Rock progressiste : les Nouveautés 2019 (Sélection)



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The Flower Kings : Waiting For Miracles (InsideOut), Suède, 8 Novembre 2019
Waiting For Miracles
CD 1 (63:28) : 1. House of Cards (1:58) - 2. Black Flag (7:42) - 3. Miracles for America (10:03) - 4. Vertigo (9:59) - 5. The Bridge (5:32) - 6. Ascending to the Stars (5:45) - 7. Wicked Old Symphony (5:47) - 8. The Rebel Circus (5:50) - 9. Sleep with the Enemy (6:02) - 10. The Crowning of Greed (4:50)
CD 2 (21:28) : 1. House of Cards Reprise (1:21) - 2. Spirals (5:06) - 3. Steampunk (6:34) - 4. We Were Always Here (7:35) - 5. Busking at Brobank (0:52)

Roine Stolt (guitars, claviers, chant); Jonas Reingold (basse); Hasse Fröberg (chant); Zach Kamins (guitare, claviers); Mirko DeMaio (drums, percussions)


Waiting For MiraclesRoine Stolt n'est jamais absent longtemps de la scène rock. Après un disque solo, Manifesto Of An Alchemist, et un autre avec The Sea Within, tous deux sortis en 2018, il revient cette fois avec son groupe The Flower Kings pour un nouvel album intitulé Waiting For Miracles. Enregistré pendant l'été à Stockholm, le répertoire comprend 15 nouveaux titres répartis sur 2 CD. Si l'ancien claviériste Thomas Bodin et le batteur Felix Lehrmann sont absents, le bassiste Jonas Reingold et le chanteur Hasse Fröberg, deux piliers fondamentaux du groupe, affichent toujours présents au côté du guitariste. Quant à la musique, elle s'inscrit sans surprise dans ce que font les Flower Kings depuis les années 90 : du prog symphonique éclectique et assez complexe avec des séquences d'accords inusitées et des mélodies parfois angulaires qui ne captent pas toujours immédiatement l'attention.

Dans les groupes des 70's, c'est probablement Yes qui a le plus inspiré Roine Stolt et on retrouve ici quelques bribes de musique qui font penser au groupe britannique (c'est particulièrement apparent sur le titre éponyme, petite merveille de rock épique qui rappelle l'époque de The Yes Album quand Tony Kaye s'occupait du département claviers. Les ambiances varient d'un titre à l'autre, depuis l'atmosphère éthérée du superbe The Bridge jusqu'au futuriste Spirals en passant par le splendide The Crowning Of Greed dominé par un de ces solos de guitare élévateurs dont Stolt a le secret. Certains titres emballent plus que d'autres mais, dans l'ensemble, rien n'est à jeter, ce qui fait de Waiting For Miracles un album majeur dans la discographie du groupe, un de ceux qu'on peut écouter d'une traite sans lassitude et sans zapper aucun morceau.

Les deux compacts sont emballés dans une splendide pochette peinte par l'artiste américain basé à Denver, Kevin Sloan (Kevin Sloan Studio), actif depuis vingt ans dans des expositions artistiques et même pour décorer les murs de sa ville. Si ses œuvres ont déjà été reproduites sur des couvertures de livres ou de magazines, c'est à ma connaissance la première fois que l'une d'entre elles, intitulée initialement Consequences Of Hypnosis, ornera la pochette d'un album musical.

Waiting For Miracles est disponible en édition 2LP + 2CD ainsi qu'en digital. [4½/5]

[ Waiting for Miracles (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Miracles for America - Vertigo ]

Psychic Equalizer : The Sixth Extinction (Milvus / Bandcamp), multinational, 2019
The Sixth Extinction
1. Lonely Soul (6:42) - 2. The Sixth Extinction (5:12) - 3. Red List (1:23) - 4. Fly and Feel (4:14) - 5. Wilderness (I-VIII) (9:29) - 6. Wilderness (IX-XIII) (11:12) - 7. Prelude opus 32 no 10 (5:33)

India Hooi (chant, multi-instrumentiste); Hugo Selles (piano); Carlos Barragan (guitare); Adrián Ubiaga (pianist); Morten Skøtt (batteur)


The Sixth ExtinctionLe compositeur et pianiste d'origine espagnole Hugo Selles avait surpris et finalement séduit avec The Lonely Traveller, un album très mature paru en 2017 sous le nom de Psychic Equalizer. The Sixth Extinction, qui sort deux années plus tard, reprend la même variété de musiques abordées dans le disque précédent et étend même la palette des styles couverts par de nouvelles influences comme un zeste de métal et du flamenco. Il semble qu'entre-temps, Psychic Equalizer soit devenu un vrai quintet, composé d'une chanteuse, d'un batteur, d'un guitariste et de deux pianistes, et où l'on remarque cette fois encore l'absence de bassiste.

Le thème de l'album est inspiré d'un livre à succès d'Elizabeth Kolbert qui analyse la crise environnementale actuelle ainsi que la catastrophique disparition de certaines espèces qui en résulte. Différente et plus profonde que celles qui l'ont précédées, la sixième extinction qui se profile à l'horizon pourrait bien cette fois rayer l'humanité de la planète Terre. Comme le récit qui l'a inspiré, cet album se veut donc un cri d'alarme lancé aux dirigeants inconscients des nation du monde. Mais contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, la musique est loin d'être dépressive. Elle a en revanche un réel aspect cinématographique et s'avère capable de faire naître des images à l'instar des bandes originales de films. On pense parfois au Great Gig In The Sky de Pink Floyd quand, sur le titre éponyme, la chanteuse australienne India Hooi vocalise au-dessus d'une ample mélodie jouée au piano mais aussi à certains morceaux "full" symphoniques qui évoquent plutôt The Enid avec Robert John Godfrey et, dans une moindre mesure, Barclay James Harvest.

Le passage d'un genre à l'autre est quasi permanent, non seulement d'un titre à l'autre mais également au sein d'un même morceau. Des parties instrumentales, parfois très originales comme celles interprétées à la guitare flamenco sur Red List ou à la guitare électrique sur l'enjoué Fly And Feel, viennent égayer l'écoute. La pièce de résistance de l'album est toutefois Wilderness, une suite en 12 sections qui s'étend sur près de 21 minutes. La richesse de l'arrangement et la variété de l'approche musicale y sont véritablement fascinantes tandis que l'auteur, qui a intégré des cris d'animaux et des bruits d'ambiance, parvient sans peine à faire passe son message. L'album se referme sur un prélude de Rachmaninoff qui confirme la grande ouverture du rock progressiste selon Hugo Selles, musicien pétri de toutes les cultures musicales.

A la fois créatif et poétique tout en véhiculant des idées fortes, The Sixth Extinction est bien plus qu'un simple disque de morceaux isolés, c'est un album intelligemment conçu et intégré qu'il faut écouter d'une traite pour en saisir la portée et l'indicible beauté. [4½/5]

[ The Sixth Extinction (CD / Digital) ] [ The Sixth Extinction sur Bandcamp ]
[ A écouter : Lonely Soul - The Sixth Extinction ]

IQ : Resistance (Giant Electric Pea), UK, 27 Septembre 2019
Resistance
CD 1 (52:57) : 1. A Missile (6:41) - 2. Rise (6:49) - 3. Stay Down (7:54) - 4. Alampandria (3:49) - 5. Shallow Bay (6:21) - 6. If Anything (6:03) - 7. For Another Lifetime (15:22)
CD 2 (55:39) : 1. The Great Spirit Way (21:45) - 2. Fire and Security (5:25) - 3. Perfect Space (8:33) - 4. Fallout (19:55)

Mike Holmes (guitares); Neil Durant (claviers); Peter Nicholls (chant); Tim Esau (basse); Paul Cook (drums)


ResistanceLa voix très particulière du chanteur à la diction parfaite, Peter Nicholls, n'est pas particulièrement expressive. Et quand les parties chantées s'allongent, elle montre ses limites alors que, bien contenue et soutenue par une mélodie accrocheuse, elle peut, en dépit de l'obscurité des paroles, véhiculer de l'émotion dans un étonnant mélange de puissance et de douceur qui est une des marques de IQ. C'est le cas par exemple sur A Missile qui ouvre en force un album sur lequel le groupe montre ses muscles en se décalant par rapport au néo-prog atmosphérique où il se cantonne d'habitude. C'est seulement dommage que ce morceau ne soit pas rehaussé d'un seul solo (il faut attendre le cinquième titre pour entendre enfin une intervention digne de ce nom du guitariste Mike Holmes). Shallow Bay confirme par ailleurs toutes les qualités du groupe quand il ne se laisse pas aller à la complaisance en rallongeant la sauce et quand tout ne repose pas sur les seules épaules de Peter Nicholls. Et c'est malheureusement parfois le cas sur ce double album qui, tout comme Subterranea en 1997, pêche par sa longueur (109 minutes de musique) et ses interminables parties vocales tout en emballant quand même par certains titres individuels réussis.

Ce qui m'amène aux trois titres épiques de l'album qui ne surprendront personne mais qui restent plutôt agréables a écouter même si, ici encore, un peu plus de concision leur aurait sûrement bénéficié. The Great Spirit Way est le plus réussi des trois mais j'ai accroché aussi à Fallout qui clôture dans une ambiance plus onirique un répertoire globalement dense et sombre.

IQ a mis au point son style immédiatement reconnaissable depuis longtemps et n'en a quasiment jamais changé depuis Ever en 1993. Toutefois, IQ avait déclaré vouloir enregistrer un disque différent de The Road Of Bones (2014) et, en un sens, il a tenu parole notamment en durcissant le ton sur plusieurs titres même si le reste est quand même du pur IQ. Mais le vrai problème de Resistance, c'est sa dilution que le groupe, voulant sans doute bien faire, n'a pas su éviter. En concentrant les mélodies et les idées qui valent la peine (et il y en quelques-unes) sur un album unique, IQ aurait pu délivrer un autre opus passionnant de la première à la dernière note. En attendant un éventuel futur director's cut, ce sera à vous de faire le tri. [3½/5]

[ Resistance [Import] (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : A Missile - Fallout ]

The Steve Howe Trio : New Frontier (Cherry Red / Esoteric Antenna), 27 septembre 2019
New Frontier
1. Hiatus (2:24) - 2. Left to Chance (6:33) - 3. Fair Weather Friend (4:26) - 4. Zodiac (3:07) - 5. Gilded Splinter (4:01) - 6. Showdown (4:37) - 7. Missing Link (5:02) - 8. Outer Terrain (4:51) - 9. Western Sun (4:34) - 10. The Changing Same (3:51)

Steve Howe (guitares); Ross Stanley (orgue); Dylan Howe (drums)


New FrontierCeux qui connaissent bien Yes savent que le jeu de Steve Howe a toujours été à part, plus jazzy que la plupart des guitaristes officiant dans d'autres groupes de prog. Sur New Frontier, il franchit le Rubicon au sein d'un trio jazz incluant son fils Dylan à la batterie, déjà un virtuose de l'instrument, et Ross Stanley à l'orgue, une configuration qu'il avait déjà explorée en 2008 sur l'album en studio The Haunted Melody et sur le disque live Travelling qui lui est lié.

Toutefois, l'approche de Steve Howe reste hautement mélodique et on retrouvera sur ce disque bon nombre de passages qui auraient pu fort bien figurer sur l'un ou l'autre morceau de Yes. Il n'est jamais ici question de swing intense ou d'improvisation à la Kenny Burrell ou à la Wes Montgomery : Steve préfère délivrer des phrases mélodiques dans un style immédiatement reconnaissable (surtout quand il joue sur sa fidèle Gibson ES-175) à la fois fluide et véloce tandis que l'aspect "jazzy" est renforcé par l'orgue dynamique de Ross Stanley et par la frappe arborescente de Dylan Howe. Cette fois encore, le guitariste démontre qu'il peut quasiment tout aborder avec un naturel et une virtuosité qui forcent l'admiration.

New Frontier vient de sortir sur Esoteric Antenna et c'est plus que recommandé à tous ceux qui apprécient la guitare dans un contexte jazz ou, la plupart du temps, de fusion progressiste. [4/5]

[ New Frontier (CD / Digital) ]
[ A écouter : Siberian Khatru (from live album Travelling) ]

Lee Abraham : Comatose (F2 Music), UK, 27 septembre 2019
Comatose
Comatose (47:00) : 1. Numb Pt 1 (11:18) - 2. Realisation (3:55) - 3. Twisted Metal (3:29) - 4. Ascend The Sky (5:15) - 5. The Sun (4:48) - 6. Numb Pt 2 (4:28) - 7. No Going Back (6:19) - 8. Awaken? (7:24)

Lee Abraham (guitares, claviers, basse); Marc Atkinson (chant); Diane Abraham (chœurs); Mark Spencer (chœurs); Rob Arnold (piano); Gerald Mulligan (drums)


A côté de sa collaboration au groupe Galahad, Lee Abraham mène une belle carrière en solo émaillée de disques remarquables. Après Colors, très réussi dans le style A.O.R., le guitariste revient au prog avec cet album conceptuel qui raconte l'expérience traumatisante d'une personne dans le coma après un accident de circulation. Comme il ne chante pas, Lee Abraham a sagement eu recours à un chanteur professionnel et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Marc Atkinson, apprécié pour ses prestations avec Gabriel, Mandalaband, Nine Stones Close et, surtout, Riversea.

Tout commence donc sur les "bip" lancinants d'un moniteur cardiaque. Guitares acoustique et électrique se répondent pour installer une atmosphère calme et inquiétante bientôt rompue par une musique aussi grandiose que dramatique qui plonge l'auditeur au cœur de l'action. Abraham qui prend aussi en charge les claviers et la basse abat un travail impeccable, lacérant les mélodies de solos de guitare haut-perchés dont il a le secret. L'inévitable "expérience de mort imminente" est bien traduite en musique dans le superbe Ascend the Sky où, encore une fois, la guitare fait des miracles. Entre passages dynamiques et franchement rock et d'autres plus aériens, l'album s'écoute avec plaisir et sans aucune fatigue auditive. Certes, ce genre de récit où, après un choc mortel, un protagoniste émerge de l'inconscient en se remémorant sa vie passée a déjà été traité à de multiples reprises mais cette nouvelle variante est surtout l'occasion de mettre en évidence les qualités de composition et de jeu du leader dont on a déjà apprécié à de multiples reprises le grand savoir-faire.

Si vous aimez votre prog-rock mélodique avec des arrangements impeccables et des solos de guitare élévateurs, ce disque vous enchantera tout au long de ses 47 minutes qui passent, comme toutes les choses agréables, bien trop vite. [4/5]

[ Comatose [Import] (CD / Digital) ]
[ A écouter : The Sun ]

Moron Police : A Boat On The Sea (Mighty Jam Music Group), 16 août 2019
A Boat On The Sea
1. Hocus Pocus (1:20) - 2. The Phantom Below (4:12) - 3. The Invisible King (4:05) - 4. Beware The Blue Skies (4:11) - 5. The Dog Song (3:20) - 6. Captain Awkward (5:12) - 7. The Undersea (3:27) - 8. Isn't It Easy! (6:57)

Sondre Skollevoll (chant, guitare, claviers, percussions); Lars Bjorknes (claviers, grand piano, orgue Hammond, percussion); Christian Fredrik Steen (basse); Thore Omland Pettersen (drums)


Moron Police / SinglesBelle découverte que ce groupe norvégien. Leur troisième album est une vraie révélation : chanteur expressif (Sondre Skollevoll), instrumentistes virtuoses, arrangements soignés, refrains grandioses et mélodies addictives. En plus, la musique est dynamique et même frénétique, pas le genre à se prélasser sur quelques accords planants déroulés à l'infini : c'est du prog à haut indice d'octane dont on parle ici, parfois un peu pop, aussi imprévisible qu'enthousiaste, et propice à faire tendre l'oreille à n'importe quel mélomane blasé. Les solos sont rares mais pas inexistants : guitares et synthés émergent sans prévenir du magma pour de courtes envolées bientôt happées par une rythmique qui file à la vitesse de la lumière. Le jeu de batterie de Thore Omland Pettersen en particulier doit être épinglé tant ses reprises en avalanche qui ponctuent les changements de section sont sidérantes. Aucune fatigue auditive n'est pourtant à craindre : les changements de tempo sont fréquents et chaque chanson est intelligemment conçue dans une optique d'équilibre de façon à rester accessible dans sa complexe globalité.

Les textes aussi sont malins, un peu obscurs certes, mais avec une nette tendance politique ou satirique en plus de quelques références littéraires comme Hocus Pocus, par exemple, inspiré par le livre éponyme de Kurt Vonnegut. Musiques effrénées et paroles cinglantes sont imbriquées à la perfection, ce qui accentue considérablement l'impact des unes et des autres.

Pour être complet, on mentionnera la splendide pochette colorée, surréaliste et fourmillant de détails conçue par Dulk, un pseudonyme pour Antonio Segura Donat, un artiste de Valence particulièrement doué qui, s'il expose dans des galeries célèbres, n'hésite pas non plus à partager son art dans la rue.

C'est la première fois cette année qu'un groupe me donne vraiment l'envie pressante de courir le voir sur scène. Mes titres préférés ? Disons Isn't it Easy!, The Phantom Below et Captain Awkward mais il n'y a rien à jeter d'autant plus que l'album est aussi intense que concis (8 titres pour 33 minutes seulement). [4½/5]

[ A Boat on the Sea [Explicit] (CD / Digital) ] A Boat On The Sea sur Bandcamp ]
[ A écouter : Captain Awkward ]

IZZ : Don't Panic (Doone Records), USA 2019
Don't Panic
1. Don't Panic (4:25); 2. 42 (18:41); 3. Six String Theory (2:06) - 4. Moment Of Inertia (9:46) - 5. Age Of Stars (8:59)

Paul Bremner (guitares électriques et acoustiques); John Galgano (guitare basse, guitare électrique & acoustique, chant); Tom Galgano (claviers, chant); Laura Meade (chant); Anmarie Byrnes (chant); Brian Coralian (drums électroniques, drums acoustiques, percussions); Greg DiMiceli (drums acoustiques, percussions)


23 ans d'existence, c'est long pour un groupe, surtout que Don't Panic est déjà leur neuvième album. On se demande d'ailleurs pourquoi ces Newyorkais n'ont pas encore décroché la timbale dans le petit monde du rock progressif où leur statut reste largement sous-estimé. Paul Bremner est pourtant un guitariste d'exception comme on pourra s'en rendre compte en écoutant la pièce acoustique et quasi classique Six String Theory; John Galgano est un bassiste virtuose dont l'instrument joué dans les aigus n'est pas sans rappeler Chris Squire; et le reste du septet incluant deux batteurs se montre compétent dans des styles parfois assez complexes. En plus, les harmonies vocales et les sections chantées, partagées entre quatre voix, deux masculines et deux féminines, sont variées et soignées.

Restent évidemment les compositions qui, il faut bien l'avouer, n'ont pas toujours été toutes mémorables dans le passé (en particulier sur les deux volumes Ampersand qui ont toutefois une excuse puisqu'il s'agissait de compilations de morceaux initialement écartés des disques officiels). Mais à part Moment Of Inertia dont la construction est plus intellectuelle qu'émotionnelle, les mélodies sont ici fort accrocheuses tandis que les arrangements sont non seulement sophistiqués mais aussi maîtrisés. Même la pièce épique 42 (Une référence à Douglas Adams et à The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, 42 étant la réponse aux questions ultimes concernant la vie, l'univers et toutes choses), qui dure près de 19 minutes, est tellement bien conçue et structurée qu'elle en devient vite irrésistible. Le seul bémol à signaler est la production et le mixage de Tom Galgano qui ont certes privilégié la clarté de l'ensemble mais auraient pu rendre le son un peu plus dense et mordant sans parler du dessin minimal de la pochette qui donne au disque un côté amateur alors que la musique se révèle, au contraire, très professionnelle.

Don't Panic ressemble enfin à l'album de la maturité pour IZZ. Voilà un disque qui peut franchement être recommandé aux fans d'un rock symphonique un peu plus énergique que d'habitude comme ont su en produire Yes, Glass Hammer, Iluvatar et Echolyn. [4/5]

[ Don't Panic (CD / Digital) ]
[ A écouter : Don't Panic - Don't Panic promotional video ]

Big Big Train : Grand Tour (English Electric), UK, 17 mai 2019.
Grand Tour
Novum Organum (2:33) - Alive (4:31) - The Florentine (8:15) - Roman Stone (13:33) - Pantheon (6:08) - Theodora In Green And Gold (5:37) - Ariel (14:28) - Voyager (14:04) - Homesong (5:24)

David Longdon (chant, flûte, guitare, mandolin, claviers, percussions); Dave Gregory (guitares); Rikard Sjöblom (claviers, gt, accordéon); Danny Manners (claviers, contrebasse); Rachel Hall (violon, violoncelle); Greg Spawton (basse); Nick D'Virgilio (drums, percussions) + cordes et cuivres


Disons-le d'emblée, Big Big Train est devenu aujourd'hui le Genesis du nouveau millénaire. Non parce que le timbre de voix de son chanteur David Longdon se situe vaguement entre ceux de Phil Collins et de Peter Gabriel ni parce que le groupe compose des musiques symphoniques sophistiquées mais plutôt à cause de la qualité globale des chansons, sans message politique (encore que par le thème, elle soient fondamentalement anti-brexit) mais inspirée par l'art, l'histoire et la société sans oublier tout ce folklore typiquement britannique qui s'affichait jadis sur les pochettes des albums de Genesis.

Toutefois, leur nouveau disque Grand Tour apparaît comme le moins anglo-centriste de toute leur discographie puisqu'il est ici question de Leonard de Vinci (The Florentine), d'une exploration de l'antiquité (Roman Stone qui vaut bien par son texte le détour mythologique de Genesis au mont Ida dans The Fountain of Salmacis), et du programme « Grand Tour » qui lança les sondes Voyager aux confins du système solaire (Voyager). Bien sûr, on y traite aussi de la mort romanesque du poète Shelley dans une tempête au large de Viareggio (Ariel) et l'album se clôture sur Homesong célébrant le retour des voyageurs, la tête pleine de souvenirs, au milieu des haies vives et des pubs, mais l'essentiel de l'album concerne cette fois une culture plus vaste.

Quant à la musique, ni exagérément complexe ni trop simple, elle parvient à amplifier l'émotion des textes comme Genesis savait autrefois si bien le faire. A la différence de beaucoup de groupes qui se contentent souvent d'organiser des accords, Big Big Train compose de vraies mélodies au pouvoir enchanteur quasi immédiat. Et c'est sans parler des arrangements splendides où des orchestrations occasionnelles de cuivres et de cordes mêlées à un mellotron mettent en valeur des envolées instrumentales flamboyantes. Mention spéciale aussi à Nick D'Virgilio dont le jeu foisonnant et puissant n'est pas sans évoquer celui de Phil Collins dans ses glorieuses années. Après 30 années d'une existence confinée à la quiétude pastorale de la vieille Albion, Big Big Train vient soudain d'accéder à l'universalité : pour l'amour de la musique et de l'art, puisse son Grand Tour triomphal au-delà des Colonnes d'Hercule ne jamais prendre fin ! [5/5]

[ Grand Tour [Import] (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Love Has Called My Name - Theodora in Green and Gold - Alive ]

Neal Morse : Jesus Christ The Exorcist - A Progressive Rock Musical (Frontiers Music), USA, 14 juin 2019.
Jesus Christ The Exorcist
1-1. Introduction (2:31) - 1-2. Overture (3:19) - 1-3. Getaway (2:41) - 1-4. Gather The People (5:17) - 1-5. Jesus' Baptism (3:09) - 1-6. Jesus' Temptation (10:18) - 1-7. There's A Highway (4:06) - 1-8. The Woman Of Seven Devils (5:41) - 1-9. Free At Last (5:05) - 1-10. The Madman Of The Gadarenes (7:04) - 1-11. Love Has Called My Name (4:14) - 1-12. Better Weather (1:42) - 1-13. The Keys To The Kingdom (4:48) - 1-14. Get Behind Me Satan (3:23) - 2-1. He Must Go To The Cross (3:10) - 2-2. Jerusalem (3:55) - 2-3. Hearts Full Of Holes (3:40) - 2-4. The Last Supper (3:50) - 2-5. Gethsemane (7:39) - 2-6. Jesus Before The Council And Peter's Denial (3:12) - 2-7. Judas' Death (3:33) - 2-8. Jesus Before Pilate And The Crucifixion (8:14) - 2-9. Mary At The Tomb (2:45) - 2-10. The Greatest Love Of All (5:00) - 2-11. Love Has Called My Name (Reprise) (1:30)

Neal Morse (claviers, guitare, chant); Randy George (basse); Eric Gillette (drums); Bill Hubauer (claviers); Paul Bielatowicz (guitare); Gabe Klein, Gideon Klein, Jake Livgren, Julie Harrison, Mark Pogue, Matt Smith, Nick D'Virgilio, Rick Florian, Talon David, Ted Leonard, Wil Morse (chant)


Près de 50 ans après le succès planétaire de Jesus Christ Superstar (avec Ian Gillan de Deep Purple dans le rôle-titre), le chanteur et multi-instrumentiste Neal Morse a réactualisé cet opéra-rock avec l'aide de musiciens et chanteurs comme Ted Leonard dans le rôle de Jésus et Nick D'Virgilio dans celui de Judas. Si Neal Morse ne chante qu'occasionnellement, il joue en revanche des claviers et guitares, et surtout, il a tout composé, écrit et produit.

Certes, l'histoire est connue mais on ne l'avait jamais entendue dans un contexte aussi prog car Neal Morse n'est pas tombé dans le piège de la variété. Aidé par ses complices du Neal Morse Band (sans Mike Portnoy) et par des membres de Spock's Beard, il a au contraire délivré une œuvre qui explore tous les genres avec aisance, de la ballade (Love Has Called My Name) au Blues-Rock à la Led Zeppelin (The Woman Of Seven Devils) en passant par le quasi-métal Get Behind Me Satan, une chanson qu'Ozzy Osborne n'aurait sûrement pas dénigrée si on la lui avait présentée pour Black Sabbath.

Evidemment, les critiques vont fuser : déjà auteur d'un double album en début d'année, Neal Morse est un peu trop prolifique et son côté prêcheur dérange. Mais on aurait pourtant tort de se priver de l'écoute de cette œuvre ambitieuse. D'abord, Neal travaille sur ce projet depuis 10 ans. Ensuite, le style de cet opéra-rock, incluant orchestrations, chants et chorales grandioses, est quand même fort différent de The Great Adventure. Enfin, de Telemann à Peter Gabriel, la Passion du Christ est un thème intemporel qui a inspiré des centaines de compositeurs depuis l'époque médiévale et continuera à en inspirer beaucoup d'autres.

En fait, tout est dans la manière dont ce récit légendaire est mis en valeur et l'adaptation de Neal Morse est brillante aussi bien sur le plan des paroles, qui n'ont rien d'un sermon, que de la musique. Son opéra-rock est un triomphe qui devrait ravir tous les mélomanes, qu'ils soient d'obédience rock, pop, métal ou prog … croyants, athées ou agnostiques. [4½/5]

[ Jesus Christ The Exorcist (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Love Has Called My Name - Get Behind Me Satan - Gethsemane ]

Bjorn Riis : A Storm Is Coming (Karisma Records), Norvège, 3 mai 2019
A Storm Is Coming
1. When Rain Falls (10:40) - 2. Icarus (7:00) - 3. You And Me (7:05) - 4. Stormwatch (14:21) - 5. This House (8:18) - 6. Epilogue (3:36)

Bjorn Riis (chant, guitare, basse, autres instruments) + Invités : Henrik Bergan Fossum (drums); Simen Valldal Johannessenn (claviers); Ole Michael Bjørndal (guitare); Mimmi Tamba (chant)


A Storm Is ComingProducteur, guitariste et principal compositeur du groupe norvégien Airbag, Bjorn Riis est aussi l'auteur de trois albums en solo dont A Storm Is Coming qui vient de sortir. A l'instar de sa pochette aux teintes bleu-nuit (différente pour le LP et le CD), la musique est sombre et réflective avec des textes centrés sur les relations humaines, la perte et l'absence. L'album entier apparaît calme avec des séquences d'accord émotionnelles qui parviennent au fil des six titres à installer une ambiance certes introspective mais portant une réelle densité. Episodiquement, surgissent des solos de guitare aériens qui échappent à la gravité de l'ensemble.

Bjorn Riis a quasiment tout fait dans cette production où apparaissent toutefois aussi quelques invités comme le bassiste Kristian Hultgren (Wobbler) et le batteur Henrik Bergan Fossum (Airbag). A Storm Is Coming est un album dont les arrangements clairs et accessibles plairont aux fans de rock atmosphérique quelque part entre Pink Floyd, David Gilmour, Airbag ou certains albums de Porcupine Tree (In Absentia entre autres) mais avec une touche parfois plus rugueuse et une sensibilité à fleur de peau qui lui donnent toute sa singularité. [4½/5]

[ A Storm is Coming (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : A Storm Is Coming (album teaser) - Stormwatch ]

Lonely Robot : Under Stars (InsideOut), UK, 26 Avril 2019
Under Stars
1. Terminal Earth (1:55) - 2. Ancient Ascendant (5:47) - 3. Icarus (5:20) - 4. Under Stars (5:16) - 5. Authorship Of Our Lives (5:39) - 6. The Signal (3:19) - 7. The Only Time I Don't Belong Is Now (5:15) - 8. When Gravity Fails (5:03) - 9. How Bright Is The Sun? (6:03) - 10. Inside This Machine (3:28) - 11. An Ending (2:39) - 12. How Bright Is The Sun? (Cosmic Mix) (5:58) - 13. Under Stars (Cosmic Mix) (5:15) - 14. Lonely Robot Chapter One: Airlock (6:59)

John Mitchell (chant, guitare, basse, claviers); Steve Vantsis (basse : 2, 4, 7, 8, 9); Graig Blundell (drums)


Please Come Home (2015) / The Big Dream (2017)Après Please Come Home (2015) et The Big Dream (2017), John Mitchell a, comme prévu, conclu sa trilogie consacrée aux astronautes avec Under Stars. Dans la ligne de Kino et Frost*, Lonely Robot accentue sur ce disque l'aspect synthétique des années 80, Mitchell se référant même à la légendaire boîte à rythmes TR-808 inventée par Roland au début des années 80 et adoptée à l'époque par un bon nombre de groupes new-wave. Ça s'entend sur quelques morceaux comme Icarus où la rythmique binaire est toute imprégnée de ces envahissantes percussions dont j'avoue ne pas être très friand. Heureusement, John Mitchell n'en abuse pas et la majorité des titres s'avèrent être de petites merveilles mélodiques aux refrains accrocheurs, relevées par des arrangements splendides d'où émergent à l'occasion de fulgurantes envolées de claviers et de guitare aussi courtes qu'efficaces.

Le thème général de l'album est cette fois plus terre à terre et lié notamment au constat que les jeunes de la génération actuelle, de plus en plus narcissiques, passent beaucoup trop de temps sur leurs portables et autres objets technologiques sans plus se soucier de la beauté qui les entoure. L'aspect SF n'est toutefois pas oublié avec quelques réflexions sur les durées de vie des soleils et leur mort lente.

Le chanteur et guitariste y est entouré par le batteur Craig Blundell (Frost*, Kino et Steven Wilson Band), déjà présent sur les 2 disques précédents de Lonely Robot, ainsi que par le bassiste Steve Vantsis surtout connu pour ses prestations avec Fish.

L'album se clôture sur An Ending qui inclut le refrain de la chanson Lonely Robot du premier album réarrangé différemment, marquant ainsi la fin du cycle en invitant l'auditeur à le réécouter entièrement depuis le début. Difficile de dire aujourd'hui si John Mitchell maintiendra son astronaute en vie dans le futur mais pour l'instant, on profitera de cette superbe trilogie, aussi originale que plaisante, située aux confins du prog et de l'univers.

Under Stars qui comprend 11 nouvelles compositions est sorti en CD avec 3 titres en bonus, en vinyle (2 LP + 1 CD) et en digital. [4/5]

[ Feelings are Good (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Ancient Ascendant - Authorship of Our Lives - How Bright Is The Sun ? ]

Ed Wynne : Shimmer Into Nature (Kscope), UK, 18 janvier 2019
Shimmer Into Nature
1. Glass Staircase (7:53) - 2. Travel Dust (8:24) - 3. Oddplonk (8:01) - 4. Shim (7:43) - 5. Wherble (10:21)

Ed Wynne (gt, drums, synthés, basse) + Paul Hankin (congas et percussions : 2, 5); Silas Neptune (sound designer); Tom Brooks (synthés : 1, 2); Neil Longhurst (talking drum : 2); Natan Mantis (5, 6)


Shimmer Into NatureEn général, quand un membre d'un groupe se lance dans un disque en solo, c'est souvent pour présenter une autre facette de son talent avec des compositions personnelles dont le style est différent de celui de sa formation. Mais ce n'est pas le cas ici. Ed Wynne, multi-instrumentaliste depuis près de quatre décennies au sein d'Ozric Tentacles dont il est un membre fondateur, ne fait rien d'autre que perpétuer le même genre de space-rock ethnique qu'il a mis au point depuis Erpsongs en 1985. Aussi, son premier forage en solo semble-t-il surtout motivé par la mise en veilleuse du groupe dont la dernière production (Technicians Of The Sacred) date de 2015.

En 5 longs morceaux, Ed Wynne fait le tour de ce qu'il sait faire : jouer de la guitare et des synthés sur des paysages sonores cosmiques qu'il s'est lui-même concoctés (on n'est jamais mieux servi que par soi-même). Car Ed Wynne fait quasiment tout ici hormis, au fil des plages, quelques parties de claviers, de percussions et d'effets électroniques confiés notamment à Tom Brooks (synthés) et à Paul Hankin (congas), tous deux ayant également appartenu à l'univers d'OT. Même la référence ethnique est encore présente avec le rythme reggae de Travel Dust. Sinon, tout ça s'écoute avec plaisir, Shim et Oddplonk étant pour moi les sommets du répertoire avec, pour le premier, des bulles de synthé qui scintillent comme une marée d'étoiles et, pour le second, des rythmes hypnotiques qui évoquent les longues dérives planantes de Tangerine Dream.

Même la pochette, réalisée par John Hurford, à qui l'on doit également celle du dernier disque de Gryphon, reste dans le psychédélique fleuri et coloré, histoire de ne pas induire l'acheteur potentiel en erreur. Ceux qui apprécient le space-rock cosmique ne seront ni surpris, ni déçus : Ed Wynne ne creuse aucun sillon original mais perpétue à lui tout seul, non sans vitalité et fraicheur, l'héritage d'un groupe qui, après avoir produit plusieurs disques essentiels du genre, pourrait bien avoir disparu à jamais dans un trou noir galactique. [3,5/5]

[ Shimmer Into Nature (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Shim ]

Mostly Autumn : White Rainbow (Mostly Autumn Records), UK, 1er mars 2019
White Rainbow
1. Procession (2:33) - 2. Viking Funeral (10:29) - 3. Burn (5:05) - 4. Run For The Sun (6:31) - 5. Western Skies (7:02) - 6. Into The Stars (4:05) - 7. Up (7:06) - 8. The Undertow (7:27) - 9. Gone (2:44) - 10. White Rainbow (19:13) - 11. Young (6:44)

Olivia Sparnenn (chant); Bryan Josh (guitare, chant); Chris Johnson (guitare); Iain Jennings (claviers); Angela Gordon (flûte, claviers); Andy Smith (basse); Alex Cromarty (drums)


Liam Davison 1967 - 2017L'édition limitée de White Rainbow était disponible depuis décembre 2018 pour ceux qui ne pouvaient attendre (nombreux puisque cette édition en 2 CD est aujourd'hui épuisée) mais la version 1 CD normale est finalement sortie le 1er mars 2019. Un excellent cru que ce nouvel album de Mostly Autumn bien rempli (78 minutes) qui est dédié à mémoire de Liam Davison, guitariste rythmique du groupe décédé en 2017. La musique y est plus mélancolique et plus profonde que d'habitude. Déjà, le premier titre qui nous conduit à la cérémonie au son de la cornemuse de Troy Donockley est magique mais Viking Funeral qui vient ensuite est carrément poignant sans pour autant en rajouter dans la nostalgie. Sur des titres comme Burn, Run For The Sun ou Gone, la voix d'Olivia Sparnenn ensorcelle en flottant sur des textures symphoniques de toute beauté tandis que la guitare de Brian Josh surgit épisodiquement pour des envolées stratosphériques auxquelles on a envie de coller l'adjectif "floydiennes" mais qui, en fait, ne le sont pas vraiment.

Le répertoire culmine dans le titre éponyme épique et protéiforme qui, au long de ses 19 minutes, va nous faire voyager dans différentes sections, où l'on passera de moments évocateurs à d'autres lacérés par des riffs musclés, avant d'être emporté par un crescendo magnifique avec un sens de la mise en scène qu'on ne trouve que dans la musique prog.

Rien n'est à jeter dans ce disque admirable, leur treizième en studio, qui se termine avec Young, une dernière chanson émouvante synthétisant toutes les qualités d'un disque quasiment parfait qui vient d'emblée se loger au sommet de leur discographie. Quant à l'ami de longue date Liam Davison, il est très probable que, là où il se trouve, il appréciera la dédicace. [4/5]

[ White Rainbow [Import Allemand] (CD / Digital) ]
[ A écouter : Western Skies ]

Celeste : Il Risveglio Del Principe (Mellow Records), Italie, 15 février 2019
Il Risveglio Del Principe
1. Qual Fior di Loto (6:04) - 2. Bianca Vestale (6:49) - 3. Statue di Sale (8:38) - 4. Principessa Oscura (6:22) - 5. Fonte Perenne (6:12) - 6. Giardini di Pietra (4:32) - 7. Falsi Piani Lontani (6:08) + Piste bonus sur CD : 8. Porpora e Giacinto (5:50)

Ciro Perrino (Mellotron, Minimoog, claviers, piano, percussions, chant); Mauro Vero (gt); Massimo Dal Pra (piano, claviers); Marco Moro (flûte, sax ténor); Andrea De Martini (sax alto & ténor); Sergio Caputo (violon); Mariano Dapor (violoncelle); Francesco Bertone (basse); Enzo Cioffi (drums); Marzio Marossa (percussions) + Elisa Montaldo (chant); Alfio Costa (orgue Hammond); Claudia Enrico (rainstick : 1, 3); Ciro Perrino Junior (narration : 1, gong : 5)


Sorti en 1976, le premier album de Celeste est un classique du Rock Progressiste Italien. Ses mélodies sereines, ciselées à la flûte, au sax, au violon et au mellotron, constituent un exemple réussi de rock pastoral aussi intemporel qu'agréable. Et voici que 42 ans plus tard, Celeste est ressuscité par le multi-instrumentiste et membre fondateur Ciro Perrino avant d'enregistrer un nouvel album dont la pochette comme l'intitulé (Le Réveil du Prince) renvoient au premier disque.

Les autres membres originaux sont absents mais l'équipage réuni par Ciro Perrino inclut des musiciens expérimentés, dont Marco Moro (Hostsonaten) à la flûte et Sergio Caputo (Finisterre) au violon, qui ont su se fondre dans le style bucolique très particulier de Celeste. Les arrangements sont nuancés et diversifiés même s'ils privilégient la plupart du temps le rêve et la mélancolie. Pour les amateurs de flûte et de mellotron, cette musique qui coule comme du miel dans les oreilles est du pain béni mais d'autres instruments comme le violon, les saxophones, le violoncelle et le piano émergent aussi régulièrement pour de beaux soli.

Tour à tour caressante, lumineuse, ombragée, mystérieuse, fraîche, volatile, sensuelle et charmeuse, la musique de Celeste, tout en étant conforme à leur légende, n'a rien perdu de son pouvoir de séduction sur lequel les décennies ne semblent guère avoir eu de prise. Creusées par le temps qui passe, les rides de Celeste sont magnifiques et nous rendent encore un peu plus nostalgiques de la glorieuse décennie du prog italien. [4/5]

[ Il Risveglio Del Principe [Import] (CD / Vinyle) ]
[ Il Risveglio Del Principe sur Bandcamp ] [ Commander Il Risveglio Del Principe (CD / LP) chez Ciro Perrino ]
[ A écouter : Bianca Vestale ]

On The Raw : Climbing The Air (Red Phone Records), Espagne, 1er mars 2019
Climbing The Air
1. Climbing the Air (8:53 - 2. Red Roses 04:43 - 3. Resistance (7:45) - 4. Moneypenny (7:56) - 5. Herois (8:25) - 6. Blackmail (6:56) - 7. Skeptic (8:44)

Jordi Prats (gt); Pep Espasa (sax, fl); Jordi Amela (claviers); Toni Sanchez (b); Alex Ojea (drs) + Cristina Falcinella (chant); Samuel Garcia (tp, vl)


Second album d'On The Raw, Climbing The Air offre une musique instrumentale énergique au croisement du prog et d'un jazz-rock up-tempo parfois mâtiné d'effets électroniques.

Les qualités de ce groupe catalan éclatent au fil des 7 titres dont la durée moyenne est d'environ 8 minutes : compositions très élaborées et fortement structurées, belle diversité entre les morceaux, variations multiples au cours d'une même composition, rythmique d'acier et entrelacement constant entre claviers, guitares et flûte ou sax qui constituent, hormis les invités, les instruments des solistes. Le résultat est que, contrairement à pas mal d'albums du même style, on ne s'ennuie jamais à l'écoute de cette musique qui n'est ni vaine, ni bavarde ni narcissique.

Certains titres comme Moneypenny, probablement écrit en hommage à la fameuse secrétaire du chef de James Bond, Herois (avec ses superbes parties de flûte et de basse fretless) et Blackmail (dont le rythme est sous-tendu par un orgue Hammond à l'ancienne) constituent des exemples totalement réussis d'une fusion progressiste à la fois intelligente, dynamique, excitante et entièrement accessible. Ecoute recommandée même à ceux qui sont réfractaires au jazz-rock instrumental. [4/5]

[ Climbing The Air sur Bandcamp ]
[ A écouter : Herois ]

Skylake : In Orbit (Freia Music), Pays-Bas, 25 février 2019
In Orbit
1. The Storm (8:03) - 2. Haste (5:37) - 3. Prisoner (6:48) - 4. Smooth Skin / War Within (6:48) - 5. Vicious (5:50) - 6. Crossroads (4:40) - 7. Luna (6:50)

Suzan van den Engel (chant, harpe); Bart Laan (guitares, chant); Arjan Laan (drums); Charlie Feld (basse) + Felix Kessels ( violon sur 3)


Faut-il étiqueter Skylake comme appartenant au prog ou au rock alternatif ? Voilà une question à laquelle on ne peut répondre tant la musique de ce jeune groupe originaire d'Utrecht affiche une fraîcheur inouïe qui échappe aux clichés et aux modes. Bien sûr, on pense parfois à d'autres artistes transgenres comme Anathema, The Pineapple Thief, Tesseract ou même Arjen Lukassen avec Ayreon, mais globalement, ce qu'on entend ici apparaît profondément original.

Le répertoire, qui consiste en 7 titres d'une durée moyenne de 6 minutes, est équilibré avec de multiples variations de climat et de tempo parfois au sein d'une même composition. Les apports de Bart Laan aux guitares et d'Arjan Laan à la batterie participent pour une bonne part à la densité de l'album. Il faut dire que les deux frères, étant les fils d'Erik Laan, claviériste de l'excellent groupe Silhouette, ont acquis une vaste culture musicale qui leur permet de développer de nouvelles idées. Si Crossroads se caractérise par une touche plus légère et partiellement acoustique, le reste de l'album est enlevé, puissant même, avec des riffs qui claquent quant il ne verse pas carrément dans le prog métal comme sur le premier titre épique Storm. Racontant l'histoire d'un bateau livré à la tempête, la musique y épouse avec brio le chaos de la houle qui s'amplifie progressivement tandis que les guitares hurlent dans le vent. La chanteuse Suzan van den Engel a une voix claire et distincte qui s'envole avec assurance au-dessus des instruments. De formation classique, elle joue aussi de la harpe à l'occasion, histoire d'étoffer es arranfements, tandis que sur Prisonner, le violon de Felix Kessels vient encore enrichir les textures. Sinon, j'aime également beaucoup Luna, une sorte de parabole sur la liberté placée à la fin de l'album, qui est remarquablement arrangé, parsemé de variations de rythmes et d'ambiances, et nourri d'envolées instrumentales élévatrices.

A l'instar de beaucoup d'artistes du label Kscope, Skylake parvient à réinventer le genre en produisant une musique qui résonne avec ce siècle en se distinguant du prog classique des 70's. Si vous aimez les artistes précités en même temps que The Gentle Storm, Karnivool ou Opeth dans sa seconde période, ce premier disque de Skylake, qui prouve une fois encore la vitalité de la scène prog hollandaise, propulse le groupe en orbite haute et mérite toute votre attention. [4/5]

[ in Orbit (CD / Digital) ] [ Skylake sur Bandcamp ]
[ A écouter : Haste - Vicious - Album Official Teaser ]

Neal Morse : The Great Adventure (Metal Blade / Radiant Records), 25 janvier 2019
The Great Adventure
CD 1 : Act I / Chapter 1 (12:50) : 1. Overture - 2. The Dream Isn't Over / Chapter 2 (23:48) : 3. Welcome To The World - 4. A Momentary Change - 5. Dark Melody - 6. I Got To Run - 7. To The River / Chapter 3 (17:59) : 8. The Great Adventure - 9. Venture In Black - 10. Hey Ho Let's Go - 11. Beyond The Borders
CD 2 : Act II / Chapter 4 (18:13) : 1. Overture 2 - 2. Long Ago - 3. The Dream Continues - 4. Fighting With Destiny - 5. Vanity Fair / Chapter 5 (30:57) : 6. Welcome To The World 2 - 7. The Element Of Fear - 8. Child Of Wonder - 9. The Great Despair - 10. Freedom Calling - 11. A Love That Never Dies

Neal Morse (chant, guitare, claviers); Mike Portnoy (drums, chant); Randy George (basse); Eric Gillette (guitare, chant); Bill Hubauer (claviers, chant)


A ma connaissance, c'est la première fois dans l'histoire de la musique prog (et peut-être de la musique populaire tout court) qu'un double album conceptuel (d'une durée totale de plus de 106 minutes, soit environ 5 faces de LP) est suivi par un second double poursuivant la même histoire.

The Great Adventure de l'ultra prolifique Neal Morse est en effet une suite directe de The Similitude Of A Dream paru en 2016. Ce dernier album qui se termine par les paroles « Let the great adventure now begin… » laissait bien supposer une séquelle d'autant plus qu'il ne raconte qu'une petite partie du grand voyage spirituel de Christian depuis la Cité terrestre de la Destruction vers la Cité céleste de Sion. Cette allégorie inspirée par le « Livre du Pélerin » du prédicateur et écrivain anglais John Bunyan est dans sa forme originale un long récit riche en lieux, personnages et péripéties qui sont en effet loin d'avoir été tous exploités.

Outre Neal Morse (lead vocals, guitars, keyboards), le Band comprend Mike Portnoy (drums), Randy George (basse), Bill Hubauer (claviers) et Eric Gillette (guitares). Si la forme et le fond de The Great Adventure se situent évidemment dans la ligne de The Similitude Of A Dream, Morse parle quand même d'un album plus rude et profond, l'histoire s'intéressant davantage au fils abandonné du pèlerin dont les dires et le comportement sont plus hargneux que ceux de son père. Et le fait est que cette musique est d'une puissance rarement égalée dans l'œuvre de Morse, avec ou sans Spock's Beard. Depuis la première ouverture dont la grandeur annonce un voyage digne de celui du Seigneur des Anneaux, les 22 plages vont se fondre les unes dans les autres pour créer une œuvre puissante qui verse à l'occasion dans un prog-métal heureusement toujours accessible, reprenant des mélodies de TSOAD dans d'autres arrangements ou forgeant de nouveaux thèmes magnifiques qui sonnent instantanément comme des classiques. Les passages instrumentaux sont nombreux, mettant en relief la virtuosité des musiciens mais on y trouve aussi quelques ballades émotionnelles (A Love That Never Dies) et des chansons rock accrocheuses (Vanity Fair) qui auraient pu être écrites par Queen et auraient fait autrefois le bonheur des radios FM.

Je ferais quand même deux observations toutes subjectives : le premier CD qui est parfait me semble un peu meilleur que le second qui a parfois tendance à traîner en longueur comme si l'inspiration s'était essoufflée vers la fin. Par ailleurs, les décollages verticaux façon métal du guitariste peuvent paraître impressionnants à la première écoute mais, par la suite, ils ressemblent un peu trop à des clichés. Evidemment, ces critiques sont peu de chose par rapport à l'ampleur de cette œuvre.

Le prog a toujours été une musique caractérisée par le dépassement et les superlatifs. Mais avec un tel monument épique de plus de 3,5 h d'écoute dans sa discographie, Neal Morse semble cette fois avoir atteint un nouveau record qui en fait le Joseph L. Mankiewicz du prog. Indispensable ! [4½/5]

[ The Adventure (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : The Great Adventure - Vanity Fair ]

Dewa Budjana : Mahandini (Dawaiku Records), Indonésie, 2019 (CD/LP)
Mahandini
1. Crowded (5:55) - 2. Queen Kanya (6:59) - 3. Hyang Giri (7:44) - 4. Jung Oman (6:52) - 5. ILW (6:39) - 6. Mahandini (8:17) - 7. Zone (5:56)

Dewa Budjana (guitare); Jordan Rudess (claviers); Marco Minneman (drums); Mohini Dey (basse, konnakol) + Invités : John Frusciante (chant sur 1 & 7, gt sur 1); Mike Stern (guitar solo sur 5); Soimah Pancawat (chant sur 3). Enregistré le 24 janvier 2018 au Steakhouse Studio, Los Angeles, CA.


Le jazz-rock, on en conviendra, est un genre qui a du mal à se renouveler. Dérivant soit vers un jazz smooth plaisant mais guère excitant ou vers une virtuosité technique aguichante pour quelques extrémistes uniquement, la fusion a perdu (à de rares exceptions près) beaucoup de son âme créatrice au fil des ans. Heureusement, une brise fraîche arrive parfois de là où ne l'attend pas, en l'occurrence d'Indonésie avec Dewa Budjana, l'homme aux guitares sculptées.

Si Surya Namaskar, paru en 2014, fut l'album de la révélation, ce onzième disque en studio intitulé Mahandini sera à coup sûr celui de la consécration. Enregistré en un jour à Los Angeles avec un nouveau quartet incluant Jordan Rudess, Mohini Dey et Marco Minnemann plus quelques invités dont Mike Stern sur un titre (ILW), le leader va plus loin dans le mariage de ses thèmes mélodiques, de la musique traditionnelle indonésienne, du jazz électrique et, cette fois, du rock progressiste personnifié par l'immense présence de l'ex-batteur de Steven Wilson et du claviériste de Dream Theater.

La guitare occupe toujours le centre de la musique mais sur cet album, elle est projetée dans la stratosphère par un groupe hors du commun. C'est de là que vient le titre. Maha signifie "grand" et Nandini est le "véhicule qui transporte le Dieu Shiva". Appliqué au groupe, Mahandini sonne donc comme « le grand véhicule portant la musique du leader. » En tout cas, ce disque superbement produit est bourré d'arabesques mystiques, de riffs mortels, de mélodies inusitées, d'atmosphères balinaises mystérieuses, d'envolées fusionnelles grandioses et d'arrangements prog complexes.

Ça sort en CD et LP au début de 2019 mais les fichiers digitaux en haute qualité sont déjà disponibles depuis quelques semaines sur Bandcamp ! [4½/5]

[ Mahandini (CD / Digital) ] [ Mahandini sur Bandcamp ]
[ A écouter : Queen Kanya - Hyang Giri ]

Steve Hackett : At The Edge Of Light (InsideOut), UK, 25 Janvier 2019
At The Edge Of Light
1. Fallen Walls And Pedestals (2:18) - 2. Beasts In Our Time (6:21) - 3. Under The Eye Of The Sun (7:07) - 4. Underground Railroad (6:23) - 5. Those Golden Wings (11:20) - 6. Shadow And Flame (4:24) - 7. Hungry Years (4:34) - 8. Descent (4:21) - 9. Conflict (2:37) - 10. Peace (5:04)

Steve Hackett (guitares, luth, charango, sitar, harmonica, chant); Durga & Lorelei McBroom (chant); Nick D'Virgilio (drums); Simon Phillips (drums); Sheema Mukherjee (sitar); Malik Mansurov (tar); Gulli Briem (drums, percussions); Jonas Reingold (basse); Paul Stillwell (didgeridoo); Rob Townsend (saxophone, bass clarinet, duduk); Amanda Lehmann (chant); John Hackett (flûte); Gary O'Toole (drums); Roger King (claviers); Ben Fenner (claviers); Dick Driver (contrebasse); Christine Townsend (violon & violon alto)


At The Edge Of Light (Digipack)Après The Night Siren sorti en 2017 et en marge de ses concerts consacrés à la musique de Genesis, l'infatigable Steve Hackett annonce son 26e album studio pour le 25 janvier 2019. At The Edge Of Light comprend 10 chansons qui se situent cette fois encore au carrefour du prog symphonique et d'influences world recueillies au cours de différents voyages, une combinaison que le chanteur guitariste a mis au point avec succès sur ses productions les plus récentes.

Comme le titre l'indique, le thème général se rapporte au contraste entre l'ombre et la lumière symbolisant l'opposition entre le mal et le bien qui se trouve au centre de toutes les cultures. Steve Hackett a présenté son nouveau disque en disant que ce dernier « insiste sur la nécessité pour toutes les formes musicales et cultures de se connecter et de célébrer le miracle de l'unité dans ce monde divisé. » Une idéologie saine et clairvoyante que le guitariste défend depuis longtemps face à une société qui a de plus en plus tendance à se fracturer et à se replier sur ses particularismes.

S'appuyant sur une logique désormais bien établie, At The Edge Of Light a été enregistré dans le propre studio de Steve mais aussi à différents endroits sur la planète. Y ont ainsi collaboré des musiciens d'horizons différents comme les batteurs américains Nick D'Virgilio et Simon Phillip (USA), l'Indien Sheema Mukherjee au sitar, le Suédois Jonas Reingold à la basse plus Paul Stillwell au didgeridoo, Rob Townsend au saxophone, John Hackett à la flûte, Christine Townsend au violon et Roger King aux claviers. A noter également la participation des deux vocalistes afro-américaines Durga et Loreley MacBroom célèbres pour avoir chanté avec Pink Floyd.

Les mélodies sont superbes ainsi d'ailleurs que les arrangements qui sont très élaborés. La voix de Steve semble toujours en progrès et son jeu guitare compte parmi le meilleur de ce que le prog peut offrir. Tout cela saute aux oreilles sur la durée de l'album mais il suffirait d'écouter le splendide titre épique Those Golden Wings et sa myriade de styles pour en saisir toute l'essence. Ceux qui ont apprécié The Night Siren vont adorer At The Edge Of Light.

L'album est édité en CD, double LP et en édition spéciale incluant un médiabook CD + DVD avec une version 5.1 surround de la musique et un documentaire. [4½/5]

[ at The Edge of Light (CD / Digital) ]
[ A écouter : Under The Eye Of The Sun - Underground Railroad ]

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