Batteurs belges : une sélection de compacts



La batterie est une invention récente née avec le jazz et elle en a suivi toute son évolution à travers les décennies et les styles. Du coup, les batteurs de jazz moderne ont souvent une culture encyclopédique de l'histoire de l'instrument et, s'ils tentent toujours d'en repousser les limites, ils n'en sont pas moins capables non plus, quand il le faut vraiment, de reprendre à leur compte, parfois en les combinant, les héritages des incontournables qui ont marqué l'histoire : Papa Jo Jones, Chick Webb, Gene Krupa, Kenny Clarke, Philly Joe Jones, Roy Haynes, Art Blakey, Max Roach, Shelly Manne, Paul Motian, Elvin Jones, Jack DeJohnette, Tony Williams, Steve Gadd, Billy Cobham …. Miles Davis a souvent répété combien il est essentiel de choisir son batteur avec discernement. Car c'est le batteur qui dynamise la musique, interagit avec les solistes, fixe et garde le tempo sans être pour autant un métronome, fédère les membres de l'orchestre et enrichit, par ses figures rythmiques audacieuses et innovantes, la grille harmonique du morceau, voire sa mélodie. Mais il arrive aussi qu'en plus de toutes ces qualités, le batteur de jazz se révèle être un excellent compositeur doublé d'un grand leader. C'est le cas entre autres pour Buddy Rich, Jack DeJohnette, Brian Blade et d'autres.

Le jazz belge comprend un nombre relativement important de batteurs que l'on retrouve régulièrement dans d'innombrables formations parfois éphémères et parfois durables et ceci dans à peu près tous les styles, depuis le New Orleans jusqu'à la fusion en passant par le bop et le post-bop. Certains d'entre eux ont réalisé leur propre album mettant en exergue, outre leurs capacités d'instrumentiste parfois même sur un autre instrument que la batterie (par exemple Jan de Haas au vibraphone ou Mimi Verderame à la guitare), leur talent de compositeur, d'arrangeur et de leader. En voici quelques-uns particulièrement réussis qui défendent une esthétique et une politique de la pulsation fine tout en démontrant que la légende qui veut qu'un batteur, pour inventif et audacieux qu'il soit, ne contribuerait qu'épisodiquement à la composition musicale est totalement fausse.



Bruno Castellucci : Bim Bim (Koala / Quetzal), 1989
Bruno Castellucci : Bim Bim
Riccardo Del Fra (contrebasse : 3,7) ; Michel Hatzigeorgiou (basse : 1,2,3,5,6,8) ;Johannes Faber (blugle, trompette : 5,8) ; Peter Tiehuis (guitare : 1,2,3,5,6,8) ; Toots Thielemans (harmonica: 3,7) ; Michel Herr (claviers, piano : 1,2,3,6,8) ; Bart Fermie & Chris Joris (percussions : 8) ; Jasper Van't Hof (piano : 4) ; Joerg Reiter (piano, claviers : 5) ; Augusto & Liliane (chant : 8)

1. Third Chance (5:08) – 2. No Maybe (3:50) – 3. Naima (6:11) – 4. Instant (8:05) – 5. Fold Your Hands (7:07) – 6. Thinking of You (6:56) – 7. How Deep is the Ocean? (5:38) – 8. Three Continents (8 :18)

Enregistré en juillet 1989 au Jet Studio à Bruxelles, le premier disque de Bruno Castelluccci est paru en LP et en CD la même année en Allemagne sur Koala Records / Quetzal avant de sortir en Belgique l'année suivante. Dans une interview pour le magazine italien Musica Jazz, le batteur a déclaré « qu'il ne se sentait pas l'âme d'un leader » mais qu'un jour, après qu'un producteur allemand lui avait suggéré d'enregistrer un disque dont il assurerait la production et la diffusion, il s'était lancé dans la conception d'un album conçu « comme un voyage musical, de l'Afrique à l'Amérique, au Brésil ». De plus en plus sollicité dans les années 70 et 80 et devenu un pilier des studios non seulement en Belgique aussi dans les pays environnants, Bruno avait alors un carnet d'adresses tellement rempli qu'il n'a eu qu'à choisir les musiciens avec qui il souhaitait travailler. Et quels musiciens !!! Ceux qui ont répondu à l'appel sont quasiment tous des grands noms du jazz européen : Toots Thielemans (harmonica), Michel Herr (piano), Michel Hatzigeorgiou (basse), les Néerlandais Jasper Van t'Hof (piano) et Peter Tiehuis (guitare), le contrebassiste italien Riccardo Del Fra, les Allemands Johannes Faber (trompette) et Joerg Reiter (piano), plus les percussionnistes Bart Fermie et Chris Joris. Quant au répertoire, il comprend trois compositions de Michel Herr, deux titres écrit par Bruno, l'un en collaboration avec Jasper Van t'Hof et l'autre avec Michel Herr, une composition du trompettiste allemand Johannes Faber, et deux standards (Naima de Coltrane et How Deep Is the Ocean d'Irving Berlin).

L'ambiance détendue et les climats contrastés des différentes plages suscitent non seulement l'intérêt mais le maintiennent tout au long des 51 minutes que dure l'album. En le réécoutant aujourd'hui, on peut écrire que cet enregistrement, impeccable au niveau de sa captation, n'a pas pris une ride. Le choix des musiciens en fonction des morceaux est judicieux : la contrebasse acoustique de Riccardo Del Fra enchante un How Deep Is the Ocean sublimé par une improvisation d'harmonica qui fait éclore, comme d'habitude chez Toots, une intense émotion. Ailleurs, porté par la basse volubile de Michel Hatzigeorgiou, No Maybe a un petit côté fusion douce avec son piano électrique. La version moderne de Naima qui est proposée est nettement plus enlevée que l'original de Coltrane (sur Giant Steps) mais les phrases inattendues de l'harmonica sur une pulsation d'un incroyable dynamisme le rendent tout aussi poétique. Peuplé de cris, de percussions diverses et avec l'aide de deux vocalistes, Three Continents se pare de couleurs africaines et latines mais vaut également par le splendide solo du trompettiste Johannes Faber. Quant à Instant, on le savourera pour ce qu'il est : une extraordinaire confrontation entre le batteur et le pianiste Jasper Van't Hof dont la tension conduit invariablement à l'excitation.

Maturité, cohérence, ouverture et séduction immédiate plus une sacrée collection de talents font de ce disque un vrai classique susceptible, quelques 25 années plus tard, d'encore provoquer une explosion de sensations.

[ Bim Bim sur Amazon ]
[ A écouter : Bim Bim (album complet) ]

Félix Simtaine, Ruocco, Rassinfosse Trio : A Ghost of a Chance (AZ Productions), 1999 (juin 2007)
Ruocco, Simtaine, Rassinfosse : A Ghost of a Chance
John Ruocco (sax, clarinette), Félix Simtaine (batterie), Jean-Louis Rassinfosse (contrebasse)

1. I'm Getting Sentimental Over You - 2. What I'll Do - 3. A Ghost of a Chance - 4. When You Wish Upon a Star - 5. Sweet Lorraine - 6. Cherokee - 7. Stardust - 8. Blues in the Night - 9. Caravan

Bon d'accord, il s'agit d'un trio dont chaque membre est coleader mais cet album, enregistré les 2 et 3 février 1999 au Studio 44, permet de bien entendre le batteur Félix Simtaine à son meilleur sur neuf reprises de standards interprétées sans piano : I'm Getting Sentimental Over You, Stardust, Cherokee, Sweet Lorraine, Caravan ... Fondé en 1982, cette formation qui s'appelait alors tout simplement The Trio s'imposa dans les années 80 comme un des groupes parmi les plus novateurs de Belgique, participant à de nombreux concerts et festivals. Pourtant The Trio existera longtemps sans jamais sortir d'album et ce n'est que 25 ans plus tard que A Ghost of a Chance paraîtra finalement en compact sur le petit label AZ Productions basé à Gembloux. Le disque met en exergue la manière dont les trois complices profitent de la liberté qu'autorise l'absence d'instrument harmonique. On appréciera en particulier la technique impeccable du saxophoniste, le son énorme de la contrebasse toujours dansante et bien mixée en avant de Jean-Louis Rassinfosse ainsi que la frappe précise, enthousiaste et très efficace de celui qui fut jadis le batteur attitré de Rhoda Scott et celui de l'inoubliable Act Big Band.


Antoine Pierre : Urbex (Igloo Records), Janvier 2016
Antoine Pierre : Urbex
Antoine Pierre (batterie, compositeur); Bert Cools (guitare); Bram De Looze (piano); Toine Thys (saxophone ténor, clarinette basse, saxophone soprano); Steven Delannoye (saxophone tenor, clarinette basse); Jean-Paul Estiévenart (trompette); Fréderic Malempré (percussions); Félix Zurstrassen (basse électrique)

1) Coffin For A Sequoia (To Basquiat) (6:53) - 2) Litany For An Orange Tree (7:04) - 3) Who Planted This Tree? (4:48) - 4) Les Douze Marionnettes (6:54) - 5) Urbex (12:10) - 6) Metropolitan Adventure (5:41) - 7) Walking On A Vibrant Soil (5:25) - 8) Wandering #1 (0:39) - 9) Metropolitan Adventure (reprise) (2:06) - 10) Moon's Melancholia (2:57) - 11) Ode To My Moon (13:30)

Urbex a beau être le premier album d'Antoine Pierre, le batteur liégeois est déjà bien connu des amateurs pour avoir intégré de fameux équipages, auteurs de quelques disques notoires récemment parus sur lesquels on a pu apprécier sa frappe dynamique et parfois fougueuse: Côté Jardin de Philip Catherine (Challenge) en 2012, Wanted de Jean-Paul Estiévenart (WERF) en 2013, New Feel du LG Jazz Collective (Igloo) en 2014, et Grizzly du Toine Thys Trio (Igloo) en 2015. Mais Urbex donne cette fois l'occasion d'appréhender aussi une autre facette de son art: la composition. Car Mr. Antoine s'est imposé l'exercice d'écrire l'intégralité du répertoire qui, loin de n'être une enfilade de morceaux de bravoure pour batteurs extravertis, offre une musique savante aux arrangements précis et remplie d'imprévisibles chicanes (la dérive free de Walking On A Vibrant Soil est par exemple complètement inattendue). L'octet réuni autour de leader n'est pas non plus le combo de base en ce qu'il offre par la diversité des instruments utilisés des sonorités plurielles et imaginatives d'une belle densité harmonique. L'espace réservé aux solistes est suffisamment large pour que chacun puisse s'exprimer et les surprises dans ce domaine sont nombreuses: citons pour exemple le solo de guitare orientalisant de Bert Cools sur Litany For An Orange Tree; l'incroyable triple saut périlleux du trompettiste Jean-Paul Estiévenart sur Metropolitan Adventure; le solo de basse de Félix Zurstrassen sur Urbex, le piano évanescent de Bram De Looze sur Moon's Melancholia; sans oublier bien sûr la déferlante de rythmes complexes sur l'emballant Who Planted This Tree comme la signature obligatoire d'un batteur de haut-vol. Et puis, il y a ces deux longues et vertigineuses compositions que sont Urbex et Ode To My Moon. La première, mystérieuse et troublante comme une déambulation au milieu de ruines urbaines, atteint des sommets dans l'expressivité. La seconde, qui s'étend comme l'ombre de la lune à laquelle elle se réfère, est littéralement habitée par les trois souffleurs et s'avère un parcours initiatique pour les auditeurs désireux de s'immerger dans la beauté des musiques improvisées. D'ailleurs, tous ceux qui aiment le jazz aimeront cet album sophistiqué et généreux (quand même près de 70 minutes de musique) qui, grâce à une approche fraîche cultivant l'art du rebond, captive tout du long et séduit durablement.

[ Urbex (CD Digipack / Digital) ] [ Antoine Pierre Urbex sur le label Igloo ] [ Cover Art & Infos]
[ A écouter : Metropolitan Adventure - Who Planted This Tree? - Antoine Pierre Urbex live au Brosella, Bruxelles, 12/07/2015 ]

Stéphane Galland : (the mystery of) Kem (Outhere Music/Outnote Records), 28 octobre 2018
Stéphane Galland : (the mystery of) Kem
Stéphane Galland (dms), Sylvain Debaisieux (ts), Bram de Looze (p), Federico Socchi (b) + Invités : Ravi Kulur (fl), Ibrahim Maalouf (tp)

1. Lava (1:57) - 2. Opening (5:54) - 3. Black Sand (3:53) - 4. Symbiosis (5:04) - 5. Soils (3:16) - 6. Memetics (4:02) - 7. Archetype (6:12) - 8. Hitectonic (4:26) - 9. The Fuze (7:27) - 10. Maelström (5:52) - 11. Morphogenesis (5:59)

Dans l'ancienne Egypte, le mot kem signifiait la couleur noire. D'ailleurs, leur pays était parfois appelé Kemet en référence à la bande fertile de limon noir déposé chaque année par la crue du Nil. Il n'en faut guère plus pour donner une connotation symbolique à ce disque qui fait pousser de nouvelles fleurs musicales alimentées par les nombreuses expériences auxquelles Stéphane Galland a participé.

Évidemment, la première qualité qui saute aux oreilles est le travail rythmique exceptionnel du batteur (voir notamment la vidéo du titre Soils dans laquelle il explique une partie de son travail) mais c'est sans doute parce qu'on est conditionné par sa réputation acquise au fil de deux décennies derrière les fûts d'Aka Moon avec qui il a donné tant de concerts pyrotechniques et allumé tant d'incendies. Car cet album qui s'avère bien plus qu'une orgie rythmique ne fait l'impasse ni sur les mélodies ni sur les harmonies.

Il faut dire que Stéphane Galland s'est entouré pour l'occasion de partenaires belges qui, sans être (encore) de grandes vedettes, n'en sont pas moins exceptionnels. Au piano, le jeune Bram de Looze, dont on vient d'apprécier son propre disque Switch The Stream, fait part d'une grande expressivité, son jeu poussé dans le dos par la section rythmique devenant à l'occasion d'une folle arborescence (Symbiosis, Maelstrom). Repéré dans Heptatomic de Eve Beuvens, le saxophoniste ténor Sylvain Debaisieux s'impose comme un improvisateur inspiré, nullement dérangé par le foisonnement de styles et de pulsations. Mais le batteur a aussi invité le flûtiste indien Ravichandra Kulu, ancien compagnon de route du regretté Ravi Shankar, qui emmène la musique vers l'Orient, dans des régions que Stéphane Galland connaît bien pour les avoir visitées autrefois en compagnie de Fabrizio Cassol et de musiciens indiens (sur Akasha entre autres). Et sur un titre (Memetics), il a convié à la fête son actuel patron, le trompettiste Ibrahim Maalouf qui tout en jouant dans un contexte différent de ce qu'il fait d'habitude, met quand même tout le monde dans sa poche.

(The Mystery of) Kem est un disque ouvert, mystérieux, envoûtant et qui rayonne d'énergie. Après son projet Lobi avec Magic Malik et Tigran Hamasyan qui date déjà de 2012, ce n'est que le second album du batteur maintenant âgé de 50 ans à paraître sous son nom mais, franchement, au vu de ses qualités, on espère qu'il y en aura beaucoup d'autres.

[ Stéphane Galland and (the mystery of) Kem (CD / Digital) ]
[ A écouter : Soils - The Fuze (Live @ Théâtre Marni, Septembre 2017) ]

Lionel Beuvens : 9 Steps to Heaven (IGLOO Records), 25 novembre 2022
Lionel Beuvens : 9 Steps to Heaven
Kalevi Louhivuori (tp) ; Alexi Tuomarila (piano) ; Brice Soniano (contrebasse) ; Lionel Beuvens (batterie) ; Frank Vaganée (sax alto : 4, 7) ; Ewout Pierreux (Fender Rhodes : 3, 8)

1. Intro - 2. 49 Steps to Heaven - 3. Cité Soleil - 4. For Threes - 5. What's Even - 6. Constellation - 7. Oisin - 8. Valse à Cinq Temps

Batteur d'exception, Lionel Beuvens a collaboré à une quarantaine de disques aux côtés de musiciens comme Fabrice Alleman, Giuseppe Millaci, Eve Beuvens ou Steven Delannoye. Mais il a aussi enregistré deux disques sous son nom, Trinité (2013) et Earthsong (2017), qui proposent un jazz moderne mettant en exergue la richesse des compositions du leader ainsi que les qualités des complices qu'il s'est choisis pour les interpréter. Et ce sont encore les mêmes qui jouent aujourd'hui sur son troisième album : Alexi Tuomarila (piano), Kalevi Louhivuori (trompette) et Brice Soniano (contrebasse), ce qui crée forcément une continuité évolutive dans l'œuvre de Lionel qui avait initialement créé ce projet en 2011 pour le Gaume Jazz Festival.

Cette fois encore, le répertoire, entièrement composé par le batteur, est aussi contemporain qu'il est contrasté. Les diverses inspirations apparaissent subtilement au fil des plages. Ainsi, si l'Intro sonne comme une musique chambriste avec sa contrebasse jouée à l'archet, le titre éponyme qui lui succède rentre dans le vif du sujet : un jazz atmosphérique d'une beauté à couper le souffle, éclairé de l'intérieur par la trompette suave du finlandais Kalevi Louhivuori. Avec le troisième morceau, Cité Soleil, la digue craque sous le flot tumultueux d'un Fender Rhodes chauffé à blanc par Ewout Pierreux en invité, lui-même relayé par une trompette dont l'agilité et la précision convoquent le fantôme d'un certain Miles Davis. C'est ensuite le saxophoniste alto Frank Vaganée qui intervient sur un For Three's plus sinueux, délivrant un solo rigoureux aux couleurs moirées que l'on suit avec délectation. Après les tambours tribaux africains du court What's Even, viendront encore trois morceaux d'approche différente dont une envoûtante Valse à Cinq Temps qui, pétrie dans la sonorité du Rhodes, renvoie une fois encore à la fusion électro-acoustique créative telle que la concevait Miles à la fin des années 60.

Le quartet de Lionel Beuvens concentre tout ce qu'on apprécie dans le jazz actuel : sa musique protéiforme est aussi exigeante que séduisante, aussi imprévisible que méticuleuse, et aussi belle que puissante. En ces temps aculturés, si on vous demande un jour : le jazz, c'est quoi ? Répondez : c'est la première des 50 Marches Vers Le Ciel. Les 49 autres sont à découvrir en écoutant cet album.

[ 49 Steps to Heaven (CD / Digital) ]
[ A écouter : Lionel Beuvens : 49 Steps to Heaven (Album Trailer) - Lionel Beuvens 4tet ]


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