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Né en 1928 à Norwalk dans le Connecticut, Horace Silver grandit au son de la musique folklorique du Cap Vert qu'écoute son père d'origine portugaise. Il étudie d'abord le saxophone en s'inspirant de Lester Young pour jouer avec le big band de son lycée, et ensuite le piano plus approprié à sa santé fragile. En 1950, alors qu'il se produit dans un club de Hartford, il est remarqué par Stan Getz qui l'engage dans son orchestre et, dès 1951, il s'installe à New York. Influencé au départ, comme la plupart des pianistes de l'époque, par Bud Powel qui avait lancé la mode des improvisations rapides sur des enchaînements complexes, et par Thelonious Monk, Silver se forgera rapidement un phrasé propre évoquant parfois le jeu percussif des pianistes de boogie-woogie. En 1952, alors qu'il est le pianiste de Lou Donaldson, le producteur Alfred Lion lui propose de manière impromptue de prendre la place du saxophoniste, qui ne pouvait se présenter à une session Blue Note, et d'enregistrer à la tête de sa section rythmique.
Il en résulte un premier disque LP 25 cm, réalisé en trio avec le batteur Art Blakey, qui, déjà, impose un style : un jeu expressif et tendu, prêt à s'enflammer au premier roulement du batteur, et qui deviendra plus tard l'archétype du piano hard-bop. Il restera chez Blue Note 28 ans, enregistrant quelques 30 disques sous la protection bienveillante de Lion et de Francis Wolf, à tel point que son oeuvre est dans une certaine mesure représentative et indissociable du style imposé par le plus célèbre label de l'histoire du jazz. Son premier LP est rapidement suivi, un an plus tard, d'un second LP également en trio, avec Percy Heath (b) et Art Blakey (drs), sur lequel se trouve une composition qui deviendra un standard : Opus de Funk. Ces morceaux, issus de trois sessions et sortis à l'origine sur les LP 10" Blue Note BLP-5018 (New Faces - New Sounds) et BLP-5034 (Horace Silver Trio, Vol. 2), ont plus tard été regroupés sur un unique LP 12" Blue Note BLP-1520, réédité depuis en compact, intitulé Horace Silver and spotlight on drums: Art Blakey - Sabu. Si Art Blakey est bien le batteur des trois sessions, Sabu Martinez est un percussionniste portoricain qui joue des congas en duo avec Art Blakey sur le mémorable Message From Kenya dont les rythmes entrelacés sont inspirés par un rituel de chasseurs kenyans. Le duo ainsi initié entre Blakey et Sabu se perpétuera entre autre sur le fameux double album Orgy in Rhythm de 1957. Quant à Nothing But the Soul, il s'agit d'un solo de batterie par Art Blakey.
Les premières sessions en trio se déclinent ainsi :
Horace Silver (p), Gene Ramey (b), Art Blakey (d) - WOR Studios, NYC, 9 octobre 1952 - Horoscope (Horace Silver) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Safari (Horace Silver) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Thou Swell (Rodgers-Hart) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Yeah (Horace Silver) - morceau rejeté / inédit Horace Silver (p), Curly Russell, (b) Art Blakey (d) - WOR Studios, NYC, 20 Octobre 1952 - Quicksilver (Horace Silver) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Ecaroh (Horace Silver) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Yeah (Horace Silver) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Knowledge Box (Horace Silver) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Prelude To A Kiss (Duke Ellington) - New Faces New Sounds (LP Blue Note 5018) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD 1520) Horace Silver (p), Percy Heath (b), Art Blakey (d) - WOR Studios, NYC, 23 novembre 1953 - Opus De Funk (Horace Silver) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Day In, Day Out (Bloom-Mercer) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - I Remember You (Mercer-Schertzinger) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Silverware (Horace Silver) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - How About You? (Freed-Lane) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Buhaina (Horace Silver) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Message From Kenya - duo Art Blakey (dr) + Sabu (congas) - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520) - Nothing But the Soul - Art Blakey drum solo - Horace Silver Trio, Vol. 2 (LP Blue Note 5034) - Horace Silver Trio and Art Blakey-Sabu (LP/CD BN 1520)
En 1954, un troisième LP est enregistré en quintette, cette fois avec des cuivres : Hank Mobley (ts) et Kenny Dorham (tp) s'ajoutent au bassiste Doug Watkins et au batteur Art Blakey. Le titre Doodlin', sorte de blues joué dans une ambiance soul, connaîtra une étonnante carrière en devenant l'hymne du jazz soul des années 50 et sera repris notamment par Ray Charles. L'entente entre les cinq hommes est telle qu'ils décident de se constituer en groupe et d'imposer un style en réaction à la complexité du be-bop qui envahit tout, parfois au détriment de l'émotion. Contrairement à ce que certains ont écrit, il ne s'agit pas là d'un retour en arrière mais bien d'une nouvelle vision, moins abstraite et plus spirituelle, ouvrant d'autres possibilités en rapport avec les mélodies, le groove, les harmonies et les interactions entre solistes. C'est la naissance des fameux Jazz Messengers, dirigés par Horace, et dont le but avoué est, tout en gardant les innovations techniques du be-bop, de revenir à une musique plus chaleureuse, plus proche des racines de la musique afro-américaine, à la jonction du blues et du gospel. Le 6 février 1955, Silver, Blakey, Mobley, Dorham et Watkins enregistrent un nouveau LP, intitulé Horace Silver & The Jazz Messengers, avec quatre classiques composés par Silver dont le fameux The Preacher, inspiré d'une vieille rengaine, qui lancera définitivement les Messengers et sauvera Blue Note de la débâcle financière. C'est d'autant plus amusant que pendant la répétition de ce morceau, Alfred Lion et Frank Wolff avaient demandé à Horace d'abandonner ce titre qui, pour eux, sonnait trop comme de la musique Dixieland, et de le remplacer par un blues improvisé. Mais appuyé par Blakey, Horace insista et The Preacher, contre l'avis des patrons, fut quand même mis en boîte. Grâce à l'apport génial de l'ingénieur du son Rudy Van Gelder, qui avait transformé le salon de ses parents en studio d'enregistrement, le son hard-bop inventé par Silver et Blackey est identifié au son Blue Note pour la décennie à venir. En un sens, on peut raisonnablement écrire que Blakey et Silver ont revitalisé un jazz qui, au milieu des années 50, tournait en rond avec la répétition inlassable de standards bop par des groupes d'un soir et qui n'intéressait plus grand monde. Les deux sessions ayant donné naissance aux Jazz Messengers ont été éditées sur deux LP 10" (BLP 5058 et BLP 5062), intitulés Horace Silver Quintet Vol. 1 et Vol. 2, avant d'être rééditées en LP 12" (BLP 1518), et ensuite en CD, sous le nom de Horace Silver And The Jazz Messengers. Ces deux sessions se déclinent ainsi :
Kenny Dorham (tp) Hank Mobley (ts) Horace Silver (p) Doug Watkins (b) Art Blakey (d) - Rudy Van Gelder Studio, Hackensack, NJ, 13 novembre, 1954 - Room 608 (Horace Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 1 (Blue Note BLP 5058) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) - Creepin' In (Horace Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 1 (Blue Note BLP 5058) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) - Doodlin' (Hendricks/Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 1 (Blue Note BLP 5058) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) - Stop Time (Horace Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 1 (Blue Note BLP 5058) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) Kenny Dorham (tp) Hank Mobley (ts) Horace Silver (p) Doug Watkins (b) Art Blakey (d) - Rudy Van Gelder Studio, Hackensack, NJ, 6 février, 1955 - Hippy (Horace Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 2 (LP Blue Note BLP 5062) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) - To Whom It May Concern (Horace Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 2 (LP Blue Note BLP 5062) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) - Hankerin' (Hank Mobley) - Horace Silver Quintet, Vol. 2 (LP Blue Note BLP 5062) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518) - The Preacher (Horace Silver) - Horace Silver Quintet, Vol. 2 (Blue Note BLP 5062) - Horace Silver And The Jazz Messengers (LP/CD BLP 1518)
En 1956, la formation originale des Jazz Messengers est dissoute suite à une dispute entre Silver et Blackey à propos d'un paiement du label que Blakey confisqua au détriment de ses musiciens. Ils ne s'adresseront plus la parole jusqu'en 1990 même si Horace n'a jamais cessé de déclarer que Blakey est l'un des plus grands batteurs du monde et les Jazz Messengers le meilleur groupe avec qui il ait jamais joué dans toute sa carrière. Quoi qu'il en soit, Blakey conserve le nom des Jazz Messengers pour une autre formation tandis que Silver garde Mobley et Watkins pour enregistrer, en compagnie de Donald Byrd (tp) et de divers batteurs, d'autres disques sous son nom propre. Il continue ainsi, au fil des sessions pour Blue Note, à alimenter périodiquement le répertoire des standards avec des thèmes intemporels comme Senor Blues, Sister Sadie, Filthy McNasty, Soulville, Song For My Father, The Tokyo Blues..., en compagnie de solistes Comme Art Farmer, Donald Byrd, Woody Shaw, Blue Mitchell et Randy Brecker (tp), Joe Henderson, Hank Mobley, Junior Cook et Stanley Turrentine (ts) ou J. J. Johnson (tb). Les disques qui s'empilent année après année, de 1956 à 1968, comptent aujourd'hui parmi les classiques d'un hard-bop simple en apparence mais efficace, pétri de blues et de soul tout en étant parfois teinté d'influences latines ou capverdiennes : Six Pieces Of Silver (1956), Finger Poppin' (1959), Blowin' The Blues Away (1959), The Tokyo Blues (1962), Song For My Father (1964; c'est John Tavares Silver, le père d'Horace, qui est sur la photo de la pochette), The Cape Verdean Blues (1965) et Serenade To A Soul Sister (1968), qui constitue son dernier grand opus pour Blue Note, offrent la meilleure part du pianiste et compositeur.
Au milieu des années 70, Silver s'entoure d'un grand ensemble sans connaître le succès rencontré avec ses différents combos. Ses derniers disques pour Blue Note sont des échecs commerciaux : sa musique plus mystique, plus spirituelle, part dans une nouvelle direction mal comprise par le public. D'autant plus que Silver tente aussi de s'imposer à cette époque comme auteur de chansons alors qu'il n'est manifestement pas aussi doué pour ça que pour la composition. Comme les gens de Blue Note souhaitent un retour à l'ancienne formule, Silver décide de créer son propre label Silveto Records pour lequel il enregistre de 1981 à 1988, ainsi qu'un second label nommé Emerald réservé à l'édition d'anciennes sessions datant de 1964 avec Joe Henderson, mais qu'il a de plus en plus difficile à maintenir en vie. Bien qu'on peut encore trouver ici et là quelques titres intéressants et malgré la présence de pointures comme Eddie Harris (sax ténor) ou Clark Terry (bugle), aucun des albums sortis sur Silveto (Guides to Growing Up, 1981 ; Spiritualizing the Senses, 1983 ; There's No Need to Struggle, 1983 ; Continuity of Spirit, 1985 ; Music to Ease Your Disease, 1988) n'est vraiment indispensable.
Après 10 années d'une relative obscurité, Silver est redécouvert en 1992 par Columbia pour qui il accepte de revenir au genre qui fit son succès : It's Got To Be Funky. Paraissent ainsi, sur le label des stars, deux albums avec lesquels il retrouve peu à peu sa popularité. Les ventes remontent et, à l'âge de 68 ans, il fait un come-back définitif sur le label Impulse! avec le magnifique compact The Hardbop Grandpop. Remis à la mode par l'hommage que lui rend Dee Dee Bridgewater sur son album à succès Peace & love, Horace Silver brille à nouveau comme le vif-argent. A Prescription For The Blues, toujours sur Impulse!, confirme la bonne nouvelle : Docteur Horace est de retour en ville et sa médecine est plus tonifiante que jamais ! Le dernier en date, Jazz Has A Sense Of Humor, paru sur GRP / Verve en 1999, n'apporte plus grand chose mais n'en est pas moins un autre bon album en quintet plein de frâicheur, cette fois dédié au compositeur, interprète et humoriste Thomas Fats Waller. Bien qu'il ait été question d'un autre disque pour Verve avec le Silver Brass Ensemble, ce fut là son ultime contribution enregistrée. Durant les dernières années de sa vie, Silver a souffert de la maladie d'Alzheimer. Il est décédé de causes naturelles chez lui à New Rochelle, New York, le 18 juin 2014 à l'âge de 85 ans. Beaucoup de ses compositions sont entre-temps devenues des standards du répertoire jazz et continuent à être diffusées et interprétées largement au cours du 21ème siècle, défiant le temps et les modes, comme il l'avait souhaité.
Les compacts suivants appartiennent tous au style hard-bop. Ils constituent une sélection importante, quoique non exhaustive, de ce que Horace Silver a enregistré sous son nom depuis 1953 jusqu'à 1998, date de son dernier enregistrement pour Verve. On peut raisonnablement faire l'impasse sur certains d'entre eux (signalés en vert). Par contre, les disques qui me paraissent les plus décisifs sont marqués d'une étoile rouge mais le choix est forcément subjectif. A cette abondante discographie en solo, il faut encore ajouter les enregistrements en sideman dont certains sont superbes : A Night at Birdland Vol. 1 & 2 d'Art Blakey (Blue Note, 1954) ; K.B. Blues de Kenny Burrell (Blue Note, 1957) ; Whims of Chambers de Paul Chambers (Blue Note, 1956), Walkin' (Prestige Records, 1954) et Bags' Groove (Prestige Records, 1954) de Miles Davis ; Afro-Cuban (Blue Note, 1955) de Kenny Dorham ; le Hank Mobley Quintet (Blue Note, 1957) et le Volume 2 (Blue Note, 1957) de Sonny Rollins sont quelques-uns des classiques du jazz auxquels Silver a apporté une contribution qui est loin d'être négligeable. Les premiers albums enregistrés par le pianiste, en leader et en sideman, pour Blue Note sont détaillés ici
Suite à la découverte par Michael Cuscuna de bandes live inédites de Horace Silver dans les archives Columbia de la bibliothèque du Congrès à Washington, le label Blue Note a sorti en 2008 un disque intitulé Live At Newport '58. Ces enregistrements supervisés à l'époque par George Avakian constituent l'un des rares disques permettant d'écouter le pianiste en concert. En fait, en plus de l'album précité, il n'en existe que deux autres officiels : Doin' The Thing At The Village Gate (Blue Note, 1961) et Paris Blues / Olympia Theater, Paris, 1962 (Pablo, 2002). Le concert du dimanche 6 juillet 1958, qui se situe juste entre les enregistrements en studio de Further Explorations (Blue Note, 13 janvier 1958) et de Finger Poppin' (Blue Note, 31 janvier 1959), comprend quatre titres étendus (Tippin', The Outlaw, Senor Blues et Cool Eyes) interprétés par un combo composé des mêmes musiciens que sur Finger Poppin' (Junior Cook : saxophone ténor, Gene Taylor : basse, Louis Hayes : drums) à l'exception du trompettiste qui est ici Louis Smith. En dépit d'un mixage qui aurait pu mieux mettre en relief le piano, la fête est totale : le quintet tourne à plein régime; Silver démontre son génie d'interprète et de compositeur, une double casquette qui amène le présentateur Willis Conover à le comparer aux plus grands comme Duke Ellington et Thelonious Monk; la rythmique ne démérite pas avec un Louis Hayes au jeu musclé qui relance la machine en permanence tandis que les phrases précises de Junior Cook font monter l'adrénaline. Quant à Louis Smith, il ne fait même pas regretter ni Donald Byrd ni Blue Mitchell tant sa prestation, comme l'ont souligné beaucoup de chroniqueurs, est terriblement excitante (en particulier sur Tippin', originalement joué par Donald Byrd, qu'il s'approprie avec une déconcertante facilité). On en vient même à regretter que ce trompettiste, cousin d'un autre trompettiste célèbre nommé Booker Little, ait négligé sa trop brève carrière de jazzman au profit d'un emploi d'enseignant entre autre à l'Université de Michigan. On épinglera enfin ce Tippin' volcanique qui rappelle que dans hard-bop, il y a aussi le mot bop : les solistes y dévalent des tempos intrépides en évoquant les grands happenings de Parker et Gillespie si bien qu'à la fin du morceau, quand Silver annonce le titre suivant, on entend bien qu'il est à bout de souffle... Sans ce témoignage vivant et plein de ferveur tardivement retrouvé, l'histoire d'Horace Silver n'aurait pas été tout à fait la même.
On notera également une très bonne compilation des premiers albums Blue Note de 1953 à 1959, intitulée The Best Of Horace Silver - The Blue Note Years (Blue Note), reprenant ses compositions les plus marquantes de l'époque : Opus de Funk (Horace Silver Trio); Doodlin', Room 608 et The Preacher (H. S. And The Jazz Messengers); Senor Blues et Cool Eyes (Six Pieces of Silver); Home Cookin' et Soulville (The Stylings Of Silver); Cookin' At The Continental (Finger Poppin'); Peace, Sister Sadie et Blowin' The Blues Away (Blowin' The Blues Away).
Un second Best Of, Vol. 2 compile des titres extraits des albums Blue Note de 1964 à 1970 : Song For My Father et Que Pasa (Song For My Father), Pretty Eyes, The Cape Verdean Blues et Nutville (The Cape Verdean Blues), Mexican Hip Dance et Jody Grind (The Jody Grind), Serenade To A Soul Sister (id.), et Gregory Is Here (In Pursuit Of The 27th Man).
En 1999, Blue Note a sorti une excellente rétrospective sous la forme d'un coffret de 4 compacts qui parcourent la trajectoire de Silver de 1959 à 1978. L'emphase est mise sur les années 50 et 60 qui constituent la meilleure période du pianiste. Si le dernier compact est un peu moins intéressant, cette rétrospective, en 45 titres magnifiquement remastérisés en 20 bits par Rudy Van Gelder, n'en met pas moins bien en évidence l'art de Silver, la brillance de ses compositions et l'intelligence de ses arrangements pour quintet (dans une configuration utilisant quasi exclusivement la combinaison gagnante entre saxophone ténor et trompette). On peut toutefois se demander, vu le prix de vente actuel des rééditions Blue Note, s'il ne vaut pas mieux acquérir, pour un prix similaire, les 6 albums simples les plus représentatifs de sa discographie.
Enfin, impossible de ne pas faire référence à l'excellent compact de la chanteuse Dee Dee Bridgewater : Love And Peace - A Tribute to Horace Silver (Verve) enregistré en décembre 1994 en hommage au pianiste. Les frères Stéphane et Lionel Belmondo sont respectivement à la trompette et au saxophone ténor, Thierry Eliez au piano, Hein Van De Geyn à la basse et André Ceccarelli à la batterie. Jimmy Smith est invité sur deux titres et Horace Silver lui-même, auteur des paroles sur ses 13 compositions, est au piano sur deux morceaux, entérinant ainsi par sa présence dans le studio l'hommage qui lui est rendu avec autant de passion que d'efficacité.
le jazz ne devienne pas si dilué et si distant que la tradition soit perdue. Je pense qu'il est important de veiller à ce que la musique reste pure de telle façon que les grandes contributions de Pres, Diz, Miles et Monk peuvent continuer à vibrer et à rester vivantes." Horace Silver in Down Beat, 1997 A lire :
Sur Internet :étaient le meilleur groupe avec qui j'aie jamais joué. Et j'ai joué avec quelques uns des plus grands. Certaines nuits, ça tournait avec tant d'énergie que c'était comme si nous flottions dans l'espace." Horace Silver in Let's Get to the Nitty Gritty |
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