1) Ghandji (The Unseizable Water) - 2) Sa N'Diaye / Too Long The The River Deep - 3) Samayaï Kaï - 4) Story Telling's On - 5) Elohim On The Water / For Days On End - 6) The River New - 7) The River Blue. Musique composée par Fabrizio Cassol et arrangée par Aka Moon.
Fabrizio Cassol (as), Michel Hatzigeorgiou (b, voc), Stéphane Galland (d) + Guests : K. Sivaraman (mrudangam), Chander Sardjoe (d), Pierre Vandormael (g), Marc Ducret (gt), Bo Van Der Werf (bs, tala), David Linx (voc), Guillaume Orti (as), Geoffroy De Masure (tb), Kris Defoort (Fender Rhodes), Benoît Delbecq (synth), Eric Legnini (p, synth, Hammond B3). Enregistré au Jet Studio à Bruxelles en avril et en août 1997.
Avant Live At The Vooruit, il y eut Elohim. Et avant Elohim, Ganesh. Contrairement à toutes les apparences, ceci n'est pas la retranscription d'un mythe oublié mais la présentation de la trilogie mi-indienne et mi-africaine entreprise par le groupe Aka Moon. Le compact précédent, intitulé Ganesh, était dédié à la musique indienne et aux percussions du maître Umayalpuram K. Sivaraman. Le suivant, enregistré en direct au Vooruit, laissera la part belle aux tambours du sénégalais Doudou N'Diaye Rose et de ses dix fils. Celui-ci est à la croisée des chemins puisqu'il se divise en deux parties bien distinctes : 18 minutes, en un seul titre, consacrées au Light Ship Tantra, soit à la musique indienne, et 38 minutes réservées à la présentation de six tableaux africains. Si le message reste toujours aussi obscur, la musique a pris de l'assurance et nos grands migrateurs se sont entourés de musiciens de grand talent, invités pour renforcer l'aspect mélodique qui fut souvent, dans le passé, laissé en retrait par rapport aux recherches rythmiques. Ainsi les guitares de Pierre Vandormael et de Marc Ducret, le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, le piano d'Eric Legnini et la voix sublime de David Linx, sans oublier le trombone de Geoffroy De Masure, viennent, entre autres, interférer avec la dynamique créative de ce groupe hors norme. Et le résultat est au moins à la hauteur de tous les espoirs : musique vivante, multiculturelle, en prise sur son époque ; musique efficace, dorénavant plus concise dont le rythme est le roi et la mélodie son prince ; musique enfin pour les héritiers d'un monde turbulent dont Coltrane, Pharoah Sanders et Don Cherry sont les ancêtres bienveillants, objets d'un culte à la dévotion exemplaire. Mais à la différence de ses aînés, alors que Coltrane se laissait emporter sur la chevelure emmêlée de la créature que chaque soir il faisait naître, Fabrizzio Cassol a l'air de savoir où il va. Il n'avance ni vers une déstructuration de son univers ni vers son éclatement. Au contraire, tout se resserre et devient plus dense, plus précis, plus ramassé. Aka Moon est sur le chemin de la contraction qui ramène à la singularité originelle, native, primitive, essentielle, primordiale. C'est l'unification des lois de la musique. Un Big Bang à l'envers. Et si la lune pygmée était un trou noir ?