"Quand Django Reinhardt est parti aux Etats-Unis, c’était sans sa guitare. Derrière son front courait l’idée que l’Amérique, pays de cocagne, allait lui offrir une pléthore de guitares splendides mais, en arrivant sur le quai du port, aucune guitare ne l’attendait et il devra se contenter d’un instrument qu'Artie Navarez, le guitariste d’Artie Shaw, consentira à lui prêter pour jouer avec Duke Ellington. Pourtant, les Etats-Unis auront été l’occasion pour Django d’essayer de nouvelles guitares comme une Levin Deluxe 1938 d'origine suédoise ou une superbe Gibson archtop électrique ES-300 que la firme lui prêta grâce à l’intervention d'Ellington. Django se fit aussi un ami en la personne du guitariste Harry Volpe. Or Harry était un inconditionnel des Gretsch. Il invita Django à une jam-session et lui prêta pour l’occasion une Gretsch Synchromatic 400. C’est ainsi qu’on peut voir sur cette photo Django jouant sur une Gretsch Synchromatic 400 aux côtés de Harry Volpe qui, lui, joue sur une Gretsch Flat Top. On dit que la firme Gretsch, qui souhaitait rivaliser avec les Gibson et les Epiphone dans les années 40, aurait approché Django pour faire la promotion de ses instruments. Ça ne s’est pas fait mais Harry Volpe est resté l’ami de Django jusqu’à la fin de son séjour aux Etats-Unis. Le 6 février 1947, c’est Harry qui a emmené Django au port de New York où il a embarqué sur un navire à destination du Havre."
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"Un peu comme la Cadillac dans les années 50, la guitare Gretch est synonyme de glamour ou, si l’on veut, c’est l’équivalent en six-cordes du rêve hollywoodien. Et puis il y a sa sonorité, claire, tranchante, idéale pour jouer de la country, du rockabilly ou du rock'n'nroll à l’ancienne. C’est là qu’est le vrai créneau de cette guitare. Quand on veut jouer ce genre de musique, on achète une Gretch et, sur scène, avec sa couleur, sa sonorité « twang » et sa forme on est déjà la moitié d’un vrai rocker. Django Reinhardt, Chet Atkins, Bo Diddley, Duane Eddy, George Harrison, Brian Setzer, Malcolm Young, Billy Gibbons et Joe Bonammassa ont été de fidèles utilisateurs des guitares Gretsch mais l’un des plus mordus fut Stephen Stills qui, au temps de Buffalo Springfield et de CS&N, en emportait 6 avec lui sur la route dont deux splendides "White Falcon". Il passera d’ailleurs le virus plus tard à Neil Young qui s’en achètera quelques-unes aussi. Enfin, on se souviendra que c’est avec une Gretsch White Falcon que Mary Osborne, la première femme guitariste à avoir eu un impact sur le jazz dans les années 40 et 50, posa pour la pochette très attrayante de son premier LP."
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"Quand Grant Green, appelé par Lou Donaldson, est venu à New York en 1960, il a débarqué avec une Gibson ES-330 « double cutaway », une guitare au corps creux, mais plus mince que d’autres guitares de la marque préférées par Kenny Burrell ou Barney Kessel, et équipée de micros P-90 à simple bobinage. Il la gardera jusqu’au milieu des années 60, imposant un son jazz différent, devenu depuis classique, au fil d’albums aussi fameux que Green Street, Grant's First Stand, Grantstand, Matador et Feelin' The Spirit. Il la branchait dans des amplis divers parce qu’à l’époque, le musicien arrivait avec son instrument le jour du concert ou de l’enregistrement et utilisait l’ampli disponible sur place. Van Gelder mettait ainsi un Fender Tweed Deluxe à disposition dans son studio d’Englewood, New Jersey. A partir de 1965, Grant Green est passé à une Gibson L7« archtop », et, plus tard, à une Epiphone Emperor avant d’adopter finalement en 1973 une D'Aquisto customisée qui finira dans les mains de Georges Benson."
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"Au début des années 80, un luthier de Brooklyn nommé Roger Sadowsky s'occupait de la maintenance des guitares de Jim Hall. Plus tard, en collaboration avec le guitariste, il développa un nouvel instrument inspiré par la Gibson ES-175 de 1949 et par la D'Aquisto, instrument qu'utilisait Jim Hall à l'époque. Ainsi fut créée la superbe Sadowsky "Jim Hall" signature : une archtop avec une table en érable, des ouïes en f, un manche en acajou, une tête classique portant la signature de Jim Hall, un unique micro ainsi qu'une touche, un chevalet et une plaque de protection en ébène. Une fois que Jim Hall l'a essayée, il ne l'a plus quittée et la plupart des photos de lui prises au cours du nouveau millénaire le montrent appliqué à exercer son art sur une splendide Sadowsky rouge-organge."
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"Prénommé Freddie, l’autre King (1934-1976) compte parmi les grands guitaristes de blues, capable de retranscrire d’oreille sur son manche un solo de Clifford Jordan. Originaire du Texas, il jouait un blues urbain qui n’a ni les consonnances du Memphis blues de B.B. King ni le côté Stax-funky d’Albert King. En revanche ses meilleurs morceaux étaient souvent de purs instrumentaux parfois teintés de jump-blues (The Stumble, San-Ho-Zay et Remington Ride pour les plus célèbres d’entre eux). Clapton, Stevie Ray Vaughan et Johnny Winter lui doivent tous quelque chose. Ses guitares principales furent d’abord une Gibson Les Paul modèle Goldtop de 1954 et, à partir des années 60, des Gibson ES-345 dont une splendide rouge de 1968. Quand sa gloire a commencé à se flétrir, Freddie a vendu quelques-unes de ses guitares à droite et à gauche dont sa fameuse Gibson ES-345 « Cherry Red » qui a atterri dans les mains de Leon Russell qui l’a ensuite cédée à son guitariste Chris Simmons. Après l’avoir restaurée et aménagé le remplacement des micros d’origine, Simmons a continué à faire vivre l’instrument, jouant à l’occasion I’m Tore Down et d’autres morceaux de Freddie King en concert. C’est ainsi, via une simple guitare, que se transmettent l’âme et la passion d'un musicien !"
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