert, Guthrie Govan…). Produit par Arjen Anthony Lucassen. Pour moi, Arjen Lucassen est l'un des cinq princes de la planète prog avec Steven Wilson (dont l'album To The Bone est sur le point de sortir), Fabio Zuffanti, Roine Stolt et Neal Morse (sans les textes...), et cet album le confirme encore, si c'était nécessaire. Préquel à l'album 01011001 qui était une œuvre majeure d'Arjen, The Source évoque la planète Y et des ET (les Forever), toujours dans une ambiance SF/Fantastique. Le sujet traite globalement de la domination des hommes par les machines. The Source nous arrive après Theory Of Everything et Gentle Storm, construit pour la chanteuse Anneke van Giersbergen, entre autres œuvres séminales... Le compositeur Arjen Lucassen a écrit 17 pièces avec une prédominance de guitares, tendance assez métal, comportant un superbe épic de 12'30" en ouverture. Comme à son habitude, Arjen a invité des musiciens et chanteurs par légion. Je citerai Guthrie Govan (Steven Wilson), James Labrie (Dream Theater, un familier des collaborations avec Ayreon), Russell Allen, Mark Kelly, Ed Warby, etc... Arjen a quitté InsideOut pour Mascot records afin de changer d'air en se produisant sur un label indépendant. Et n'oublions pas la magnifique pochette de Yann Souetre qui donne encore plus envie d'écouter la musique du maestro ! Justement la musique, parlons-en ! Ce double compact comporte quatre parties : The frame; The Aligning Of The Ten; The Transmigration; The Rebirth. Le côté métal fait penser à Star One. Cet album est une nouvelle fois bourré de trouvailles mélodiques en tout genre. Les guitares sont certes mises en avant, ainsi que les voix des différents chanteurs, mais on apprécie également les violons, les flûtes et les synthés toujours utilisés à bon escient. La part folklorique étant également présente, on pense à Mike Oldfield en version irlandaise. Le lyrisme de l'album est tel qu'il m'évoque certains passages de Debussy : si, si ! Un vrai poète de la fantasy notre cher Arjen ! Les mélodies splendides fourmillent, coulent de source (c'est le cas de le dire bien sûr !) Arjen est un compositeur hors pair, un dénicheur de mélodies, un découvreur d'accords improbables et géniaux... Bref faut-il le redire ? J'adore! Le long morceau d'ouverture (12'30") donne le ton. Quelle pièce de choix avec son changement de rythme impossible qui transforme le morceau en blues ! Sea Of Machine avec sa jolie flûte, rehaussée de chœurs féminins bien trouvés. All That Was avec ses chorus et riffs de guitares flamboyants. Quelle trouvaille que cette mélodie remarquable et son riff de guitare inversé ! Run, on dirait du Van Halen (en accéléré !!). Pas de temps mort ni de remplissage, la musique se calme parfois avec des parties de violon de toute beauté puis repart sur du hard musclé. On ne se lasse à aucun instant. Voilà encore un album totalement réussi, comme la quasi-totale production d'Arjen Anthony Lucassen. Le seul léger bémol peut-être, est que la variété de chanteurs/chanteuses (pourtant tous excellents) enlève un soupçon de cohésion à ce concept-album mais je laisse cela à votre appréciation... Le style foisonnant, bien reconnaissable de Arjen Lucassen, ne laisse aucune place à la redite. Il vous faudra un peu de temps pour savourer ce magnum opus mais surtout écoutez-le car il le mérite vraiment ! Arjen Lucassen : un grand Monsieur du rock progressif ! [ Chronique de Dan Lormes ] [ The Source (2CD + DVD) ] [ The Source Limited Edition (4 CD + DVD) ] [ The 3rd Planetary Chronicles (CD & MP3) ] [ A écouter : The Day That The World Breaks Down - Sea Of Machines - Everybody Dies ] |
Yuka & Chronoship : Water Reincarnation (Musea Records), Japan, 2011 1. Down In A Dew - Chronoship (5:50) - 2. Pilgrim Ocean (5:28) - 3. White Squall, Black Squall (5:06) - 4. Water Reincarnation (6:21) - 5. Archaic Aquarium (5:39) - 6. Poseidon (4:56) - 7. I Am A River (4:30) - 8. Snow Dance (4:30) - 9. Hector (The Huge Thunderstorm Complex) (4:51) - 10 Kiribati (6:20) Yuka & Chronoship : Dino Rocket Oxygen (Musea), Japan 2013 Dinosaurs Suite (13:57) : 1. Which Came First, The Dinosaur Or The Egg? (2:13) - 2. Dance With Dinosaurs (7:32) - 3. Ruler Of The Earth (4:12) - R Is For Rocket Suite (Dedicated to the memory of a great writer, Ray Bradbury): (24:34) - 4. Cutting Gravity (7:04) - 5. Skygazer (6:17) - 6. An Arrow Of Glittering Music (1:48) - 7. Blue Astronaut Helicopter (3:49) - 8. Beyond The Fence (5:44) - Oxygen Suite (18:53) - 9. O (5:03) - 10. O2 (6:23) - 11. O3 (7:30) Yuka & Chronoship : The 3rd Planetary chronicles (OMP Company / Cherry Red Records), Japan 2015 1. Birth Of The Earth - Collision (1:28) - 2. Stone Age (8:26) - 3. Galileo I - And Yet It Moves (E Pur Si Muove) (2:52) - 4. Galileo II - Copernican Theory (5:52) - 5. Birth Of The Earth - Merger (1:20) - 6. Age Of Steam (8:07) (I. Pastoral Garden - II. Machine City) - 7. Wright Flyer 1903 (7:50) - 8. On The Radio (2:18) - 9. Birth Of The Earth - Magma Ocean (1:26) - 10. E = C♯M (4:36) - 11. I Am Thee (Awakening Of Cloneroid) (6:55) - 12. Birth Of The Earth - Embryonic Planet (8:17) Yuka & Chronoship : Yuka Funakoshi (claviers, chant, chœurs, compositions); Shun Taguchi (basse, arrangements, chœurs); Takashi Miyazawa ( guitares et chœurs); Ikko Tanaka (drums, percussions) Water Reincarnation Une courte intro de piano avec des envolées de synthés donnent un bon départ à ce premier opus du groupe. Les chœurs sont harmonieux, les belles mélodies se fondent et s'enchaînent.... Quelle fluidité ! Intro de guitare sèche et arpèges pour le morceau suivant, claviers légers et jolie mélodie éthérée. Le troisième morceau démontre que c'est un groupe dont il s'agit et non de trois musiciens qui accompagnent Yuka la virtuose. Car c'est une virtuose mais discrète (pas d'Emerson ou de Wakeman ici) qui fait cohésion avec son Chronoship. Une intro calme pour le premier morceau chanté, Water Reincarnation, doté d'une magnifique ligne vocale. Les textes sont signés par Yuka et Shun le bassiste, jolie fable écolo sur le recyclage de l'eau et autre philosophie lacustre. Avec Aquarium, c'est une mélodie proche du new-age que propose Yuka avec ses belles vocalises, trés niponnes. L'autre morceau chanté, I'm A River, se signale par son chorus de guitare et des lignes de piano et de synthés bien agencées. J'ai vu le groupe en 2014 au festival prog annuel Crescendo de St.Palais-sur-Mer. Il a réellement raflé la vedette. Yuka ne parle pas le français et très mal l'anglais et lorsqu'elle prenait la parole, son bassiste se moquait d'elle en disant que personne ne la comprenait (ce qui était vrai) et faisait la traduction, c'était très amusant. Sympa et humble, le groupe a fait des photos. J'ai même un selfie avec Yuka et ils m'ont dédicacé leurs compacts. Dino Rocket Oxygène A noter la calligraphie sur la pochette par Roger Dean (l'illustrateur de qui vous savez !) Le titre résume les 3 suites de l'album, composées par Yuka à l'exeption d'une courte pièce par le guitariste. 1) Dinosaures est doté d'un sous-titre amusant qui parodie le paradoxe de la poule et l'œuf (qui vint en premier le dino ou l'œuf ?). Ce nouvel album est déjà celui de la maturité. Les claviers restent omniprésents, mais toujours dans la perspective musicale d'un groupe et non d'un soliste entouré. Cette suite instrumentale est une illustration de la cohérence, avec une mise en place sans bavure. Rythmes et belles mélodies sont au programme. 2) R pour Rocket, suite dédiée au "grand écrivain" Ray Bradbury et liée notamment à ses Chroniques Martiennes, démarre sur les chapeaux de roues. Rythmes endiablés et mélodies accrocheuses avec un beau piano en avant. Les parties de guitares sont très lyriques et inspirées. De magnifiques chœurs font leur apparition sur Skygazer et une petite citation de Mozart sous forme de clin d'œil termine ce morceau bien écrit. Petite intro typée "Horizon" (Steve Hackett) en version japonaise et arrive le morceau chanté Blue Astronaut. Mélodie imparable ; le synthé sur le riff de guitare est de toute beauté ; le rythme vous fait taper du pied. Beyond The Fence est le second morceau chanté : chœurs et chants éthérées, façon très douce selon la marque désormais établie de Yuka. C'est subtil et aérien comme une fragrance des prés... 3) Oxygen est la dernière suite avec une intro à la Santana mais en version cool : mambas, xylo, tympanis, puis démarrage très sec avec un splendide riff de guitare entremêlé de claviers. C'est limpide et mélodique à souhait. Le rythme est une nouvelle fois diabolique. Les claviers s'amusent ; basse et batterie sont très complices sur fond de glockenspiel à la Pierre Moerlen ; c'est vraiment très chouette ! Ouverture par un piano et tempo lent pour la seconde partie. Une belle mélodie classicisante se profile avec des échos de guitare bien trouvés. Enfin, une troisième section clôt Oxygen ainsi que l'album avec de splendides chœurs éthérés, une signature originale de Yuka & Chronoship. The 3rd Planetary Chronicles Il s'agit d'un concept album, rendu possible grâce au crowfunding, une sorte de quête auprès des internautes, puisque le prog fait hélas vivre difficilement son musicien ! Majestueux thème de piano en ouverture avec un Birth Of The Earth qui va sous-tendre tout l'album. Synthés et arpèges pour Stone Age avec ce chœur typique de Chronoship à 8'26". Flûtes et toujours ce côté new-age pas désagréable du tout. C'est mélodieux, les breaks sont opportuns et le Moog de Yuka imaginatif. Les mélodies s'enchainent avec élégance, inventivité et originalité. Galileo et sa fugue, associée à ces chœurs dont on se lasse pas, sont emmenés par Yuka, impériale sur son Moog. Suivent des arpèges et de nouvelles flûtes pour la suite Age Of steam qui est aussi la première chanson - Yuka fait des progrés en anglais à tel point qu'on finirait par la comprendre :-). C'est magnifique et rafraichissant avec un bien beau chorus de guitare de Takashi, suivi d'un orgue et d'un mellotron. C'est simple et magique ! E=C#M : riff de piano électrique et envolée du groupe vers l'éther des chœurs Yukiens avec breaks de batterie et de mellotron. Arrive la seconde et dernière chanson, I Am Thee aux paroles gentiment humoristiques autant qu'absurdes. Un quatrième Birth Of The Earth, dont la mélodie est cette fois développée dans un bel écrin de groupe avec choeurs et sur un tempo médium, clôture l'album. Chouette chorus de guitare et retour vers le thème minimaliste. Une trilogie fort réussie que ces trois albums très personnels : le style Yuka & Chronoship est désormais une marque déposée ! [ Chronique de Dan Lormes ] Yuka & Chronoship est un groupe de néo-prog fondé au Japon en 2009 par Yuka Funakoshi, chanteuse, compositrice et claviériste ayant déjà sorti plusieurs albums sous son nom. Après avoir été rejointe par par le bassiste et producteur Shun Tagushi, le guitariste Takashi Miyazawa et le batteur Ikko Tanaka, tous trois musiciens de studio, le quartet a sorti en 2011 son premier album intitulé Water Reincarnation dédié au cycle immuable de l'eau, bientôt suivi par deux autres productions dont la dernière, The 3rd Planetary Chronicles, a été éditée en Angleterre. Créant une musique fortement inspirée par le rock progressif symphonique des 70's, le groupe s'est fait connaître au Japon mais aussi en Europe par des concerts réussis mettant en exergue sa virtuosité technique et la profondeur philosophique de ses concepts. Un quatrième album serait en préparation, cette fois avec l'aide d'un chanteur anglophone en plus de Yuka. [ Water Reincarnation (CD & MP3) ] [ Dino Rocket Oxygen (CD & MP3) ] [ The 3rd Planetary Chronicles (CD & MP3) ] [ A écouter : Down in a Dew - Chronoship (Water Reincarnation) - Ruler Of The Earth (Dino Rocket Oxygen) - The 3rd Planetary Chronicles (Album Trailer) ] |
Yes : Tales From Topographic Océans (Atlantic Records), UK, Décembre 1973 - Réédition augmentée (Panegyric, 2 DVD-A + 2CD ou 1 Blu-Ray + 3 CDs), nouveau mixage 5.1 Surround et stéréo par Steven Wilson, octobre 2016 Retour en 1973, janvier, j'ai seize ans et je rapporte l'album qui change ma vie, une révolution, quatre longues faces (eh oui ! époque 33 tours) d'une vingtaine de minutes chacune, bien loin du format commercial, mais pas inhabituel pour Yes qui nous avait donné un peu auparavant le triple live Yessongs, un des premiers de l'histoire... La splendide pochette de Roger Dean est devenue classique et fait mon fond d'écran d'ordinateur depuis que j'en ai un... Ces 4 mouvements sont inspirés à Jon Anderson après une lecture du livre « Autobiographie d'un yogi » de Paramahansa Yogananda. 1) The Revealing Science Of God / Dance Of The Dawn Quelques soupirs de claviers et une mélopée psalmodiée par Jon Anderson entament le chef d'oeuvre. S'ensuit l'arrivée des basse, batterie et guitares dans un ensemble d'une harmonie parfaite et d'une originalité totale. « On a attendu toute notre vie pour ces moments », chante JA, et bien, nous aussi, pour entendre un tel OMNI. Le travail des compositeurs, musique signée par les cinq musiciens, est éblouissant tandis que les instruments sont tour à tour à la fois en solo et en accompagnement, composant une masse sonore limpide. Pause instrumentale à la dixième minute : la basse énorme de Squire qui nous a hélas quitté en 2016..., la batterie claque, les nappes de claviers à la 11ème minute enrobent et font un écrin au chorus que prend Steve Howe, court mais sans doute le plus beau jamais écrit par lui, avec un phrasé cristallin majestueux. L'auditeur fond devant tant de délicate beauté (je l'invite à réécouter ce passage). Le chant choral de JA reprend. Ce texte ésotérique co-signé par JA et SH, bien que sans doute plus influencé par Jon, est une ode avant date à l'écologie mais aussi à la non-violence, un véritable poème qui possède sa propre musique. L'apparent magma musical est parfaitement maîtrisé et agencé, chaque note est distincte, chaque vers est travaillé de telle façon que chaque mot sonne pour lui-même au-delà de sa signification générale, si tant est que finalement il y en ait une... Nouveau break instrumental d'un lyrisme affolant vers la quinzième minute, synthé de RW en avant, nouvelles nappes de claviers et c'est le retour de la mélopée de JA en guise de conclusion. Nous assistons ainsi à une pièce en forme d'opéra, dont les grands airs nous sont offerts par la voix de haute-contre de JA. Un seul mot : somptueux ! 2) The Remembering / High The Memory Dans une ambiance plus calme, les beaux arpèges de SH entourent la voix omniprésente de JA. Le texte très poétique fait référence au titre de l'album avec des « forgotten tales », les mots/vers préférés et fétiches de JA : skies - distant - movement - memory, qu'on trouve aussi dans le final de Siberian Kathru. La ligne musicale des vocaux reste ahurissante comme si la mélodie coulait de source, donnant même l'impression qu'on la chante depuis toujours. Un break instrumental fait son apparition sous de belles nappes de synthés par le maître es claviers, suivi de quelques notes de SH et c'est sa guitare sèche cette fois qui relance le chant planant dans les aigus. Quelques vers encore, dont le mot « relayer », annoncent même le titre que portera l'album suivant. Le final toujours opératique est resplendissant, les plaintes s'envolent en mots isolés, comme Jon aime tant le faire, sur des chorus de SH enrobés par les claviers éthérés et si justes du maestro RW. 3) The Ancient / Giants Under The Sun Cymbales et vibraphone, ce dernier instrument rare chez Yes, entament le troisième mouvement dans une rythmique endiablée avec un Chis Squire qui emporte tout et avec une guitare suraiguë et mélodique à souhait jouée par Steve Howe. Les phrases s'enchaînent, magnifiquement soutenues par le vibraphone / marimba, la guitare devenant même parfois omniprésente ! Enfin des nappes de synthés à vous donner la chair de poule introduisent à 4'16" la partie chantée d'un premier quatrain, ouvrant une fugue mélodique en diable avec force syncopes et breaks, soulignée avec vivacité par cette splendide guitare pendant plusieurs minutes... On aimerait que ça ne finisse plus ! Le Moog de Rick Wakeman chante à vous vriller le ventre, Squire bondit de joie. Jon Anderson psalmodie ses paroles ésotériques qu'il affectionne tant : « Ilios - Ali Kin - Naytheet - Surje » toujours dans le style Siberian Kathru. L'orchestre sonne avec une mise en place parfaite et une précision métronomique, voire mathématique. Sûr qu'on n'a jamais entendu ça, forcément en radio, et que jamais on ne l'entendra, sauf peut-être sur quelques radios prog confidentielles. Puis à nouveau cette guitare diabolique, illuminée par ce jeu de claviers dont seul Wakeman connaît le secret. A 12'30", changement total de registre avec l'apparition d'une guitare sèche aux tonalités vaguement hispanisantes : la mélodie de Howe est imparable avec ces harmoniques qui rappellent tant Close To The Edge... Enfin, la voix et la guitare acoustique terminent le mouvement sur des synthés magiques qui semblent déjà très lointains en opérant encore un contre-chant remarquable. 4) Ritual / Nous Sommes Du Soleil Est-ce le magnum opus qui nous arrive là ? je vous en laisse juge. En tous cas, Ritual est sans doute la pièce majeure des quatre faces (comme on disait jadis). Après une explosion mélodieuse de l'orchestre en ouverture, une phrase très claire de guitare mène la mélodie vers de stratosphériques hauteurs. Les choeurs de JA d'une évidence limpidité nous entraînent sur un rythme dansant (si, si) relevé par le synthé. Le rituel peut commencer.... La succession d'accords majeurs est d'une belle richesse sonore. Cette musique jamais entendue ailleurs ou auparavant me fait penser immanquablement Larks Tongue In Aspic (de qui vous savez) par son originalité... La basse de Chris Squire se singularise presque en solo tandis que quelques arpèges et harmoniques de toute beauté sortent de la guitare flamboyante de SH. Cette guitare qui conduit divinement les opérations et introduit à 5'30" la phrase ensorcelante : « Nous sommes du soleil », ode ésotérique autant qu'écologique. S'ensuit un long poème sur une ligne mélodique épurée à la lisibilité toujours aussi évidente. Poésie et sonorité des mots, mots fétiches, sonores et « rituels ». Le break instrumental de la onzième minute, doux et incertain, va commencer et lancer la partie de batterie d'Alan White, ancien de Lennon et aussi de Harrison, qui vient de remplacer Bill Bruford parti bizarrement après le magnifique Close To The Edge, mais pour un bonne cause nommée King Crimson ! Montée du magma sonore à l'opposé d'une quelconque cacophonie et, après quelques folles notes de SH à la quatorzième minute alors que le magma est à son paroxysme, une longue seconde de blanc surprend le mélomane avant d'ouvrir un bal de clochettes et cymbales et de lancer un solo de batterie. Une montée de mellotron accompagne progressivement ce solo, la batterie se faisant électronique et mélodique. La fin du poème écrit par Jon Anderson, mais signé Anderson/Howe, est égrené par le piano de Wakeman dont les notes, semblables à des gouttes cristallines, rejoignent la voix si claire et haute de Jon, la guitare devenant lyrique tandis que le dernier refrain se termine sur les mots « Nous Sommes du Soleil ». Steve fait des prodiges sur sa guitare qui arrache des larmes aux yeux et tout se conclut en beauté sur les fameuses nappes de synthé du sieur Rick. Nous disposons désormais des bonus fournis avec la réédition qui permettent de se rendre compte du travail de composition, ce qui enlève un peu de magie certes mais reste très instructif. La première plage est chantée trop bas par Jon Anderson avec des développements musicaux encore embryonnaires par rapport à la version définitive. L'adage s'illustre là encore que, comme quoi, le génie c'est d'abord 90% de transpiration et de travail et aussi qu'il faut 100 fois remettre son travail sur l'ouvrage... L'album a été controversé à sa sortie, je me demande encore pourquoi aujourd'hui... Même les amis Roine Stolt et Steve Wilson le considèrent comme le chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre ! [ Chronique de Dan Lormes ] [ Tales From Topographic Oceans (2CD + 2DVD-Audio) ] [ A écouter : Tales from Topographic Oceans (album complet, mix original) ] |
Strawbs : Deep Cuts (Oyster), UK 1976 - réédition CD (Witchwood), 2006 Strawbs : Burning For You (Oyster), UK 1977 - réédition CD (Witchwood), 2007 Strawbs : Deep Cut / Burning For You - réédition des 2 LP sur 1 CD (Witchwood Collection), 1996 Strawbs est un groupe essentiel, mais méconnu, du mouvement progressif des années 1970. Du folk-rock de ses débuts, il a ensuite évolué vers un rock progressif de plus en plus musclé dont les deux albums successifs, ici réunis en un double CD, sont la consécration. Le line-up est identique à celui des très réussis Hero And Heroine (1974) et Ghosts (1975) à l'exception des claviers ou John Mealing et Robert Kirby ont remplacé John Hawken.
Deep Cuts (DC) paru en 1976 et Burning for You (BfY) paru l'année suivante ont été enregistrés pour le label de Deep Purple : Oyster. Cela explique certainement que les dix titres de chaque album dépassent rarement les 4 minutes et que la musique qui nous est proposée soit d'une puissance et d'une efficacité sans faille, sans que cela n'affecte sa subtilité. Il faut dire que, depuis l'arrivée du guitariste Dave Lambert en 1972, le son s'est étoffé et les instruments acoustiques des débuts du groupe ont pratiquement disparus. Ici, sa guitare, qui est souvent mise en avant, nous permet d'apprécier toute la richesse de son talent. Et les deux titres de BfY dont il est l'auteur et l'interprète ne sont pas les moins réussis de l'album (la ballade sentimentale I Feel Your Loving Coming On et la ballade plus agressive Heartbreaker). Les claviers - surtout le mellotron - sont plus présents sur BfY où les arrangements orchestraux de J. Mealing soulignent le coté "racé" de la musique de Strawbs (cf les violons sur le bien nommé Cut Like A Diamond). Mais c'est Dave Cousins, créateur et leader du groupe, qui est omniprésent. Sa voix légèrement nasillarde est caractéristique, proche de celle de Cat Stevens. Les titres, souvent écrits avec son bassiste Chas Cronk, permettent de mettre en exergue toute la cohésion et la hargne du groupe (cf Turn Me Round, My Friend Peter, Simple Vision et Charmer sur DC ou Keep On Trying sur BfY qui, grâce au travail sur les harmonies vocales, n'est pas sans rappeler les Eagles de la grande époque). Cousins possède également un talent de songwriter indéniable. Qu'il s'agisse de la conquête de l'Ouest (Beside The Rio Grande sur DC) ou d'une épopée antique (Alexander The Great sur BfY), il n'a pas son pareil pour raconter et "interpréter" les aspects épiques mais aussi triviaux des grandes et petites destinées humaines. Au total, à l'exception de deux ou trois ballades un peu mièvres, les 70 minutes cumulées de ces deux albums démontrent la richesse d'inspiration et le talent incontestable des Strawbs.
[ Francis L. ] [ Strawbs website ] [ Deep Cuts : Ecouter / Commander - Burning For You : Ecouter / Commander ] |
Hawkwind : Hall of the Mountain Grill (United Artists), UK 1974 - réédition CD remastérisée + 5 titres en bonus (EMI), 2001 Dès Psychedelic Warlords, le ton est donné : un beat lourd et hypnotique dominé par les pulsations de la basse, des nappes de claviers saturant l'espace tel un épais brouillard, un sax étouffé, une guitare lancinante et des vocaux incantatoires. Plus loin et dans la même veine, You'd Better Believe It enfonce le clou et améliore encore la formule pour nous offrir une sorte de Roxy Music sous amphés ! D. Rider quand à lui, fait la synthèse entre le Hawkwind originel et celui plus
évolué de cet opus. Après une belle échappée de synthé en intro, il délivre un space rock tribal traité par un effet d'écho amplifié au maximun. C'est certainement le titre le plus représentatif du talent du groupe. Si l'on n'aime pas, mieux vaut
passer son chemin. Et si le représentant du club des poëtes, Lemmy, y va de son rock'n roll basique mais efficace (Lost Johnny), ce sont les claviers qui se taillent la part du lion dans deux titres atypiques. D'abord Wind Of Change, un somptueux instrumental dominé par l'orgue, les cymbales et le violon (il rappelle un peu le final de Saucerful Of
Secrets du Floyd). Ensuite le titre éponyme, une courte pièce pour piano et synthé de toute beauté. Comme on peut le constater, si la production est assez datée, par contre le rock primaire de Space Ritual, qui faisait jusqu'alors le succès de Hawkwind (surtout en live), va désormais laisser sa place à une musique plus sophistiquée et attrayante. Les albums suivants en apporteront la confirmation. [ Francis L. ] [ Hawkwind Website ] [ Ecouter / Commander ] |
Godley & Crème : L (Mercury Polydor), UK 1978 Godley & Crème : Freeze Frame (Polydor), UK 1979 Godley & Crème : L / Freeze Frame - édition remastérisée des 2 LP sur 1 CD (One Way Records), 2000 En congé de 10cc depuis déjà plus d’une année et après la production de l’étonnant et non moins controversé triple album Conséquences, Kevin Godley et Lol Crème, respectivement batteur / percussionniste et multi instrumentiste, produisent ces deux somptueux albums, regroupés ici pour notre plus grand plaisir sur un seul compact. Les deux musiciens sont aussi des chanteurs aux registres incroyables : les harmonies vocales et tous les chœurs sont exceptionnels, le registre grave de Godley est ahurissant, composant avec le son plus clair de Crème des kaléidoscopes de tessitures des plus agréables pour les oreilles. Andy Mc Kay, saxophoniste de Roxy Music, vient prêter un coup de main pour l’album L et souffler de bien beaux chorus. L’originalité de ce band progressif est vraiment unique. Toutefois, l’influence bien digérée et à priori toute volontaire de Frank Zappa se fait sentir (sur L en tous cas). Que ce soit dans les textes ou au niveau des guitares, Zappa est cité : écoutez par exemple l’instrumental Foreign Accents qui comporte de véritables réminiscences de l’album Zappa In New York. Les vocaux sont complètement déjantés dans I Pity Inanimate Objects et sont associés au Gizmo, cette étrange guitare synthé inventée par Crème qui parsème les deux albums et produit des accents déchirants. On ne sait où donner de l’oreille et quels morceaux retenir tant ces œuvres fourmillent d’idées, de trouvailles, de mélodies. En résumé, une réussite pour ces disques sophistiqués et raffinés, pointus pour tout ce qui concerne les arrangements sans jamais être démonstratifs. Ce qu’il faut remarquer avec ce duo magique, c’est que quitter un groupe en plein succès et prendre des risques en créant de la musique nouvelle peuvent parfois se révéler si particulièrement bénéfiques que cela en devient une véritable bénédiction pour ce Rock progressif que nous chérissons tous ! [ Daniel ] [ Ecouter / Commander ] |
Steely Dan : Gaucho (MCA), USA 1980 Quintessence d’un rock intello, mâtiné de jazz, qui nous vient des USA … comme quoi, il y a parfois du bon qui provient de la-bas. Vingt-six ans et pas une ride !! Sept morceaux, 38 minutes de bonheur et tout est dit. Des textes à haute teneur littéraire ou bien réalistes (Third World Man) : la puissance du verbe associée à l’inventivité musicale. Le noyau fondateur, Walter Becker & Donald Fagen, est accompagné des plus grands virtuoses de studio dont Anthony Jackson, Hiram Bullock, Steve Gadd, David Sanborn, Rick Derringer, Chuck Rainey, Hugh McCracken, Randy et Michael Brecker, Joe Sample, Michael MacDonald, Larry Carlton et même Mark Knopfler du défunt Dire Straits. Un orchestre de divas pour illuminer des compositions stupéfiantes. Parce qu’en effet, comme un disque n’est pas que la somme de ses meilleurs ingrédients, il y a aussi des compositions irréprochables, des arrangements somptueux, une inspiration permanente à son plus haut niveau. Les cuivres, la voix de Fagen, les chœurs, chaque chorus de guitare, les pianos et les synthés, tout est ici parfait et constitue une espèce de nirvana musical. Pierre angulaire d’un rock pertinent au carrefour d’influences, l’objet fait partie de ma sélection « île déserte » et vous le faire découvrir est mon cadeau de Noël. Ce chant d’adieu, qui sera suivi d’un silence de vingt années, reste une galette unique dans les annales du Dan.
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King Crimson : Red (EG Records), UK 1974 Qu’il est difficile de chroniquer un tel album, sans doute parce que j’ai la faiblesse de le considérer comme la plus belle œuvre musicale jamais écrite, tous genres confondus. Affirmer cela comporte certes une charge émotionnelle et force subjectivité mais voilà, après plus de 30 ans de recul, ce constat sans appel persiste et se confirme… Rien n’est venu à bout de ces plages : ni l’érosion du temps, les mouvements de mode et autres courants musicaux, l’apparition de nouveaux instruments ou les techniques d’enregistrement ni même la simple lassitude au bout de tant d’années !! Revenons sur la genèse de l’œuvre, huitième et dernier disque studio avant l’année 1981 (presque huit années le séparent de l’album Discipline). Fripp annoncera bientôt que King Crimson a cessé d’exister… au grand dam des autres musiciens qui souhaitaient plus que jamais continuer, musiciens conscients qu’avec Red, ils venaient de composer le point d’orgue de leur carrière musicale depuis In The Court of the Crimson King.Cette formation de King Crimson, après l’éviction « naturelle » de David Cross, le violoniste de l’excellent album studio précédent Starless & Bible Black, se réduit à un trio de choc : Robert Fripp, le dépositaire du nom et créateur du groupe, aux guitares et mellotron et la section rythmique la plus progressive du monde, Bill Bruford et John Wetton (dont ce sera, bien malgré lui, la dernière collaboration avec KC). A ce trio viennent s’ajouter une pléiade d’anciens comparses dont David Cross (violon), Mel Collins et Ian McDonald aux saxos, Robin Miller au hautbois et Mark Charig au cornet (Cf. Lizard et Islands), sans parler de l’auteur des textes, Richard Palmer-James. Malgré les vives tensions qui existent entre ces trois fortes individualités, une sorte d’alchimie, quasi surnaturelle, sous-tend ce brûlot révolutionnaire de cinq plages et de 40 minutes. Démonstration : Red (6’20) : la pièce d’ouverture écrite par le seul Robert Fripp, musicien autant virtuose que discret dans sa vie privée. Ce dernier étale avec virtuosité un entrelac de guitares parsemé de riffs violents dont on retrouvera la seconde partie, 20 ans plus tard, dans Vrooom Vrooom (album Thrak). Ce morceau est d’une telle puissance (attention si vous montez le son) qu’il renvoie le genre Métal au bac à sable. La basse fuzz de Wetton a un son unique sans parler de la rythmique de Bruford qui se joue des tempos avec une virtuosité déconcertante et une joie enfantine. La violence électrique n’empêche nullement la somptuosité des thèmes ni la cohérence de la ligne mélodique tissée par le guitariste. L’écriture de Robert Fripp est simplement inégalable, ses enchaînements d’accords s’avérant stupéfiants. Les trois musiciens forment un « gestalt », une seule unité, celle qui devra devenir « mobile » aux dires de Bob Fripp. Une partie de violoncelle (dont on a oublié le nom du musicien qui la développe) fait le break et relance la seconde partie de la pièce. Accords parfaits, accord majeur de musiciens au sommet de leur art et de leur inspiration - Une révolution s’annonce !! Fallen Angel : 6 minutes d’un pur bonheur dû à Fripp/Wetton/Palmer-James. Ouverture prodigieuse avec une ligne de violon jouée par David Cross introduisant la Voix de Wetton. Avec ambivalence, Fripp place des riffs métalliques et métronomiques sur cette ballade. Le break, mélange de guitares et de violon, met en évidence la splendide mélodie tandis que la section rythmique impulse un son incroyable. L’orchestre n’a jamais sonné aussi fusion. On frise la perfection avec une fin jazzy, les sax de Mel Collins et de McDonald s’envolant en double chorus free. One More Red Nightmare (7’04 - Fripp/Wetton) : après une intro bien carrée, la guitare dans l’ultra aigu crée la sensation en annonçant la voix de Wetton et en l’accompagnant ensuite en contre-chant. Des breaks incessants de batterie, soulignés par une énorme cymbale claquante (trouvée par Bruford dans une poubelle !!), syncopent les gros riffs de guitare tandis que McDonald enfile les chorus sur la texture sonore concoctée par Fripp. Cette mélopée chantée par Wetton pourrait bien être sa plus belle prestation vocale de tous les temps. Au bout de 2’10’’ d’exposition du thème, démarre un splendide développement instrumental avec sax impériaux et claquements de main. Emergeant enfin de la masse sonore, un saxo soprano prend un long chorus final splendide. Le texte, rédigé par le bassiste, évoque un cauchemar lié à la phobie d’un vol en avion. Providence (8’08 - Cross/Fripp/Wetton/Bruford) : Ce morceau n’est une longue improvisation comme KC les affectionne, mais inspirée, bien structurée et fondée sur le violon de David Cross. Des riffs nerveux de guitare saturée parsèment l’espace sonore, la flûte conçue sur un mellotron enchevêtre sa délicatesse aux pizzicatos du violon mais il faut aussi compter avec les rythmes sauvages de Bruford et une grosse basse dotée d’une attaque remarquable. Le solo impressionnant de Fripp vers la cinquième minute est subi comme un assaut et laisse pantois. Peut-être qu’un spécialiste entendra ici quelques réminiscences de Bela Bartok. Starless (12’18 - Cross/Fripp/Wetton/Bruford/Palmer-James) : une phrase d’une ineffable douceur mélodique, introduite par Fripp en soliste sur des nappes de mellotron, compte parmi ce qu’il a écrit de meilleur. Mellotron et guitare solo s’unifient alors en un calme électrique. Le cœur de l’auditeur s’arrête de battre. La voix de Wetton est d’une infinie délicatesse sur un contre-chant de sax. Incontestablement la plus belle pièce de KC cette fois écrite collectivement. Le leitmotiv du thème, qui est évoqué tantôt à la Gibson Les Paul, au mellotron puis au violon, procure le frisson. Les percussions de Bruford (influence probable de Jamie Muir) sont ahurissantes. Le très petit chorus (variations sur deux notes !!) dont nous gratifie Fripp, démontre de manière éclatante qu’un certain minimalisme peut être plus efficace que des avalanches de notes. Wetton accompagne par un riff de basse monumentale dû à une trouvaille d’écriture de Bruford. L'envolée des sax de Collins et Mcdonald fuse telle une véritable ode à un free jazz mélodique, la section rythmique claque, les accords frippiens sont puissants, le thème central repris par le sax en plein délire free jazz est alimenté par une basse qui semble ne pas vouloir céder à la pression des percussions. Puis comme par magie, on retombe sur l’exposition du thème initial dont on ne se lasse pas. Cette pièce, unique par sa construction et son inspiration, apparaît comme le chef d’œuvre d’un King Crimson qui referme déjà la porte sur les années 70. Le texte de Palmer-James est une complainte à la perte de l’être cher (et pour nous, la perte d’un groupe magique !) Red offre pour la première fois une pochette montrant les visages des membres du trio. Toutefois, les musiciens étaient tellement mal à l’aise entre eux qu’une photo de groupe s’avérait impossible. C’est donc un collage de trois photos individuelles qui est ici représenté… Le verso de la pochette, avec son vu-mètre dans le rouge, est bien sûr d’évidence (même s’il semble qu’une pièce intitulée Blue avait également été composée pendant les sessions d’enregistrement). Rare groupe à ne pas être usé par les ans et à se renouveler sans cesse avec brio, KC signe quand même avec cet album un chant du cygne. Bien que quelques autres disques d’excellente facture seront encore réalisés par la suite (ConstruKtion of Light, Thrak), Red demeure sans conteste, aujourd'hui encore, une révolution musicale, un modèle suivi par de nombreux autres musiciens. Les petits enfants de King Crimson n’ont certes pas fini de suivre cette voie royale commencée il y a trois décennies ! [ Daniel ] [ King Crimson Website ] [ Ecouter / Commander ] |
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