"Alors en tournée en Europe, Miles Davis avait réuni autour de lui une formation composée de Barney Wilen, Pierre Michelot à la contrebasse et Kenny Clarke à la batterie. Sollicité par le jeune réalisateur Louis Malle, ce quintette entra en studio dans la nuit du 4 au 5 décembre 1957 pour y improviser en direct sur les images d’Ascenseur pour l’Echafaud. Un enregistrement historique qui fit entrer le souffle du jazz dans les bandes originales de films. Sur cette photo prise par Jean-Pierre Leloir le 4 décembre 1957 au studio Le Poste Parisien à Paris, Miles Davis, René Urtreger et Barney Wilen ne savent pas encore que leur musique légendaire deviendra encore plus célèbre que le film lui-même."
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"Chuck Stewart était l’ami des musiciens et aussi du photographe Herman Leonard qui fut son mentor et le prit comme associé dans son studio new-yorkais. Quand Elmore émigra en France dans les années 50, il remit les clés de son studio à Chuck Stewart qui sut en profiter. En plus de travailler pour des livres et des magazines, il réalisa environ 3000 couvertures d’album parmi lesquelles quelques-unes des plus belles pochettes du label Impulse! Il aimait prendre les artistes au naturel, en train de jouer ou occupés à l’une ou l’autre activité comme dans cette formidable photo montrant Alice et John Coltrane pensifs dans le studio de Rudy Van Gelder, en train de réécouter l’enregistrement de « A Love Supreme » que le saxophoniste venait de terminer en seulement 4 heures."
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"En 1933, Jonathan Jones était chanteur et, comme il jouait aussi de la batterie, il faisait des remplacements dans différents orchestres. Un jour que le contrebassiste Walter Page l'entendit, il vint lui proposer de jouer chez Count Basie. Jonathan accepta avec enthousiasme mais lors du premier spectacle donné à Topeka, il entendit Hot Lips Page, Ben Webster, Lester Young et les autres prendre leurs solos et il se dit qu'il n'était décidément pas à sa place. A la fin du concert, il démonta sa batterie, refusa sa paie et annonça son départ. Quand on essaya de le retenir, il dit "je ne quitte pas ce band pour un autre, je retourne à l'école pour apprendre à jouer". Finalement, Count Basie lui-même vint le voir et lui dit "Tu ne peux pas partir comme ça !" Ce à quoi, Jo Jones, intimidé par le chef d'orchestre, répondit "D'accord Monsieur Basie, je vais encore jouer avec vous pendant deux semaines afin de vous permettre de trouver un autre batteur." Et il resta … pour 14 années."
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"Entre 1930 et 1960, la 52e Rue à Manhattan était connue comme la Swing Street et la "Rue Qui ne Dort Jamais". Elle abritait des clubs de jazz célèbres dont le fameux Three Deuces. C'est là que se rencontraient des musiciens légendaires comme ici, à l'été 1947, Miles Davis, un des inventeurs du bop et Coleman Hawkins, gardien de la tradition du middle jazz mais qui n'hésitait jamais à se confronter aux plus modernes."
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"Le même mois que son concert à l'Île de Wight en 1970, Miles Davis s'est produit avec Gary Bartz, Chick Corea, Keith Jarrett, Dave Holland, Jack DeJohnette et Airto Moriera au centre culturel de Tanglewood, électrisant le public avec des extraits enchaînés de ses albums In a Silent Way et Bitches Brew. C'est pendant ce concert que le photographe David Gahr prit cette photo de Miles dans une pose devenue si emblématique que sa silhouette découpée en noir était à elle seule une signature. Elle a figuré une année plus tard sur la pochette de l'album A Tribute To Jack Johnson et elle est devenue tellement iconique que le service américain des postes l'a reprise sur un timbre émis en 2012."
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"Le 7 octobre 1955, un concert fut organisé par Norman Granz au Music Hall de Houston avec, entre autres, Ella, Dizzy Gillespie, Buddy Rich, Gene Krupa et Illinois Jacquet. Le concert était dit "intégré" car il combinait des musiciens blancs et noirs et était destiné à un public mixte. Cette option dût déplaire à certains officiers locaux car à la fin du premier set, des policiers un peu trop zélés pénétrèrent dans la loge d'Ella et y trouvèrent Illinois Jacquet avec des dés dans la main en compagnie d'Ella, de sa secrétaire Georgiana Henry et de Dizzy. Accusé de jeu illégal, Tout ce beau monde fut arrêté sur le champ et amené au poste où fut prise cette photo. En fait, l'affaire fut moins grave que ce que ce cliché laisse imaginer : les suspects furent rapidement relâchés et purent retourner au Music Hall juste avant le début du second set sans même que le public ne se soit aperçu de l'incident."
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"Souvent incompris et parfois même ignoré, Eric Dolphy joua pourtant un rôle essentiel dans le développement du jazz des années 50 et 60. En 5 ans, entre 1959 et 1964, date de sa mort à 36 ans, il enregistra quelques albums classiques et participa aux enregistrements clés de cette période avec, e.a., Coltrane, Mingus, Oliver Nelson, Max Roach, George Russell et Ornette Coleman. Sa mort tragique est aussi révélatrice du peu d'estime que la société de l'époque accordait aux grands créateurs. Alors qu'il donnait un concert à Berlin, Eric Dolphy eut un malaise. On le transporta à l'hôpital où, voyant qu'il s'agissait d'un musicien afro-américain, amené évanoui directement depuis un club de jazz, les médecins suspectèrent qu'il était en overdose et le laissèrent dans une chambre. En réalité, Eric Dolphy ne touchait jamais ni à la drogue ni à l'alcool et ne vivait sobrement que pour sa musique mais il souffrait d'un diabète non dépisté. Si on lui avait contrôlé son taux de sucre immédiatement et pris les mesures sanitaires adéquates, ce grand saxophoniste aurait pu nous gratifier beaucoup plus longtemps de son immense talent."
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"En 1959, le saxophoniste Sonny Rollins, percevant ses limites, quitta soudainement le milieu de la musique pour s'isoler et pratiquer son instrument pendant trois années. Il avait alors l'habitude de se rendre au milieu du pont Williamsburg à New York pour y jouer seul, parfois durant 16 heures par jour, au milieu des bruits des voitures, du métro, des remorqueurs, du vent et des oiseaux. Il reviendra au business en 1962 avec un album marquant, qui brisera enfin les chaînes du hard-bop, et qu'il intitulera The Bridge."
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"Dans les années 50, Louis Armstrong est dans un avion pour New-York. Également à bord, Richard Nixon qui, l'apercevant, va le saluer et lui avoue qu'il est son plus grand fan et que, s'il souhaite quelque chose, il n'a qu'à le faire savoir. Sautant sur l'occasion, Louis lui explique qu'il a mal à l'épaule et demande si on peut l'aider à porter ses deux étuis de trompette. A l'arrivée à l'aéroport, Richard Nixon prend les deux valisettes et, par la voie diplomatique, passe tous les contrôles. Une fois dehors, il rend à Louis ses étuis … bourrés de marijuana. C'est ainsi que ce jour-là, le Président Nixon devint sans le savoir la mule de Louis Armstrong. It's a wonderful world !"
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"L'image du jour, c'est une photo de Lee et Helen Morgan en 1970. Lee Morgan fut l'un des trompettistes les plus célèbres de Blue Note. Quand sa vie tourna mal à cause de son addiction pour la drogue, c'est Helen, qui l'aida à surmonter toutes les épreuves. Mais plus tard, Lee Morgan lui fit une infidélité qu'elle ne digéra pas. Alors que Lee se produisait avec son groupe au Slug's Saloon dans l'East Village à Manhattan, il vit sa compagne pousser la porte, marcher vers lui et, sans sourciller, lui tirer une balle dans la poitrine. Ainsi, le 19 février 1972, Helen Morgan renvoya Lee en enfer d'où elle l'avait tiré. Elle fut arrêtée et libérée sur parole après un court temps de détention et retourna finir sa vie chez elle en Caroline du Nord. Quant au trompettiste, sa disparition tragique à l'âge de 33 ans choqua le monde des musiciens qui, pendant un temps, accordèrent beaucoup plus d'attention à leurs épouses."
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