George R.R. Martin commença à travailler en 1991 sur A Game Of Thrones, le premier roman de la longue saga intitulée A Song Of Ice And Fire. Le premier livre n’a été publié qu’en 1996 chez Bantam. Heureusement, les suivants ont pris moins de temps : A Clash Of Kings est paru en 1998 et A Storm Of Swords en 2000. Le quatrième volet, A Feast For Crows, a pris du retard (2005), l’auteur ayant manifestement connu quelques difficultés à agencer son histoire. trois autres livres sont prévus pour venir à bout de cette légende : A Dance With Dragons, sorti en anglais en juillet 2011, The Winds Of Winter et A Dream Of Spring, ce qui nous amènera probablement jusqu’en 2013 ou 2014 avant de connaître le sort du Royaume des 7 couronnes. A noter que A Game Of Thrones a reçu le prestigieux prix Locus 1997 du meilleur roman dans la catégorie Fantasy. A Clash Of Kings et A Storm Of Swords ont reçu la même récompense respectivement en 1999 et en 2001. En plus de la saga principale, Martin a écrit trois nouvelles, et compte en publier d'autres, qui se passent dans le même univers une centaine d'années auparavant : The Hedge Knight (1998), The Sworn Sword (2003) et The Mystery Knight (2010). Les deux premières ont été traduites en français et regroupées dans un livre de poche de la collection J'AI LU (Préludes au Trône de fer : Le Chevalier Errant et L'Épée Lige, 2009). Pour des raisons de rentabilité, les éditeurs français Pygmalion et J'AI LU ont scindé les quatres premiers livres en plusieurs parties. Les correspondances sont les suivantes :
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La Chronique Cette longue saga est construite par petites touches comme une peinture impressionniste, chaque chapitre racontant la vision de l’un des innombrables protagonistes. Leurs destins se croisent dans un monde moyenâgeux où les guerres ont brûlé les villages, ont vidé les campagnes et où les pillards écument les terres dévastées. Les seigneurs eux se retranchent avec leurs armées de chevaliers dans de sombres châteaux où ils échafaudent des stratégies, des trahisons, des mariages pour briguer la couronne et s’asseoir sur le trône de fer. Mais pendant que les puissants s’affrontent et que les faibles tentent de survivre, d’autres ennemis s’amassent aux frontières du royaume, loin dans le nord au-delà du mur de glace construit jadis pour arrêter les sauvageons ou par delà les mers où la princesse d’une ancienne dynastie déchue se constitue patiemment un gigantesque empire et élève des dragons qui l’aideront à reconquérir ses terres. Bien que l’action se passe sur un monde imaginaire, par ailleurs soigneusement cartographié, et fasse à l’occasion intervenir des créatures mythiques ou fantomatiques, Le Trône De Fer est d’abord un roman épique de chevalerie dans la tradition d’Excalibur où les destins des personnages, souvent faillibles et ambigus, sont guidés par des sentiments comme l’amour, la gloire, la cupidité, l’ambition, l’honneur, la vengeance, la peur ou simplement la rage de survivre. La psychologie très fouillée des multiples héros permet de s’y attacher, ce qui n’empêche pas l’auteur de les faire mourir en chemin, faisant ainsi voler en éclats le cours d’une histoire chaotique où tout s’avère imprévisible. Intrigues et trahisons, combats épiques et tournois de chevalerie, mariages arrangés et alliances fragiles, châteaux suspendus sur l’abîme ou citadelles perdues dans les glaces, tribus barbares et villes prospères, alchimistes et gargouilles …. Le monde médiéval imaginé par R.R. Martin est l’un des plus cohérents, des plus riches et des plus passionnants de la littérature de Fantasy. Il y a bien quelques petites choses à reprocher. Le début du premier livre est surtout consacré à la présentation des forces politiques qui régissent Westeros et à décrire les psychologies des principaux personnages si bien qu’il ne faut pas moins de 100 pages ou plus pour entrer réellement dans le cœur du récit et éprouver le besoin d’aller plus loin. Par ailleurs, vu le nombre de personnages impliqués et l’étendue du continent avec ses multiples régions, villes, îles, châteaux et routes, il n’est pas rare que l’on ait besoin de recourir soit au lexique présentant les familles et leur descendance qui figure au début de chaque volume, soit aux cartes géographiques détaillées reproduites à la fin. Et comme elles sont microscopiques, autant en prendre tout de suite des agrandissements par photocopie ou s’acheter une bonne loupe. Le monde n’est pas complètement dessiné, les cartes s’agrandissent et se complètent au fur et à mesure des voyages, un peu comme dans la réalité historique où les cartes restaient incomplètes et imprécises jusqu'à la découverte de nouvelles terres. Il est probable que le monde sera révélé dans son entièreté à la fin du dernier tome de la saga. Un autre reproche est celui de la violence soudaine et explicite de certaines scènes décrites avec un réalisme effrayant dans le plus pur style « Blood And Flesh », ce qui fait du Trône de Fer un roman réservé non seulement aux adultes mais même déconseillé aux âmes sensibles. Paradoxalement, c’est aussi ce réalisme exacerbé qui procure à l’histoire une impression de véracité probablement inspirée par des évènements historiques. L’auteur lui-même, collectionneur avéré de figurines historiques, ne se cache pas d’avoir lu et étudié de nombreux ouvrages de référence sur l’Angleterre médiévale (étant Américain et ne parlant que l’anglais, il n’avait pas le choix). Certains y ont même vu un parallèle avec le règne tragique des Tudor, avec Henry VIII, Anne Boleyn et le Cardinal Wolsey, d’autres avec la Guerre des Roses qui opposa les descendants d’Edward III à ceux d’Henry IV dans une guerre civile qui ravagea l’Angleterre de 1455 à 1487 (Les deux camps avaient pour emblème une rose, l’une blanche et l’autre rouge). L'auteur place aussi dans le ciel de Westeros une comète annonciatrice de troubles et de grands évènements à l'instar de celle qui brilla en 1031 pour annoncer la mort de Robert II le Pieux, fils d'Hugues Capet. Quoiqu’il en soit, c’est indéniablement cet ancrage dans la réalité historique qui donne un poids réel aux personnages. Un mot encore sur la traduction française de Jean Sola qui a exécuté un travail extraordinaire, d’autant plus difficile que le roman est bardé de termes peu usités en relation avec les descriptions détaillées des armures, des châteaux-forts ou des armes de l’époque où même les coutumes des peuplades barbares qui font penser aux tribus mongoles de Gengis Khan. Il a en tout cas réussi à transmettre la puissance et l’émotion du texte original. |
La Série Télévisée Martin ayant signé un contrat avec la société de production HBO, une adaptation en images de la saga a été mise en oeuvre. La série comportera sept saisons à raison d'une pour chaque tome. Le premier épisode de Game Of Thrones a été diffusé le 17 avril 2011 sur HBO. Les premières images montrent une adaptation fidèle au roman, épique, médiévale, pleine de bruit, de fureur et d'émotion, tournée dans des décors somptueux en Irlande du Nord et au Maroc. Et parmi les nombreux personnages, on remarque tout de suite l'acteur britannique Sean Bean, désormais spécialiste de de ce genre de rôles (Le Seigneur des Anneaux, Troie, Black Death), qui campe un Eddard Stark, Seigneur de Winterfell et Gouverneur du Nord, plus vrai que nature. |
La Musique A la lecture de cette saga, on se rend vite compte que plusieurs styles de musique sont nécessaires pour constituer une bande sonore digne d’accompagner cette fabuleuse aventure (déjà 9 volumes parus chez J’ai Lu). L’idéal serait de se composer un CD avec des titres qui tour à tour évoqueront les charges héroïques des cavaliers hérissés de fer, le claquement des bannières sur les hampes, le crépitement de la pluie sur les armures, les chants des troubadours et autres ménestrels, les noces médiévales, les fêtes de château ou les tournois épiques, sans oublier les innombrables moments d’émotion ou d’introspection qui parsèment le récit. Les disques présentés ci-dessous, tous dans des genres différents mais qui ont pour dénominateur commun une inclination vers les musiques anciennes, devraient faire l’affaire. |
Ramin Djawadi : Game Of Thrones (Varese Sarabande), USA 2011 Compositeur de Prison Break, Iron Man, Unborn et du Choc Des Titans, Ramin Djawadi, d'origine iranienne, fait partie de l'écurie de Hans Zimmer pour lequel il a écrit bon nombre de partitions additionnelles et d'orchestrations. Le thème principal est superbe, à la fois épique et émotionnel avec ses accents celtiques soulignés par un violoncelle (il a déjà été remixé dans divers styles alant du heavy métal à la techno). Le reste consiste en 28 autres extraits, répartis sur 66 minutes, qui fournissent une illustration musicale des principaux passages clés de la première saison. Les ambiances sont multiples. Des atmosphères éthérées et menaçantes (Winter Is Coming) aux ritournelles médiévales (The King's Arrival) en passant par les rythmes ethniques évoquant les barbares de Khal Drogo (To Vaes Dothrak) ou des explosions percussives traduisant la course d'une meute de loups (Small Pack of Wolves). Tout y est pour un spectacle sonore de qualité à la hauteur des images de la série. Les amateurs des bandes sonores de Gladiator et du Roi Arthur apprécieront sans réserve ce travail de commande réalisé sans innovation particulière mais avec une belle efficacité.
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Kamelot : Epica (Noise Records), USA/Norvège 2003 Epica, c’est du Power métal mélodique, flamboyant mais sans excès avec en plus une intégration intelligente d’éléments progressifs. C’est rare ! Dans un créneau qu’on pourrait situer entre Rhapsody (Luca Turilli aurait même joué un peu de guitare sur Descent Of The Archangel) et Vanden Plas, le groupe n’hésite pas à parsemer sa musique d’éléments orientaux, de chœurs grégoriens, d’orchestrations rutilantes et même d’un bandonéon argentin pour un pas de danse en forme de tango. Parfois légère, parfois véloce, la musique de Kamelot (en référence à la célèbre ville médiévale des légendes arthuriennes) doit beaucoup à la voix très émotionnelle de son chanteur d’origine norvégienne Roy Khan (ex-Conception) mais aussi aux guitares de Thomas Youngblood sans oublier la couche symphonique ajoutée par les claviéristes invités parmi lesquels on notera la présence de Gunter "Vanden Plas" Verno. Le concept, inspiré du célèbre Faust, raconte les mésaventures autant physiques que métaphysiques d’un personnage incidemment amené à passer un pacte avec le diable et qui perd en même temps l’amour de sa vie. Album varié, Epica s’écoute sans fatigue grâce à une juste répartition de ses multiples climats. Quelques émanations médiévales, un certain goût pour les ténèbres et la Fantasy (bien rendu par Derek Gores, illustrateur de cette pochette et de celles des albums précédents) ainsi que cette incroyable aptitude à faire germer dans la tête des images épiques font de Kamelot un groupe à part dont la bannière claque fièrement au-dessus de la mêlée des innombrables groupes gothiques qui tentent en vain de faire la même chose.
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Blackmore’s Night : Shadow Of The Moon (Edel Records), UK 1997 Ritchie Blackmore en rupture de Deep Purple et de Rainbow s’est associé avec la chanteuse Candice Night pour un nouveau groupe ayant pour vocation de composer et d’interpréter de la musique dont les racines plongent jusqu’à la Renaissance et au-delà. Guitariste virtuose à haut indice d’octane, Blackmore joue ici surtout de la guitare acoustique dans un style sobre et délié qui fait merveille. La Stratocaster réapparaît parfois en soutien quand la musique s’emballe mais rien de comparable aux excès de jadis. La voix douce et angélique de Mrs Night est juste ce qu’il faut pour ajouter une touche romantique à ces chansons interprétées sur des instruments modernes mais qui semblent issues d’un très ancien folklore. En plus, le disque comprend Play Minstrel Play, une danse païenne irrésistible qui inclut un fantastique solo de flûte joué par Ian Anderson de Jethro Tull. Le meilleur titre d’un disque excellent du premier au dernier sillon mais qui a fait la différence par rapport à son successeur, Under A Violet Moon, par ailleurs tout aussi recommandable.
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John Renbourn : The Nine Maidens (Flying Fish), UK 1986 Avec ce disque, on plonge dans le monde délicat des tarentelles, sarabandes, estampies, pavanes et autres danses qui peuplent le folklore européen depuis l’époque du bas Moyen-Age. John Renbourn, membre fondateur avec son alter ego Bert Jansch du célèbre groupe Pentangle à la fin des années 60, est un virtuose de la guitare folk acoustique dont il joue parfois dans un contexte Country Blues ou même Jazz, la meilleure part de son œuvre en solo restant toutefois liée à l’interprétation soit de morceaux folkloriques datant de l’époque médiévale ou de la Renaissance, soit de titres qu’il compose et arrange dans le même style. Et dans ce dernier genre, The Nine Maidens se classe assurément, à côté de The Lady And The Unicorn et de Sir Johnalot, au sommet de sa discographie. Même s’il intègre sur certains titres une flûte à bec ou une petite cornemuse, la guitare de Renbourn est l’épicentre de cette musique entièrement instrumentale. Parfois ensorcelante et cristalline, parfois guillerette et tournoyante, elle recrée, le temps d’une chanson, l’univers mythique des trouvères, des troubadours et des ménestrels. A l’opposé de la musique classique qui s'intéresse davantage à une exécution authentique, Renbourn préfère donner à ces danses une dimension personnelle en prenant quelques libertés avec les rythmes et les lignes mélodiques, leur insufflant en quelque sorte une énergie nouvelle qui les rend aussi vivantes et dynamiques aujourd’hui qu’elles l’étaient jadis.
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Loreena McKennit : The Mask And Mirror (Quinlan Road), Canada 1994 L’auteur, compositeur et interprète canadienne Loreena McKennitt est un cas à part dans la musique folklorique. D’origine irlandaise, elle s’est appropriée une certaine tradition celtique qu’elle a au fil de ses disques éclatée vers d’autres horizons. Découvrant le monde à travers le vitrail d’une Espagne médiévale (pour reprendre ses propres termes), elle observe l’histoire des peuples qu’elle rencontre dans ses voyages s’intéressant plus à leurs croyances profondes qu’à un superficiel exotisme. De l’arbre sacré des celtes au pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, des Templiers aux Cathares, des palais de Grenade à la Grand-place de Marrakech ou sur la route de croisades menant aux Soufis d’Egypte, elle s’interroge sur le mystère des religions et de la vraie spiritualité. Sa musique dès lors, parce qu’elle privilégie le côté secret des choses, n’a rien à voir avec la vague actuelle de la World music. Mélangeant la harpe aux synthés, la guitare électrique à la balalaïka, la basse au tambour, la cornemuse à un orchestre de cordes, Mckennitt opère une fusion si naturelle de ses influences que sa musique est proprement indescriptible. Au-dessus, sa voix superbe entraîne l’auditeur dans un univers mystique et uchronique où l’Occident et l’Orient se seraient fondus en une création unique. Un univers où Marco Polo et Ibn Batouta auraient voyagé ensemble à travers le monde sur un grand vaisseau de bois.
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Philip Pickett and the New London Consort : Sinners & Saints - The Ultimate Medieval and Renaissance Music Collection (Decca), UK 1996 Un disque de musique médiévale et renaissance qui fait le tour des genres, des danses profanes aux prières à la Vierge Marie en passant par des chants célébrant l’amour courtois ou ceux liés aux pèlerinages à Santiago de Compostela. L’art des saints côtoie celui des pécheurs sans oublier ceux qui peuvent aussi bien appartenir à l’une qu’à l’autre catégorie. En fait cet album est une compilation de titres extraits de quatre disques enregistrés antérieurement par Philip Pickett et le New London Consort (The Pilgrimage to Santiago ; Praetorius: Dances from Terpsichore ; Llibre Vermell : Pilgrim Songs & Dances et The Feast Of Fools) ce qui explique son étonnant éclectisme. Les notes de pochettes suggèrent que cette musique attire le pêcheur et le saint qui vivent en chacun de nous. C’est probable car à l’écoute de l’ensemble de ces morceaux choisis (traditionnels, anonymes, composés par Michael Praetorius ou encore piochés parmi les fameux Cantigas de Santa Maria), ramenés à la vie avec fougue et passion, on ne saurait accorder sa préférence à un style plutôt qu’à un autre. Sinners & Saints est un album plaisant orné par une superbe pochette qui tranche radicalement sur celles illustrant la plupart des compilations du genre. Il faut surtout louer ici la volonté d’actualiser et de rendre plus accessible une musique dont on ne sait d’ailleurs pas très bien comment elle était réellement interprétée à une époque où l’enregistrement n’existait pas encore et où la notation était rare. Après tout, il est probable que chaque pièce musicale recevait un traitement différent et unique à chacune de ses interprétations en relation avec la sensibilité du musicien et le contexte dans laquelle elle était jouée. Malgré cette prise de liberté originale, ce disque est à rechercher au rayon classique et non dans les bacs de musique folk ou progressive. Je plaisante bien sûr ( … encore que !)
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Autres Suggestions Comme la lecture des 12 livres parus (sans compter ceux qui vont encore venir) risque de vous prendre un certain temps, voici quelques autres suggestions dans un style analogue à ceux présentés plus haut :
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