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Belmondo Quintet : Brotherhood [B-Flat Recordings / Jazz & People] 1. Wayne's Words (5:56) - 2. Yusef's Tree (6:44) - 3. Prétexte (7:13) - 4. Doxologie (7:32) - 5. Woody 'n Us (3:48) - 6. Letters to Evans (5:24) - 7. Sirius (7:27) - 8. Song for Dad (4:03) Lionel Belmondo (saxophone ténor, soprano, flute); Stephane Belmondo (trompette, bugle, conques); Eric Legnini (piano); Sylvain Romano (contrebasse); Tony Rabeson (batterie). Sorti en 2021. Après 10 années, les frères Belmondo regroupent leurs talents sur ce passionnant nouvel album bien nommé Brotherhood dans lequel ils rendent hommage à quatre musiciens légendaires : Yusef Lateef (Yusef’s Tree), Bill Evans (Letters To Evans), Wayne Shorter (Wayne's Words) et Woody Shaw (Woody 'n Us). D'autres compositions magnifiques complètent les huit thèmes du répertoire comme Sirius, une pièce lyrique et nostalgique, lumineuse comme la brilliante étoile à laquelle cette musique se réfère ou encore Song For Dad, une émouvante balade dédiée par les deux frères à leur père disparu fin 2019. Tony Rabeson est à la batterie et l'ancien complice Sylvain Romano est à la contrebasse tandis qu'au piano, c'est Eric Legnini qui abat un travail formidable derrière les deux souffleurs. Pas étonnant que dans le dernier numéro de Jazz Mag, Stéphane Belmondo a déclaré : "je connais Eric Legnini depuis trente ans, c'est même le parrain de ma fille, et l'un des meilleurs pianistes au monde." Enregistré du 20 au 22 janvier 2020 au studio Gil-Evans d'Amiens par Tristan Devaux, Brotherhood, qui réactive par la même occasion le label B-Flat Recordings laissé en jachère, est l'album d'un grand retour riche en émotions. Un album fraternel qui séduira les amateurs de jazz acoustique élégant, exigeant et pétri de tradition. [P. Dulieu] [ Brotherhood (CD / Vinyle / Digital) ] [ A écouter : Wayne's words (live in studio) ] Eric Le Lann Trio : I Remember Chet [BeeJazz] 1. For Minors Only (3:54) - 2. If I Should Care (5:21) - 3. The More I See You (4:50) - 4. I Am A Fool To Want You (3:01) - 5. Summerside (4:42) - 6. The Touch Of Your Lips (4:30) - 7. Milestones (4:52) - 8. Zingaro (6:40) - 9. Love For Sale (6:05) - 10. Angel Eyes (7:38) - 11. Backtime (5:05) Eric Le Lann (trompette, bugle); Nelson Veras (guitare); Gildas Boclé (contrebasse). Enregistré au Studio 51 en août et septembre 2012. Sorti en 2013. Certes, ceci est un hommage de plus à Chet Baker avec un répertoire de morceaux que l'on connaît par cœur (Summertine, For Minors Only, Milestones, The Touch Of Your Lips, The More I See You, …). Mais Le Lann est aussi un grand romantique et il a bien connu Chet avec qui il a collaboré dans les années 80 et qui est devenu son ami. Alors, son hommage, réalisé dans la formule du trio trompette/guitare/contrebasse que le célèbre trompettiste affectionnait tout particulièrement en fin de carrière, sonne juste. Le style de Le Lann est plus franc que celui fragile de son modèle tandis que l'accompagnement assuré par le guitariste d'origine brésilienne Nelson Veras est très personnel. Mais surtout, Le Lann parvient à nous charmer, son tour de force étant de s'approprier avec aisance la musique pure de son modèle pour en extraire une nouvelle émotion à fleur de peau. L'album se termine sur Backtime, un beau thème écrit par Le Lann, sur lequel le trompettiste continue de célébrer Chet à sa façon. Un disque relax qui swingue en douceur et qui, en fin de compte, s'avère beaucoup plus attachant que prévu ! [P. Dulieu] [ I Remember Chet (CD & MP3) ] [ A écouter : If I Should Care - Milestones ] Pierre de Bethmann : Go [Plus Loin Music] 1. Instable (6:58) - 2. On Change (8:35) - 3. Froissé Défroissé (6:50) - 4. Humain, Jamais Trop (9:16) - 5. Go (6:35) - 6. Attends (7:00) - 7. Prodigue (6:59) - 8. Friche (1:18) - 9. Pardi (7:32) - 10. Pro Digues (2:16) Pierre de Bethmann (piano); David El-Malek (ts); Vincent Artaud (b); Franck Agulhon (dr). Enregistré en novembre 2011 au Studio Ferber (Paris). Sorti en 2012. Le nouveau projet du claviériste hyperdoué de Prysm et d'Ilium est cette fois enregistré en quartet et live en studio aux côtés du saxophoniste ténor David El-Malek et d'une rythmique particulièrement dynamique comprenant deux stakhanovistes du jazz français: le contrebassiste Vincent Artaud et le batteur Franck Agulhon. Si le piano acoustique est bien l'instrument principal de cette session, Pierre de Bethmann joue quand même aussi de l'orgue et du Fender Rhodes, ce qui diversifie les tonalités d'un disque dont les ambiances sont d'autant plus variées qu'il alterne des morceaux au swing intense (On Change, Prodigue, Pardi) avec d'autres beaucoup plus introspectifs (Froisse Défroisse, Attends, Friche). Quant à la musique, elle est toujours aussi ambitieuse, de Bethmann cherchant continuellement à se dépasser par une écriture complexe et réfléchie comme un projet d'architecture: un processus qui, pour l'auditeur, reste néanmoins transparent. Ce qui, en définitive, est bien la marque des plus grands. [P. Dulieu] [ Go ] [ A écouter : Go (live au Duc des Lombards, Paris, 14/01/2011) - Présentation de l'album par Pierre de Bethmann ] Médéric Collignon : Shangri Tunkashi-La [Plus Loin Music / Harmonia Mundi] 1. Billy Preston (5:36) - 2. Bitches Brew (10:03) - 3. Early Minor (7:56) - 4. Shhh Peaceful / It’s About That Time (11:32) - 5. Ife (9:48) - 6. Interlude (4:55) - 7. Nem Um talvez (3:01) - 8. Mademoiselle Mabry (7:18) - 9. Kashmir (8:23) Médéric Collignon (cornet, Fender Rhodes, voc), Frank Woeste (Fender Rhodes, voc), Frédéric Chiffoleau (cb, b, voc), Philippe Gleizes (dr, voc), François Bonhomme, Nicolas Chedmail, Philippe Bord & Victor Michaud (cor), The White Spirit Sisters (voc). Enregistré en avril 2009 au Studio Sextant et au Studio Antenna, Malakoff, France. Sorti en 2010 Le groupe Jus de Bocse de Médéric Collignon a pour vocation de restituer des chefs d’œuvre du passé après les avoir soumis à une digestion personnelle mais sans toutefois en dénaturer ni l’esprit ni la puissance d’expression originale. Après un premier hommage à Porgy and Bess, l’opéra de George Gershwin dans la version de Miles de 1959, qui sera couronné en 2007 par les Victoires du Jazz en tant que révélation de l'année, Collignon s’attaque aujourd’hui à la période électrique de Miles Davis. Les célèbres Bitches Brew et Shhh Peaceful sont bien sûr convoqués mais aussi d’autres titres bien connus des amateurs comme Mademoiselle Mabry (Filles De Kilimanjaro), Interlude (Agharta), Billy Preston (Get Up With It), Early Minor (In A Silent Way Sessions), Nem Um Talvez (The Jack Johnson Sessions / Live Evil) et Ife (Big Fun). Et pour chacun d’entre eux, c’est l’extase tant Collignon injecte dans ces standards modernes de nouvelles idées, jouant avec une folle audace de son cornet de poche à pistons, squattant de façon inattendue en d’improbables vocalises ou enrobant les dérives modales dans de subtils arrangements qui leur procurent de nouvelles couleurs (écoutez par exemple les quatre cors jouant à l'unisson sur le très aérien Early Minor dans une esthétique évoquant Joe Zawinul). Des couleurs d’ailleurs bien différentes des originaux puisqu’on ne trouvera ici ni guitare, ni saxophone, ni aucun instrument exotique à part la voix utilisée comme on ne l’a jamais entendue auparavant (on se dit parfois que Collignon aurait pu jadis faire carrière comme bruiteur de dessins animés pour Tex Avery). Mais la pulsation funk est là, brûlante et toujours hypnotique, nourrie par la rythmique et le Fender Rhodes de Frank Woeste. Intense aussi est le groove, d’autant plus que les plages ont été repensées avec une concision qui rend caduque l’intervention ultérieure d’un manipulateur externe comme Teo Macero. Le répertoire se referme sur ce qui pourrait paraître comme une intrusion : une version instrumentale du grandiose Kashmir de Led Zeppelin qui figurait sur Physical Graffiti sorti en 1975. En fait, le choix est logique : la chanson est imprégnée d’influences indiennes et moyen-orientales et elle représente une sorte d’apothéose de la chanson rock, un achèvement, un idéal que Miles lui-même aurait bien voulu atteindre (fasciné par Jimi Hendrix, ne répétait-il pas à l’époque qu’il voulait créer le plus grand groupe de rock du monde ?). A la fois pétri d'humour et de respect, Shangri-Tunkashi-La est un hommage brillant à une période mythique de l’histoire de la musique populaire. Même la pochette, énigmatique et haute en couleurs, tranche allègrement sur les productions de jazz moderne en redécouvrant le mysticisme fantastique et un poil psychédélique du grand Mati Klarwein. [P. Dulieu] [ Shangri Tunkashi-La ] [ A écouter : Mademoiselle Mabry (live) ] Jean-Marc Jafet : Douceur Lunaire [RDC Music] 1. Douceur Lunaire / Version 1 (6:45) - 2. For Alas (4:15) - 3. J.F.F. (6:42) - Neguev Desert (5:23) - 5 La Colombe De La Paix (6:11) - Mr Aldo (6:19) - 7. Les Messagers Du Sud (6:23) - 8.Méduse (6:57) - 9. Silver Shadows (6:06) - 10. Douceur Lunaire / Version 2 (4:18) Neil Gesternberg (as, ss); Jean-Marc Jafet (basse, contrebasse); Alain Asplanato (dr); Olivier Ker Ourio (harmonica); Francesco Castellani (tb); Lionel Belmondo (ts, fl); Stéphane Belmondo (tp); François Chassagnite (tp); Babik Reinhardt (gt); Fred d'Oelnitz (p). Enregistré au Studio 26 à Antibes, 1998/99. Sorti en 1999 Jean-Marc Jafet édite son quatrième compact en solo sur le label R.D.C., désormais distribué en Belgique par AMG Records. Ce bassiste, bien connu en France pour ses prestations en trio avec André Ceccarelli et Sylvain Luc, propose ici dix nouvelles compositions qui coulent suavement avec une sonorité moelleuse. Musique de la nuit inspirée par le nouvel an chinois, Douceur Lunaire s'écoute sans effort. Soutenus par des arrangements superbes et la basse profonde du leader, les solistes émergent au fil des plages avec des interventions claires et contrastées : Olivier Ker Ourio superbe à l'harmonica, Babik Reinhardt à la guitare, Stéphane Belmondo à la trompette ou Francesco Castellani au trombone entre autres. Du bien beau travail de la part d'un musicien complet (interprète, compositeur et arrangeur) dont on ne peut que vous inviter à partager sa vision lyrique d'un jazz en demi-teintes. [P. Dulieu] [ Douceur Lunaire (CD & MP3) ] [ A écouter : Jean-Marc Jafet : Basse Haut de Gamme (film de Jean-Marie Pasquier) ] Nguyên Lê : Songs Of Freedom [ACT] 1. Eleanor Rigby (7:04) - 2. I Wish (5:48) - 3. Ben Zeppelin (0:51) - 4. Black Dog (6:22) - 5. Pastime Paradise (8:03) - 6. Uncle Ho’s Benz (0:40) - 7. Mercedes Benz (6:25) - 8. Over The Rainforest (0:36) - 9. Move Over (7:01) - 10. Whole Lotta Love (5:18) - 11. Redemption Song (5:29) - 12.Sunshine of your Love (4:46) - 13.In A Gadda da Vida (5:25) - 14. Topkapi (0:43) - 15. Come Together (5:47) Nguyên Lê (guitares, Vietnamese Cai Luong acoustic guitar); Illya Amar (vibraphone, marimba, électronique); Linley Marthe (basse électrique); Stéphane Galland (drums) + invités. Sorti en 2011 Si c’est par le rock que vous êtes venus au jazz, cet album va réveiller certains souvenirs enfouis sous des années de swing. Car Songs Of Freedom est un hommage très personnel à quelques groupes et artistes qui ont changé le cours de la musique populaire : Led Zeppelin, The Beatles, Janis Joplin, Iron Butterfly, Bob Marley, Cream et Stevie Wonder. Et si Jimi Hendrix n’y figure pas, c’est parce que Nguyên Lê lui a déjà consacré un album complet il y a une dizaine d’années (Purple, Celebrating Jimi Hendrix, ACT, 2002). Attention toutefois ! Pas question ici de relecture plus ou moins respectueuse ni même de jazzifier des mélodies mille fois entendues mais plutôt de s’en servir comme tremplin pour explorer des mondes imaginaires. Du coup, c’est à une véritable collision des cultures que l’on est confronté. Du Vietnam à l’Afrique en passant par l’Orient, le leader repeint ces chansons mythiques avec de nouvelles couleurs exotiques (qui n’auraient probablement pas déplu aux créateurs originaux) tout en dynamitant leur essence binaire par des solos grandioses et des arrangements à couper le souffle. Aidé par son quartet au sein duquel on retrouve avec bonheur la frappe précise de Stéphane Galland, Lê a également fait appel à une pléthore d’invités de toutes origines - comme, entre autre,Youn Sun Nah (vocal), David Linx (vocal), Karim Ziad (percussions), David Binney (as) et Dhafer Youssef (vocal) - qui se sont investis à fond dans le projet. A l’arrivée, cet album a atteint l'objectif que suggère son titre inspiré par une chanson de Bob Marley : créer librement une expression musicale à partir de ce qu’on aime. [P. Dulieu] [ Songs Of Freedom (CD & MP3) ] [ A écouter : Eleanor Rigby - Pastime Paradise - Sunshine Of Your Love ] Stéphane Belmondo : Wonderland [B-Flat] 1. Creepin' (7:56) - 2. You Will Know (6:33) - 3. All In Love Is Fair (7:07) - 4. Too High (7:41) - 5. The Secret Life Of Plants (12:55) - 6. Girl Blue (7:36) - 7. Visions (4:52) - 8. Another Star (8:11) - 9. You've Got It Bad Girl (7:54) - 10. Too Shy To Say (2:27) Stéphane Belmondo (tp, bugle, shell, cor, euphonium, ocarina), Lionel Belmondo (fl, alto fl, cl, cl basse), Bastien Stil (tuba), Eric Legnini (p), Paul Imm (cb), Laurent Robin (dr). Sorti en 2004. Le trompettiste Stéphane Belmondo revisite dix thèmes parmi les moins populaires de Stevie Wonder (Creepin', Too High, The secret life of plants, Visions...) qui, faut-il s'en étonner, se prêtent admirablement à une adaptation jazzistique. Tout est interprété en acoustique avec de multiples variations spontanées mais il n'empêche que les versions originales restent immédiatement reconnaissables. Son frère Lionel joue de la flûte et de la clarinette et arrange avec goût. Quant au piano, il a été confié à Eric Legnini dont le jeu précis et clair rend le groove plus incisif. Un casting parfait pour un disque qui, en 2005, a été élu meilleur album français aux Victoires du Jazz et qui, depuis, est devenu un vrai classique. [P. Dulieu] [ Wonderland (CD & MP3) ] [ A écouter : The Secret Life Of Plants (clip) - Girl Blue - The Secret Life Of Plants (live au Studio 5 - France 5, 28/03/2006) ] Belmondo : Hymne Au Soleil [B-Flat] 1. Notre Père (4:00) - 2. Vieille Prière Bouddhique (7:35) - 3. Tantum Ergo (5:28) - 4. Hymne Au Soleil (9:19) - 5. Pie Jesu (11:51) - 6. Reflets (7:08) - 7. Après Un Rêve (5:45) - 8. Scherzo Op. 2 (7:19) - 9. Ubi Caritas (2:09) - 10. Sous Bois (6:22) - 11. Ma Mère L'Oye (5:56) Lionel Belmondo (ss, ts, fl, cl), Stéphane Belmondo (bugle), Laurent Fickelson (p), Clovis Nicolas (contrebasse), Philippe Soirat (dr), François Christin (cor), Bastien Stil (tuba), Philippe Gauthier (fl), Dominique Dournaud (cor anglais), Julien Hardy (basson), Jérôme Voisin (cl, bcl). Sorti en 2003. Hymne au Soleil est un projet du saxophoniste et arrangeur Lionel Belmondo qui, en 2003, décida de combiner jazz et musique classique. Réunissant un orchestre comprenant le Belmondo Quintet et six musiciens classiques, il enregistra ainsi des œuvres de Lili Boulanger, Maurice Duruflé, Gabriel Fauré et Maurice Ravel pour un album intitulé Hymne Au Soleil qui compte parmi l'une des plus belles réussites du jazz européen. Les arrangements de lionel sont somptueux et les solistes de premier ordre, en particulier Stéphane Belmondo qui joue exclusivement du bugle, un instrument à la sonorité chaude et douce sur lequel, comme il le dira plus tard, le projet a été basé. Le plus étonnant est qu'on pense souvent à John Coltrane (Africa Brass et My Favorite Things en particulier), prouvant ainsi combien l'influence de la musique classique européenne sur le jazz moderne aura été fondamentale. Œuvre ambitieuse mais accessible et surtout intemporelle, Hymne Au Soleil sera primé trois fois aux Victoires du Jazz en 2004 : meilleur album français de l'année, meilleur artiste, et prix du public. Inutile de dire que cette année-là, les récompenses étaient amplement méritées. [P. Dulieu] [ Hymne Au Soleil (CD & MP3) ] [ A écouter : Notre Père - Tantum Ergo - Ma Mère l'Oye ] Manu Carré Electric 5 : Go [ACM Jazz] Afrunk (5:49) - Go (8:23) - Niou (6:52) - Spiralifère (6:37) - Scoubidou (7:28) - Soleil de Septembre (9:07) - 2pressions (5:06) - Mona (9:32) - Clémence (6:59) Manu Carré (saxophone, compositions); Aurélien Miguel (guitare); Florian Verdier (claviers); Nico Luchi (basse); Max Miguel (batterie). Sorti en juin 2015 Originaire du Nord de la France, Manu Carré, comme beaucoup de Picards, a toujours eu une envie de soleil. C'est donc à Menton, où il enseigne désormais le jazz au conservatoire municipal, qu'il a concrétisé la réalisation de ce nouvel album. En ouverture, Afrofunk laisse entendre un quintet terriblement soudé d'où émerge le saxophone au son chaleureux du leader. Après une minute en forme d'introduction funky à la syncope hachée, la composition change soudain de couleur et s'ouvre sur des rivages plus souriants où domine la mélodie. La sonorité du combo est électrique mais aussi aérée. Le guitariste Aurélien Miguel prend un beau solo bientôt soutenu par le saxophone et la tension monte jusqu'à se fondre en finale dans le rythme initial retrouvé comme par miracle. Voici une belle composition, concise et nuancée, idéale pour débuter cet album et prendre la mesure de ce qui va suivre. Le titre éponyme groove en douceur et c'est cette fois Florian Verdier qui s'illustre par un long solo de Fender Rhodes auquel succède une partie de basse vitaminée de Nicolas Luchi tandis que la rythmique implacable irrigue en permanence la musique d'une pulsation urbaine, conférant élan et énergie aux solistes. 2pressions poursuit dans cette même veine et accentue même le coté fusionnel de l'entreprise, la guitare devenant plus mordante et la ligne de basse plus infectieuse tandis que Manu Carré souffle dans son instrument avec panache, se rapprochant dangereusement de la brèche qui sépare le funk de la transe. Mais tout n'est pas que brûlant dans ce répertoire qui comprend aussi quelques moments plus suaves comme l'apaisant Scoubidou et surtout Mona en forme d'hymne à la nuit hanté d'envolées cuivrées et d'un piano, acoustique cette fois, qui fait chavirer les coeurs. Le disque se referme sur Clémence, une composition sophistiquée aux nuances multiples où le lyrisme côtoie avec bonheur un groove solaire, le tout emballé dans un arrangement d'une admirable rondeur. Il ne fait nul doute que l'écoute de ce disque gorgé des musiques noires de l'Amérique, fera vibrer les amateurs de jazz électrique et funky mais ceux qui apprécient les improvisations expressives et passionnées sur des thèmes originaux fort bien écrits ne seront pas déçus non plus. [P. Dulieu] [ Go (CD & MP3) ] [ A écouter : Teaser de l'album Go ] Yvonnick Prené : Merci Toots [C-Jam Production] Celia (4:08) - Dameronia (4:42) - Koko (3:30) - Round Midnight (4:58) - Confirmation (4:14) - Be Bop (3:49) – Bluesette (3:20) - Little Girl Blue (5:22) – Star Eyes (5:02) Yvonnick Prené (harmonica chromatique); Pasquale Grasso (gt) - Enregistré à New York le 2 janvier 2015. Sorti en février 2015 Heureux soient les artistes auxquels on rend hommage de leur vivant. Une année après que Toots Thielemans, alors âgé de 91 ans, ait décidé de mettre un terme à sa carrière musicale, voici qu'un jeune harmonicite français, basé à Brooklyn, lui témoigne toute son estime en enregistrant ce disque qui comprend Bluesette, une composition emblématique que Toots enregistra en 1962, ainsi que huit standards be-bop et mainstream de Parker, Gillespie, Powell, Monk et autres. La surprise provient du fait que l'album est enregistré en duo : d'un côté l'harmonica chromatique de Prené et de l'autre, la guitare semi-acoustique de Pasquale Grasso, musicien d'origine italienne dont le style fleure bon la tradition de la guitare jazz classique. A noter que Grasso joue sur une de ces superbes guitares Trenier - peut-être le modèle Broadway - entièrement fabriquées à la main par un luthier de New-York nommé Bryant Trenier et dont la sonorité est magnifique. Les deux musiciens font preuve d'une grande technique en réinterprétant dans le plus simple appareil des classiques du be-bop dans lesquels ils injectent leur propre sensibilité. Cette configuration dépouillée bénéficie à l'harmoniciste dont on entend parfaitement toutes les inflexions les plus subtiles. L'entente entre les deux musiciens, qui se connaissent pour avoir joué sur scène ensemble à de multiples occasions, est stupéfiante, les phrases et les sonorités des deux instruments se mêlant avec grâce dans des dialogues d'une grande finesse. Avec neuf morceaux de plus ou moins quatre minutes, ce compact ne dure guère plus qu'un antique LP et l'on regrette que les octets libres n'aient pas été réservés à une nouvelle composition de Yvonnick Prené "dans l'esprit de …" qui aurait peut-être pu devenir son Bluesette à lui. Quoi qu'il en soit, Merci Toots prouve une fois de plus que, quand on a du talent, il n'est nul besoin d'avoir un camion de matériel à sa disposition pour enchanter le public: un harmonica et une guitare suffisent amplement! [P. Dulieu] [ Merci Toots (MP3) ] [ Yvonnick Prené Website ] [ A écouter : Celia - Confirmation - Body And Soul ] Julian Julien : Terre II [A Bout de Son] Prélude (2:55) - Terre II (3:31) - Iris I (1:38) - Ailleurs (4:34) - Iris II (1:55) - Iris III (2:48) - Une attente (4:18) - Iris IV (3:06) - Doudou (3:22) - Iris V (3:07) - Non-Sens (7:56) - Iris VI (1:14) - Mr John Barry (4:41) Julian Julien (composition, programmation, arrangement, production) + invités. Sorti en 2015 D'après son titre, Terre II se veut une séquelle à l'album Terre sorti en 2000, un disque éclectique pour ne pas dire inclassable fusionnant musique de chambre, jazz et influences diverses glanées dans toutes les parties du monde. Constitué de 13 morceaux relativement courts (tournant pour la plupart autour de trois ou quatre minutes), le répertoire de Terre II obéit au même syncrétisme en offrant des sons apaisés et évocateurs qu'on n'aura d'ailleurs aucun mal à coller sur des images (similaires entre autres à celle de la superbe photographie illustrant la pochette de l'album). Proches de certaines expériences développées autrefois par Brian Eno, Jon Hassell, ou Moebius et Roedelius, les textures de cette musique sont toutefois beaucoup plus riches que si elles n'avaient été conçues que sur des synthés. On ressent en effet la présence permanente d'instruments acoustiques comme la flûte, la clarinette ou le violoncelle tandis qu'au fil des plages émergent des improvisations diverses rappelant les liens étroits que Julian Julien entretient avec le jazz et la fusion (confer le disque Surrané de son autre projet Fractale).
Ecoutez par exemple Prélude et le titre éponyme qui lui succède : ils constituent une pièce unique dont la solennité est tempérée par un rythme lancinant sur lequel se développent des interventions entrelacées de saxophone (Michaël Havard) et de clarinette basse (Rémi Dumoulin). L'homogénéité de cette musique est incontestable et témoigne du véritable travail de "direction musicale" réalisé par Julian. Le même principe est appliqué sur le magique Non Sens qui bénéficie en outre d'un fantastique solo de cornet par Médéric Collignon, lui-même grand prêtre des collisions musicales en tous genres. C'est toutefois la suite Iris, constituée de six sections réparties de manière disjointe sur le disque, qui constitue le véritable cœur de ce disque. Mystérieuse, sombre parfois, la musique suggestive s'ouvre aux grands espaces en installant une poétique onirique entre ciel et terre qui n'est pas sans rappeler certaines œuvres contemplatives du trompettiste Mark Isham. Et puis, il y a ce finale intitulé Mr John Barry, dédié au compositeur des bandes sonores de James Bond mais aussi d'Out Of Africa et de Macadam Cowboy, qui rappelle et confirme le potentiel de la musique de Julian Julien en tant qu'amplificateur émotionnel d'un visuel quelconque. Mais ceci dit, même sans image, Terre II reste un excellent album qui se suffit à lui-même et dont la profondeur est apte à séduire sans peine tout amateur de voyage intérieur!. [P. Dulieu] [ Terre II sur le site de Julian Julien ] [ A écouter : Iris I - Iris III ] |
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